culturel UN LIVRE A LIRE " Rencontre avec un paysan français révolutionnaire " De Suzanne Bernard Suzanne Bernard, ....
"Rencontre avec un paysan français
révolutionnaire", c'est le nouveau livre de Suzanne
Bernard. Ce livre sur un paysan marxiste-léniniste
est l'aboutissement de toute une évolution, d'une
progression qui va de la révolte individuelle de
l'artiste petit-bourgeois dans les années 55, au
service des luttes des ouvriers et des petits paysans.
HR : Quel était votre point de départ ? SB : La base commune à tous les artistes, intellectuels et écrivains issus de la petite-bourgeoisie, c'est qu'ils se sentent exclus, marginaux. La société leur refuse une place. Sans aller jusqu'à la conscience politique, on avait une révolte contre un monde faux basé sur de fausses valeurs sociales et culturelles. C'était la première étape de mon évolution. Elle a duré 15 ans. Est-ce que tu peux préciser ce que vous faisiez sur le plan artistique à cette époque ? .... Dans les faits, c'était un travail solitaire coupé des autres, coupé de la réalité sociale, un travail de recherche stérile sur le langage. On manifestait un besoin de vraie communication avec les autres, avec n'importe qui. Mais c'était plus difficile de comprendre à l'époque qu'aujourd'hui. Il n'y avait pas eu Mai 1968. Qu'est-ce que vous avez fait plus concrètement ? .... Nous avions compris que le travail solitaire
était stérile. Et là le facteur
économique a joué. Je me suis trouvée
en possession d'une petite somme que j'ai consacré
à un certain type d'action collective : l'ouverture
d'une galerie d'art socio-expérimental. Quelles leçons tires-tu de la galerie et de son échec ? .... On peut expliquer l'échec par des
raisons économiques. Du moment que nous refusions le
marché de l'art toutes les portes nous étaient
fermées. Nous avons rapidement épuisé
nos ressources. Ce que nous voulions, c'était
parvenir sur la base de recherches pratiques à ce que
l'art soit fait par tous. Peux-tu parler des premiers contacts que vous avez eu avec les travailleurs ? .... Il y avait des travailleurs qui venaient. Nous avions fait "Questions posées aux artistes", Les questions exposées avec les oeuvres permettaient une démystification de l'oeuvre plastique. Mais le contact avec les travailleurs a été stoppé par les révisionnistes. Et l'"Opposition artistique" ? .... Parallèlement à ces recherches,
nous avons voulu faire une action plus
révolutionnaire, lire Marx, Mao Tsé-toung etc.
et nous avons ressenti la nécessité de fonder
un journal de combat : " L'Opposition
artistique". Que s'est-il passé au moment de la Révolution culturelle ? .... La Révolution culturelle a permis de
voir clair. La prise de position de l'opposition artistique
en faveur de la Révolution culturelle a
provoqué l'éclatement, la démission de
la majorité de ses membres. Quels étaient les buts du projet de livre sur le paysan ? .... Le but essentiel, c'était de donner la
parole à un paysan révolutionnaire
d'aujourd'hui. Non pas réaliser une oeuvre d'auteur
à partir des enregistrements, mais faire entrer,
à l'état brut, le personnage et son discours
dans un ouvrage littéraire. C'est là qu'intervient la "refonte idéologique" de l'intellectuelle ? .... Oui, ou plus exactement l'idée de cette
possibilité. Aujourd'hui, en Chine, il est admis pour
les artistes et les intellectuels la nécessité
de se tourner en direction des masses
révolutionnaires pour transformer leur conception du
monde. Dans notre société, cette refonte ne
peut s'effectuer qu'auprès d'une avant-garde de
paysans et d'ouvriers. "Rencontre avec un paysan
révolutionnaire" est
édité chez Pauvert. Prix: 29 F. (EXTRAITS) .... ...Je regarde dans la même direction, et là, au milieu de la nature, perdu dans un champ où l'on discerne les rangées des bras noirs, tordus des vignes, j'aperçois la silhouette d'un homme debout, tout seul sous le soleil. .... "Voilà, s'écrie Arthur, on a l'exemple sous les yeux. Tu vois, c'est un paysan, un vieux paysan, il y a cinquante ans qu'il travaille. Eh bien, il a remis ses terres à un propriétaire foncier, c'est-à-dire à un gars qui achète des terres à Orange, un peu partout, il lui a vendu ses terres vu qu'il n'avait pas d'enfant, que le père et la mère sont morts, bon, il n'en pouvait plus d'aller au marché, de vendre ses raisins, de ne pas les vendre, il a dit: " Moi j'en ai marre, je vais donner ces terres". Il a donné pour une rente viagère, mais lui, qu'est-ce qu'il fait maintenant ? Il s'ennuie, il n'a plus de terre, alors il va travailler chez le gars à qui il a vendu, il vient tailler dans ses propres vignes que lui il a plantées, et il est tout seul.. Ce n'est pas qu'il en a tellement besoin, mais il est attaché à ses vignes, il les avait bien installées, et tout ça... Alors il aime encore travailler dans sa propriété, maintenant il travaille pour le patron, il est ouvrier dedans son bien... Et c'est assez fréquent, cette situation. Seulement il y en a qui vendent et ne vont plus travailler après, ils préfèrent aller au café, bon, finir la vie comme ça..." ---- "
Les intellectuels non rééduqués
n'étaient pas propres" |