DÉCLARATION DU 22 FEVRIER
sur l'action militaire
chinoise
en territoire
vietnamien
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NOUS SOMMES CONTRE
Le groupe pour la fondation de
l'Union des Communistes de France
Marxistes-Léninistes (UCFML) désapprouve la
pénétration militaire chinoise en territoire
vietnamien, et estime que les troupes chinoises doivent se
retirer inconditionnellement.
Nous
prenons cette position parce que nous sommes maoïstes.
Parce qu'au moment où les peuples du monde se
demandent comment lutter contre la montée de la
guerre impérialiste, c'est un mauvais coup que de
voir un État socialiste se livrer à l'invasion
militaire, quelles que soient les raisons.
Nous
prenons cette position au moment même où nous
sommes engagés dans une campagne active de
dénonciation du Vietnam, et de soutien à la
résistance du peuple du Kampuchéa et de son
gouvernement contre l'envahisseur vietnamien.
Il ne
s'agit donc nullement d'être "pour" les vietnamiens.
Notre position est que l'ensemble de cette opération
militaire est nuisible aux peuples du monde. C'est une
invasion injustifiée, et il faut y mettre
fin.
L'entrée des troupes chinoises sur le territoire
vietnamien n'est justifiée ni par les provocations
vietnamiennes à la frontière, ni par
l'invasion du Cambodge par les vietnamiens, ni par
l'inféodation du Vietnam au
social-impérialisme russe.
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A PROPOS DES PROVOCATIONS VIETNAMIENNES
Les provocations vietnamiennes aux
frontières chinoises sont indiscutables. Le
militarisme vietnamien a montré de quoi il
était capable au Cambodge. L'expulsion massive des
sino-vietnamiens a légitimement soulevé
l'indignation de l'opinion chinoise et de son
gouvernement.
Ceci
étant, la riposte à ces provocations ne peut
à notre avis prendre la forme d'une action offensive
de ce genre, d'une pénétration militaire sur
le territoire étranger. Autre chose sont
d'inévitables incursions localisées
destinées à repousser les provocateurs, autre
chose la pénétration en profondeur, massive et
simultanée, de divisions entières avec tout
leur équipement, autre chose l'occupation de villes
importantes. Le bon sens montre qu'on a affaire, dans le
second cas, à une opération offensive,
délibérée, à un acte de guerre
à grande échelle. Et c'est la Chine qui en a
la responsabilité.
Ce
n'est cependant pas la première fois que la Chine est
l'objet de provocations aux frontières. L'URSS, en
1969, avait déjà lancé des attaques
militaires sur la frontière nord ( fleuve Oussouri ).
Les provocations vietnamiennes elles-mêmes ne datent
pas d'aujourd'hui. Jusqu'à présent l'action
politique et la défensive militaire ont suffi
à régler la question et ont, aux yeux de tous,
affirmé le bon droit de la Chine.
Le cas
des affrontements avec l'Inde en 1962 est lui-même
différent. A l'époque, l'Inde croyait pouvoir
profiter de l'isolement de la Chine et de la rupture
sino-soviétique pour s'assurer des positions de force
sur la frontière dans l'Himalaya. La ligne Mac
"Mahon", frontière fixée
unilatéralement au détriment de la Chine par
les Anglais leur servait de prétexte. Il y avait donc
volonté d'annexion de territoire, et
préparation à la guerre. L'agresseur
était l'Inde soutenue par la collusion des USA et de
l'URSS.
La
riposte foudroyante de l'armée chinoise a
été suivie d'un repli total sur la
frontière existante, avec restitution
unilatérale du matériel et des prisonniers, et
ceci alors que les Indiens étaient en déroute.
Le problème soulevé par l'Inde a
été réglé une fois pour
toutes.
Ajoutons qu'il était nécessaire à la
Chine des années 60, dont l'URSS devenait un
adversaire, de faire savoir à tout un chacun, y
compris l'impérialisme américain, que ses
frontières seraient défendues avec la plus
grande énergie, et qu'elle en avait les
moyens.
Aucune
de ces raisons ne vaut aujourd'hui. Si bien qu'en droit,
quelles que soient les incessantes et arrogantes
provocations locales des vietnamiens, dans l'action
engagée le 17 février, c'est la Chine qui fait
figure d'agresseur.
L'inviolabilité des frontières est un principe
qui, dans les circonstances actuelles, ne souffre pas
d'exception, fût-elle limitée dans le temps et
dans l'espace, fût-ce au nom de la volonté de
"punition" d'un provocateur -expression de Teng Hsiao Ping
bien peu conforme à la tradition diplomatique
chinoise incarnée par Chou En Lai.
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UN CADEAU EMPOISONNE AU PEUPLE DU KAMPUCHEA
Le Kampuchéa
démocratique, envahi et occupé par les troupes
vietnamiennes, doit être impérativement soutenu
par tous les peuples du monde. Nous approuvons le soutien
diplomatique de la Chine au Kampuchéa. Nous
approuvons les livraisons d'armes. Nous menons campagne ici
même pour une solidarité prolongée et
organisée avec la résistance des Khmers rouges
contre l'occupant, et jusqu'à la victoire
finale.
Mais en
dernier ressort, c'est le peuple Khmer et son gouvernement
qui mènent la guerre populaire prolongée
contre les vietnamiens et les soviétiques. C'est
cette guerre qui est juste, c'est elle qui est invincible.
La contradiction oppose un peuple en armes à un
hégémonisme régional soutenu par
l'hégémonisme mondial de l'URSS. L'action des
troupes chinoises en territoire vietnamien brouille les
choses, fait croire qu'il s'agit d'un classique conflit de
puis- sances, sème le doute sur qui est l'agresseur,
qui est l'agressé.
Cette
action n'aide pas le peuple Khmer. Elle entrave le soutien
mondial à sa lutte. Elle pourrait aussi bien viser
à dessaisir le peuple Khmer et son gouvernement de la
direction effective de la guerre et de toute maîtrise
sur la situation régionale. Il doit être clair
que le peuple du Kampuchéa se bat pour sa
libération, et non pour les intérêts
géopolitiques de l'État chinois: tout le
passé du peuple du Kampuchéa, tout le
passé du PCK, montrent qu'il en est bien ainsi. Pour
être fidèles à cette leçon, et
montrer qu'ils la servent vraiment, les Chinois doivent
retirer leurs troupes du Vietnam, et auto critiquer leur
intervention unilatérale.
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LES REVISIONNISTES VIETNAMIENS SERONT
CHASSES
PAR LES PEUPLES, ET NON PAR UNE ARMEE
ETRANGERE
Le Vietnam est aujourd'hui un
client de l'URSS, et un agent de l'expansion
social-impérialiste. C'est un fait. Contre cela, il
faut compter sur les peuples, notamment les peuples
cambodgiens et lao, soumis à l'occupation, et en
dernier ressort sur le peuple vietnamien lui-même. Les
"punitions sanglantes" de Teng Hsiao Ping, loin d'aider la
révolte contre le militarisme et le
révisionnisme au Vietnam, vont au contraire souder
autour de la direction Le Duan- Pham Van Dong une opinion
militariste et nationaliste. Les actuels dirigeants
vietnamiens vont y puiser des arguments pour rompre leur
isolement international, justifier l'agression au Cambodge,
isoler la Chine dans cette région.
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LA LOGIQUE DES PEUPLES
Au niveau d'ensemble,
l'expédition chinoise succombe à la logique
qui veut imposer la montée de la guerre
inter-impérialiste, au lieu de tenir ferme sur la
logique des peuples. La logique des peuples, c'est la paix,
au besoin par les moyens de la défensive et de la
guerre populaire quand l'agression se déchaîne.
C'est cela que les peuples attendent des
révolutionnaires et des États
socialistes.
Les peuples et les
révolutionnaires qui les servent posent le principe
du respect absolu et inconditionnel des frontières
d'État. Seuls, traditionnellement, les
expansionnistes foulent au pied ce principe, et mettent la
guerre d'invasion et de rapine au poste de commandement.
Lutter contre l'hégémonisme, notamment
soviétique, lutter contre la guerre, c'est
défendre avec acharnement le principe de
l'intangibilité des frontières d'État.
C'est créer une opinion publique forte et agissante
autour de lui. Quelle faiblesse, si un pays socialiste prend
sur lui de ne pas le respecter !
Pour
retarder la guerre mondiale, les pays -et
spécialement les pays du Tiers Monde, y compris les
pays socialistes -doivent défendre partout leur
indépendance nationale dans tous les domaines, contre
les impérialismes, et notamment contre les
superpuissances. Il y a peu, c'est ce que les Chinois
affirmaient, dans le cadre de la théorie dite des
trois mondes. Qui croira que l'indépendance nationale
de la Chine était menacée par les Vietnamiens
? Qui croira qu'elle la défendait ?
L'acte
de guerre des Chinois, acte offensif et agressif, est ainsi
étranger à la conception populaire de
l'indépendance nationale. Il relève d'une
conception des tendances mondiales où seuls jouent
les intérêts d'un petit nombre de puissances
capables de porter la guerre à l'extérieur.
C'est une très mauvaise chose. C'est risquer
finalement l'aventure en devenant soi-même un acteur
du jeu des puissances. C'est perdre le ressort de la force
des peuples, notamment contre la guerre impérialiste,
qui réside dans la différence qualitative de
leur logique combattante.
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UNE POLITIQUE EXTERIEURE DOUTEUSE
L'entrée des troupes
chinoises en territoire vietnamien est le
révélateur du caractère
inquiétant, pour le peuple chinois et pour les
peuples du monde, de la politique extérieure
impulsée par Teng Hsiao Ping. Cette politique
s'écarte nettement de la tradition politique de la
révolution chinoise, tradition incarnée par
Mao Tsé Toung et Chou En Laï.
Pour
nous en tenir au point qui nous occupe, il est clair que la
politique de Teng Hsiao Ping s'écarte de
l'internationalisme prolétarien, et aussi de la
théorie des trois mondes, en pratiquant la logique de
l'affrontement et celle des sphères
d'influence.
L'alliance américaine, si même elle est
inévitable au vu de la rapacité expansionniste
de l'URSS, ne justifie en rien le style dépourvu de
toute dignité politique adopté par Teng Hsiao
Ping lors de son voyage. Elle justifie encore moins le
soutien, de type partage du monde, à tous les
régimes anti-populaires mis en place dans les
années 50 par la superpuissance
américaine.
La
politique extérieure de Teng Hsiao Ping renonce
progressivement à toute solidarité avec les
aspirations démocratiques des peuples, comme on l'a
vu en ce qui concerne l'Iran, pays à propos duquel,
en pleine révolte de masse anti-impérialiste,
Teng Hsiao Ping a souhaité que "les Américains
fassent quelque chose".
Cette
politique risque fort même, d'abandonner le soutien
cohérent aux aspirations à
l'indépendance nationale. On l'a vu au Zaïre,
Teng Hsiao Ping érigeant en modèle le
débarquement des parachutistes français pour
soutenir le régime fantoche de Mobutu. On risque de
le voir au Cambodge, si la ligne chinoise actuelle est
maintenue.
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RESTER MAOISTE EN TOUT
Quant à nous, nous restons
fidèles à l'ensemble des principes
maoïstes. Le risque de guerre mondiale est réel.
Il faut contrer l'hégémonisme
soviétique, c'est vrai. Rien n'est plus
nécessaire que de désigner clairement les
fauteurs de guerre: les deux superpuissances, les
impérialismes. Il ne doit y avoir aucune confusion
sur ce point: les peuples luttent contre la guerre, ils en
refusent la logique de rivalité barbare pour le
pillage du monde.
S'opposer à la guerre, c'est tenir ferme sur
l'indépendance nationale conquise par la lutte de
libération, par la révolution
prolétarienne, et défendue par la guerre
populaire.
Les
alliances entre États sont inévitables. Mais
elles supposent l'indépendance de ces États et
l'autonomie de classe des forces révolutionnaires sur
toutes les questions, y compris celle de la guerre.
Les
peuples doivent avoir confiance dans leur capacité
politique à retarder la guerre mondiale, et, si elle
éclate, à agir de façon
indépendante des bourgeoisies impérialistes,
pour préparer la révolution à travers
la guerre de résistance patriotique.
La
guerre victorieuse du peuple du Kampuchéa contre les
vietnamiens et les soviétiques forge cette confiance.
L'agression chinoise à la frontière du Vietnam
sape au contraire la confiance des peuples ; elle
répand le cynisme et le défaitisme. Elle est
injuste. Elle doit cesser .
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