- CINEMA
- A propos du film "La guerre des
étoiles"
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- QUAND LA SCIENCE-FICTION NE
S'OCCUPE PLUS DU FUTUR
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- "La guerre des
étoiles", dernière super-production
américaine lancée sur le marché fera
sans doute recette. Parce que ce film de science-fiction
parle de tout autre chose que de science-fiction.
- La trame de
l'histoire d'abord. Une histoire moyenâgeuse de
chevalerie : une princesse, vêtue de blanc et
insipide à souhait, faisait partie de la
rébellion contre l'Empire, le pouvoir dictatorial
qui s'est imposé dans la galaxie. Faite
prisonnière, elle envoie un message de
détresse. Un jeune homme pur, qui reçoit
ses pouvoirs d'un vieux chevalier vaincu et
oublié, brave tous les dangers pour la
délivrer et finalement abolir le pouvoir de
l'Empire.
- Il y a de la Bible
: le jeune homme pur, aux yeux bleus, c'est David,
vainqueur de Goliath, David oint par le vieux Saül.
Et qu'est-ce que cette planète désertique
où de méchants hommes du désert
harcèlent quelques familles européennes
sinon la Palestine vue par le sionisme ?
- Il y a aussi du
western : dans les recoins de cette galaxie, on trouve
encore des villes aussi mal famées que celles du
Far West, avec saloons, et hors-la-loi qui ne pensent
qu'à l'argent mais qui ont quand même un
grand cœur.
- Il y a enfin un
remake de tous ces films "héroïques" de
guerre où Hollywood se plaît à
raconter l'attaque surprise de Pearl Harbour, le moment
où l'armée U.S. a dû
momentanément faire face à un ennemi
supérieur.
- Les
séquences finales, très bien
fabriquées, n'ont rien à envier, du point
de vue du suspense, aux meilleures scènes de
combats aériens. Et les fusées
interstellaires se pilotent comme de bons vieux zincs. On
peut même les bricoler.
- Il y a sans doute
un arrière-plan politique à tout cela :
l'état-major de l'Empire ressemble
étonnamment à une brochette de
généraux de Brejnev. L'Empire totalitaire,
technocratique et robotisant a déjà
gagné une guerre terrible contre les chevaliers de
Guddaï, ceux qui croient à la force de
l'idéal, de l'intuition, de l'initiative
individuelle, à un au-delà.
- Mais tout est bien qui finit bien : individualistes
et généreux à la fois,
débrouillards, ingénieux et courageux, le
dernier carré des hommes libres aura quand
même raison de l'Empire...
- Les vertus yankees
reprennent le dessus sur la lourdeur soviétique,
un moment victorieuse.
- Bien sûr,
tous ces poncifs d'Hollywood, rassemblés ici, ont
un fond réactionnaire évident. Tout y passe
: prêchi-prêcha religieux, obscurantisme,
élitisme fascisant, racisme, relents de sionisme,
etc.
- Est-ce pour autant
que le public va prendre tout cela à la lettre ?
Rien n'est moins évident.
- Si ces poncifs
réactionnaires, accumulés,
concentrés et schématisés,
apparaissent si dérisoirement impropres à
envisager l'avenir du monde, c'est qu'en retour, ils sont
déjà périmés, aujourd'hui.
- Et il y a assez de
clins d'œil du réalisateur pour montrer qu'il n'y
croit pas lui-même.
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- A la fin, la
terrifiante Étoile noire, à la fois centre
du pouvoir et arme absolue, explose, comme une baudruche
qui crève, un cauchemar qui s'évanouit. La
victoire des hommes libres apparaît tout aussi
irréelle : une sorte de cérémonie
boy-scout où la princesse récompense ses
deux loyaux chevaliers servants.
- De ce film, outre
les péripéties de l'aventure, toujours
spectaculaires, on retient surtout cette caricature
condensée de certains des films U.S., toute
l'imagerie qui a longtemps servi, au cinéma,
à déguiser l'impérialisme
américain en défenseur de la liberté
et autres valeurs éternelles. Mais si le film n'y
croit plus, il se contente de s'en moquer, gentiment, et
avec une certaine sympathie.
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