- Législatives :
premier bilan du PCF
- LES LEÇONS TRES
PARTICULIÈRES DE FITERMAN
- (suite de la page 1)
En fait,
toutes ces propositions visaient un but précis :
favoriser l'installation d'un capitalisme d'état
dans notre pays. Et c'est pourquoi le PCF en même
temps qu'il avait besoin d'accéder au gouvernement
pour promouvoir son projet, avait besoin d'un programme
commun liant suffisamment le PS et permettant une
transition vers le capitalisme d'État.
"Nous n'avons pas voulu la
défaite... Si le Parti socialiste avait voulu
l'accord mutuellement acceptable que nous lui proposions,
c'est évident nous aurions progressé les
uns et les autres, la gauche tout entière aurait
emporté la victoire",
déclare Fiterman, répondant par là
aux accusations de sociaux-démocrates taxant le
PCF de n'avoir pas voulu accéder au pouvoir. Mais
le problème n'est évidemment pas là
: bien sûr le PCF voulait aller au gouvernement et
jusqu'au bout il a manifesté cette volonté
: le fait, par exemple, que les reports de voix du PCF
sur le PS aient été, d'après les
indications des sondages post-électoraux, ainsi
que des résultats même du 2e tour,
effectués au delà de 90 % alors que ceux du
PS pour le PC ont été bien
inférieurs, indiquent que jusqu'au bout le PCF a
tenté d'obtenir la victoire. Aller au
gouvernement, mais avec des garanties : l'installation
des ministres PCF au gouvernement à des postes
clef, une liste allongée de nationalisations, des
postes de PDG d'entreprises nationalisées. Obtenir
ces garanties tout en préservant la victoire de la
gauche, c'est la difficile synthèse que
l'équipe Marchais a essayé de
réussir, pour finalement échouer,
malgré la mascarade du 13 mars.
L'ACCORD DU 13
MARS
C'est assez gêné
que Fiterman tente d'aborder cette question de l'accord
du 13 mars. "Pourquoi ne pas
avoir signé cet accord six mois plus tôt, le
22 septembre, demande-ton ? Eh bien d'abord parce
qu'à ce moment là, le Parti socialiste n
'en voulait pas... Il faut ajouter qu'un accord comme
celui du 13 mars - qui valait mieux à ce moment
là que pas d'accord du tout comme l'a pensé
le comité central - aurait été
marqué, s'il avait été conclu le 22
septembre, des mêmes insuffisances qui ont
été soulignées entre les 2 tours. Et
la droite n'aurait pas manqué de tirer parti de
ces divergences essentielles".
Voilà qui est fort intéressant ! Ainsi donc
l'accord présenté à l'époque
comme un "bon
accord" recouvrait des
"divergences
essentielles",
c'est-à-dire ne garantissait rien du tout puisque
les dites divergences devaient ré éclater
aussitôt après. L'aveu de Fiterman ne fait
que confirmer ce que nous avons dit et écrit
dès le 14 mars : "l'accord est vide".
Mais à l'époque spéculant sur le
succès, la mascarade du 13 mars avait
été louangé par les mêmes
Fiterman, Marchais... Les militants de base du PCF
apprécieront.
LE GLISSEMENT
SOCIAL-DÉMOCRATE DU PS
Après cette explication
embarrassée, Fiterman relance ses attaques plus
faciles contre le PS accusé de vouloir brader le
Programme commun et l'Union de la gauche. Qui en doutait
? Faisant grief à Mitterrand de n'avoir pas
parlé du Programme commun sur le perron de
l'Elysée, et à Rocard de rechercher une
stratégie de rechange, Fiterman appelle
"à prendre en compte ce
danger, et à aider le PCF à poursuivre son
combat patient et constructif pour
l'écarter".
Voilà une perspective exaltante pour les militants
du PCF : l'Union de la gauche est cassée, le
Programme à l'eau et les seules propositions de
Fiterman c'est d'engager un "combat patient et constructif" pour ressouder les choses... en attendant
1983 peut-être ? Le thème du
"glissement
social-démocrate" du
PS, va donc être à nouveau martelé et
tenir lieu d'explication à la défaite de la
gauche, et à ses difficultés qui
continuent, même si ce glissement
social-démocrate se continue depuis... plus d'un
demi siècle maintenant.
POURSUIVRE LE 22e
CONGRÈS
-
- Indiquant
ensuite les sujets de "réflexion" du BP, Fiterman
en cite 2 : la volonté de changement des
français n'est pas encore assez
développée. Le caractère
récent du 22e congrès n'a pas permis d'en
tirer tous les fruits.
- "Des
travailleurs manuels et intellectuels mettent
derrière le mot changement l'obtention des
revendications immédiates... mais ils
n'établissent pas nécessairement une
liaison étroite entre la réalisation de
tout cela et les changements profonds à apporter
dans la vie économique, sociale et
politique". Bref les
travailleurs veulent faire aboutir leurs revendications,
mais ils ne veulent pas du capitalisme d'État que
propose le PCF : c'est le regret de Fiterman qui
déploie au passage "les
hausses de prix en URSS annoncée la veille du
premier tour".
- Enregistrant le désaveu du projet du PCF
par les travailleurs, Fiterman ne peut guère
qu'appeler à renforcer le PCF, à faire agir
les élus, y compris dans les municipalités
PS-PC, et à aller de l'avant dans la voie ouverte
au 22e congrès "dont il
nous faut au reste nous même tirer toutes les
conclusions dans tous les domaines d'activité du
parti. Dans ces conditions il est également
compréhensible que des hommes et des femmes
aspirant au changement aient pu hésiter et rester
à droite, où bien choisir le Parti
socialiste parce qu'il conservait des prétentions
à notre égard et que l'adhésion du
Parti socialiste au programme commun
rassurait".
- C'est que
visiblement la direction du PCF n'a pas fini de tirer le
bilan de son constat d'échec. La régression
du score du PCF, l'absence de percée du PCF dans
l'électorat des couches moyennes, rendent
difficile la mise en oeuvre aujourd'hui du projet du PCF.
Poursuivre la ligne du 22e congrès,
d'"Union du peuple de
France" tout azimut signifie
que le PCF va essayer de combler ses déficiences
dans ce domaine. Ce faisant il n'aura toujours pas
répondu à toutes les questions
posées, non pas par ces couches moyennes, mais par
la classe ouvrière, par les travailleurs qui ont
commencé à rejeter le projet du PCF, le
capitalisme d'État.
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