Suite è | |
Une
production d'acier multipliée par 160, de charbon
multipliée par 153, d'électricité par
332... Il serait fastidieux et inutile d'aligner les indices
attestant l'importance des réalisations
économiques de la République populaire de
Chine au cours des 30 dernières années. Le
pays semi-féodal, semi-colonisé, connaissant
périodiquement la famine, est devenu la 5e puissance
économique du monde, capable d'assurer à tous
les habitants des conditions de vie qui sont encore loin
d'être acquises partout dans le monde
aujourd'hui. Des efforts considérables pour moderniser la production agricole. Ici, c'est avec un semoir de fabrication locale que l'on plante le coton en culture intercalaire dans des emblavures. 30
années 1949-1952
:
En octobre 1949, le peuple
chinois a conquis le pouvoir politique et
libéré la Chine de la domination
étrangère. Mais l'économie est en
ruines : la production industrielle ne dépasse pas 56
% des meilleurs années précédentes, les
inondations couvrent 30 à 40% des surfaces
cultivées, la monnaie du régime du Kuomintang
s'est effondrée dans une inflation record (de 1937
à 1949 le prix des céréales a
été multiplié par 47 000 milliards). La
base industrielle de la Chine est extrêmement faible,
l'infrastructure de voies ferrées et de routes
largement inférieure à celle de l'Inde ou du
Pakistan. Nombre de travaux à la campagne sont encore effectués de façon rudimentaire. Ici, l'aplanissement d'un terrain pour l'extension d'une rizière.
Une réforme
monétaire est rapidement mise en oeuvre. Une nouvelle
monnaie, le renminbi, est introduite, l'usage des autres
devises en particulier étrangères (qui
était très courant en Chine), est interdit, et
la Banque Populaire a le monopole et le contrôle du
système financier. Dans les campagnes, la mobilisation des paysans par le PCC va permettre de mener rapidement la réforme agraire. Par un travail patient d'explication et de discussion, les paysans procèdent à la répartition des terres confisquées aux gros propriétaires, et avec l'établissement de nouveaux titres de propriété, l'annulation des dettes, les bases du système féodal qui exploitait les masses paysannes depuis des siècles sont abolies. Des groupes d'entraide, d'abord provisoires, puis permanents, sont constitués et permettent aux paysans de faire l'apprentissage de la coopération. 1953-1957
: L'ensemble de ces normes permet d'enregistrer des progrès économiques importants : la production industrielle augmente de 145 % , et la production agricole de 48,5 % en trois ans. Certains estiment qu'il faut en rester à l'étape de la démocratie nouvelle, et consolider les acquis en s'appuyant sur l'initiative du secteur privé avant d'envisager de nouvelles réformes. Un débat s'engage marqué par de nouvelles luttes politiques dans lesquelles Mao Zédong intervient contre les "vues déviationnistes de droite" et "l'idéologie bourgeoise au sein du Parti". (Texte de mai et août 1953 -cf. tome V des oeuvres choisies) .
Une nouvelle phase s'engage
alors pour aller plus avant dans l'édification
socialiste. Le 19 novembre 1953 est créée la
commission du Plan d'Etat, et en décembre Zhou Enlai
annonce le lancement du premier plan quinquennal.
1958-1959
: Le premier plan quinquennal restait marqué par les conceptions qui dominaient alors sur l'édification du socialisme, qui s'inspiraient de l'expérience acquise en Union Soviétique. Or celle-ci n'étaient pas sans dangers, en particulier dans la situation qui était alors celle de la Chine. Parmi les dangers, on estimait que mettre l'accent. unilatéralement sur l'industrie lourde, et la création de grands "combinats" risquait d'accroître alors les inégalités de développement entre les régions, d'accroître l'écart entre les villes et les campagnes où vit l'immense majorité du peuple chinois. Des risques de bureaucratisation existaient également, pensait-on, avec le poids des problèmes de gestion posés par les usines géantes et la mise en place d'une administration économique fortement centralisée. Critiquant les conceptions marquant. le premier plan quinquennal, Mao Zedong, dans un texte intitulé "Sur les 10 grands rapports" présenté en 1956 devant le Bureau Politique du PCC, énonce les principes fondamentaux qui doivent, selon lui guider la poursuite de l'édification du socialisme en Chine. Il rappelle la nécessité d'un développement équilibré entre l'agriculture et l'industrie illustré par le mot d'ordre "marcher sur ses deux jambes", et de "mobiliser toutes les forces, directes ou indirectes, en vue de luttes pour faire de la Chine un puissant Etat socialiste". Dans ces années commence également la critique des méthodes de gestion des entreprises qui aboutira en 1960 à la "charte de la société sidérurgique d'Anchan".
En 1958, la Chine s'engage
dans le "grand bond en avant" qui par la mobilisation des
masses populaires chinoises, vise à franchir un
nouveau pas dans l'édification socialiste, tout en
corrigeant les erreurs et les insuffisances apparues dans le
premier plan quinquennal. De petites entreprises mobilisant les ressources locales se multiplient dans les villes et les campagnes. Les 2 millions de "petits hauts-fourneaux" qui sont. alors construits en sont restés le symbole, mais c'est pour une grande part dans l'industrie légère, la production ou la réparation des matériels agricoles, que des ateliers vont être développés. Maisons neuves pour les membres d'une brigade dans le Chantong. L'amélioration du logement est liée aux progrès de l'industrie des biens de consommation. 1960-1965
: Le grand bond en avant, en 2 années, a impulsé une mobilisation sans précédent depuis la libération de l'ensemble du peuple chinois, pour une transformation en profondeur des rapports sociaux. Les masses sont incitées à développer leurs capacités créatrices, à multiplier les initiatives, les paysans comme les femmes s'initient au travail industriel, des techniques anciennes, des ressources jusque là délaissées, sont mise au service de la production. Les cadres participent au travail manuel, tandis que les ouvriers commencent à critiquer les "règlements irrationnels" dans les usines le plus souvent calqués sur ceux d'URSS. Mais les bases économiques et politiques sont encore fragiles : l'expérience des problèmes d'organisation de la production manque, les transports, les équipements, les connaissances techniques sont insuffisants. Des exagérations sont également commises dans cet effort de développement économique. Ainsi, après un accroissement spectaculaire, la production piétine. Les difficultés seront amplifiées par 3 années successives de calamités naturelles (1959 - 1960 - 1961) et l'arrêt brutal de l'assistance soviétique (en 1960). Une rectification apparaît indispensable. Sur son ampleur, et sur le bilan à tirer du grand bond en avant un nouveau débat s'engage dans le PCC. C'est l'occasion pour certains, au premier rang desquels Lui Shaoqui, de remettre en cause la ligne générale telle qu'elle avait été tracée, notamment dans "les 10 grands rapports". La rectification s'engage : la taille des communes populaires est réduite, l'accent est mis sur la consolidation de l'agriculture et de l'industrie urbaine, les petites unités industrielles sont réorganisées en vue de servir les besoins locaux. Un "mouvement d'éducation socialiste", ainsi qu'une campagne pour l'amélioration de la gestion sont lancés. Mais leur mise en oeuvre est perturbée, et parfois dénaturée par les partisans de Lui Shaoqui. Priorité à l'agriculture: cet objectif est inscrit dans l'effort accompli pour la production de matériel agricole : motoculteurs, tracteurs, etc.. 1965-1976
:
La Révolution
Culturelle déclenchée en 1966 sous la
direction de Mao Zedong mobilise une foi!s de plus, mais
avec une ampleur inégalée, le peuple chinois
dans les luttes de lignes qui s'ouvrent alors. L'enjeu en
est l'articulation des deux tâches fondamentales du
socialisme : "faire la révolution" -poursuivre la
transformation des rapports sociaux et de la superstructure
-et "promouvoir la production" -développer les forces
productives. La Bande des Quatre de son côté intensifie son activité et sous couleur de "s'opposer à la théorie des forces productives", et aux "responsables engagés dans la voie capitaliste", s'oppose à la mise en oeuvre des mesures décidées. L'économie est partiellement désorganisée. La valeur de la production industrielle ne croît plus que de 8 à 10% en 1974 et 1975, et de 4% seulement en 1976. La production agricole stagne, et des reculs sont enregistrés en 1976 dans l'industrie lourde (-20% pour l'acier), (-9% pour les engrais). La situation économique devient préoccupante, et risque de saper la confiance dans la politique menée par le PCC. Depuis 1976
: La chute de la Bande des Quatre, le 6 octobre 1976 et la convocation du XIe Congrès du PCC le 18 août 1977 marquent la fin de la Révolution culturelle. Sur le plan politique, l'accent est mis sur la réalisation des "8 conditions" consistant à "axer tout le travail sur la lutte des classes pour assurer l'ordre dans le pays". Une série de conférences nationales est convoquée sur l'agriculture ("2e conférence nationale pour s'inspirer de Dazhai dans l'agriculture"), l'industrie légère (janvier 1977), l'industrie ("pour s'inspirer de Daqing dans l'industrie", avril-mai 1977), le commerce extérieur (juillet 1977), le travail bancaire (septembre 1977), les sciences (mars 1978), les textiles, les transports, les économies d'énergie et l'enseignement, en mai 1978,... La Ve Assemblée Populaire Nationale convoquée le 26 février 1978 met l'accent sur la réalisation des "quatre modernisations", reprenant l'orientation générale adoptée en 1975. Une relative priorité est alors accordée à l'industrie lourde, selon le principe "axer le développement industriel sur la production de l'acier". En décembre 1978, une importante session du CC du PC considérant que "le vaste mouvement de masse d'envergure nationale pour dénoncer Lin Biao et la Bande des Quatre s'est pour l'essentiel terminé avec succès", décide de "centrer l'activité du Parti sur la modernisation socialiste du pays". La modernisation de l'agriculture, de l'industrie, de la défense nationale, des sciences et de la technologie devient la tâche générale pour une longue période. La même session examine les projets de plan et deux projets de règlements sur la modernisation de l'agriculture et les communes populaires, mis en application à titre expérimental. Les mesures de réorganisation prises à tous les niveaux ont permis d'enregistrer un rattrapage de la croissance économique, et une progression sensible. La valeur de la production industrielle s'est accrue de 14 % en 1977 et de 13,5 % en 1978. Celle de la production agricole, après avoir encore stagné en 1977 semble-t-il, a augmenté de 9 % en 1978. Tous les secteurs enregistrent des progrès sensibles, mais le retard de l'agriculture n'est pas résorbé. Par ailleurs un très grand nombre de projets industriels ou d'infrastructures ont été mis en chantier, sans toujours tenir compte des problèmes d'approvisionnement ou de financement. En particulier des craintes se manifestent sur le financement des importations d'équipements.
Aussi un "réajustement"
est-il décidé en février 79. Trois
années sont encore jugées nécessaires
pour assurer la "remise en ordre", et les conditions d'une
croissance équilibrée. L'accent est
déplacé de l'industrie lourde (et de la
sidérurgie en particulier) vers l'agriculture et
l'industrie légère. Un certain ralentissement
de la croissance économique (à 4 % pour
l'agriculture, 8 % pour l'industrie) est accepté pour
faciliter les ajustements
nécessaires. Il s'agit là d'objectifs qui pour une part, relèvent de la "remise en ordre" qui n'est pas encore jugée comme achevée. Ils sont par conséquent susceptibles d'adaptation et de modification. Une des caractéristiques de ces dernières années est l'ampleur des débats, des consultations, des discussions sur toutes les questions économiques qui sont une des préoccupations majeures actuellement. Ces débats sont vivement encouragés par le PCC (il n'est guère de rapport officiel qui n'insiste sur cet aspect) selon les principes "que cent fleurs s'épanouissent, que cent écoles rivalisent" s'inscrits dans la nouvelle constitution. Ces débats vont de pair avec ceux portant sur l'élargissement de la démocratie socialiste, le renforcement et la garantie des pouvoirs du peuple étant considérés comme une condition du développement des forces productives, cependant que celui-ci fournira la base matérielle indispensable à l'essor du socialisme de la démocratie pour les masses en Chine. | |
Suite è |