30e ANNIVERSAIRE DE LA RÉPUBLIQUE POPULAIRE DE CHINE

Le Quotidien du Peuple -supplément au n°967 -lundi 8 octobre 1979- (pages 3 à 6)
Organe central du Parti Communiste Révolutionnaire marxiste-léniniste

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Suite è

CARNET DE VOYAGE

Extraits du carnet de voyage
de la délégation du Comité Central du PCRml
qui s'est rendue en Chine il y a quelques mois

Au champ pétrolifère de Takan : une intense mobilisation

    De Shanghaï nous partons en avion. Destination Tientsin via Pékin. En une heure et demie, nous atteignons Pékin, puis en quarante minute nous arrivons à Tientsin. Avec Pékin et Shanghaï, Tientsin est la 3e région organisée sous forme de municipalité. C'est un des grands centres industriels chinois, le 2e après Shanghaï. La ville comporte plus de 3 millions et demi d'habitants.

    Pendant notre séjour à Tientsin nous visitons une usine de tapis, le port et surtout le champ pétrolifère de Takan.

    Celui-ci se trouve au bord de la mer, dans la baie de Pohai (où sont maintenant développées des recherches en mer pour des forages "off shore"). La prospection a commencé en 1964 avec une équipe d'ouvriers et de techniciens venus. de Daqing (Taking). Les premiers temps furent très difficiles: une épopée de pionniers. La plus grande part des terrains du champ pétrolifère était sous la mer. Il a fallu les assécher en construisant des digues. Lors de nos déplacements dans l'immense étendue du champ pétrolifère, nous voyons des cultures de céréales. Il a fallu laver les terres à l'eau douce -qui est rare ici -pour éliminer l'excès de sel. Il a fallu enrichir les terres pour parvenir à faire pousser quelque chose sur le sable.


Le pétrole jaillit d'un nouveau puits que les travailleurs de Takan viennent de forer.

    Au début de la prospection, les travailleurs vivaient sous des tentes. Les conditions de vie et de travail étaient très difficiles. On comprend alors ce que signifie le mot d'ordre inscrit sur des grands panneaux en divers endroits: "Prendre exemple sur Daqing". Car, face à ces difficultés, le principe qui a guidé le travail c'est celui de compter sur ses propres forces, de ne pas attendre la solution des problèmes de l'aide de l'Etat socialiste.

    Bon nombre d'équipements sont fabriqués sur place, une partie des produits alimentaires sont cultivés ici malgré la mauvaise qualité des sols, les maisons sont construites par les travailleurs du pétrole eux-mêmes... Le souci de ne pas gaspiller ce qui constitue ici le bien du peuple a été constant. Par exemple : au lieu de mettre à la casse les tiges de forage lorsqu'un bout est usé, des travailleurs ont fabriqué une machine pour souder les tiges de forage permettant ainsi; économie : 150 000 mètres de tiges. De même, les vêtements de travail usés sont transformés dans un atelier, ce qui a économisé 100 000 mètres de tissu en 10 ans.

    Prendre exemple sur Daqing, c'est aussi faire jouer au marxisme-léninisme, à la pensée Mao Zedong, un rôle actif. A Takan, on nous a beaucoup parlé de Mao: c'est en combinant l'étude d'oeuvres telles que "de la pratique" et "de la contradiction" avec l'étude du terrain que les prospecteurs de Takan sont parvenus à surmonter les difficultés dues au fait que le gisement pétrolier est ici très accidenté, coupé de nombreuses failles.

    Et d'une façon très vivante, les camarades qui nous accompagnent nous font sentir la richesse de la vie politique à Takan, la qualité des organisations du Parti et des cadres qui restent profondément liés à la vie des masses, à leurs problèmes. Ici, soulignent-ils, les idées s'expriment, il n'y a pas de secret et "personne ne fait de complot", allusion évidente à la façon de faire des Quatre. Car il semble ici que la solidité des organisations du Parti a permis d'éviter que l'orientation des Quatre ait une trop grande influence.

    Nous visitons diverses installations. Le puit n° 13 qui produit 50 000 t. par an a été foré à 4000 mètres. Tous les équipements sont de fabrication chinoise. Puis nous sommes accueillis par le chef d'équipe du forage 32713. Un immense derrick se dresse devant nous. Aujourd'hui, il n'est pas en service: c'est un jour de révision et d'entretien du matériel, qui est lui aussi entièrement chinois. En temps ordinaire, il y a ici 78 travailleurs. En un mois et demi, la profondeur de 3400 mètres a été atteinte et d'après la prospection, il faudra aller jusqu'à 4150 mètres, ce qui confirme la difficulté du gisement.

    En continuant notre périple dans le champ pétrolifère par des pistes cahotantes, nous passons par une station de traitement du gaz. Car en même temps que le pétrole, on extrait de grandes quantités de gaz qui est purifié, liquéfié puis expédié par gazoduc jusqu'à Tientsin.

    Après la visite d'un jardin d'enfants où nous recevons le même accueil chaleureux des enfants, nous allons dans un logement d'une cité ouvrière. L'habitat est réparti en 43 villages dans lesquels sont logées les familles des 40 000 ouvriers du champ pétrolifère. La famille où nous allons a 3 enfants. Deux travaillent dans le pétrole, le troisième va au lycée (il y a en tout 42 écoles primaires et secondaires). La maison comporte trois chambres et une cuisine. La cuisine est faite... au gaz. Compte tenu des normes actuelles en Chine, c'est un bon logement.

    Nous terminons nos visites par l'hôpital de 400 lits où sont employées 600 personnes, médecins et infirmiers. On y soigne toutes les maladies et, conjointement avec les 38 dispensaires des villages, un intense effort de présentation et d'éducation sanitaire est réalisé. On y combine la médecine chinoise traditionnelle et la "médecine occidentale". Des cours sont organisés sur place pour élever le niveau de formation du personnel soignant.

    Après ces visites, nous revenons discuter autour de la traditionnelle tasse de thé. Dans une ambiance de vie politique intense où les références à la pensée Mao Zedong sont constantes, s'exprime la détermination des habitants de Takan de produire plus de pétrole, de développer la prospection et les forages -pour satisfaire les besoins du pays. Des propos, il ressort que la réalisation des 4 modernisations de type chinois pour édifier le socialisme en Chine est bien pour les travailleurs de Takan une exigence.

 


Région autonome du Guangxi:
un institut d'enseignement
pour les minorités nationales

    Le Guangxi que nous visitons est une région autonome, regroupant des habitants d'un grand nombre de minorités nationales. Nous allons visiter à Nanning un institut pour les minorités nationales. C'est une université ouverte aux étudiants issus de ces minorités nationales. La raison d'être d'un tel institut nous est expliquée par le secrétaire du comité de Parti entouré d'un certain nombre de professeurs. Il s'agit d'une part de favoriser l'accès aux études supérieures pour les enfants des minorités nationales. Les favoriser, car dans cette région relativement pauvre, les jeunes ont plus de difficultés pour étudier. Le niveau d'entrée à l'institut tient compte de ces difficultés. D'autre part, l'institut a pour tâche de contribuer à développer les cultures nationales: dans les domaines de la littérature, de la musique, de l'artisanat... 

    Nous visitons une exposition sur les minorités de la région (notamment les minorités Zhuan, Yao, Tong, Miao...). On y voit les divers types de costumes, des maquettes des maisons traditionnelles, des objets très anciens (par exemple des tambours de bronze), des objets de la vie quotidienne.
   
Accompagnés d'étudiants apprenant le français, nous nous promenons sur le "campus". Nous voyons les divers bâtiments d'enseignement, la "cité" où logent les étudiants, un très beau bâtiment de style ancien qui abrite les salles de spectacle.


Dans la province du Yunnan, une troupe venue du district
autonome Wa de Tsangyuan donne une représentation

Un grand espace est consacré aux sports. Pendant notre promenade, nous voyons des étudiants qui assurent l'entretien du parc pendant que d'autres se pressent devant un long mur sur lequel sont placardées toutes sortes d'affiches: annonces de réunions, de films, dadzibaos sur la vie dans l'institut, etc.. Notre visite se termine par une représentation donnée en notre honneur par des étudiants: chants classiques et modernes, danses traditionnelles, morceaux de musique, la grande qualité des interprétations témoigne de la riche activité culturelle dans l'institut.



Dans une usine textile moderne alimentée en matières de base par le complexe pétrochimique

        Complexe pétrochimique,
        la maitrise des techniques étrangères

    Nous souhaitions visiter une usine dans laquelle des équipements étrangers avaient été introduits. Aussi allons-nous voir le complexe pétrochimique de Xisha... Partis en voiture de Shanghai, nous traversons la campagne de la plaine côtière qui nous sépare de la mer. Nous voyons de nombreuses maisons paysannes construites récemment: façades blanches, toit en tuile avec un faîte aux extrémités comme des proues de navire... Nous sommes intrigués par les très nombreux travaux de terrassements en cours à une cinquantaine de mètres de la route : des tranchées de plus de dix mètres de profondeur et de 30 mètres de large. Renseignements pris, il s'agit de la construction de galeries d'abri de la défense civile pour les paysans des alentours. Nous mesurons là, concrètement, la préoccupation du peuple chinois en ce qui concerne les risques de guerre.

    Après une grosse heure de route, nous arrivons au complexe pétrochimique. Nous sommes accueillis dans un bâtiment moderne. Un ascenseur nous conduit au 8e étage. Après nous avoir souhaité la bienvenue, on nous conduit un étage plus haut sur la terrasse de l'immeuble. De là, nous avons une vue générale du complexe. Au fond à gauche c'est la mer. Soucieux de préserver les terres cultivables, le complexe a été construit en gagnant le terrain sur la mer. En un mois, la mobilisation de plusieurs dizaines de milliers de travailleurs chinois a permis de réaliser les polders. A droite ce sont les champs, champs jaunes d'une sorte de Colza, champs verts des rizières. Et là devant nous, à nos pieds, les habitations, immeubles de 4 à 5 étages, un centre culturel. les écoles,... Plus loin, ce sont les usines, notamment l'unité de fabrication du polyester.

    Au total, le complexe comporte 10 usines. Nous allons en visiter trois. Tout d'abord l'une des usines de base: celle où l'on transforme le pétrole en polyester. Nous parcourons un dédale d'allées entre des forêts de colonnes métalliques reliées, comme par des lianes, par des enchevêtrements de tuyaux. Dans un bâtiment sont rassemblées toutes les commandes et les contrôles. Des terminaux d'ordinateurs affichent les données sur la marche de l'installation et une quinzaine de travailleurs assurent la surveillance et les opérations de réglage. Cette usine est constituée d'équipements importés du Japon car les techniciens chinois ne disposent pas encore de suffisamment d'expérience pour construire ces appareils de pétrochimie qui mettent en oeuvre des technologies de pointe. Dans l'ensemble du complexe seule la moitié des équipements ont été introduits de l'étranger. La conception générale du complexe et la conduite des travaux de construction ont été réalisées par les travailleurs chinois eux-mêmes.

    Les équipements étrangers introduits n'ont pas été encore transformés par les techniciens chinois. Ceux-ci veulent d'abord se familiariser avec ces techniques nouvelles. Une fois complètement maîtrisés, les procédés employés seront perfectionnés, notamment à l'occasion de l'implantation de nouveaux complexes. Des contingents de techniciens formés ici à Xisha seront ainsi envoyés pour réaliser ces nouvelles installations dans d'autres provinces chinoises.

    Car l'introduction d'équipements étrangers n'est conçue ici que comme solution provisoire. Un complexe comme celui-ci a une grande importance pour le peuple chinois: la production de fibres de polyester sert à fabriquer 700 millions de mètres de tissus par an, ce qui fournit l'habillement annuel de 100 millions de personnes. Cela permet d'améliorer sans attendre les conditions de vie du peuple. Mais en même temps, conformément au principe de "compter principalement sur ses propres forces", les Chinois apprennent à se passer des importations d'équipements en devenant progressivement maîtres de ces techniques. Car ces "transferts de technologie" loin d'asservir la Chine à l'étranger stimulent le développement des sciences et des techniques chinoises.

    Nous visitons ensuite l'usine de fabrication de fibres acryliques. A l'entrée: des grains de cette matière synthétique produite à partir du pétrole; à la sortie, des fibres prêtes pour la filature. Cette usine est complètement automatisée. Nous visitons la salle de commandes où une dizaine de travailleurs surveillent et règlent les différents paramètres, de la fabrication : températures, débits, vitesses... Dans la salle des machines elle même, bien éclairée, spacieuse, 6 lignes de fabrication sont surveillées par quelques dizaines de travailleurs, prêts à intervenir en cas d'anomalie. En tout, 600 ouvriers répartis en 3 équipes.

    Ensuite, nous nous rendons à la filature où des machines de fabrication chinoise transforment les fibres brutes en fils et nous pouvons voir dans une salle d'exposition les différents produits finis réalisés avec ces fils : pullover, peluches diverses, fils à tricoter, rouleaux à peinture, couvertures, tissus...

    Dans les salles comme à l'entrée des ateliers il y a de nombreux panneaux d'affichage. Ce sont notamment ceux des syndicats. Celui-ci joue un rôle important dans la vie du complexe. Dans chaque unité de production des "représentants des ouvriers et employés" sont élus par les travailleurs de l'unité. Ces représentants réunis périodiquement en conférence discutent de l'activité du complexe, des problèmes qui apparaissent. Ils concentrent le point de vue des travailleurs, leurs suggestions, leurs critiques sur la marche de l'entreprise, ils débattent de la réalisation du plan. Actuellement 80 % des travailleurs sont syndiqués ici. Pour un tiers les représentants sont membres du Parti, un autre tiers est constitué de membres de la Ligue de la Jeunesse (ce qui s'explique par la forte proportion de jeunes, venus de Shanghaï, dans cette entreprise qui ne fonctionne que depuis quelques années).

    Autre visite: celle de la station d'épuration des eaux. D'importantes installations permettent de traiter la grande quantité d'eau qui est utilisée dans les diverses usines. la station, entourée d'arbres, déverse les eaux, après traitement, dans un vaste réservoir. Celui-ci non seulement sert à stocker l'eau, à finir la décantation, mais aussi constitue un vaste vivier dans lequel sont élevées des carpes... Cela traduit le souci constant en Chine de tirer parti partout de toutes les possibilités, de combiner la production industrielle et la production alimentaire. Avant de revenir à l'immeuble où nous avions été accueillis, nous passons par le jardin d'enfants d'un quartier. Là des bambins de 3 à 6 ans nous accueillent avec des chants et des danses. Dans une salle, c'est un petit sketch qui est joué devant nous; le thème: un voyage en autobus, un petit garçon grimé en vieillard monte dans le bus, un enfant se lève pour lui laisser une place assise... La joie de vivre des enfants qui nous prennent par la main pendant la visite fait plaisir à voir.

    Après le repas, discussion avec les camarades du comité du Parti du complexe. On nous apprend que celui-ci emploie 24 000 ouvriers et employés auxquels s'ajoutent 8 000 emplois dans les autres activités. Au total, ce sont 50 000 personnes qui habitent ici. Il est prévu de réaliser une deuxième tranche du complexe dont nous voyons les premiers travaux: la construction de nouvelles habitations. Car avant même de réaliser les installations de production, on se soucie ici d'offrir tout de suite un logement correct et des équipements collectifs aux travailleurs qui arrivent.

    Nous retournons à Shanghai en fin d'après-midi conscients que les entreprises de pointe comme celle que nous venons de visiter ont un rôle important à jouer dans la réalisation des 4 modernisations, à côté des entreprises plus anciennes et que l'introduction des "techniques étrangères", parce qu'elle est maîtrisée par le peuple chinois, sert à l'édification socialiste en Chine.


Sur le front de la sidérurgie : à l'aciérie N°1 à Shanghaï

   

    Nous partons à 8 h 30 pour visiter l'aciérie n° 1 de Shanghaï. Après une demi heure de route nous arrivons dans la banlieue de Shanghaï. Nous entrons dans une vaste usine facilement identifiable à ses hauts fourneaux. Une banderole "chaleureuse bienvenue à la délégation du Comité central du PCRml" nous accueille à l'entrée. Nous sommes reçus par le secrétaire politique du comité de Parti de l'usine ayant à ses côtés divers responsables du Parti. Une brève présentation de l'entreprise nous est faite. Ici, 18 500 travailleurs sont employés. Pour la Chine, c'est une entreprise de taille moyenne. Fondée en 1938 par les Japonais lorsqu'ils occupaient la Chine, cette usine n'avait alors que 280 ouvriers et ne produisait que 2 500T d'acier par an. Aujourd'hui, après avoir connu un rapide développement en 1958 au moment du Grand bond en avant, la production atteint près de 2 millions de tonnes par an. Mais la période 1974-76 a été marquée par d'importantes difficultés dans la production. Une certaine désorganisation résultait des luttes de factions qui se poursuivaient sans cesse entre des petits groupes d'ouvriers, de plus en plus coupés de la masse des travailleurs de l'usine. Ici, l'influence de la bande "des 4" semble avoir été importante, si l'on en juge par les membres de dirigeants liés à eux: 3 des 6 secrétaires du CP étaient directement en rapport avec les Quatre. L'année 1977 a été consacrée à un vaste débat dans l'usine pour combattre la confusion qui avait été introduite dans l'esprit des travailleurs et dans l'organisation de la production. Douze grands rassemblements politiques (un par mois) ont été organisés alors, sur des questions comme "l'anarchisme", "le principe socialiste de répartition". Cela a permis de rétablir un climat politique meilleur et sur cette base la production s'est redressée dès 1978. Le plan fixé pour 1978 a été atteint au bout de 10 mois et finalement la production annuelle a dépassé de près de 20 % les objectifs fixés. Mais en même temps les autres normes techniques (qualités, économies de matières premières...) ont été bien réalisées. Mais, comme nous le voyons au cours de la visite, il y a encore des limites importantes à la modernisation de l'entreprise. Un peu partout, dans l'immense domaine de l'entreprise, des travaux de réparation, de construction sont en cours. Les autres doivent être à leurs tours modernisés.

    Les deux hauts-fourneaux de l'usine qui alimentent l'entreprise en fonte ont -au regard des normes internationales avancées- d'assez faibles performances. Mais, à la différence de ce qui se passe dans le monde capitaliste, cela ne se traduit pas par leur mise à la casse; en Chine, on ne connaît pas de crise de la sidérurgie. Au contraire, l'ordre du jour c'est: développement et modernisation de la sidérurgie !

    La vie de l'entreprise repose sur trois éléments : le comité de Parti, la direction et les organisations de masses: syndicat, ligue de la Jeunesse et organisation des femmes. Le principe qui régit les rapports entre Parti et le directeur c'est: la responsabilité du directeur vis-à- vis du comité de Parti. La direction de l'entreprise a pour tâche de mettre en oeuvre, au plan de la production, les orientations fixées, de s'occuper des approvisionnements de la comptabilité, des statistiques, d'étudier les projets de modernisations... Mais dans la marche de l'entreprise les organisations de masse, notamment le syndicat -qui a été reconstitué depuis l'élimination des Quatre -, ont un rôle important. Le syndicat soutient l'activité du Parti dans le domaine de l'éducation politique; il éclaire pour la masse des travailleurs les objectifs de la production : les ouvriers savent ainsi pour quoi ils travaillent, quel rôle a leur travail pour l'ensemble du peuple chinois, pour l'édification du socialisme.

    Il a aussi pour tâche de veiller à l'amélioration de la vie matérielle. Car tous les grands efforts pour développer l'économie chinoise ne doivent pas être de simples promesses pour l'avenir . Dans l'immédiat une amélioration des conditions de vie, de travail, de loisir doit se manifester. Aussi le syndicat s'occupe-t-il de l'organisation des sports (notamment la natation) et de la culture: toutes les semaines des films sont projetés dans l'usine ; depuis le deuxième semestre 1978 les ouvriers peuvent suivre des études artistiques, organisées sur place. Il organise des cours de formation professionnelle , veille à la sécurité. Pendant les périodes de canicules des mesures sont prises pour faire baisser la température dans les ateliers, des boissons sont distribuées en abondance.
   
Ainsi, en étroite liaison avec le Parti (dont le rôle dirigeant est réaffirmé en tant que détachement d'avant garde communiste) le syndicat et les autres organisations de masse jouent un rôle actif dans la vie de cette aciérie de Shanghaï.


        Visite de la grande muraille

    La grande muraille ne passe pas bien loin de Pékin. A 60 kilomètres de la capitale un long tronçon a été restauré et est le but de très nombreuses promenades des Pékinois, surtout le dimanche.

    Au cours du trajet, nous voyons de petits villages aux maisons blotties les unes contre les autres, comme pour se protéger, qui constituent l'ancien type de maisons paysannes construites en torchis. Et un peu partout de nouvelles maisons, en briques, plus vastes, sont en construction ou viennent d'être terminées tout au long de la route, nous croisons ou nous remontons d'innombrables convois de charrettes, de camions qui transportent les uns des matériaux de construction, de la chaux, des pierres, des poutres en béton pour les nouvelles maisons, les autres d'énormes quantités de légumes pour approvisionner la ville de Pékin. La première partie du voyage s'effectue dans la plaine de Pékin, puis nous abordons une zone plus escarpée de collines sur laquelle se dresse la grande muraille.

    La grande muraille a été construite environ 3 siècles avant Jésus-Christ pour empêcher la pénétration des peuples dits " barbares " du Nord-Ouest. La muraille a une longueur totale de 3 000 km. Plus de 300 000 travailleurs furent mobilisés pour sa construction pendant des dizaines d'années. Sa hauteur est d'une quinzaine de mètres tandis que son épaisseur atteint dix mètres. Un large chemin de ronde, permettant à des chars et à des cavaliers de circuler, est aménagé à son sommet et de place en place se dressent des tours de garde.
   
La grande muraille suit des lignes de crête, ce qui lui donne un profil très accidenté et les parties les plus escarpées sont franchies par des escaliers.

    Lorsque nous arrivons à 11 heures du matin, il y a déjà beaucoup de monde. Certains sont venus en train, car récemment une ligne de chemin de fer a été prolongée pour relier directement Pékin à la grande muraille. D'autres sont venus en autobus pour une somme très modique. On vient à la grande muraille en famille ou en groupe. On s'y promène, on s'y fait photographier pour garder un souvenir. S'il y a d'assez nombreux étrangers, la foule est surtout constituée de Chinois venus passer là leur dimanche. Et à midi, beaucoup de monde se regroupe au pied de la muraille autour d'une buvette. On sort des sacs les casse-croûte et l'on mange sur les bancs.

    Au moment où nous nous promenons sur le chemin de ronde, nous voyons venir de l'ouest un vent de loess qui rapidement parvient jusqu'à nous, obscurcit le ciel et lui donne une curieuse couleur jaune.

    Nous rentrons sur Pékin en passant par le tombeau des Ming. Là on peut voir les immenses richesses accumulées par la dynastie des empereurs Ming (du XIVe et XVIIe siècle). Des tombeaux ont été creusés à plus de 20 mètres de profondeur, et l'on visite maintenant les grandes salles de l'un de ces tombeaux. Cela exigea des milliers de journées de travail pour les paysans réquisitionnés par l'empereur et détournés ainsi de leur production agricole, alors que la famine était fréquente.
   
Dans un bâtiment sont exposés d'extraordinaires joyaux en or, en pierres précieuses, en perles, qui constituaient les parures de l'empereur, de l'impératrice et des hauts dignitaires du régime. Ici aussi une foule de visiteurs chinois et étrangers contemplent ces vestiges du passé.

    Avant d'arriver à Pékin, nous traversons une zone de grands travaux d'aménagement des sols. D'énormes quantités de terre sont déplacées. Par le nivellement du terrain -une couche très épaisse de loess -des vallons incultes sont ainsi transformés en vastes champs cultivables.


   Dans une des 198 communes populaires de Shanghaï

      Tout près de Shanghaï, nous visitons une des 198 communes populaires relevant de la municipalité de Shanghaï.

    C'est d'abord à une usine de production d'huile que nous nous rendons. Commencer la visite d'une commune populaire, organisation fondamentale des campagnes chinoises, par celle d'une usine n'est pas surprenant en Chine. En effet, depuis la création des communes populaires en 1958, un effort constant d'industrialisation rurale a été réalisé. Il est poursuivi aujourd'hui.

    Nous sommes accueillis par la secrétaire de la cellule de l'usine. Ici, on produit de l'huile industrielle à partir de sous-produits du coton, du son, du riz et de l'huile alimentaire à partir du colza et du tournesol. La production est destinée à l'approvisionnement de Shanghaï et couvre les besoins des 23 000 habitants de la commune. Les résidus sont à leur tour utilisés pour produire du savon, des aliments pour le bétail. L'usine a été créée en 1966. Elle tourne tout au long de l'année, compte tenu des diverses variétés d'huile produites à partir de récoltes qui se succèdent selon les saisons. Nous visitons les ateliers de décorticage, de broyage, de cuisson, de pressurage à chaud.

    Nous visitons ensuite un élevage de porcs. De longs bâtiments bas en briques blanchies à la chaux comportant de nombreux boxes abritent plus de 1 000 porcs et 800 porcelets. La moitié des porcs élevés dans la commune le sont dans des unités comme celles que nous visitons. Les autres le sont individuellement : dans de nombreux foyers paysans, on élève un porc dans le cadre de la petite économie individuelle. L'Etat a récemment augmenté de 20 % le prix d'achat des porcs (sans augmentation du prix de vente aux consommateurs) et des avantages sont accordés lorsque les porcs sont vendus lorsqu'ils ont dépassé 100 kilos. Juste à côté des porcheries, il y a un élevage de poules. La commune fournit 150 000 poules par an pour la ville.


Dans une commune populaire près de Shanghaï 

  Nous nous arrêtons devant un champ d'orge. La récolte sera bientôt faite. Ensuite du blé sera planté et après la récolte, ce sera du riz qui prendra la suite: 3 récoltes par an. Cela exige beaucoup de soin, et notamment une irrigation suffisante. On nous montre la station de pompage qui puise l'eau dans un grand canal et l'élève jusqu'au réseau d'irrigation. Cette station, une des trois de la commune, a une capacité de 100 m3 à la minute. L'équipement d'origine chinoise a été acheté avec le fond d'accumulation propre de la commune.

    Les camarades qui nous accompagnent nous indiquent à cette occasion que nombre de travaux agricoles sont mécanisés : 75 % de la moisson, 35 % du repiquage notamment.

    Visite d'un des dispensaires de la commune. Celui-ci fournit à la fois des médicaments "chimiques" et des plantes médicinales. En effet, la politique médicale consistant à combiner médecine "occidentale" et médecine traditionnelle est poursuivie.
   
Nous nous rendons ensuite dans une école secondaire; il y en a 3 dans la commune. Nous assistons à un cours sur le matérialisme dialectique: "La pratique est le seul critère de la vérité". C'est aujourd'hui en Chine une grande bataille: partir des faits, vérifier les idées dans la pratique, ne pas se contenter de principes abstraits, coupés des conditions concrètes de la réalité voilà le sens de l'effort d'éducation philosophique qui se développe en Chine contre les déformations dogmatiques, idéalistes du marxisme-léninisme introduites par les Quatre. En sortant, sur un grand panneau de bois, nous voyons des textes affichés ; ce sont les statuts de la Ligue de la Jeunesse communiste.

    Juste devant l'école secondaire passe un large canal. On nous apprend que les 5,5 kilomètres de ce canal ont été creusés au début de l'année, en 15 jours, par 7 000 travailleurs ! Il sert pour l'irrigation et pour les transports.

    Nouvel arrêt: l'hôpital où 20 docteurs et 40 employés assurent les soins importants pour la population de la commune.

    Nous terminons la visite par une habitation de paysans. La famille comporte 9 personnes : les 2 parents, 4 filles, 2 gendres et un fils. L'habitation comporte deux bâtiments et un hangar. Le premier bâtiment comporte 3 pièces et un hall d'entrée; le deuxième une chambre et une cuisine.
   
La mère nous fait entrer dans le "séjour". Il est bien meublé. Dans un coin, la machine à coudre, que toutes les familles chinoises possèdent, sur un bahut un poste-radio. Tout est propre et soigné. La mère nous parle de ses enfants. Toute les filles ont fait des études, la quatrième est encore au 2e cycle du lycée.

    La cuisine est spacieuse. Un grand fourneau décoré de faïence avec des dessins multicolores est dans un coin. Des jarres en terres contiennent les réserves de produits alimentaires. Devant la maison, il y a un jardinet de 400 m² environ : c'est le lopin individuel de la famille qui y cultive des légumes. Le reste de l'activité individuelle est constituée par l'élevage de quelques poules, de 3 canards et d'un cochon nourri avec les déchets et des sous-produits.

    Après ces visites, nous retournons au bâtiment de la direction de la commune populaire où le secrétaire du comité du Parti de la commune répond à nos questions. Ici, la mécanisation est assez poussée. Cette situation est générale dans la région de Shanghaï. Il y a deux raisons à cela. D'une part, le relief très plat se prête bien ici à la mécanisation. Les champs sont vastes et facilement accessibles. D'autre part, les communes populaires des environs de Shanghaï bénéficient du caractère développé de l'industrie shanghaïenne. La ville produit tracteurs, motoculteurs, machines à repiquer, camions pour la campagne. Celle-ci approvisionne la ville.

    Parallèlement à une assez forte mécanisation, d'importants efforts sont faits pour développer la recherche agronomique, la sélection des semences. Une école du soir pour les paysans permet de diffuser les connaissances agronomiques modernes. D'autre part, les activités industrielles comme celles que nous avons vu à l'huilerie se développent: elles représentent actuellement 30 % de la valeur totale produite. Et d'ici 1985, il est prévu de porter cette proportion à 75 % en employant dans des tâches industrielles les paysans libérés par la mécanisation agricole.

    Le camarade du comité du Parti nous rappelle que pour l'instant l'équipe de production reste le principal niveau d'organisation dans la commune. Il s'agit là d'une question importante: à la campagne la propriété est collective: c'est celle de l'équipe de production, de la brigade (qui regroupe plusieurs équipes) ou de la commune populaire toute entière. Elever la propriété collective du niveau de l'équipe à celui de la brigade ou de la brigade à la commune, c'est aller de l'avant dans la transformation socialiste des rapports de production. C'est vers cela que l'on va en Chine.

    Mais ces transformations ne peuvent se faire n'importe comment, sans tenir compte des conditions matérielles. Si les moyens de production agricoles sont encore peu "puissants", dispersés entre de nombreuses équipes de production, il est prématuré de les faire gérer à une échelle importante comme celle de la brigade ou de la commune. C'est à cette précipitation que poussait la politique des Quatre. Cela est aujourd'hui combattu et c'est au fur et à mesure du développement des forces productives à la campagne que l'organisation des campagnes se transformera. Actuellement, la commune gère les gros équipements, organise les grands travaux hydrauliques, s'occupe des équipements sociaux importants (lycées hôpitaux...), le reste de l'activité est organisé au niveau de l'équipe. Cela entraîne bien sûr certaines inégalités entre équipes, notamment au niveau du revenu. Mais, en affectant par exemple plus de paysans aux équipes bénéficiant des meilleures conditions de production, ces inégalités se trouvent considérablement réduites.


Impressions de Shanghaï

    Lorsque nous arrivons à Shanghaï nous sommes frappés par une impression de "densité" que nous n'avions pas trouvé à Beijin. Densité de l'habitat d'abord, avec des immeubles importants, des rues moins larges que les immenses boulevards de Beijin. Ces rues sont souvent bordées d'arbres.

    Dans ces rues, la circulation est très intense. Comme partout en Chine, il y a beaucoup de vélos y compris des vélos avec "side-car" dans lesquels sont transportés les enfants. Mais aussi de nombreux camions transportant des produits sidérurgiques, des matériaux de construction, des produits alimentaires. ainsi qu'un fort trafic d'autobus.
   
Une autre chose frappe aussi très vite à Shangaï. Sur les murs aux portes des usines, il y a beaucoup d'affiches, de calicots rouges portant inscriptions et mots d'ordre. Cela témoigne visuellement de l'intense vie politique à Shangaï, de l'importance des débats.

    En parcourant la ville, nous observons le très grand nombre de magasins aux vitrines bien présentées avec toutes sortes de produits de consommation: vêtements, appareils radios, petits équipements ménagers, montres, appareils photos... II y a aussi beaucoup de magasins d'alimentation. Nous entrons dans un "grand magasin" de 4 étages. Au rez-de-chaussée, des rayons d'articles textiles: vêtements, linge de maison, tissus; le rayon des bouteilles thermos, produits que tous les foyers chinois possèdent pour faire le thé à toute heure, au travail ou à la maison... Dans les étages, on trouve des jouets: des parents viennent acheter d'adorables petits pandas en peluche ou des jouets mécaniques. A côté, ce sont des piles de casquettes de tous types, en toile blanc, gris ou vert sombre, en fourrure pour l'hiver. Il y a aussi les montres, la vaisselle, les vêtements, les machines à coudre, les transistors, les carnets de notes de toutes tailles que la plupart des Chinois ont dans la poche en permanence...

    On trouve également des rayons où l'on peut acheter des reproductions en soie tissée des portraits des dirigeants chinois : Mao, Zhou Enlai, Hua Guo-feng... Dès 20 heures on voit dans les rues des camions, des charrettes des tricycles chargés de légumes qui viennent des communes populaires des alentours pour approvisionner les marchés de Shanghaï.

    Et comme à Nanning dans le Guangxi, une grande animation existe dans les rues de Shanghaï, à cette heure-là ; à partir de 19 heures les Chinois se promènent souvent en famille, poussant leurs vélos avec un enfant sur le porte-bagage. On se rend ainsi au cinéma, aux Maisons des Syndicats où des activités culturelles ou sportives sont organisées, on lit les journaux affichés dans des vitrines spéciales...

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