La théorie des 3 mondes (suite et fin)
pages 62 à 80

çPages 42 à 61

LA THÉORIE DU PRÉSIDENT MAO
SUR LA DIVISION EN TROIS MONDES,
IMPORTANTE CONTRIBUTION
AU MARXISME-LÉNINISME

Rédaction du Renmin Ribao (1er novembre 1977)
Editions en langues étrangères
PÉKIN 

    Comme le montrent ces exposés de nos éducateurs révolutionnaires, qu'il s'agisse de pays développés ou sous-développés, du moment qu'ils sont l'objet d'une annexion ou d'une agression perpétrée par une puissance impérialiste, la guerre nationale qu'ils mènent contre une telle annexion ou agression est une guerre juste et doit bénéficier de l'appui et du soutien du prolétariat international.
    Dans les années trente du XXe siècle, alors que les forces fascistes se déchaînaient dans le monde, que la menace d'une guerre d'agression s'aggravait considérablement, mais que cette guerre n'avait pas encore éclaté, l'Internationale communiste appela la classe ouvrière des différents pays à travailler à la formation d'un large front uni contre le fascisme et la guerre. Lorsque la guerre d'agression eut éclaté, la classe ouvrière des différents pays se lança activement dans la guerre antifasciste pour sauvegarder l'indépendance nationale, et apporta une vaillante contribution à la victoire.
    Aujourd'hui, les pays européens font face à une grave menace d'annexion ou d'invasion provenant du social-impérialisme soviétique. Le président Mao a déclaré à de nombreux hommes politiques de pays d'Europe occidentale: "L'Union soviétique nourrit des ambitions démesurées. Elle voudrait mettre la main sur toute l'Europe, toute l'Asie et toute l'Afrique."(69) Si les pays d'Europe occidentale venaient à tomber sous la botte des nouveaux tsars soviétiques, ils seraient ravalés au rang de vassaux, et leurs habitants réduits à l'état de citoyens de seconde classe; le peuple serait alors assujetti à une double oppression, celle des conquérants étrangers et celle des collaborateurs du pays. Engels a dit à l'époque: si la Russie tsariste l'emporte sur l'Allemagne où le mouvement ouvrier est plus développé, "le mouvement socialiste en Europe s'arrêtera pendant vingt ans".(70) Cette sérieuse mise en garde d'Engels conserve aujourd'hui encore tout son impact. Ces propos sur les guerres nationales tenus par Engels et Lénine il y a plusieurs dizaines d'années nous obligent aujourd'hui encore, par leur rigueur impitoyable, à dégager des enseignements analogues. A l'heure actuelle, il s'agit une fois de plus, pour de nombreux pays d'Europe, de sauvegarder l'indépendance nationale et, pour la classe ouvrière européenne, de maintenir ces positions et ces possibilités pour l'avenir qu'elle a gagnées pour elle-même. Dans l'Europe d'aujourd'hui, une guerre nationale contre l'agression, l'asservissement et le carnage menés sur une vaste échelle par une superpuissance reste toujours possible, probable, voire même inévitable, progressive et révolutionnaire. Par conséquent, tout en s'unissant avec la masse du peuple pour mener de sérieuses luttes contre l'oppression et l'exploitation exercées par la bourgeoisie monopoliste du pays, pour sauvegarder les droits démocratiques et améliorer les conditions de vie, le prolétariat des pays du second monde se doit de porter haut levé le drapeau de l'indépendance nationale, de se tenir aux premiers rangs de la lutte contre la menace d'agression des deux super- puissances, et en premier lieu contre celle du social-impérialisme soviétique, et, dans des conditions déterminées, de gagner à lui tous ceux qui ne veulent pas se laisser mener ni asservir par les deux superpuissances, de diriger ce combat ou y participer activement. En agissant ainsi, il favorisera l'essor révolutionnaire dans ces pays.
    Le marxisme-léninisme a toujours prêté toute l'attention voulue au problème de gagner les forces intermédiaires dans la lutte contre l'ennemi. Les efforts du tiers monde en vue de rallier à divers degrés les pays du second monde constituent précisément un coup direct porté à la politique d'agression, d'expansion et de guerre des deux superpuissances, en particulier à celle du social-impérialisme soviétique. Si ce dernier qualifie les forces du second monde qui luttent contre l'hégémonisme de "bellicistes", de "nationalistes" "anti-internationalistes", c'est précisément pour créer la confusion et dissimuler son vrai visage, celui d'un fauteur de guerre mondiale on ne peut plus dangereux. N'est-ce pas là l'évidence même ?
    Il ne fait aucun doute que lorsqu'on affirme que le second monde est une force qui peut être ralliée dans la lutte contre l'hégémonisme, cela ne signifie nullement que l'on pourrait effacer les contradictions entre lui et le tiers monde ainsi que les contradictions de classe au sein des pays du second monde; cela ne signifie nullement que l'on pourrait supprimer la lutte des pays et des peuples opprimés contre l'oppression et l'exploitation. Le monde ne peut progresser que dans la lutte, l'union ne peut se faire que dans la lutte. L'union vivra si on cherche à la faire par la lutte, elle périra si on la recherche par des concessions. Ce n'est qu'en combattant le capitulationnisme, la doctrine de l'apaisement et le néo-colonialisme, en s'opposant aux assauts des forces réactionnaires contre les forces progressistes, que cette union, cette unité, pourra se réaliser et se renforcer graduellement.
    Face à la menace de guerre chaque jour plus gravé que font peser les superpuissances, les pays du second monde ont le devoir de renforcer leur propre union, et de mieux s'unir avec le tiers monde et avec les alliés qu'ils peuvent trouver, afin de progresser dans la lutte contre les ennemis communs. La lutte dans l'union est la seule voie juste qui permette d'assurer leur indépendance et leur existence en tant que nations, bien qu'elle soit probablement couverte d'épines, plutôt que bordée de roses.

Constituer le front uni international le plus large
pour venir à bout de l'hégémonisme et
de la politique de guerre des superpuissances

    Les peuples du monde s'opposent actuellement à l'hégémonisme des deux superpuissances -U.R.S.S. et U.S.A. -ainsi qu'à leur politique de guerre; il s'agit là de deux aspects d'un même combat. Pour les deux superpuissances, l'hégémonisme est à la fois le moyen de préparer la guerre et l'objectif qu'elles voudraient atteindre en la déclenchant. Le danger de guerre dû à la rivalité des deux superpuissances menace de plus en plus sérieusement les peuples du monde. Comment devons-nous envisager ce problème ?
    Le peuple chinois et les autres peuples sont résolument pour la paix et contre une nouvelle guerre mondiale. Face à la grandiose tâche qui incombe à notre peuple d'accélérer l'édification socialiste afin de réaliser là modernisation tant de l'agriculture, de l'industrie, de la défense nationale que de la science et de la technique, nous éprouvons le besoin urgent de jouir d'une ambiance de paix pour une longue période. Tout comme nous, l'écrasante majorité des pays sont contre la guerre. Il est certain qu'une nouvelle guerre apporterait à l'humanité d'immenses calamités. Ainsi, à l'exception d'un tout petit nombre de maniaques bellicistes qui veulent l'hégémonie mondiale, nul n'a besoin de la guerre. Le président Mao a toujours dit qu'en ce qui concerne la guerre mondiale, nous avons deux principes: primo, nous sommes contre, et secundo, nous n'en avons pas peur.(71) Quand nous disons que nous n'en avons pas peur, ce n'est pas parce que nous aimons la guerre, ou que nous estimons que les destructions qu'elle cause ne sont pas graves, mais c'est que la peur ne peut régler aucun problème; nous sommes par ailleurs fermement convaincus que la guerre ne pourra jamais détruire l'humanité, c'est l'humanité qui détruira la guerre.
    Quelles sont donc nos tâches ?
    Premièrement, nous devons faire connaître aux peuples le danger de guerre. Les deux superpuissances mobilisent fiévreusement toutes leurs forces en vue de préparer la guerre. Comment expliquer de tels agissements ? Lénine a répondu il y a longtemps à cette question: la guerre, disait-il, découle de la nature même de l'impérialisme. " 'L'hégémonie mondiale' est le contenu de la politique impérialiste, dont le prolongement est la guerre impérialiste."(72) En 1974, lors d'un entretien avec le dirigeant d'un pays du tiers monde, le président Mao a indiqué: "Certes, dans ce monde, il existe l'impérialisme. D'après nous, la Russie, elle, s'appelle social-impérialisme, et ce régime couve aussi la guerre. Ce n'est pas vous qui voulez une guerre mondiale, nous non plus, ni le tiers monde, ni les peuples des pays riches. Une telle chose ne dépend pas de la volonté des hommes."(73) Nous ne sommes pas des fatalistes, mais nous sommes persuadés que le développement de l'Histoire suit les lois qui lui sont propres. Puisque les guerres modernes sont le produit de l'impérialisme, pour éliminer les guerres mondiales, le seul moyen est de renverser le système impérialiste par la révolution. Si une révolution sociale éclate chez les deux superpuissances et qu'elle les transforme en deux pays socialistes, il sera alors parfaitement possible d'éliminer de telles guerres. Cette révolution aura lieu tôt ou tard, mais comme elle ne s'est pas encore produite, nous n'avons aucune raison de relâcher notre vigilance quant à l'éventualité d'une guerre mondiale.
    Comme la rivalité entre les deux superpuissances est toujours plus acharnée et que le social-impérialisme soviétique, en particulier, mène l'offensive dans le cadre de cette rivalité, les conflits qui les opposent ne peuvent en fin de compte être réglés par des moyens pacifiques. Dans le cadre de leur rivalité acharnée, les deux superpuissances peuvent parfois conclure certains accords à des fins déterminées. Le président Mao a dit: "Des accords, il se peut qu'il y en ait, mais je ne pense pas que ce soit très solide. Tout d'abord, c'est quelque chose de provisoire, et c'est trompeur aussi. Dans le fond, c'est la rivalité qui prédomine."(74) Or, une telle rivalité entraînera inévitablement la guerre. A l'heure actuelle, les facteurs de guerre augmentent sensiblement. Tout en intensifiant chacune de son côté leurs préparatifs de guerre, les deux superpuissances ressassent les rengaines de la "détente" et du "désarmement". Une question nous vient à l'esprit: au lieu de chanter ces vieilles rengaines, ne feraient-elles pas mieux de détruire complètement et sans réticences le gigantesque arsenal dont elles disposent ? Or, c'est le contraire qui se passe, elles n'en continuent pas moins à investir des fonds considérables dans la conception et la fabrication d'armes nucléaires et de missiles de type nouveau, dans le développement des armes chimiques et biologiques ainsi que d'autres armes encore plus efficaces et plus meurtrières. Leurs forces armées ont pris des dispositions qui leur permettent de se lancer dans la guerre, et elles effectuent toutes sortes de manoeuvres militaires. Les deux parties ont massé chacune en Europe centrale plusieurs centaines de milliers d'hommes. Leurs flottes se surveillent de près dans tous les océans. Elles ne cessent d'envoyer de nouveaux espions dans les différentes régions du globe, de faire entrer de nouveaux sous-marins dans les profondeurs des océans et de lancer de nouveaux satellites militaires dans l'espace. Chacune des deux parties cherche à détecter les secrets militaires de l'autre et se tient prête à anéantir les forces de guerre de l'adversaire. Tous ces faits montrent à suffisance que les deux superpuissances se préparent activement à déclencher une guerre générale. Dans les conditions historiques actuelles, la possibilité d'une paix durable n'existe pas, une nouvelle guerre mondiale est inévitable.
    Deuxièmement, nous devons tout faire pour renforcer la lutte contre l'hégémonisme, en d'autres termes, nous devons lutter pour retarder l'arrivée de la guerre, et le peuple de chaque pays doit, dans le cadre de cette lutte, accroître ses propres forces de défense.
    Les deux superpuissances préparent activement, l'une comme l'autre, une nouvelle guerre dans le dessein de s'emparer de l'hégémonie mondiale; c'est là une orientation qu'elles ne changeront pas; nul ne doit nourrir des illusions à ce sujet. Mais, il ne leur sera pas facile d'atteindre leur but, car elles se heurteront inévitablement à toutes sortes de difficultés et de résistances sérieuses. En regard des guerres du passé, la guerre moderne à grande échelle est d'autant moins une question purement militaire que sa préparation est intimement liée à divers facteurs: politique intérieure, finances, économie, relations extérieures, etc. L"Union soviétique et les Etats-Unis s'emploient fiévreusement à renforcer leur machine de guerre, mais comme cela coûte cher, il leur faut intensifier sans cesse l'oppression et l'exploitation du peuple, ce qui a pour résultat d'aiguiser leurs contradictions respectives sur le plan économique ainsi que les contradictions de classe et les contradictions entre nationalités au sein du pays. En se livrant partout à l'agression et à l'expansion et en renforçant leur dispositif stratégique planétaire, ils portent inévitablement atteinte à la souveraineté et aux intérêts des autres pays, cela ne fait qu'exacerber leurs contradictions avec ces pays et ces peuples. Ainsi, dans leur préparation à la guerre, les crises auxquelles l'Union soviétique et les Etats-Unis sont en proie sur le plan national comme sur le plan international ne peuvent que devenir de jour en jour plus aiguës. Tout ceci aura inévitablement pour conséquence de bouleverser le calendrier qu'ils ont établi pour le déclenchement de la guerre.
    Le président Mao a dit: "Les Etats-Unis sont un tigre en papier; ne vous laissez pas impressionner, on peut le transpercer d'une chiquenaude. L'Union soviétique révisionniste est aussi un tigre en papier."(75) La politique d'hégémonie mondiale pratiquée par l'impérialisme américain s'est heurtée depuis longtemps à la résistance héroïque des peuples du monde entier. A l'heure actuelle, les Etats-Unis s'efforcent toujours, dans les divers continents, de protéger leurs intérêts acquis. Mais comme ils ont trop de choses à protéger, leurs lignes sont très étirées; ainsi que l'a dit le président Mao: "C'est vouloir, avec les dix doigts, écraser dix puces à la fois",(76) ils sont réduits à un état de passivité sur le plan stratégique. Quant au social-impérialisme soviétique, il prend l'offensive, mais "son offensive porte en elle le germe de la défaite".(77) Là où il maintient ses griffes d'agresseur pendant longtemps, il ne manquera pas de se faire démasquer et de provoquer une lutte contre lui. Ces dernières années, dans l'intention de s'emparer des flancs de l'Europe, il a déployé des moyens considérables dans les régions de la Méditerranée, du Moyen-Orient et de la mer Rouge, sur les côtes orientales et occidentales de l'Afrique et le long du littoral de l'océan Indien, mais toutes ces tentatives ont abouti l'une après l'autre à de honteux échecs. La politique du plus fort et la diplomatie des canonnières qu'il pratique avec un rare cynisme ont suscité une opposition toujours plus large parmi les peuples du monde entier. L'Union soviétique s'est lancé à fond dans l'expansion des armements et les préparatifs de guerre, mais ses ambitions sont démesurées, "elle ne peut pas faire face à l'Europe, au Moyen-Orient, à l'Asie méridionale, à la Chine et aux régions du Pacifique" ; il est certain que "ses forces ne sont pas à la mesure de ses ambitions".(78)
    Les difficultés que rencontrent les deux superpuissances et les revers qu'elles essuient montrent que dans l'excellente situation mondiale actuelle, renforcer la lutte contre l'hégémonisme, bouleverser chaque disposition des deux superpuissances visant à préparer la guerre, et retarder l'arrivée de la guerre, c'est là non seulement un désir commun des peuples, mais aussi une possibilité réelle. La guerre mondiale est inévitable, mais il est possible de la retarder. En vue de parer à toute attaque surprise des fauteurs de guerre, nous ne pouvons faire autrement que d'axer notre travail de défense sur l'éventualité d'une guerre qui éclaterait à brève échéance et serait de vaste envergure; mais cela ne signifie nullement que la guerre éclatera demain. Pour retarder la guerre, il faut compter essentiellement sur la lutte des peuples unis contre l'hégémonisme et non pas, comme le prêchent certains, sur les négociations et les accords conclus.
    L'Histoire a maintes fois montré que la lutte concertée des peuples constitue la force principale pour combattre les fauteurs de guerre. Tant que le peuple de chaque pays renforcera activement ses préparatifs sur le plan matériel et organisationnel en vue de parer à une guerre d'agression, suivra de près et contrecarrera résolument les activités d'agression et d'expansion des deux superpuissances, qu'il ne leur permettra pas de violer sa souveraineté nationale et celle des autres pays, d'occuper le territoire, les eaux territoriales et les points et passages stratégiques de son propre pays comme ceux des autres pays, et d'intervenir dans ses affaires intérieures et dans celles des autres pays par la force, par la menace du recours à la force ou par d'autres moyens; qu'il se tiendra prêt à déjouer les complots de subversion des deux superpuissances ainsi que les machinations qu'elles trament dans les domaines militaire, politique et économique sous le couvert de l"'assistance"; et qu'il n'admettra pas qu'elles établissent, élargissent, se partagent ou se disputent des sphères d'influence en quelque endroit que ce soit, alors le déclenchement d'une guerre mondiale par les deux superpuissances pourra être retardé, et les peuples seront mieux préparés, et placés dans une position plus favorable au cas où elle éclaterait. A cette fin, tous les pays et peuples des tiers et second mondes en butte à la menace des deux superpuissances doivent en premier lieu s'armer d'intrépidité, acquérir la conviction que toute superpuissance, si arrogante soit-elle, peut être vaincue; ils ne doivent pas craindre les chantages ni se laisser abuser; ils doivent sauvegarder fermement leur indépendance, leurs intérêts et leur sécurité, tout cela en comptant principalement sur leurs propres forces. Dans le même temps, ils renforceront, sur la base de l'égalité, le soutien mutuel et rallieront toutes les forces susceptibles d'être ralliées afin de mener jusqu'au bout la lutte contre l'hégémonisme.
    Troisièmement, il faut intensifier la lutte contre la politique d'apaisement, car une telle politique ne fait que hâter l'arrivée de la guerre. En Occident, il y a des gens qui appliquent cette politique vis-à-vis de l'Union soviétique. Certains, parmi eux, se creusent la tête pour trouver, face à l'expansion et à la menace soviétiques, une formule "idéale" de compromis et de concession; ainsi, ils ont lancé des propositions telles que la "doctrine Sonnenfeldt"; ils nourrissent l'illusion de pouvoir végéter dans un climat de sécurité, tout au moins pour un certain temps, en satisfaisant le désir des agresseurs. D'autres veulent utiliser comme appât les crédits importants, les grosses transactions commerciales, l'exploitation commune des ressources naturelles, les échanges techniques, etc., dans le but de jeter la "base matérielle" pour établir une soi-disant coopération pacifique et éviter la guerre. D'autres encore voudraient diriger le fléau soviétique vers l'est, et se soustraire ainsi au danger en sacrifiant la sécurité d'autres pays. Mais ces combinaisons si astucieuses, que sont-elles sinon de nouvelles versions de formules qui, déjà utilisées dans les annales de la guerre, avaient abouti à un fiasco total ? A l'époque, les Chamberlain et les Daladier avaient concocté les accords de Munich qui sacrifiaient la Tchécoslovaquie; étaient-ils parvenus pour autant à entraver ou même ralentir la marche d'Hitler qui demandait toujours davantage ? Il est vrai que Hitler s'est dirigé vers l'est pour s'emparer de la Pologne, mais ne s'est-il pas tourné aussitôt vers l'ouest pour envahir la France ? Les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, la France et d'autres pays avaient redonné du nerf à l'Allemagne et au Japon en leur fournissant une assistance, des prêts et en leur vendant du matériel de guerre, étaient-ils parvenus pour autant à assurer leur propre salut ? Il est vrai qu'aujourd'hui, avec les activités du genre des négociations américano-soviétiques sur le désarmement, des pourparlers sur la réduction des forces en Europe centrale, de la Conférence sur la Sécurité et la Coopération en Europe, on est encore plus affairé qu'à la veille de la Seconde guerre mondiale. Or, tandis que ces conférences et ces marchandages se poursuivent intensivement, le danger de guerre en Europe s'est-il relâché au lieu de s'aggraver ? Le nombre des armes entreposées de part et d'autre des premières lignes en Europe n'a-t-il pas augmenté au lieu de diminuer ? Plus on célèbre la détente et plus les activités d'apaisement gagnent en intensité, plus grand est le danger de guerre. Il ne s'agit nullement de propos visant à faire peur aux gens, mais d'une vérité que l'Histoire a déjà prouvée à maintes reprises. Maintenant, il est temps que les partisans de l'apaisement en prennent conscience.
    Au cas où la guerre finirait par éclater, il est absolument certain qu'elle n'aboutira pas au résultat tant désiré par les fauteurs de guerre, mais à une situation exactement contraire. Les deux superpuissances envisagent actuellement l'une comme l'autre de recourir à une attaque surprise pour détruire d'un seul coup la force de guerre de l'adversaire. Mais il leur sera très difficile d'atteindre ce but, étant donné que des deux côtés on a mené d'intenses préparatifs en vue de parer une telle attaque. Au cours de la guerre, il se produira inévitablement dans différentes régions du monde de nombreux changements que les deux superpuissances seraient bien en peine de prévoir et de contrôler; les peuples auront alors de vastes possibilités pour organiser la guerre contre l'agression. Et cette guerre dont l'essor sera irrésistible ne saurait être étouffée; les peuples, au prix d'efforts conjugués de longue haleine, auront la possibilité d'en finir une fois pour toutes avec les fauteurs de guerre. Tout comme l'a dit le président Mao: "Il est certain que si les impérialistes s'obstinent à déclencher une troisième guerre mondiale, des centaines de millions d'hommes passeront du côté du socialisme et il ne restera pas beaucoup de place sur terre pour les impérialistes; il est même possible que le système impérialiste s'effondre complètement."(79) En un mot, quiconque osera provoquer une guerre mondiale, se heurtera immanquablement à la résistance et aux assauts les plus fermes des peuples, dans le monde comme dans son propre pays; cela le conduira inévitablement à son effondrement total.
    Le président Mao a souligné en 1968: Le révisionnisme soviétique et l'impérialisme américain "ont commis tant de méfaits et d'infamies que les peuples révolutionnaires du monde ne les laisseront pas impunis. Les peuples du monde se dressent. Une nouvelle période historique a déjà commencé, celle de la lutte contre l'impérialisme américain et le révisionnisme soviétique".(80) Aujourd'hui, les forces qui s'opposent dans le monde à l'hégémonisme des deux superpuissances grandissent de jour en jour et se constituent en un front uni international des plus larges contre l'hégémonisme. Dans ce front uni, les pays socialistes et le prolétariat international se tiennent à la pointe du combat, dénoncent et combattent résolument la politique d'agression et de guerre des deux superpuissances et soutiennent les efforts conjugués de tous les pays et peuples en butte à l'agression et aux menaces de celles-ci. Les pays et peuples du tiers monde, soucieux de préserver leur indépendance, leur souveraineté et leur sécurité, mènent une lutte du tac au tac contre les superpuissances. Les peuples des premier et second mondes, eux aussi, sont chaque jour plus conscients; ils luttent, sous des formes très variées, contre les deux superpuissances. Les pays du second monde développent leur lutte contre la mainmise des deux superpuissances, et plus particulièrement contre la menace de guerre soviétique; on voit s'accentuer leur tendance à s'unir les uns avec les autres et avec le tiers monde. Tout cela démontre que l'union de toutes les forces qui, dans le monde, s'opposent aux deux superpuissances et l'intensification de leur lutte constituent le courant principal dans l'évolution de l'actuelle situation internationale. Ce courant confirme de façon toujours plus convaincante la justesse de la théorie du président Mao sur la division en trois mondes, elle en prouve également la puissance en tant que concept directeur pour le prolétariat international et les peuples du monde dans la formation du front uni international le plus large contre l'hégémonisme.
    Organiser le front uni le plus 1arge dans la lutte révolutionnaire sur le plan mondial afin de frapper les principaux ennemis, telle a été toujours la politique révolutionnaire du prolétariat international. Lénine nous enseigne: "On ne peut triompher d'un adversaire plus puissant qu'au prix d'une extrême tension des forces et à la condition expresse d'utiliser de la façon la plus minutieuse, la plus attentive, la plus circonspecte, la plus intelligente, la moindre 'fissure' entre les ennemis, les moindres oppositions d'intérêts entre les bourgeoisies des différents pays, entre les différents groupes ou catégories de la bourgeoisie à l'intérieur de chaque pays, aussi bien que la moindre possibilité de s'assurer un allié numériquement fort, fût-il un allié temporaire, chancelant, conditionnel, peu solide et peu sûr. Qui n'a pas compris cette vérité n'a compris goutte au marxisme, ni en général au socialisme scientifique contemporain."(81) L'expérience révolutionnaire du prolétariat et des nations opprimées a témoigné de façon répétée que si l'on applique correctement une telle politique, on pourra mettre en branle une gigantesque armée révolutionnaire, concentrer ses attaques sur les principaux ennemis et faire triompher la révolution; si, au contraire, on va à l'encontre de cette politique, on ne fera que pousser dans le camp adverse les forces que l'on aurait pu rallier, grossir les rangs de l'ennemi, s'isoler soi-même, et mener ainsi la révolution à la défaite.
    La clique des renégats révisionnistes soviétiques a perfidement dénigré l'établissement d'un front uni international contre les deux superpuissances, en prétendant que c'est "une création de blocs et d'alliances militaro-politiques avec l'impérialisme et tout autre réactionnaire".(82) Ces injures ont prouvé, par la négative, la justesse d'une telle politique. La clique des renégats révisionnistes soviétiques craint par-dessus tout que les peuples des divers pays du monde n'utilisent contre elle cette arme révolutionnaire très puissante qu'est le front uni. Ainsi cherche-t-elle vainement, au moyen d'une phraséologie pseudo-révolutionnaire, à inciter les peuples révolutionnaires à pratiquer la politique de "porte close". Cette thèse fallacieuse qui nie la nécessité d'avoir des alliés n'est pas inconnue au Parti communiste et au peuple chinois. Ainsi, déjà à la veille de la Guerre de Résistance contre le Japon, le président Mao en avait fait une critique pénétrante. Il dit: "La tactique de la 'porte close' est au contraire celle du splendide isolement. Elle 'fait fuir le poisson au plus profond des eaux et les moineaux au coeur des fourrés'; aux applaudissements de l'ennemi, elle repousse dans le camp ennemi ces millions et millions d'hommes, cette armée puissante."(83) Cette critique du président Mao de la politique de "porte close" trouva un appui enthousiaste au sein du peuple chinois tout entier. Par contre, les trotskistes se manifestèrent en lançant des attaques et des calomnies contre la politique de front uni national antijaponais suivie par le Parti communiste chinois; ils prétendaient que c'était "chercher à former une 'coalition' avec les bureaucrates, les politiciens, les seigneurs de guerre et même les bourreaux des masses populaires", que c'était "abandonner la position de classe", etc. Le grand penseur Lou Sin a dénoncé avec mordant ces trotskistes; il a dit: "Votre 'théorie' est certainement plus sublime que celle de M. Mao Tsétoung et d'autres: la vôtre plane haut dans le ciel, la leur est terre à terre. Mais tout admirable que soit cette sublimité, elle est malheureusement la chose même à laquelle les agresseurs japonais feront bon accueil. Partant, je crains que lorsqu'elle tombera du haut du ciel, elle n'atterrisse à l'endroit le plus sale de la terre. ...je voudrais vous prévenir que votre théorie sublime ne sera pas bien accueillie par le peuple chinois et que votre attitude va à l'encontre des normes morales des Chinois d'aujourd'hui."(84) Si nous avons rappelé aujourd'hui ces paroles célèbres de Lénine, du président Mao et de Lou Sin, n'est- ce pas parce qu'elles s'enfoncent comme des fers de lance dans la poitrine des renégats révisionnistes soviétiques ?
    La théorie du président Mao sur la division en trois mondes est prise en considération par toutes les forces qui s'opposent aux deux superpuissances. Et pourquoi cela ? C'est que: 1) elle donne une grande confiance au prolétariat international et aux peuples des pays socialistes, en leur permettant de distinguer clairement les rapports fondamentaux qui existent, dans le monde actuel, entre les trois forces -nous-mêmes, nos amis et nos ennemis, et de voir l'avenir triomphal de la lutte contre l'impérialisme et l'hégémonisme et de la cause du communisme; 2) elle donne une grande confiance aux peuples et aux pays du tiers monde, en leur permettant de se rendre compte de leur grande force et de réaliser que, dans la lutte, ils bénéficient non seulement du soutien sûr des pays socialistes et du prolétariat international, et de la solidarité des peuples des premier et second mondes, mais encore qu'ils peuvent obtenir une certaine coopération des pays du second monde, et tirer parti des contradictions entre les deux superpuissances; 3) elle fait naître un immense espoir chez les peuples des premier et second mondes; de plus, elle indique la voie à suivre à toutes les forces politiques des pays du second monde qui, face à la menace d'agression des deux superpuissances, s'efforcent de préserver la souveraineté d'Etat et l'existence de leur nation. Bref, si cette théorie possède de la force, c'est parce qu'elle correspond aux réalités objectives de la politique mondiale et qu'elle met en lumière le bel avenir de l'humanité.
    Le président Mao a toujours placé d'immenses espoirs dans les peuples des différents pays du monde. Ainsi, il a dit: "Le peuple soviétique, la grande masse des membres du Parti et des cadres sont bons et veulent la révolution, la domination du révisionnisme ne sera pas de " longue durée."(85) Il a déclaré en une autre occasion: "Je place mes grands espoirs dans le peuple américain."(86) Au sujet du peuple japonais, il a dit: "Bien que la voie de la lutte soit sinueuse, de radieuses perspectives s'ouvrent devant le peuple japonais."(87) Au cours d'un entretien avec des personnalités africaines et latino-américaines, le président Mao a dit: "Nous nous trouvons tous sur un même front, et nous devons tous nous unir et nous soutenir les uns les autres." "Les peuples du monde entier, y compris le peuple américain, sont nos amis."(88) Il est évident qu'en parlant des peuples du monde, le président Mao avait tout d'abord en vue le prolétariat international.
    Il y a plus d'un siècle, Marx et Engels, grands éducateurs de la révolution prolétarienne mondiale, ont indiqué dans le "Manifeste du Parti communiste": "Avant tout, la bourgeoisie produit ses propres fossoyeurs."(89) Pour accomplir sa grande mission historique qui est d'enterrer le système capitaliste, système qui n'a cessé d'engendrer des guerres mondiales, le prolétariat international doit tout faire aujourd'hui pour former, consolider et élargir le front uni international contre les deux superpuissances, et il doit jouer pleinement son rôle de noyau au sein de ce front uni. Marx et Engels ont dit: "Ils [les communistes] combattent pour les intérêts et les buts immédiats de la classe ouvrière; mais dans le mouvement présent, ils défendent et représentent en même temps l'avenir du mouvement."(90) La lutte mondiale pour vaincre l'hégémonisme et la lutte du prolétariat international pour la victoire de la cause du socialisme et du communisme concordent quant à leurs intérêts fondamentaux. Le capitalisme a accédé au stade de l'impérialisme moribond et pourri. L'Union soviétique et les Etats-Unis, ces deux superpuissances aux mains souillées de sang, sont déjà prises à leur propre piège dans le monde entier. Le jour n'est plus éloigné où, en tant que fossoyeur de la bourgeoisie, le prolétariat international et ses proches alliés, les peuples et nations opprimés, se débarrasseront de leurs chaînes et gagneront le monde entier.
    Prolétaires de tous les pays et nations opprimés, unissez-vous ! Pays victimes de l'agression, de l'intervention, de la mainmise, de la subversion et des vexations des deux superpuissances, unissez-vous ! La victoire appartiendra aux peuples du monde en lutte contre les deux superpuissances -l'Union soviétique et les Etats-Unis !

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Notes:

(69) Entretien du président Mao, septembre 1973. Les mêmes idées se retrouvent dans ses entretiens de novembre 1973 et d'avril 1975.

(70) F. Engels: "Lettre à A. Bebel", OEuvres complètes de Marx et d'Engels, tome 38.

(71) Mao Tsétoung: "De la juste solution des contradictions au sein du peuple", OEuvres choisies de Mao Tsétoung, tome V.

(72) V. I. Lénine: "Une caricature du marxisme et le propos de l"économisme impérialiste' ", OEuvres de Lénine, tome 23.

(73) Entretien du président Mao, février 1974. 

(74) Ibidem.

(75) Entretien du président Mao, janvier 1964.

(76) Entretien du président Mao, octobre 1975.

(77) Entretien du président Mao, septembre 1975.

(78) Entretien du président Mao, mai 1974.

(79) Mao Tsétoung: "De la juste solution des contradictions au sein du peuple", OEuvres choisies de Mao Tsétoung, tome V.

(80) Message du président Mao aux dirigeants albanais, 17 septembre 1968.

(81) V. I. Lénine: "La Maladie infantile du communisme (le 'gauchisme')", OEuvres de Lénine, tome 31.

(82) Kommunist, revue soviétique, N° 12, 1975.

(83) Mao Tsétoung: "La Tactique de la lutte contre l'impérialisme japonais", OEuvres choisies de Mao Tsétoung, tome 1.

(84) Lou Sin: "Réponse à une lettre d'un trotskiste", OEuvres complètes de Lou Sin, tome VI.

(85) Discours prononcé par le président Mao le 30 janvier 1962 à la conférence de travail élargie convoquée par le Comité central.

(86) Entretien du président Mao, décembre 1970.

(87) Entretien du président Mao avec des amis japonais, Renmin Ribao, 8 octobre 1961.

(88) Entretien du président Mao avec les délégations et délégués des syndicats et des femmes de 14 pays et territoires d'Amérique latine et d'Afrique, Renmin Ribao, 4 mai 1960.

(89) K. Marx et F. Engels: "Manifeste du Parti communiste", OEuvres complètes de Marx et d'Engels, tome 4.

(90) Ibidem.  

çPages 42 à 61

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