La théorie des 3 mondes (suite)
pages 42 à 61

çPages 22 à 41

Suite pages 62 à 80 è

LA THÉORIE DU PRÉSIDENT MAO
SUR LA DIVISION EN TROIS MONDES,
IMPORTANTE CONTRIBUTION
AU MARXISME-LÉNINISME

Rédaction du Renmin Ribao (1er novembre 1977)
Editions en langues étrangères
PÉKIN

    Avec l'oppression exercée sur les nations ont commencé les luttes de résistance des nations opprimées. Mais durant une très longue période, il s'agissait dans la plupart des cas d'une résistance isolée et dispersée. Après la Révolution d'Octobre, la situation a commencé à connaître d'immenses changements. Le parti communIste a été fondé dans beaucoup de pays, et ceux-ci ont été le théâtre de vastes luttes révolutionnaires anti-impérialistes menées sous la direction du prolétariat, avec l'alliance des ouvriers et des paysans comme force principale; de grandes victoires ont été ainsi remportées et des expériences de valeur ont pu être accumulées. Mais, dans l'ensemble, ces luttes n'avaient pas encore fusionné en un mouvement mondial. La Seconde guerre mondiale a considérablement accéléré le processus de révolutionnarisation de l'Histoire. Aujourd'hui, les nations et pays opprimés et les pays socialistes, qui forment le tiers monde, comptent toujours plus de 70 pour cent de la population mondiale, mais les choses ont beaucoup changé à comparer avec la situation observée par Lénine en 1920. Le tiers monde s'est jeté dans l'impétueux courant des luttes révolutionnaires mondiales en tant que force anti-impérialiste d'envergure mondiale. L'envergure et la profondeur de la lutte des pays du tiers monde ainsi que les résultats et l'expérience que ceux-ci ont acquis ont largement dépassé les niveaux atteints jusqu'ici. De nombreux pays du tiers monde ont créé leurs propres armées; ils ont éliminé, à divers degrés, l'influence du colonialisme. La Chine qui représente un cinquième de la population mondiale, naguère pays semi-colonial et semi-féodal, est devenue un grand pays socialiste. Elle et les autres pays socialistes qui persévèrent dans la lutte contre l'impérialisme et l'hégémonisme se tiennent fermement aux côtés du tiers monde, au sein duquel ils se sont affirmés comme une force inébranlable.
    En second lieu, les pays et les peuples du tiers monde ont été, dans le passé, les plus cruellement opprimés, et leur résistance a été la plus énergique. "Les colonies ont été conquises par le fer et par le feu", (48) disait Lénine. Ce n'est donc aussi que par le fer et par le feu que les peuples des colonies pourront conquérir leur libération complète. L'impérialisme mondial ne peut ni se développer ni subsister sans piller les colonies, les semi-colonies et les nations et pays opprimés. La lutte libératrice des peuples des colonies a ébranlé et finira par détruire ces bases qui permettent à l'impérialisme d'entretenir son existence. C'est pour cette raison que celui-ci se débat nécessairement dans de furieux sursauts.
    Au lendemain de la Seconde guerre mondiale, la plupart des pays du tiers monde n'avaient pas encore accédé à l'indépendance; certains étaient des Etats semi-indépendants. Leur lutte avait alors pour but de conquérir l'indépendance et la libération nationale, et sa forme primordiale était la lutte armée révolutionnaire. Il était universellement admis qu'ils constituaient la principale force anti-impérialiste de l'après-guerre. Aujourd'hui, les peuples de certaines régions du tiers monde poursuivent la lutte armée pour l'indépendance et la libération, ils se tiennent toujours au premier front de la lutte mondiale contre l'impérialisme et le colonialisme. Accorder à leur combat un ferme soutien est donc un devoir sacré pour le prolétariat international et tous les peuples révolutionnaires du monde.
    Une nouvelle question se pose à présent: Les pays d'Asie, d'Afrique et d'Amérique latine qui ont acquis leur indépendance seront-.ils encore, au cours d'une période historique relativement longue, la force principale dans la lutte contre l'impérialisme ? Notre réponse est affirmative. Il faut voir en effet que si ces pays ont proclamé leur indépendance, ils se trouvent encore confrontés à la tâche cruciale de la conquérir totalement sur les plans politique et économique. Devant les vagues impétueuses de la libération nationale, la plupart des impérialistes ont dû "se retirer" des colonies qu'ils possédaient, et proclamer leur reconnaissance de ces pays nouvellement indépendants. Mais tant qu'ils en auront la possibilité, ils recourront à beaucoup de formes et moyens nouveaux pour y conserver leur influence, ou bien, de nouveaux impérialistes et hégémonistes viendront prendre leur place. Aujourd'hui, sur le plan économique, l'impérialisme et surtout les superpuissances ne se bornent pas à s'infiltrer délibérément dans les pays du tiers monde; ils profitent de leur position de monopoleurs sur le marché international pour exploiter cruellement le tiers monde en contrôlant les produits de l'économie à secteur unique de beaucoup de pays en voie de développement, en rabaissant les prix des produits primaires et en élevant ceux des produits manufacturés. Sur le plan politique, ils se livrent par toutes sortes de moyens à la mainmise, à la subversion et à l'intervention contre les pays nouvellement indépendants, violant selon leur bon plaisir l'indépendance et la souveraineté de ces derniers, et s'efforçant de porter au pouvoir les fantoches qui leur obéissent au doigt et à l'oeil.
Sur le plan militaire, soucieux de faire plier les pays du tiers monde et de s'emparer des ressources, des points et des passages stratégiques, ils exercent par mille moyens un contrôle sur les munitions, l'entraînement et même le commandement; ils vont jusqu'à recourir cyniquement à la menace de la force, à l'invasion armée, voire à la guerre d'agression. Aussi, les pays et les peuples du tiers monde doivent-ils, pour assurer leur indépendance, leur existence et leur développement, mener une lutte longue et acharnée -un combat à mort- contre les activités d'agression et d'expansion de l'impérialisme et surtout contre celles des superpuissances; et de nouvelles guerres de libération nationale se produiront encore nécessairement. Ce sont ces contradictions et ces luttes inévitables qui décident du rôle de force principale que le tiers monde est appelé à jouer, pour une longue période, dans le combat contre l'impérialisme et l'hégémonisme.
    En troisième lieu, les pays et les peuples du tiers monde ont considérablement élevé leur conscience politique et renforcé leur unité dans la lutte. Au cours des trente années et plus qui se sont écoulées depuis la Seconde guerre mondiale, de nombreux pays d'Asie, d'Afrique, d'Amérique latine et d'autres régions ont compris graduellement, à travers de longues et âpres luttes contre l'impérialisme, cette grande vérité: les pays faibles sont à même de vaincre les pays forts, les petits pays de vaincre les grands pays; cela signifie pour l'ensemble du tiers monde une grande émancipation sur le plan moral, un grand bond en avant sur le plan politique. Dans sa célèbre déclaration du 20 mai 1970, le président Mao a indiqué: "Des faits innombrables prouvent qu'une cause juste bénéficie toujours d'un large soutien, tandis qu'une cause injuste en trouve peu. Un pays faible est à même de vaincre un pays fort, et un petit pays, de vaincre un grand pays. Le peuple d'un petit pays triomphera à coup sûr de l'agression d'un grand pays, s'il ose se dresser pour la lutte, recourir aux armes et prendre en main le destin de son pays. C'est là une loi de l'Histoire." Ces paroles du président Mao constituent à la fois un bilan scientifique de l'expérience essentielle acquise par les nations opprimées au cours de plusieurs décennies de lutte anti-impérialiste et un immense encouragement pour tous les peuples du tiers monde. Aujourd'hui, à parler de la tendance fondamentale de l'histoire mondiale, ce ne sont plus les pays et les peuples du tiers monde qui ont peur de l'impérialisme et de l'hégémonisme, mais ces derniers qui craignent les pays et les peuples du tiers monde.
    Avant la Seconde guerre mondiale, la lutte anti-impérialiste des nations opprimées ne pouvait guère bénéficier d'une solidarité internationale conséquente et énergique. Or, la situation est maintenant différente. Le soutien que s'accordent mutuellement les pays du tiers monde, qui englobe les pays socialistes, et le soutien que s'accordent mutuellement les différentes forces en lutte contre l'agression, y compris le prolétariat international, permettent aux pays et aux peuples du tiers monde de jouer plus efficacement encore leur rôle de force principale dans la lutte contre l'impérialisme et l'hégémonisme. Les pays indépendants du tiers monde utilisent le pouvoir d'Etat qu'ils détiennent pour s'assurer des moyens d'action plus nombreux et un terrain de manoeuvre plus vaste que par le passé, ce qui leur permet de renforcer graduellement leur coopération et d'entreprendre des actions concertées dans la lutte commune. Les pays du tiers monde ont transformé bon nombre des principales tribunes internationales en de solennels tribunaux où les superpuissances impérialistes sont mises en accusation. Ces pays du tiers monde ont fondé de nombreuses organisations internationales régionales ou sectorielles, et se sont unis dans la lutte pour défendre leurs droits et intérêts communs. Le mouvement non-aligné, auquel ont adhéré beaucoup de pays, est d'ores et déjà devenu une importante force mondiale qu'on ne saurait négliger dans la coordination des intérêts des différents pays comme dans le combat commun contre l'hégémonisme. un renforcement continuel de l'action solidaire donne à la lutte des pays du tiers monde contre l'hégémonisme une plus vaste envergure, la porte à un stade plus élevé et lui assure une efficacité manifeste. Ainsi, par exemple, la lutte déclenchée par les pays d'Amérique latine contre l'hégémonisme maritime des superpuissances, celle des pays arabes et des autres pays exportateurs de pétrole du tiers monde en vue de sauvegarder leurs droits et intérêts dans ce domaine ainsi que, celle des autres pays producteurs de matières premières, toutes ces luttes ont infligé à l'impérialisme et à l'hégémonisme de graves défaites auxquelles ils ne s'attendaient pas. Que les pays d'Asie, d'Afrique et d'Amérique latine, qui ont toujours été méprisés, fassent preuve de tant d'audace dans la maîtrise de leur destin et dans la récupération de leurs droits, c'est là une chose qui aurait été inconcevable avant la Seconde guerre mondiale.
    En quatrième lieu, les 120 et quelques pays du tiers monde sont disséminés dans une très vaste zone comprenant l'Asie, l'Afrique, l'Amérique latine et l'Océanie; à considérer la situation globale, les pays impérialistes y disposent de forces de répression limitées et leurs intérêts sont constamment en conflit. Tout cela offre des conditions favorables au développement et à l'accroissement, durant une période prolongée, des forces révolutionnaires anti-impérialistes du tiers monde. L'Europe, point clé de la rivalité entre les deux superpuissances -l'Union soviétique et les Etats-Unis -, attire et retient le gros de leurs forces. Leur contrôle sur de nombreux pays du tiers monde ne peut donc être très rigoureux et elles sont souvent incapables de faire face à tous les côtés à la fois. Ayant élevé leur conscience politique et resserré leurs rangs au cours des longues années de luttes de l'après-guerre, les pays et les peuples du tiers monde ont commencé en toute connaissance de cause à tirer parti des points faibles de l'ennemi, à exploiter les contradictions entre les deux superpuissances et les pays du second monde, et entre les deux superpuissances elles-mêmes. Ils ont fait valoir leurs points forts, surmonté de multiples obstacles et imprimé un élan ininterrompu au mouvement révolutionnaire anti-impérialiste et anti-hégémoniste.
    Le mouvement ouvrier des premier et second mondes et la lutte anti-impérialiste du tiers monde se soutiennent mutuellement. La classe ouvrière et les masses révolutionnaires des pays capitalistes développés ont maintes fois remporté des victoires éclatantes dans leurs luttes héroïques; elles ont infligé des coups cuisants à l'impérialisme et au social-impérialisme et apporté un soutien vigoureux à la lutte des peuples contre l'impérialisme et l'hégémonisme. A mesure que se développera la situation, elles imprimeront un nouvel essor à leur mouvement révolutionnaire et continueront d'accroître leurs forces dans la lutte contre l'offensive du capital monopoleur, pour leurs propres droits économiques et politiques et ceux des autres couches de la population, contre la politique d'agression de la classe dominante et pour soutenir la lutte anti-impérialiste et anti-hégémoniste du tiers monde. Cependant, du fait de la trahison de la clique dominante de l'U.R.S.S., du déferlement du courant idéologique révisionniste et de la division de la classe ouvrière, le mouvement ouvrier révolutionnaire dans les pays capitalistes développés se trouve provisoirement, en général, au stade de la réorganisation des rangs et de l'accumulation des forces, et dans ces pays, il n'existe pas, pour le moment, une situation révolutionnaire où la prise du pouvoir serait imminente. Dans ces conditions, plus les pays et peuples du tiers monde jouent activement leur rôle en tant que force principale dans la lutte contre l'impérialisme et l'hégémonisme; mieux s'affirme l'importance du soutien et de l'impulsion qu'ils donnent au mouvement ouvrier des pays développés.
    Affirmer que le tiers monde constitue la force principale dans la lutte contre l'impérialisme et l'hégémonisme, cela signifie-t-il diminuer les responsabilités et le rôle du prolétariat international dans cette lutte ? En tant que composante importante du mouvement socialiste prolétarien mondial, la lutte contre les deux superpuissances revêt une âpreté et une complexité toutes particulières. Le prolétariat des différents pays doit bien étudier et diffuser le marxisme-léninisme; jouer, dans cette lutte, un rôle d'avant-garde ayant force d'exemple; remplir les obligations internationalistes qui lui incombent; soutenir et aider de toutes ses forces la lutte des peuples contre l'impérialisme et l'hégémonisme; tout cela en vue de faire progresser cette lutte dans la voie juste, et ce, jusqu'à la victoire finale. Par conséquent, que le tiers monde soit devenu la force principale contre l'impérialisme et l'hégémonisme ne diminue en rien les responsabilités et le rôle du prolétariat international dans cette lutte. Lorsque Lénine avait fondé l'Armée rouge des ouvriers et paysans, les paysans pauvres en constituaient l'élément principal, cela avait-il diminué les responsabilités, du prolétariat russe à l'égard de cette armée ? Et lorsque Staline faisait remarquer que le fondement et l'essence du problème national résident dans le problème paysan, que "la paysannerie représente l'armée fondamentale du mouvement national",(49) aurait-il oublié la position que le prolétariat occupe au sein de ce mouvement ? Lorsque le président Mao soulignait que les paysans pauvres chinois constituent "l'allié naturel et le plus sûr du prolétariat, l'armée principale de la révolution chinoise",(50) n'aurait-il pas affirmé en même temps le rôle du prolétariat chinois dans l'ensemble de la cause révolutionnaire ? Si, dans les conditions historiques actuelles, on cherche, sous prétexte; de la position dirigeante du prolétariat international, à former on ne sait quel centre de commandement afin de lancer des ordres aux peuples dans leur lutte révolutionnaire anti-impérialiste, ou même de subordonner cette lutte aux intérêts égoïstes d'un pays donné, la pratique a déjà prouvé maintes fois que cela ne peut que porter atteinte à cette lutte et la saper, que c'est aller à l'encontre des intérêts du prolétariat international. Et quand les sociaux-impérialistes prétendent présenter l'organisation d'une intervention armée et l'invasion d'un pays par des mercenaires comme "l'accomplissement d'un devoir internationaliste prolétarien", ils se livrent à la ignoble démagogie qui soit, et cela ne pourra que les conduire à un échec désastreux.
    Affirmer que le tiers monde constitue la force principale dans la lutte contre l'impérialisme et l'hégémonisme, cela veut-il dire qu'il n'existe pas telle ou telle différence entre les divers pays du tiers monde quant à leurs conditions sociales et politiques et à leur comportement dans les luttes internationales ? Comme ces pays ont des régimes sociaux et politiques différents, que leur niveau de développement économique est inégal et que leur situation politique change constamment, l'attitude des autorités de ces pays à l'égard de l'impérialisme et des superpuissances ou à l'égard du peuple présente souvent des différences. Par suite de causes historiques, et tout particulièrement du fait que l'impérialisme et le social-impérialisme se sont employés à semer la discorde, il subsiste tel ou tel différend entre certains pays du tiers monde, et il y a même eu des conflits armés. Mais considérés dans leur ensemble, la plupart d'entre eux veulent s'opposer à l'impérialisme et à l'hégémonisme. Il existe naturellement au sein des pays du tiers monde des luttes entre différentes forces politiques. Parmi ces forces figurent des révolutionnaires fermement décidés à mener jusqu'au bout la révolution nationale et démocratique, ainsi que des progressistes et des éléments intermédiaires de toutes catégories; il y a, aussi une minorité de réactionnaires et même des agents de l'impérialisme ou du social-impérialisme. De tels phénomènes sont inévitables tant qu'existeront les classes, tant qu'existeront le prolétariat, la paysannerie, la petite bourgeoisie, tant qu'existeront les différentes catégories de bourgeoisie, de propriétaires fonciers ainsi que les autres classes exploiteuses. Mais pour complexe qu'elle soit, cette situation n'éclipse pas ce fait essentiel que le tiers monde constitue la force principale dans la lutte contre l'impérialisme et l'hégémonisme. En envisageant un problème, nous devons d'abord en saisir l'essence et l'aspect principal, et observer les résultats effectifs dans la balance générale. Quelles que soient les différences de conditions politiques entre les pays du tiers monde, elles ne changeront rien à la contradiction fondamentale qui oppose l'impérialisme et l'hégémonisme aux pays et peuples du tiers monde, ni à ce courant irrésistible de l'Histoire: les pays veulent l'indépendance, les nations veulent la libération, les peuples veulent la révolution. A en juger par le comportement objectif et la tendance générale des nations opprimées d'Asie, d'Afrique et d'Amérique latine au cours de plus de trente ans de lutte politique internationale, ces nations sont foncièrement et essentiellement :révolutionnaires, progressistes; il est incontestable qu'elles constituent la force principale dans la lutte mondiale contre l'impérialisme et l'hégémonisme.
    La Chine socialiste fait partie du tiers monde. Le président Mao a indiqué: "La Chine fait partie du tiers monde, car sur les plans politique, économique et autres, il n'y a pas de comparaison possible entre elle et les pays riches ou puissants; elle ne peut se ranger que du côté des pays relativement pauvres."(51). Longtemps victime de l'oppression de l'impérialisme, la Chine amené une longue lutte anti-impérialiste; aujourd'hui, elle a instauré le régime socialiste, mais elle demeure un pays en développement tout comme les autres pays du tiers monde, et doit faire face à la tâche de soutenir une longue et ferme lutte, contre les superpuissances impérialistes. Un même passé, un même combat, des intérêts qui étaient, sont et seront pendant longtemps communs, tout cela détermine l'appartenance de la Chine au tiers monde.
    En proclamant qu'elle fait partie du tiers monde, la Chine a montré justement qu'elle suit fidèlement la voie socialiste et maintient les principes léninistes. Quand Lénine plaçait la Russie dans la même catégorie que les colonies et les nations opprimées, avait-il oublié que la Russie d'alors était déjà un Etat socialiste ? Pourrait-on affirmer que Lénine avait ainsi détourné l'orientation socialiste de son pays ? Non, bien au contraire. La position de Lénine correspondait entièrement aux intérêts de la cause du prolétariat international et maintenait la véritable orientation socialiste de la Russie. Aujourd'hui, la Chine et les autres pays socialistes se tiennent du côté des autres pays du tiers monde, ils se soutiennent, s'entraident et avancent côte à côte dans la lutte contre l'impérialisme et l'hégémonisme. Ce faisant, ils ont affirmé leur fidélité à la grande idée de Lénine et en ont assuré le rayonnement.
    Le président Mao nous a recommandé à maintes reprises: "Dans les relations internationales, nous autres Chinois, nous devons liquider le chauvinisme de grande puissance, résolument, radicalement, intégralement, totalement",(52) "Il faut traiter sur un pied d'égalité tous les petits pays étrangers et ne pas avoir de morgue",(53) "ne jamais prétendre à l'hégémonie".(54) Ce sont là des impératifs absolus du régime socialiste de la Chine comme de la ligne révolutionnaire prolétarienne du président Mao. A l'heure actuelle, la Chine est un pays en voie de développement; elle appartient au tiers monde et se tient aux côtés des nations opprimées. Dans l'avenir, lorsque, avec une économie développée, elle sera devenue un puissant pays socialiste, elle n'en fera pas moins partie du tiers monde et se tiendra toujours aux côtés des nations opprimées. A la session extraordinaire de l'Assemblée générale des Nations Unies, le camarade Teng Siao-ping avait solennellement proclamé, le 10 avril 1974, au nom du gouvernement et du peuple de Chine: "Si la Chine venait un jour à changer de nature et devenait une superpuissance, se conduisant elle aussi en despote dans le monde et se livrant partout aux vexations, à l'agression et à l'exploitation, alors les peuples du monde seraient en droit de lui coller l'étiquette de social-impérialisme, de dénoncer ce social-impérialisme, de le stigmatiser et, de concert avec le peuple chinois, de l'abattre." Peut-on trouver, demanderions-nous, dans le monde actuel d'autres grands pays qui oseraient faire une déclaration aussi loyale ?
    Or, la clique des renégats révisionnistes soviétiques a attaqué la Chine en disant qu'elle cherche à "s'assurer l'hégémonie" dans le tiers monde. Ces diffamations éhontées sont tout simplement ridicules. Dans les relations que la Chine entretient depuis de longues années avec les autres pays du tiers monde, dans l'aide qu'elle leur fournit dans la mesure de ses moyens, peut-on trouver la moindre preuve qu'elle prétend à l'hégémonie ? A-t-elle jamais envoyé un seul soldat envahir le territoire d'un autre pays ? A-t-elle jamais exigé le droit d'installer des bases militaires dans un autre pays ? A-t-elle jamais extorqué un sou à un autre pays ? A-t-elle jamais intimé à un pays recevant son aide d'agir de telle ou telle façon à son égard ? Le président Mao a toujours estimé que dans leur juste lutte, les peuples du monde se soutiennent toujours mutuellement(55) et qu'on ne saurait aider ou être aidé de façon unilatérale. Il est notoire que dans ses relations avec les autres pays du tiers monde, la Chine préconise et respecte les célèbres cinq principes de la coexistence pacifique ainsi que ses huit principes bien connus dans son aide économique à l'étranger. En cherchant à dénouer les liens d'amitié entre le peuple chinois et les autres peuples du tiers monde, la clique des renégats révisionnistes soviétiques n'a fait que révéler une fois de plus sa nature réactionnaire. En effet, aux yeux des hégémonistes, il n'a jamais existé personne au monde en dehors de ceux qui pratiquent l'hégémonie et de ceux qui s'y soumettent. Qu'ils sont méprisables, ces tristes individus qui ont trahi la cause de Lénine! Ils sont bien incapables de comprendre ce fait pourtant fort simple qu'aucun traître ne saurait jamais détruire la grande unité entre le peuple chinois et les autres peuples du tiers monde, cimentée par le sang et la sueur versés dans les combats et le labeur communs.

Le second monde est une force susceptible
d'être ralliée dans
la lutte contre l'hégémonisme

    Ces dernières années, parlant de la situation politique mondiale, le président Mao a toujours considéré les pays du second monde comme une force qui peut être ralliée dans la lutte contre les deux superpuissances. Le président Mao a dit: "Il faut gagner à nous les pays comme la Grande-Bretagne, la France et l'Allemagne occidentale"(56)
    Pourquoi les pays du second monde sont-ils une force pouvant être ralliée dans la lutte contre l'hégémonisme ? C'est que leur position dans les rapports politiques et économiques internationaux a connu, ces derniers trente ans, des changements considérables.
    A l'issue de vingt à trente années de lutte contre l'emprise des Etats-Unis et en tirant parti, en même temps, des graves échecs de la politique d'agression américaine à travers le monde, les pays d'Europe occidentale ont mis fin à la situation des premiers temps de l'après-guerre, où ils ne pouvaient qu'accepter le diktat américain. La situation du Japon est analogue. L'établissement du Marché commun d'Europe occidentale, l'application par le général de Gaulle d'une politique d'indépendance, l'attitude passive et les jugements critiques des pays d'Europe occidentale à l'égard de la guerre d'agression américaine contre le Viet Nam, le Cambodge et le Laos, l'écroulement du système monétaire du monde capitaliste ayant le dollar pour pivot, l'intensification de la guerre commerciale et monétaire entre l'Europe occidentale et le Japon d'une part, et les Etats-Unis de l'autre, tous ces laits ont marqué la désagrégation de ce camp impérialiste ayant à sa tête les Etats-Unis. Certes, le capital monopoleur d'Europe occidentale, du Japon et d'autres pays encore mille attaches avec les Etats-Unis et, face à la menace du social-impérialisme soviétique, ces pays ont encore à compter sur le "parapluie nucléaire" des Etats-Unis. Mais il est bien certain aussi que, tant que ces derniers continueront leur politique de mainmise, la lutte que lesdits pays mènent contre une telle politique et pour des relations de partenaires égaux, se poursuivra sans discontinuer .
    Cependant, comme l'Europe est, pour l'Union soviétique, le point clé stratégique dans ses efforts en vue de l'hégémonie mondiale, le plus grand danger auquel l'Europe occidentale se trouve confrontée aujourd'hui provient manifestement du social-impérialisme soviétique. L'Union soviétique a massé d'importants effectifs militaires dans la partie orientale comme dans les zones maritimes méridionales et septentrionales de l'Europe, elle a ainsi créé une situation conduisant à un encerclement de l'Europe occidentale; par ailleurs, suivant une ligne qui va depuis la mer Rouge jusqu'au rivage oriental de l'Atlantique sud, en passant par l'océan Indien et le cap de Bonne-Espérance, elle s'emploie à s'emparer de points stratégiques, afin d'encercler l'Europe en la contournant par ses flancs et de faire peser une grave menace sur les artères vitales de l'Europe occidentale. Leur sécurité étant sérieusement menacée, les pays d'Europe occidentale se voient obligés de renforcer leur défense, d'harmoniser leurs rapports et de maintenir et resserrer leur union économique, politique et même défensive. En Extrême-Orient, le Japon est aussi très gravement menacé. Les importants effectifs militaires soviétiques en Extrême-Orient visent assurément la Chine, mais ils visent aussi et surtout les Etats-Unis et le Japon. Tout en occupant le territoire et les eaux territoriales septentrionaux du Japon, l'Union soviétique ne cesse d'accentuer sa menace sur ce pays et d'y intensifier son infiltration, ce qui a suscité une indignation et une opposition très vives de la part de toutes les forces patriotiques japonaises. De même, l'Australie, la Nouvelle-Zélande, le Canada et d'autres pays ont rehaussé leur vigilance face à l'expansion et à la pénétration soviétiques.
    Les rapports de l'Europe occidentale, du Japon et d'autres pays avec le tiers monde ont également connu de nouveaux changements ces dernières années. La Grande-Bretagne, la France, l'Allemagne de l'Ouest et le Japon, s'efforcent encore, il est vrai, dans des conditions et sous des formes nouvelles, de maintenir de nombreux pays du tiers monde sous leur emprise et leur exploitation, en recourant à des moyens politiques, économiques et autres; mais à envisager la situation dans son ensemble, on peut affirmer qu'ils ne peuvent pas redevenir la force principale capable de contrôler et d'opprimer le tiers monde. Dans certaines circonstances, poussés par leurs propres intérêts, ils sont même obligés de faire quelques concessions aux pays du tiers monde, ou bien d'exprimer leur soutien ou d'observer la neutralité à l'égard de la lutte de ces derniers contre l'hégémonisme. Par exemple, en 1973, après la lutte du pétrole, les pays du Marché commun d'Europe occidentale ont déclaré vouloir le dialogue au lieu de la confrontation avec les pays producteurs de pétrole, et ils ont formulé certaines opinions raisonnables à propos d'un règlement du problème du Moyen-Orient. Cette année, lorsque le Zaïre résistait à l'invasion armée fomentée par l'Union soviétique, la France lui a fourni un appui logistique.
    La lutte des pays d'Europe orientale contre l'emprise soviétique n'a jamais cessé. En Tchécoslovaquie, la résistance populaire a continué de se développer même après l'occupation de ce pays. En 1976, le peuple polonais a lancé de vastes campagnes de protestation contre l'introduction dans la nouvelle Constitution de clauses concernant l'alliance polono-soviétique; et des grèves et manifestations ouvrières ont eu lieu sous des mots d'ordre comme "Nous voulons la liberté et non les Russes !" La tendance de certains gouvernements d'Europe orientale à s'opposer à l'emprise soviétique s'est aussi accentuée. Ainsi, des articles de la presse relèvent avec amertume que "le principe de l'avantage réciproque a été violé partiellement et à divers degrés",(57) et soulignent que les relations des pays d'Europe orientale avec l'U.R.S.S. "ne peuvent se fonder sur le sacrifice constant fait par un pays socialiste au profit d'un autre";(58) que "chercher à 'tout coordonner' conduit en fait simplement à 'ne rien coordonner' " ;(59) qu'il faut "tenir compte des intérêts particuliers des pays du COMECON",(60) préserver "l'économie nationale indépendante".(61) A mesure que l'Union soviétique intensifie ses activités en vue de l'hégémonie mondiale, l'Europe orientale est devenue la base avancée d'où elle se prépare à faire la guerre à l'Europe occidentale et aux Etats-Unis. Sa mainmise et ses ingérences dans les pays d'Europe orientale, par le biais de l'organisation du Traité de Varsovie, deviennent chaque jour plus intolérables. Cet état de choses ne fait qu'accroître l'inquiétude des peuples de ces pays et les pousse à lutter pour sauvegarder leur indépendance, leur sécurité et leurs droits à l'égalité.
    Bien sûr, il ne faut pas perdre de vue que l'exploitation et le contrôle que des pays du second monde font subir à beaucoup de pays du tiers monde ont de très profondes racines et que les premiers n'y renonceront pas facilement. La lutte du tiers monde en vue d'instaurer avec le second monde des relations basées sur l'égalité et l'avantage réciproque sera encore longue et ardue. Toutefois, ainsi qu'il a été souligné plus haut, le second mondé est en butte aux interventions, à la mainmise et aux vexations des deux superpuissances; il a à faire face à leur menace de guerre, en particulier à celle de l'Union soviétique; c'est là une réalité encore plus dure, une réalité dont la gravité ne cessera de s'affirmer de jour en jour. Traitant de la politique du Parti communiste chinois à l'égard de l'impérialisme, le président Mao a déclaré à l'époque de la Guerre de Résistance contre le Japon: "Bien que le Parti communiste lutte contre tous les impérialistes, il faut cependant faire une distinction entre les impérialistes japonais, qui mènent une agression contre la Chine, et les autres impérialistes, qui ne se livrent pas actuellement à l'agression contre notre pays; il faut faire une distinction entre les impérialistes allemands et italiens qui ont conclu une alliance avec le Japon et reconnu le 'Mandchoukouo' et les impérialistes anglais et américains qui sont opposés au Japon; il faut également faire une distinction entre la Grande-Bretagne et les Etats-Unis de la période où ils pratiquaient la politique d'un Munich d'Extrême-Orient et nuisaient à la cause de notre Résistance, et la Grande-Bretagne et les Etats-Unis d'aujourd'hui, qui ont renoncé à cette politique et se montrent favorables à notre Résistance."(62) Suivant le même principe, faire une distinction entre, d'une part, les deux superpuissances -l'Union soviétique et les Etats-Unis -, qui constituent à l'heure actuelle les ennemis principaux, et, d'autre part, les pays du second monde, c'est également une importante question que les pays et peuples du tiers monde doivent prendre en considération dans leur lutte. S'unir dans des conditions données avec le second monde au cours de la lutte commune contre les deux superpuissances, voilà qui n'est pas seulement nécessaire, mais aussi possible.
    Etant donné que l'Union soviétique considère l'Europe comme le point clé stratégique, les pays européens, qu'ils soient de l'est ou de l'ouest, se trouvent les premiers à être menacés; ils sont donc tous confrontés au problème crucial de sauvegarder leur indépendance nationale.
    Pour les pays du second monde, en particulier pour les pays européens développés, est-il correct, sur le plan des principes, de formuler aujourd'hui le mot d'ordre: défense de l'indépendance nationale ?
    Dans différentes périodes de l'histoire européenne moderne, les auteurs classiques du marxisme-léninisme ont démontré que, même dans les pays développés d'Europe, même lorsqu'il s'est agi d'empêcher les opportunistes d'utiliser le mot d'ordre de la "défense de la patrie" pour camoufler leur trahison de l'internationalisme prolétarien, la guerre pour défendre l'indépendance nationale a été, dans des conditions déterminées, non seulement permise, mais aussi nécessaire, révolutionnaire.
    En 1891, lorsque l'Allemagne était directement menacée par une agression russe, Engels a écrit: "La Russie tsariste est l'ennemi des nations occidentales; elle est même l'ennemi de la bourgeoisie de ces nations."(63) "Au moment où s'aggrave la menace de la guerre, nous pouvons déclarer au gouvernement que nous sommes disposés à le soutenir pour combattre l'ennemi extérieur, -si on nous donne une telle possibilité, en nous traitant dignement, -à condition que le gouvernement mène une guerre impitoyable par tous les moyens, y compris les moyens révolutionnaires. ... L'existence même de la nation sera alors en jeu, et, pour nous, il s'agira aussi de maintenir ces positions et ces possibilités pour l'avenir, que nous avons gagnées pour nous-mêmes."(64)
    En 1916, tout en luttant contre les opportunistes de la IIe Internationale, qui soutenaient l'une ou l'autre partie engagée dans la guerre impérialiste, Lénine a souligné avec force l'entière justesse de la thèse susmentionnée d'Engels,(65) et il estimait en outre que les guerres nationales contre l'impérialisme pouvaient quand même se produire en Europe: "Même en Europe, on ne peut considérer que les guerres nationales soient impossibles à l'époque de l'impérialisme. ... elle n'exclut nullement les guerres nationales, par exemple de la part des petits Etats (disons: annexés ou nationalement opprimés) contre les puissances impérialistes, de même qu'elle n'exclut pas des mouvements nationaux à grande échelle dans l'Est de l'Europe." "Les guerres nationales contre les puissances impérialistes ne sont pas seulement possibles et probables, elles sont inévitables et progressives, révolutionnaires. ..."(66) Lénine a également indiqué: "L'impérialisme se caractérise justement par une tendance à annexer non seulement les régions agraires, mais même les régions les plus industrielles."(67) Il a également déclaré: "Si, dans une guerre, il s'agit de la défense de la démocratie ou de la lutte contre un joug qui opprime la nation, je ne suis aucunement contre une telle guerre et je ne redoute pas le mot de 'défense de la patrie' lorsqu'il a trait à ce genre de guerre ou d'insurrection."(68)

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Notes:

(48) V. I. Lénine: "Le Socialisme et la guerre", OEuvres de Lénine, tome 21.

(49) J. V. Staline: "Sur la question nationale en Yougoslavie", OEuvres complètes de Staline, tome 7.

(50) Mao Tsétoung: "La Révolution chinoise et le Parti communiste chinois", OEuvres choisies de Mao Tsétoung, tome II.

(51) Entretien du président Mao. février 1974.

(52) Mao Tsétoung: "'A la mémoire du Dr Sun Yat-sen", Oeuvres choisies de Mao Tsétoung, tome V.

(53) Discours prononcé par le président Mao en avril 1956 à la Réunion élargie du Bureau politique du Comité central.

(54) Cité dans le "Rapport au Xe Congrès du Parti communiste chinois".

(55) Entretien du président Mao lorsqu'il recevait, le 7 mai 1960, des personnalités et délégués de différents milieux venus de 12 pays et régions d'Afrique.

(56) Entretien du président Mao, octobre 1970.

(57) "Certains problèmes concernant la formation des prix sur le marché socialiste mondial", Mejdounarodni otnochénia, revue trimestrielle bulgare, N° 4, 1974.

(58) "Les Rapports de production socialistes internationaux et le principe de la répartition selon le travail", lkonomitcheska Misl, revue bulgare, N° 8, 1975.

(59) "Les Pays du COMECON dans la voie de l'intégration économique", Gazdascigi Szemle, revue hongroise, N° 9, 1974.

(60) "problèmes théoriques du renforcement de l'intégration économique socialiste des pays du COMECON", Wirtschaft-swissenschaft, revue mensuelle paraissant en République démocratique allemande, N° 4, 1977.

(61) "Les Pays du COMECON dans la voie de l'intégration économique", Gazdascigi Szemle, revue hongroise, N° 9, 1974.

(62) Mao Tsétoung: " Au sujet de notre politique", OEuvres choisies de Mao Tsétoung, tome II.

(63) F. Engels: "Le Socialisme en Allemagne", OEuvres complètes de Marx et d'Engels, tome 22.

(64) F. Engels: "Lettre à A.Bebel", OEuvres complètes de Marx et d'Engels, tome 38.

(65) Voir les trois lettres de Lénine à Inessa Armand, rédigées le 30 novembre, le 25 décembre et en décembre 1916, OEuvres de Lénine, tome 35.

(66) V. I. Lénine: "A propos de la brochure de Junius", OEuvres de Lénine, tome 22.

(67) V. I. Lénine: "L'Impérialisme, stade suprême du capitalisme", OEuvres de Lénine, tome 22.

(68) V. I. Lénine: "Lettre ouverte à Boris Souvarine", OEuvres de Lénine, tome 23.

çPages 22 à 41

Suite pages 62 à 80 è

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