La théorie des 3 mondes (suite)
pages 22 à 41

çPages 1 à 21

Suite pages 42 à 61 è

LA THÉORIE DU PRÉSIDENT MAO
SUR LA DIVISION EN TROIS MONDES,
IMPORTANTE CONTRIBUTION
AU MARXISME-LÉNINISME

Rédaction du Renmin Ribao (1er novembre 1977)
Editions en langues étrangères
PÉKIN 

lutte qui oppose les peuples du monde entier aux deux superpuissances -l'Union soviétique et les Etats-Unis. Or, la lutte de classes qui se déroule à l'intérieur de chaque pays est, en fait, inséparablement liée à cette lutte de classes à l'échelle mondiale. Par conséquent, la division en trois mondes constitue un bilan achevé de l'analyse des contradictions fondamentales du monde d'aujourd'hui. Cette thèse scientifique du président Mao a enrichi la théorie selon laquelle l'impérialisme se développe d'une façon inégale et les contradictions entre les Etats impérialistes aboutissent inévitablement à la guerre, elle a enrichi la théorie sur le social-impérialisme, la théorie selon laquelle la lutte des nations opprimées est une importante composante de la révolution socialiste du prolétariat mondial, la théorie selon laquelle le prolétariat international, les pays socialistes et les mouvements de libération nationale doivent se soutenir mutuellement, ainsi que la théorie sur la stratégie et les tactiques de la révolution prolétarienne. Ce sont là autant de contributions importantes au marxisme-léninisme.
    Cette brillante théorie du président Mao a été l'objet des attaques pernicieuses des sociaux-impérialistes soviétiques, et cela n'a rien d'étonnant. On ne saurait s'attendre à ce qu'ils admettent que l'Union soviétique est devenue, sous leur domination, une superpuissance impérialiste et le plus dangereux foyer de guerre mondiale, pas plus qu'on ne peut attendre d'un renégat ou d'un agresseur qu'il se reconnaisse comme tel. Ils vilipendent rageusement la théorie de la division en trois mondes en prétendant qu'elle rejette la lutte de classes, qu'elle confond pays socialistes et pays capitalistes, etc. Ces invectives ne sont pas seulement dirigées contre le président Mao, ce grand marxiste, et contre le grand Parti communiste chinois, elles visent aussi ces grands hommes que furent Marx, Engels, Lénine et Staline. Comme nous l'avons déjà vu, sur le plan des principes, la division en trois mondes, énoncée par le président Mao, s'accorde parfaitement avec la classification des forces politiques en Europe, établie par Marx et Engels dans la seconde moitié du XIXe siècle et dont le critère était l'attitude à l'égard de l'Empire des tsars, avec la division du monde, par Lénine, après la Première guerre mondiale, en trois catégories d'Etats, et avec la classification des pays, par Staline, avant et pendant la Seconde guerre mondiale, en Etats agresseurs et Etats non agresseurs, en camp fasciste et camp antifasciste; et elle constitue le développement logique de leur théorie sur la classification des forces politiques mondiales. Il est vrai que ceux qui dénigrent furieusement la théorie de la division en trois mondes s'attribuent aujourd'hui encore le titre de "continuateurs fidèles" de la cause de Lénine. Mais pourrions-nous, lorsqu'il s'agit de porter un jugement sur quelqu'un, nous baser sur la bannière qu'il agite et non pas sur ses actes ? Il n'y a qu'à juger sur les actes pour le constater: Ce sont eux précisément qui ont trahi la lutte de classe du prolétariat et fait dégénérer un Etat socialiste en Etat capitaliste.
    Dans notre pays, il y en avait aussi qui s'opposaient avec rage à la théorie du président Mao sur la division en trois mondes, c'étaient les Quatre- Wang Hong-wen, Tchang Tchouen-kiao, Kiang Tsing et Yao Wen-yuan. Brandissant la bannière la plus "révolutionnaire", ils s'opposaient à ce que notre pays soutienne le tiers monde, s'unisse avec toutes les forces susceptibles d'être unies et combatte l'ennemi le plus dangereux. Ils ont tenté de saper l'établissement d'un front uni international contre l'hégémonisme et ont perturbé la lutte que notre pays mène contre l'hégémonisme, afin de satisfaire aux besoins du social-impérialisme soviétique. Leurs activités de sape ont eu dans certaines limites une influence néfaste; mais notre Parti et notre gouvernement ont toujours appliqué fermement la ligne révolutionnaire élaborée par le président Mao pour les affaires étrangères. La bande des Quatre ne représentait aucunement le peuple chinois qui honnit ces traîtres.
    Les sociaux-impérialistes soviétiques -et les Quatre faisaient de même- ont beau vouer une haine implacable à la théorie sur la division en trois mondes, cette théorie se voit confirmée par des faits objectifs toujours plus nombreux dans la politique mondiale de nos jours, et elle engendre ainsi une force toujours plus grande. Le président Houa Kouo-feng a dit dans son rapport politique au XIe Congrès du Parti communiste chinois: "La théorie du président Mao sur la division en trois mondes indique clairement quelle est l'orientation à suivre dans la lutte actuelle sur le plan international, quelles sont les forces principales de la révolution, quels sont nos principaux ennemis et quelles s'ont les forces intermédiaires, susceptibles d'être ralliées et unies, ce qui permet au prolétariat international d'unir, dans la lutte de classes sur le plan mondial, toutes les forces qui peuvent s'unir à lui et de former le front uni le plus large en vue de combattre les principaux ennemis." Ce concept stratégique ne répond pas seulement aux exigences stratégiques de la lutte du prolétariat international et de celle des peuples et nations opprimés du monde entier à notre époque, il répond aussi aux exigences stratégiques du combat pour le triomphe du socialisme et du communisme. Il encouragera tous les peuples à s'unir pour arracher de grandes victoires dans la lutte contre l'impérialisme et l'hégémonisme, suivant une orientation ferme et claire.

Les deux superpuissances, l'Union soviétique
et les Etats-Unis, sont les ennemis communs des
peuples du monde, et l'Union soviétique constitue
le plus dangereux foyer de guerre mondiale

    L'apparition des deux superpuissances est un phénomène nouveau dans l'histoire du développement de l'impérialisme. L'inégalité du développement de celui-ci aboutit nécessairement à une suite de conflits et de guerres. Ceux-ci à leur tour accentuent inéluctablement cette inégalité, jusqu'à donner naissance aux superpuissances impérialistes qui, aujourd'hui, se placent au-dessus des Etats impérialistes en général. Lénine disait: "L'impérialisme, c'est l'oppression croissante des nations du globe par une poignée de grandes puissances, c'est l'époque des guerres entre ces grandes puissances pour l'accentuation et l'élargissement de cette oppression des nations."(28) Aujourd'hui, de cette poignée de grandes puissances impérialistes il n'en reste plus que deux, l'Union soviétique et les Etats-Unis, à pouvoir se disputer l'hégémonie mondiale, les autres puissances impérialistes étant tombées au rang d'Etats de deuxième ou troisième ordre. Ce qui caractérise les superpuissances, c'est que leur pouvoir d'Etat est contrôlé par un capital monopoleur particulièrement concentré et qu'elles se livrent à l'échelle mondiale à l'exploitation économique, à l'oppression politique et à la mainmise militaire en s'appuyant sur des forces économiques et militaires de loin supérieures à celles des autres pays; chacune d'elles s'assigne pour but l'hégémonie mondiale et, à cette fin, se prépare furieusement à déclencher une nouvelle guerre mondiale.
    Si, dans l'histoire du développement de l'impérialisme, on avait pu voir quelques grandes puissances qui tentaient de conquérir l'hégémonie mondiale, elles sont toutefois hors de comparaison avec l'Union soviétique et les Etats-Unis d'aujourd'hui. La rivalité soviéto- américaine pour l'hégémonie est un produit spécifique de l'évolution historique d'après la Seconde guerre mondiale.
    Le capital monopoleur américain a atteint un degré fantastique de concentration et d'expansion dans l'après-guerre. Selon des statistiques récentes, en 1976, douze très grandes sociétés industrielles, dont le chiffre de vente dépasse 10 milliards de dollars, totalisaient respectivement 27 et 29 pour cent des avoirs et du chiffre de vente des 500 plus grandes sociétés industrielles du pays; 61 pour cent des avoirs et dépôts - des cinquante banques commerciales les plus importantes étaient aux mains des dix plus grandes.(29) Au cours des vingt et quelques dernières années, l'exportation des capitaux américains, qui ont atteint un haut degré de concentration dans l'après-guerre, s'est accrue à un rythme fulgurant: de 11,8 milliards de dollars en 1950, les investissements privés directs à l'étranger sont passés en 1976 à 137,2 milliards, ce qui représente une augmentation énorme.(30) Cette concentration si forte et si rapide du capital monopoleur constitue la base économique de cette superpuissance impérialiste que sont les Etats-Unis. L'impérialisme américain, grâce à la suprématie économique et militaire qu'il s'est acquise pendant la guerre, au monopole qu'il détenait dans le domaine des armes atomiques et des sciences et techniques militaires de pointe, à l'instauration d'un système monétaire mondial centré sur le dollar et par le biais des blocs militaires placés sous son contrôle exclusif et couvrant l'Amérique du Nord, Centrale et du Sud, l'Europe, l'Asie et l'Océanie, s'est assuré une position hégémonique sans précédent dans le monde capitaliste, plaçant tous les autres pays capitalistes sous sa dépendance. S'étant posés depuis longtemps en gendarme du monde, les Etats-Unis se sont rendus coupables de crimes innombrables et odieux contre les peuples révolutionnaires (y compris le peuple américain) et les nations opprimées. Cependant, l'impérialisme américain, cet ennemi commun de tous les peuples, qui avait dicté sa loi pendant un temps, a essuyé de rudes coups dans les guerres d'agression qu'il avait lancées contre les peuples asiatiques et dont il pensait pouvoir aisément sortir vainqueur. Le vaillant peuple coréen a été le premier à battre en brèche le mythe de l'invincibilité des Etats-Unis. La guerre contre l'agression américaine et pour le salut national menée par les peuples du Viet Nam, du Cambodge et du Laos a précipité l'impérialisme américain dans des crises tant militaires et politiques qu'économiques et a hâté son déclin. Entre-temps, l'Europe occidentale, le Japon et d'autres pays avaient graduellement rétabli et développé leur potentiel économique, et intensifié leur concurrence avec les Etats-Unis. Force a été à l'impérialisme américain d'admettre qu'il ne pouvait plus faire la pluie et le beau temps sur toute la planète; cependant les Etats-Unis n'en restent pas moins la plus grande puissance du monde capitaliste, et ils s'évertuent toujours à conserver leur hégémonie.
    Alors que les Etats-Unis s'enlisaient dans la guerre et s'affaiblissaient, le social-impérialisme soviétique les rattrapait. La clique des renégats Khrouchtchev-Brejnev a usurpé les fruits de l'édification socialiste que le peuple soviétique poursuivait depuis plus de trente ans. Pas à pas, elle a transformé un grand pays socialiste en une grande puissance impérialiste. L'évolution pacifique de l'Union soviétique socialiste vers une Union soviétique capitaliste était depuis longtemps ce que souhaitaient les impérialistes. Or, du fait de la loi du développement inégal de l'impérialisme et de la loi de la rivalité des impérialismes en vue de l'hégémonie mondiale, cette évolution a engendré un adversaire féroce échappant à leur contrôle. Comme on sait, la clique des renégats révisionnistes soviétiques a transformé l'économie socialiste fortement centralisée en une économie capitaliste monopoliste d'Etat qui est parvenue à un degré de concentration que les Etats-Unis sont incapables d'atteindre. L'Union soviétique a profité des dix années où les Etats-Unis s'embourbaient dans la guerre d'agression au Viet Nam, au Cambodge et au Laos pour accélérer l'expansion de ses forces; elle a diminué l'écart économique entre elle et les Etats-Unis, et a considérablement accru sa puissance militaire, rattrapant les Etats-Unis pour ce qui est de l'armement nucléaire, et les dépassant sur le chapitre des armes conventionnelles. A mesure que grossissait son potentiel militaire et économique, le social-impérialisme soviétique a poursuivi toujours plus frénétiquement son infiltration et son expansion dans toutes les régions du monde, fait étalage de sa force militaire sur terre, sur mer et dans les airs; et une rivalité acharnée l'oppose aux Etats-Unis à l'échelle planétaire. Tout cela a révélé qu'elle nourrissait des visées agressives, sans précédent dans l'Histoire.
    Lénine disait: les impérialistes "partagent le monde 'proportionnellement aux capitaux', 'selon les forces de chacun' ".(31) Et si les deux superpuissances -l'Union soviétique et les Etats-Unis -veulent l'une et l'autre se rendre maîtres du monde, c'est en s'appuyant sur leurs forces économiques et militaires de loin supérieures à celles des autres pays qu'elles comptent y parvenir. En 1976, le P.N.B. des Etats-Unis se chiffrait à plus de 1 690 milliards de dollars et celui de l'Union soviétique, à plus de 930 milliards,(32) soit au total 40 pour cent environ du chiffre mondial. En termes de valeur globale de la production industrielle, chacun de ces deux pays a dépassé les trois principaux pays capitalistes d'Europe -République fédérale allemande, France et Grande-Bretagne- réunis. Leurs forces militaires dépassent d'encore plus loin celles de tout autre pays impérialiste. Ils disposent chacun de milliers d'armes nucléaires stratégiques, de centaines de satellites militaires, d'une dizaine de milliers d'avions militaires, de centaines de bâtiments de ligne et de grandes quantités d'autres matériels conventionnels. Tous deux ont un budget militaire de loin supérieur à celui de l'Europe occidentale, du Japon et du Canada réunis. Ainsi, ces deux super-puissances possèdent, en temps de paix, une machine de guerre sans précédent dans l'Histoire de l'humanité.
    L'Union soviétique est une grande puissance, mais non une superpuissance impérialiste, se récrie la clique des renégats révisionnistes soviétiques. Cette affirmation mérite-t-elle d'être prise au sérieux ? Existe-t-il des activités impérialistes de pillage économique, de contrôle politique ou d'expansion militaire auxquels les Etats-Unis se sont livrés et dont l'Union soviétique se soit abstenue ?
    Le principal moyen adopté par les Etats-Unis pour exploiter les autres pays, c'est d'exporter des capitaux sous forme d'investissements outre-mer. Selon les statistiques officielles américaines, en 1976, les Etats-Unis ont retiré plus de 22,4 milliards de dollars de bénéfice, y compris les droits d'exclusivité, des investissements privés directs à l'étranger, le taux de bénéfice atteignant plus de 16 pour cent.(33) Voilà qui témoigne de l'activité abominable des capitalistes monopoleurs américains qui font suer sang et eau aux peuples du monde. Certes, le montant global des profits que l'Union soviétique a extorqués à l'étranger est inférieur au chiffre réalisé par les Etats-Unis, mais elle ne le cède en rien à ces derniers quant aux méthodes de spoliation. En ce qui concerne les pays du tiers monde, c'est surtout par le biais de l"'aide économique" et de l"'assistance militaire" qu'elle réalise d'énormes profits en achetant à vil prix et en vendant au prix fort aux pays qui reçoivent son "aide". Citons quelques exemples: l'Union soviétique vend à l'Inde, sous le nom de l"'aide", ses marchandises à un prix parfois de 20 à 30 pour cent, voire trois fois supérieur à celui du marché international, alors qu'elle achète les marchandises indiennes à un prix qui est parfois de 20 à 30 pour cent inférieur au cours mondial.(34) Selon des données provenant du Commerce extérieur de l'Union soviétique, le prix du gaz naturel que l'Union soviétique importe des pays d'Asie représente environ la moitié de celui auquel elle vend ce produit à l'Occident. D'après la même source, les prix de l'anthracite, de la fonte, etc. exportés par l'Union soviétique à destination de l'Egypte sont supérieurs de 80 à 150 pour cent à ceux des produits du même genre qu'elle vend à l'Allemagne occidentale.(35) Selon la presse occidentale, au cours de la guerre arabo-israélienne d'octobre 1973, "la Russie avait non seulement demandé le paiement comptant des armes livrées, mais encore elle en avait augmenté le prix au plus fort des hostilités".(36) Et après que les principaux pays exportateurs de pétrole arabes eurent versé cette somme en dollars pour le compte de l'Egypte, l'Union soviétique l'a créditée sur le marché européen avec un taux d'intérêt exorbitant de 10 pour cent ou même plus.(37)
    C'est par le truchement des sociétés multinationales et autres instruments d'agression que les Etats-Unis contrôlent l'économie et la politique de nombreux pays. A présent, l'Union soviétique mène ce genre d'activités principalement dans le cadre de la "communauté socialiste". Sous l'enseigne de la "division internationale du travail", de la "coordination des plans", de l"'intégration multilatérale", de l"'intégration structurale", etc., elle a la haute main sur les secteurs vitaux de l'économie d'un certain nombre de pays qu'elle spolie et soumet à son contrôle sans vergogne dans les domaines des matières premières, des débouchés, des prix du commerce extérieur, des plans de production, des fonds et même de la main-d'oeuvre requis pour la construction de base, et elle s'efforce d'attirer complètement dans son orbite l'économie et la souveraineté "limitée" de ces pays, autrement dit, de réaliser la soi-disant "propriété socialiste internationale" de la "communauté",(38)
    Pour réaliser de substantiels profits et placer les autres pays sous leur coupe, les Etats-Unis se livrent en grand au commerce des armes dans le monde entier; de 1966 à 1976, ils en ont exporté pour 34,9 milliards de dollars. Poursuivant un même but, l'Union soviétique en a vendu, dans la même période; pour 20,2 milliards de dolars.(39) Selon les statistiques de l'Agence de contrôle des armes et de désarmement des Etats-Unis, les exportations d'armes de l'Union soviétique s'élevaient déjà, pour 1974, à 5,5 milliards de dollars, soit 37,5 pour cent de la valeur globale des exportations mondiales de matériel de guerre durant la même année, ce qui a fait de ce pays le plus important marchand de canons immédiatement après les Etats-Unis. En outre, l'Union soviétique s'évertue par divers moyens à mettre sous sa férule les Etats qui lui achètent du matériel de guerre, notamment en interrompant la fourniture des pièces de rechange ou en les contraignant à payer leurs dettes sans délai.
    Pour se débarrasser des obstacles qui les empêchaient d'établir leur hégémonie, les Etats-Unis ont renversé Les gouvernements légaux d'une série de pays d'Amérique latine, d'Asie et d'Afrique.. L'Union soviétique s'est livrée et se livre à la même besogne dans certains pays d'Afrique et d'Europe orientale.
    Les Etats-Unis ont des forces armées d'environ 400 000 hommes stationnées en territoire étranger. Quant aux troupes soviétiques stationnées dans d'autres pays, elles comptent environ 700 000 hommes; de plus, l'Union soviétique a placé complètement la Tchécoslovaquie, universellement reconnue comme un Etat souverain, sous une occupation militaire prolongée (en fait illimitée).
    Par des traités militaires, les Etats-Unis ont transformé en bases militaires des territoires de nombreux pays. L'Union soviétique s'est approprié des bases ou installations militaires en Europe orientale, en République populaire de Mongolie, à Cuba, en Afrique, en Méditerranée et dans l'océan Indien; qui plus est, elle cherche sans scrupules à perpétuer son occupation des territoires septentrionaux et des eaux territoriales du nord du Japon et même à s'approprier l'archipel norvégien du Spitzberg. Un mot qui ne manque pas de piquant circule dans les milieux diplomatiques occidentaux: "Ce qui est à moi m'appartient; ce qui est à toi, on peut en négocier l'appartenance." Encore que l'Union soviétique ne pense pas toujours qu'il soit nécessaire de décider, par d'ennuyeuses négociations, "si ce qui est à toi m'appartient".
    Les Etats-Unis avaient incité des mercenaires à envahir Cuba, ce qui leur a valu un triste renom. L'Union soviétique, elle, en a dépêché pour mener une intervention armée en Angola, une invasion au Zaïre, et elle continue à étendre sa sphère d'agression.
    Bref, l'Union soviétique et les Etats-Unis sont au même titre des superpuissances impérialistes, et au même titre ils sont les plus grands exploiteurs et oppresseurs internationaux, les plus grandes forces d'agression et de guerre, les ennemis communs des peuples du monde entier. Lénine disait: "Ne peut être socialiste un prolétariat qui prend son parti de la moindre violence exercée par 'sa' nation à l'encontre d'autres nations."(40) Le comportement de l'Union soviétique dans les affaires internationales n'a depuis longtemps plus rien de socialiste ni de prolétarien, c'est de l'impérialisme et de l'hégémonisme purs et simples. Qui plus est., des deux superpuissances, l'Union soviétique est l'impérialisme le plus féroce, le plus aventureux, le plus fourbe, et elle constitue le foyer de guerre mondiale le plus dangereux.. Pourquoi une telle formulation s'impose-t-elle ? Est-ce parce que l'Union soviétique occupe toujours, en violation des traités, des territoires frontaliers du nord-est et du nord-ouest de la Chine et qu'elle menace sa sécurité ? Non, car les Etats-Unis, qui occupent toujours le territoire chinois de Taïwan, menacent tout autant la sécurité de la Chine. Il est évident que le peuple de chaque région peut, selon sa propre situation, déterminer laquelle des superpuissances ou quel pays impérialiste constitue le plus directement une menace pour lui. Mais ce dont nous parlons ici n'est pas une question spécifique propre à une région donnée, c'est un problème général de la situation mondiale dans son ensemble. Que, dans l'arène internationale, l'Union soviétique soit devenue la plus dangereuse des deux superpuissances n'est nullement dû à des causes fortuites, temporaires et particulières, cela tient à l'ensemble des conditions historiques qui ont fait de l'Union soviétique une superpuissance impérialiste.
    Premièrement, l'Union soviétique social-impérialiste est encore plus agressive et plus aventureuse, du fait qu'elle est une grande puissance impérialiste qui a surgi après les Etats-Unis. il y a longtemps que Lénine a dit: - Les derniers venus des Etats impérialistes réclamaient un nouveau partage du monde, ils sont venus "prendre part au banquet du capitalisme alors que toutes les places ; étaient déjà prises" ; il leur fallait donc être "des rapaces et des brigands pires encore".(41) "Sans procéder à un repartage des colonies par la violence, les nouveaux pays impérialistes ne peuvent obtenir les privilèges dont jouissent les puissances impérialistes plus vieilles (et moins fortes).(42) De nos jours, pour devenir le maître absolu du monde, le social-impérialisme soviétique se voit donc obligé de disputer du terrain aux Etats-Unis, de la même façon qu'agirent l'Allemagne du temps de Guillaume II et d'Hitler, et les Etats-Unis au lendemain de la Seconde guerre mondiale, vis-à-vis de la Grande-Bretagne et d'autres impérialismes ancienne manière. C'est là une loi de l'Histoire qui ne dépend pas de la volonté de l'homme.
Ainsi, le président Mao avait indiqué en février 1976 au cours d'un entretien: "Les Etats-Unis ont des intérêts à protéger dans ce monde, tandis que l'Union soviétique s'attache à pratiquer l'expansion. Cela ne saurait changer." Certes, l'impérialisme américain, lui aussi, cherche toujours à s'assurer l'hégémonie mondiale, mais le déploiement de ses forces est tel qu'il doit à présent s'attacher à protéger ses intérêts acquis et, par conséquent, rester sur la défensive du point de vue de la stratégie globale. Par contre, Brejnev, qui arbore l'enseigne de la "paix" a déclaré sans ambages que "le renforcement de sa puissance économique et défensive a permis à l'Union soviétique d'engager l''offensive' active dans l'arène internationale",(43) et que "maintenant sur le globe, il n'y a pas, semble-t-il, un seul coin où la situation ne doive pas être prise en considération d'une manière ou d'une autre dans l'élaboration de notre politique extérieure."(44) En fait, cela revient à dire que l'Union soviétique a décidé d'adopter une stratégie offensive pour violer la souveraineté de tous les autres pays, affaiblir et évincer les forces américaines dans les diverses régions du monde afin de s'ériger en suzerain mondial.
    Deuxièmement, en raison de l'insuffisance relative de ses forces économiques, le social-impérialisme soviétique ne peut poursuivre son expansion qu'en recourant principalement à la force militaire et à la menace de guerre. Bien qu'elle l'emporte de loin sur les pays impérialistes de deuxième ordre quant au potentiel économique, l'Union soviétique paraît encore faible face à son puissant rival et aux exigences qu'elle doit remplir pour s'assurer l'hégémonie mondiale. Aussi se livre-t-elle frénétiquement à l'accroissement des armements et aux préparatifs de guerre pour s'assurer la suprématie militaire afin de remédier à son infériorité économique en pillant les ressources et les richesses des autres pays et en spoliant leurs travailleurs. C'est d'ailleurs la voie que la Russie tsariste et les fascistes allemands, italiens et japonais ont suivie dans le passé. Les effectifs des forces armées soviétiques sont maintenant deux fois plus nombreux que ceux des Etats-Unis; pour les armes nucléaires stratégiques, le nombre des vecteurs dont elle dispose est supérieur de plus de quatre cents unités(45) à celui des Etats-Unis; elle a aussi sur eux un avantage considérable pour ce qui est de la quantité des chars, véhicules blindés, canons et autres armes conventionnelles. Elle dispose d'une "marine de type offensif" dont le tonnage total équivaut presque à celui des Etats-Unis. On estime en Occident que ces dernières années, les dépenses militaires de l'Union soviétique se sont accrues de 4 à 5 pour cent en moyenne par an, ce qui les porte à 12 ou 15 pour cent environ du P.N.B. (les dépenses militaires des Etats-Unis représentent 6 pour cent environ du P.N.B.). Et celles de 1976 atteignent approximativement 127 milliards de dollars, soit environ 24 pour cent de plus que celles des Etats-Unis qui sont de 102,7 milliards de dollars.(46) Tout cela montre que pour disputer l'hégémonie mondiale aux Etats-Unis, l'Union soviétique ne manquera pas de mettre en oeuvre une stratégie offensive et d'utiliser comme principaux moyens la force armée et la menace du recours à la force armée.
    Troisièmement, la clique monopoliste bureaucratique de l'Union soviétique a transformé une économie socialiste d'Etat hautement concentrée en une économie capitaliste monopoliste d'Etat plus concentrée que celle de n'importe quel pays impérialiste, et elle a transformé le pouvoir de dictature du prolétariat en dictature fasciste, ce qui permet au social-impérialisme soviétique de militariser plus facilement toute l'économie nationale et tout l'appareil d'Etat. Non contente d'avoir affecté 20 pour cent du revenu national aux dépenses militaires, la clique Brejnev clame cyniquement qu'il faut "être toujours prêt à placer l'économie sur l'orbite de guerre".(47) Elle ne cesse de renforcer son appareil d'Etat, s'efforçant d'atteler le peuple soviétique à son char de guerre. Le K.G.B., service secret de l'U.R.S.S., est devenu une épée suspendue au-dessus du peuple soviétique et de bon nombre de pays. Par le canal de leur propagande, diffusée par les journaux et périodiques, de la littérature et des arts, de l'enseignement scolaire, etc., les autorités soviétiques n'épargnent aucun effort pour inculquer aux masses populaires le venin du militarisme, prêcher le chauvinisme grand-russe, glorifier méthodiquement les chefs militaires et gouvernementaux et les aventuriers de la Russie tsariste qui "s'étaient acquis des mérites" dans l'agression; elles déclarent ouvertement qu'elles suivront la "tradition" expansionniste des vieux tsars, en vue d'aligner, au premier appel, des dizaines de millions d'hommes qui leur serviraient de chair à canon dans une nouvelle guerre d'agression.
    Quatrièmement, le social-impérialisme soviétique est né de la dégénérescence du premier Etat socialiste. Ainsi, il peut donner partout le change en exploitant le prestige de Lénine et en arborant le drapeau du "socialisme". La politique d'agression et d'hégémonie appliquée par l'impérialisme américain a une longue histoire; à d'innombrables reprises, elle a soulevé dans le monde la résistance du prolétariat et des peuples et nations opprimés ainsi que de toutes les personnalités éprises de justice -y compris celles des Etats-Unis -et fait l'objet de leurs dénonciations et condamnations. L'opinion progressiste, à travers le monde, a percé à jour sa nature: et elle continuera à la combattre fermement. Sous ce rapport, le social-impérialisme soviétique est un nouveau venu et, de plus, il est affublé d'un masque "socialiste". Lui résister, le dénoncer et le condamner, c'est là un combat beaucoup plus grave. Pour que les peuples du monde puissent connaître son véritable visage, d'immenses efforts sont nécessaires. Bien que les dessous de la politique soviétique d'agression et d'hégémonie se révèlent de jour en jour et que son enseigne "socialiste" devienne chaque jour plus terne, on ne peut toutefois estimer qu'elle ait perdu tout pouvoir trompeur. C'est toujours en s'affublant d'un manteau -"accomplissement des devoirs internationalistes", "soutien au mouvement de libération nationale", "lutte contre l'impérialisme ancien et nouveau", "sauvegarde des intérêts de la paix et de la démocratie", etc.- qu'elle se livre à l'agression, à l'intervention, à la subversion et à l'expansion. Il faut dans bien des cas passer par tout un processus pour connaître sa nature; notre pays, la Chine, en a fait 1'expérience à ses dépens. On ne saurait nier que ce rôle trompeur, propre à l'Union soviétique, accentue son caractère particulièrement dangereux en tant que superpuissance impérialiste.
    Du fait des particularités historiques objectives dont nous venons de parler, l'Union soviétique constitue irrécusablement un foyer de guerre mondiale plus dangereux encore que les Etats-Unis.
    La politique d'agression et l'hégémonisme de l'impérialisme américain n'ont nullement changé, pas plus que n'ont diminué l'exploitation et l'oppression qu'il fait peser sur son peuple et les autres peuples. Les superpuissances -l'Union soviétique et les Etats-Unis- sont donc toutes deux les ennemis communs des peuples du monde. Tout cela ne fait aucun doute. Mais si, après avoir constaté tous les faits énumérés plus haut, nous continuons à mettre sur le même plan les deux superpuissances, sans établir de distinction entre elles, et à ne pas indiquer clairement que l'Union soviétique est le fauteur de guerre mondiale le plus dangereux, cela ne fera qu'émousser la vigilance révolutionnaire des peuples du monde et entretenir la confusion sur la cible principale de la lutte contre l'hégémonisme. Par conséquent, on ne doit en aucune façon répondre aux besoins de l'Union soviétique dans ses manoeuvres trompeuses et conspiratrices, et donner le feu vert à ses préparatifs de guerre et d'agression.

Les pays et peuples du tiers monde constituent
la force principale dans la lutte contre
l'impérialisme, le colonialisme et l'hégémonisme

    Dans la lutte commune du monde contre l'hégémonisme des deux superpuissances -l'Union soviétique et les Etats-Unis-, contre l'impérialisme et le colonialisme, les pays et les peuples du tiers monde constituent la force principale. Le 25 octobre 1966, le président Mao affirmait dans un message: "Les tempêtes révolutionnaires en Asie, en Afrique et en Amérique latine porteront inéluctablement à l'ensemble du vieux monde des coups écrasants, décisifs." C'était là une prévision scientifique, une haute appréciation du rôle que les peuples d'Asie, d'Afrique et d'Amérique latine sont appelés à jouer dans la lutte révolutionnaire anti-impérialiste mondiale, celui de force principale.
    Sur quoi cette affirmation se fonde-t-elle ? Après la Seconde guerre mondiale, les peuples révolutionnaires d'Asie, d'Afrique, d'Amérique latine et des autres régions se sont tenus en première ligne dans la lutte contre l'impérialisme et le colonialisme, ils ont mené sans cesse des luttes armées révolutionnaires et remporté une série de magnifiques victoires qui ont modifié la physionomie du monde de l'après-guerre, ce qui a considérablement encouragé et soutenu le prolétariat international et les peuples engagés dans la lutte révolutionnaire anti- impérialiste. En 1949, ce fut le triomphe de la révolution chinoise; en 1953, la victoire en Corée dans la guerre contre l'agression américaine, pour défendre la patrie; en 1955, la tenue de la Conférence afro-asiatique de Bandoeng; en 1956, la victoire du peuple égyptien dans la guerre du canal de Suez; en 1959, la victoire de la guerre révolutionnaire de Cuba, puis une série d'autres victoires dans les mouvements nationaux démocratiques en Amérique latine, jusqu'à la lutte pour la démocratie qui s'est déroulée au Chili au début des années 70; en 1962, la victoire de l'Algérie dans sa guerre de libération nationale. Les années 60 ont vu se dérouler les luttes héroïques des peuples de nombreux pays d'Asie et d'Afrique pour conquérir et sauvegarder leur indépendance, luttes qui ont ébranlé le monde. En 1971, la Chine a été rétablie dans son siège légitime aux Nations Unies. En 1975, ce fut l'issue victorieuse de la guerre poursuivie par les peuples du Viet Nam, du Cambodge et du Laos contre l'agression américaine et pour le salut national. Les années 70 ont été témoins de la victoire de la guerre pour l'indépendance en Guinée-Bissau et au Mozambique et du développement continu des guerres pour l'indépendance dans d'autres pays ainsi que des coups cinglants que l'Egypte, le Soudan et d'autres pays ont portés à la mainmise de l'Union soviétique et à ses complots de subversion. En 1977, le peuple zaïrois est sorti vainqueur de la guerre contre l'invasion des mercenaires à la solde de l'Union soviétique. Depuis plus de 20 ans, les pays arabes et le peuple palestinien ont persisté dans la guerre et la lutte contre l'agression. Et depuis plus de 30 ans se poursuit l'essor de la résistance des peuples africains au racisme blanc, le développement en profondeur du mouvement national et démocratique dans lequel se sont inflexiblement engagés les peuples des pays du Sud-Est asiatique, et on a vu accéder à l'indépendance plus de 80 pays en Asie, en Afrique, en Amérique latine et dans d'autres régions. Toute cette suite de victoires qui ont couronné ces grandes luttes représentent la puissante force motrice qui a changé le cours de la révolution mondiale dans l'après-guerre. Le système colonialiste s'est désagrégé. La première superpuissance, l'impérialisme américain, a subi une défaite historique. Et l'autre superpuissance, le social-impérialisme soviétique qui a vu le jour par la suite, est en train de suivre l'ornière des Etats-Unis.
    L'entrée en scène du tiers monde en tant que force principale dans la lutte mondiale contre l'impérialisme, le colonialisme et l'hégémonisme a créé une situation sans précédent dans l'Histoire de l'humanité. Comment en expliquer l'apparition ?
    En premier lieu, près de 3 milliards d'esclaves, soit l'écrasante majorité de la population mondiale, ont secoué le joug du colonialisme ou sont en train de le briser. Cela montre qu'un changement historique fondamental est survenu dans le rapport mondial des forces de classes.

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Notes:

(28) V. I. Lénine: "Le Prolétariat révolutionnaire et le droit des nations à disposer d'elles-mêmes", OEuvres de Lénine, tome 21. 

(29) Fortune, périodique américain, numéros de mai et juillet 1977.

(30) Survey of Current Business, périodique américain, numéro 8, 1977.

(31) V. I. Lénine: "L'Impérialisme, stade suprême du capitalisme", OEuvres de Lénine, tome 22.

(32) "Rapport économique international du président américain au Congrès", janvier 1977.

(33) Survey of Current Business, périodique américain, numéro 8, 1977.

(34) Jad-O-Jehad, hebdomadaire indien, Jammu, décembre 1973, et India Today, brochure éditée en avril 1974 par l'Association des Ouvriers indiens en Grande-Bretagne.

(35) Le Commerce extérieur de l'Union soviétique, 1970-1976.

(36) Le Monde, journal français, 18 avril 1974.

(37) Money Manager, périodique américain, 14 avril 1974.

(38) Intervention de O. Bogomolov publiée dans la revue Problèmes de la paix et du socialisme, N° 6, 1974.

(39) U.S. News and World Report, août 1977.

(40) V. I. Lénine: "Le Socialisme et la guerre", OEuvres de Lénine, tome 21.

(41) V. I. Lénine: "La Guerre et la révolution", OEuvres de Lénine, tome 24.

(42) V. I. Lénine: "L'Impérialisme et la scission du socialisme", OEuvres de Lénine, tome 23.

(43) Discours prononcé par Brejnev le 7 octobre 1975 à la séance consacrée au 250e anniversaire de l'Académie des Sciences de l'U.R.S.S.

(44) "Rapport de Brejnev au XXVe Congrès du P.C. de l'U.R.S.S. "

(45) Le Rapport des forces militaires 1977-1978, publié par l'Institut international d'études stratégiques de Londres.

(46) Ibidem.

(47) Sokolovsky: La Stratégie militaire. 

çPages 1 à 21

Suite pages 42 à 61 è

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