L'INVASION DU CAMBODGE
PAR LE VIETNAM : éléments d'histoire et points de repère.

(Catherine QUIMINAL) -Editions Potemkine 1979-

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Suite è

V) LA GUERRE CONTINUE.

    1975. La victoire contre les américains n'est pas la paix dans la région. Le contentieux est lourd. D'un côté les Vietnamiens dont le rôle moteur, d'avant-garde, dans les mouvements de libération de la région s'est transformé en volonté de diriger, voire même de dominer ces mouvements, avec l'appui de l'U.R.S.S. Du même côté, les groupes contre-révolutionnaires organisés par la CIA. De l'autre, les Cambodgiens, longtemps maintenu à l'ombre du grand frère, qui entendent farouchement défendre leur indépendance. Refusant dans une conjoncture mondiale extrêmement tendue toute "aide extérieure", ne voulant compter que sur leurs propres forces, tâche ardue et audacieuse s'il en fut.

    La guerre n'est pas finie.
    Les Cambodgiens le savaient. Première précaution: le P.C.K. demande aux Vietnamiens de se retirer du Cambodge au plus tard à la fin de Juin 1975.
    Dans 3 provinces au moins, à la frontière Nord Est dans les provinces de Ratanakiri, Mondulkiri et Kratié, les Vietnamiens ont refusé de se retirer.
    Ce sont les premiers heurts entre les 2 armées. Que par la suite il y ait eu "incursion" des Cambodgiens en territoire Vietnamien c'est très possible.

    - A) LES VISÉES VIETNAMIENNES.

    Mais le problème est: quel était le dessein des Vietnamiens en refusant d'évacuer le Cambodge ? Car la question ne peut se poser que dans ce sens.
    Il n'est pas sérieux de penser que les Cambodgiens, comme le leur reproche aujourd'hui les Vietnamiens, aient eu le projet d'envahir le Vietnam ni même de provoquer des difficultés internes au Vietnam. Quel intérêt, quelles perspectives ? Par contre en ce qui concerne les Vietnamiens, non seulement la question a un sens, mais aujourd'hui elle a une tragique réponse.
    A cette époque, les Vietnamiens espéraient sans doute réaliser leur projet de vassalisation par d'autre moyens que l'invasion du Cambodge.
    Il misait sur des divisions internes savamment entretenues tant au sein du peuple qu'au sein du P.C.K. entre pro-Vietnamien et Kampuchéens.
    Il leur était inconcevable que leurs ennemis soient capables de se maintenir au pouvoir. C'est toujours le point de vue des réactionnaires de penser que les barbares communistes sont incapables de gouverner.
    "Les Vietnamiens (dit le P.C.K.. NDLR) ont agi dans le but de permettre à leurs agents de s'emparer du pouvoir révolutionnaire au Kampuchea. Et d'après leur plan, lorsque leurs agents se seraient emparés légalement du pouvoir, ils auraient envoyé au Kampuchea autant de troupes qu'ils voulaient. Ainsi en 75, l'objectif Vietnamien n'était pas encore d'agresser le Kampuchea de l'extérieur"
                (Dossier noir p 97). 

    Aujourd'hui où les langues se sont déliées, on parle de coup d'État tentés en 76, 77 78 au Cambodge. En d'autre termes, il ne s'agit pas encore d'une guerre d'annexion, les Vietnamiens espèrent encore prendre le pouvoir sans l'invasion, en mettant en place des cadres qui ont choisi la voie révisionniste, celle de l'intégration au COMECON, celle qui consiste à penser qu'en toute indépendance on ne peut rien et qu'on choisit comme arrière l'Union Soviétique. Ceux qui se glorifient d'avoir trouvé un nouveau style de travail, plus productif, par l'adoption de mesures du type de celles qui suivent:
    "L'une des plus importantes est d'avoir fixé le régime du salaire aux pièces. La personne ou l'unité qui n'accomplit pas sa tache s'expose à faire des heures supplémentaires ou a être frappée d'une amende. Un système de récompenses et d'amendes a été institué. Les chefs et sous-chefs d'atelier sont tenus pour principaux responsables de tout gaspillage de matières premières, de matériaux et d'équipements survenus dans leur atelier. Les ouvriers fautifs quant à eux seront frappés d'une amende et si les malfaçons dépassaient les proportions admises, ils auront à rembourser à l'usine une somme allant de 10 à 20% de la valeur des produits perdus. Au cas ou ces rebuts étaient passés par d'autres maillons de la chaîne de production, ils seront tenus en outre de dédommager les ouvriers de ces maillons... Depuis, les plans mensuels sont régulièrement accomplis".
                ("Le courrier du Vietnam" Janvier 1978)

    Une étude sur le développement intérieur du Vietnam reste à faire . Mais, nous le verrons plus loin, l'appréciation que font les Vietnamiens sur ce qui se passe au Cambodge est déjà très édifiante. Le principal trait de barbarie qu'ils reprochent au Cambodge outre la question des "droits de l'homme" c'est d'avoir pris comme modèle la Révolution Culturelle. Alors comment entendre les Vietnamiens lorsque lors de leur 4ème congrès en Décembre 76 ils disent "s'appliquer à préserver et à développer les relations spéciales liant le peuple Vietnamien aux peuples du Laos et du Kampuchea, renforcer la solidarité militante, la confiance réciproque, la coopération durable"...
    En ce qui concerne le Laos, on peut se questionner sur son indépendance réelle. Quant à ceux qui ne veulent pas de "relations spéciales", le Vietnam n'a de cesse de les éliminer.
    Leur tactique est toujours la même: jouer à l'étonnement, la stupéfaction, nier les divergences, faire comme si le Vietnam et le Cambodge, c'étaient déjà par nature deux pays du "camp socialiste" dont on ne comprend pas pourquoi les dirigeants sanguinaires de l'un refusent l'amitié de l'autre.
    Et ces mêmes dirigeants du Vietnam en 75 "Pol Pot n'est-il pas venu au Vietnam dans le but de renforcer la solidarité entre les 2 partis et exprimer sa vive gratitude à l'égard du P.T.V.N. pour l'aide multiforme très précieuse qu'il avait réservé en permanence au peuple du Kampuchea..."
                Courrier du Vietnam Dossier Kampuchea p128

    La méthode des Cambodgiens qui consiste à repérer les divergences est quand même autrement plus éclairantes que ces étonnements factices.
    Le P.T.V.N. et le P.C.K. n'ont pas la même ligne politique, ne suivent pas les mêmes orientations, au moins qu'on le dise ! Mais c'est difficile quand on entend régler ces divergences par la guerre.
    Il ne s'agit pas, comme le veulent faire croire les Vietnamiens, d'une simple question de frontières. Il s'agit des visées du Vietnam sur le Cambodge. Du type de rapport qu'il entend avoir avec ce dernier.
    D'ailleurs, même sur la question des frontières, sur la question des Iles et de la frontière maritime, si nous n'avons pas un point de vue très précis sur quoi appartenait à qui du temps de la colonisation, il semble que la position Vietnamienne soit d'assez mauvaise foi. D'abord, ils exhument les textes du gouverneur général de l'Indochine J. Brévié, sur la question d'une ligne de démarcation des pouvoirs d' administration et de police pour les Iles se trouvant dans les eaux territoriales du Cambodge et de la Cochinchine.
    "J'ai décidé que toutes les Iles situées au Nord d'une ligne perpendiculaire à la côte partant de la frontière entre le Cambodge et la Cochinchine seront désormais administrée par le Cambodge"
    L'affaire paraît claire ! Malheureusement, la circulaire soulignait "il est bien entendu qu'il ne s'agit que de l'administration et de la police et que la question de la dépendance territoriale de ces Iles reste entièrement réservée" fin du texte Brévié.
    Suite du texte des Vietnamiens:
    "Du temps des américano-fantoches, l'admnistration de Saigon et celle de Lon Nol, dans la pratique, effectuaient leurs patrouilles sur mer suivant une ligne de démarcation différente de la ligne Brévié. En conséquence, la partie Vietnamienne estimait que cette dernière ne pouvait être considérée comme une frontière maritime" !
                p 129 Dossier Kampuchea Hanoï

    Le raisonnement est pour le moins étonnant, voire même inquiétant. Car les américains ont-ils hésites à passer du Vietnam au Cambodge ???c    A part ce type d'argument, les Vietnamiens en utilisent deux autres. Les Cambodgiens sont les agresseurs. Les Cambodgiens sont des barbares. Examinons-les.
    C'est "la partie du Kampuchea qui intensifie les attaques militaires et leurs opérations d'empiétement de territoire. Le renforcement progressif des mouvements de résistance au régime de Pol Pot ont déclenché des inquiétudes à Phnom Penh, où l'on accuse le Vietnam de vouloir s'appuyer sur les rebelles et lancer une action militaire conjointe avec eux pour renverser l'équipe actuellement au pouvoir et lui substituer les chefs de la résistance. Mais les observateurs internationaux s'accordent à reconnaître 'qu'une action militaire massive du Vietnam apparaît comme une erreur politique monstrueuse qui aboutirait à couper totalement le Vietnam du monde occidental et du Sud-Est Asiatique, Laos excepté' (AFP Hanoï). Il leur apparaît que la prétendue 'offensive Vietnamienne' de la saison sèche annoncée par le Kampuchea n'est qu'un 'gigantesque bluff '.
    En fait, il semble que la reprise d'un dialogue entre Hanoï et Phnom Penh serait possible si l'équipe dirigeante Cambodgienne était renouvelée"
                Vietnam Informations (Chine Kampuchea Vietnam Dec,78)

    - B) L'INVASION RENDUE NÉCESSAIRE.

    Les événements du 12 Janvier 1979, l'invasion du Cambodge par le Vietnam éclaire suffisamment de telles déclarations pour qu'on puisse décider qui sont les menteurs.
    Certes, les Vietnamiens auraient préféré une reddition sans invasion, fomentant coup d'État sur coup d'État ils n'ont pas réussis. Ce qui prouve que le régime en place n'était pas aussi faible que le proclamaient les Vietnamiens. Les Vietnamiens ont été acculés à l'invasion par la réalité même de l'entreprise courageuse des Khmers. Toutes leurs activités de sape n'ont pas suffit. Il leur fallait envahir, et tout de suite, car ils le savaient , le temps jouait contre eux.
    Et ce n'est pas, comme l'affirmaient les Vietnamiens "dans le but d'induire en erreur l'opinion" que le P.C.K. le 31 Décembre dénonçait les manoeuvres Vietnamiennes.
    " En Juin 1977, la partie Vietnamienne d'un côté a poursuivi ces actes de provocation et d'agression le long des frontières du Kampuchea, mais de l'autre, elle a feint de proposer à la partie du Kampuchea une rencontre en vue de négociations sur le problème des frontières"
    Déclaration du gouvernement du Kampuchea Démocratique 31 Décembre 1977.
    Les Vietnamiens ne voulaient pas négocier avec le régime en place. La déclaration des Yougoslaves selon quoi les Vietnamiens le leur avait dit sont certainement vraie".
    Il ont refusé les conditions des Cambodgiens sous prétexte qu'ils ne pouvaient pas arrêter des agressions qu'ils n'avaient jamais commises !!
    De fait, ils les ont refusés parce qu'ils ne voulaient pas reconnaître le régime en place; et de dénoncer la barbarie des Cambodgiens:
    "On a beaucoup parlé du régime barbare établi depuis 3 ans au Kampuchea, le pays des temples d'Angkor. Dans presque tous les pays socialistes, la transformation socialiste de l'agriculture s'accomplit à travers diverses formes de coopératives de l'échelon inférieur à l'échelon supérieur. Au Kampuchea au contraire "les communes populaires" sont mises sur pied, pratiquant un communisme égalitaire et primitif. Leur nom même est révélateur de leur origine. Les dirigeants du P.C.K. veulent bâtir une sorte de socialisme où le personnage central est le paysan. Cela aussi en dit long sur la source de cette politique...
    Le Kampuchea Démocratique n'ouvre des écoles que celles du 1er degré. On se rappelle qu'au cours de la Révolution Culturelle en Chine, des professeurs d'université étaient envoyés dans les campagnes pour un long stage de rééducation, et à leur place, sur les chaires, (pensez donc !) étaient placés les "professeurs nu-pieds" c'est-à-dire des paysans authentiques.
    A la libération de Phnom Penh le 19 Avril 1975, alors que le population était refoulée hors des villes, le premier ordre des nouvelles autorités fut de mettre le feu à tous les livres d'écoles supérieures, des Instituts de recherche bouddhiques. N'avait-on pas, en Chine défendu de jouer du Beethoven et du Bach ?
    Le mot d'ordre à Phnom Penh est "avoir le riz, c'est avoir toutes les autres choses". Ici encore on retrouve l'expression d'une politique bien éloignée du socialisme scientifique et dont l'origine est connue de chacun. Les dirigeants du Kampuchea s'enorgueillissent de leur réseau d'irrigation qui aurait permis au pays d'atteindre l'auto-suffisance en vivres et même de disposer des surplus. (NDLR: espérons qu'ils les ont emmené avec eux dans la résistance, soit dit en passant).
    A regarder plus près, par suite d'un manque d'une direction technique qui ne peut venir que des spécialistes, hélas ! à l'heure actuelle persécutés ou même déjà éliminés, ces canaux n'ont pu tenir contre les fortes pluies...".                 Vietnam Info Hanoï.

    Outre le cynisme ignoble de cette dernière phrase, on voit bien qu'un monde, celui entre le social-fascisme en herbe et celui d'un peuple qui essaie de résister à l'hégémonie, sépare les deux protagonistes.
    Et les Vietnamiens de tout expliquer: le secret de tout cela, c'est d'une part "le chauvinisme démodé des dirigeants de Phnom Penh qui semblent s'enorgueillir de leur ligne politique qu'ils décrivent comme étant ' fondée sur l'indépendance, la souveraineté et sur le principe de s'appuyer sur ses propres forces ' ".
    D'autre part: l'imitation de la Chine: "Phnom Penh a aligné sa politique extérieure sur Pékin. Les dirigeants Chinois ont inventé la théorie des 3 mondes, pour battre le rappel de toutes les forces en vue de s'opposer à l'Union Soviétique. Cette ligne fondamentale est appliquée docilement par la clique de Pol Pot-Ieng Sary".
    L'argument ne manque pas de sang-froid. Mais aujourd'hui, rien n'arrête plus les Vietnamiens dans le mensonge éhonté, le manque de vergogne. Ils enchaînent: "Les dirigeants Chinois ne sont pas contents de la politique d'indépendance et de souveraineté du Vietnam, a fortiori de la solidarité entre les pays de l'Indochine... Ils ont trouvé en le Vietnam, comme dans le bloc d'unité (NDLR: mais de quoi parlent les Vietnamiens) un obstacle majeur à leur plan d'hégémonie dans le Sud-Est Asiatique".
    L'outrecuidance a atteint son comble. Il faut quand même avoir rejoint les sommets de l'ignominie impérialiste pour faire de telle déclarations alors qu'on est en train, l'histoire l'a prouvé, de préparer, avec l'aide des soviétiques l'invasion d'un pays.
    Et d'annoncer leur invasion: "Les pluies diluviennes entravant toutes activités militaires d'envergure tirent à leur fin. Novembre verra revenir la saison sèche.
    Durant ces derniers mois, l'armée de Phnom Penh a connu une croissance rapide. Les troupes Kampuchéennes vont intensifier leurs opérations en territoire Vietnamien. Le Vietnam quant à lui, a achevé la fortification de nombreux villages frontaliers et installés des lignes de défense autour des principaux centres. Il est concevable qu'il ne se contentera pas d'adopter une attitude strictement défensive, car en cette matière la "patience" a des limites et le droit de poursuite est formellement admis par la loi internationale. Face à un ennemi aussi sournois que coriace, il ne pourra agir autrement qu'écraser ses forces agressives et détruire leurs bases de départ".
                Dossier Kampuchea p 73

    Pendant un certain temps, le Vietnam, bénéficiant de son passé de lutte contre l'impérialisme américain a réussi à regrouper autour de lui la grande majorité de l'opinion mondiale: les Vietnamiens impérialistes, c'était incroyable. Se joignant aux concert des voix réactionnaires attaquant le Cambodge, les Vietnamiens avaient réussi à l'isoler.
    Des Anglais et Américains à l'U.R.S.S. on n'entendait que calomnies contre le Kampuchea Démocratique. L'invitation de leng Sary faite à M. Kurt Waldheim (président de l'ONU) à se rendre rapidement au Cambodge pour voir de ses propres yeux si les accusations étrangères contre le Kampuchea étaient justifiées n'a pu se réaliser. Les Vietnamiens avaient même réussi à rallier les Khmers Serei (réactionnaires) à leur création de toutes pièces le 3 décembre 78 de ce gouvernement fantoche s'il en fut le FUNSK. Citons le journal des Khmers Serei (SEREIKA)
    "Depuis quelques temps déjà, Hanoï encourage la rébellion au Cambodge et met sur pied une armée de libération du Kampuchea. La création du FUNSK a pour but de doter la résistance pro-Vietnamienne des organes politiques qui lui manquaient. Il n'y a pas de doute que derrière le FUNSK, il y a la main du Vietnam... Il existe chez tous les Khmers, rouges ou pas, un sentiment nationaliste très profond. Ce nationalisme ne perd rien de sa substance à s'adapter aux circonstances du moment que vit toujours en nous la volonté de rester Khmers. C'est pourquoi il ne nous semble pas judicieux de condamner sans appel ce FUNSK qui a le mérite d'exister et apparemment les moyens de développer alors qu'on ne voit pas pour le moment d'autres possibilités sérieuses de renverser rapidement le régime Pol Pot-Ieng Sary"
                Sereika fin 78

    Mais cet unanimisme bien connu quant il s'agit d'écraser le nouveau, les forces indépendantes, ce qu'on appelle la collusion, n'a pas duré longtemps.
    Le 12 Janvier 1978, jour de l'invasion, les affirmations des Cambodgiens de 77 à 78 se sont avérées pour ce qu'elles étaient des vérités.
    Seule l'U.R.S.S., les pays de l'Est, l'Ethiopie, l'Afghanistan et Cuba ont reconnu le nouveau régime fantoche. La liste en dit long d'ailleurs sur le social-impérialisme.
    Seule la Roumanie, parmi les pays de l'Est, a pris une position courageuse, une véritable position d'indépendance, et malgré les mensonges honteux des Vietnamiens. Qui n'a pas été terrifié en entendant l'ambassadeur du Vietnam, le jour même de l'invasion, affirmer que les Vietnamiens n'étaient pour rien dans l'affaire ? Monsieur Marchais et le P.C. F. Ça, on pouvait s'y attendre. L'opinion française s'est suffisamment complu dans le refus d'y voir clair et l'assentiment aux calomnies contre le Cambodge pour que le P.C.F. se félicite de ce qui s'était passé ! 
    "Succès des patriotes Cambodgiens" déclarait Paul Laurent. Mais il faut bien le dire, le PCF, comme tous ceux qui soutiennent aujourd'hui les Vietnamiens sont isolés.
    Déjà, la résistance s'impose. L'invasion était une opération-éclair sur Phnom Penh et les villes. Et les dirigeants Cambodgiens l'avait prévu et s'étaient préparés à la situation. Nous devons nous préparer à soutenir la résistance de manière prolongée autour du mot d'ordre :
                                                            KAMPUCHEA VAINCRA !

    Pour cela, il faut bien s'unifier avant tout sur l'idée que la lutte qu'a menée le peuple Khmer est une lutte qui a pris en charge la lourde tâche de résister aux deux hégémonismes. C'est par là une lutte tout à fait nouvelle et qui dans la période de tension mondiale qui est la notre, s'avérera extrêmement ardue. Là-dessus le peuple Cambodgien a tout à inventer. Qu'est-ce que ça veut dire conquérir son indépendance contre le social-impérialisme. On a vu qu'un des problèmes posés aux Cambodgiens était la difficulté d'unir le P.C.K. Son histoire toute particulière de proximité contradictoire avec le Vietnam ne rend pas la tâche facile.

    Enfin, si du point de vue de la guerre avec le Vietnam, les Cambodgiens se sont fait aujourd'hui entendre, reste la campagne mondiale orchestrée contre ce qui se passait à l'intérieur du Cambodge. On ne peut soutenir la résistance des Khmers Rouges de manière durable sans aborder cette question. Encerclés de toutes parts, dans leur lutte acharnée pour l'indépendance, les Cambodgiens ont peut-être été acculés à la terreur révolutionnaire.

    En tout état de cause, il est impossible de fonder sur de pareilles hypothèses quelque appréciation politique que ce soit sur la révolution au Kampuchea.

    L'histoire l'a prouvée, la presse n'est qu'un tissu de mensonges. Sihanouk avait été "assassiné". Mandaté par le P.C.K. à l'ONU, on essaie de lui faire dire des atrocités sur le Cambodge; somme toute, à part son opposition au régime, peu étonnante, il ne dit rien.
    On a "tué" Pol Pot, décidé que la Chine l'avait condamné, enfin tout et n'importe quoi. Aussi pour aborder l'étude de ce qui s'est passé au Cambodge comme celle de la résistance aujourd'hui ouverte, nous pensons qu'il faut partir du point de vue suivant: le Parti Communiste du Kampuchea a mené le peuple Cambodgien à la victoire contre l'impérialisme américain, ensuite il ne s'est jamais départi d'une ligne anti-hégémonique d'indépendance. Cette ligne a rencontré de nombreuses difficultés, notamment l'invasion Vietnamienne, mais aussi à l'intérieur des problèmes d'unité.
    C'est ce que nous nous proposons d'étudier afin de renforcer par une compréhension des problèmes rencontrés par la révolution Cambodgienne notre ferme volonté à soutenir la résistance qui déjà aujourd'hui se lève.

BIBLIOGRAPHIE SOMMAIRE:

    - "Vive le 17ème anniversaire de la fondation du Parti Communiste du Kampuchea" discours prononcé par Pol Pot le 30 Septembre 1977 (Editions Phnom Penh 1977)

    - "Kampuchea Démocratique. Livre noir sur l'agression Vietnamienne" (Éditions Phnom Penh Septembre 1978)

    - "Phnom Penh libéré" Jérôme et Jocelyne Steinbach (Éditions Sociales)

    - "Cambodge: la révolution de la forêt " François Debré (Flammarion)

    - Études Vietnamiennes Dossiers Kampuchea I et II Hanoï 78

    - Vietnam Info - Décembre 78. Chine-Kampuchéa-Vietnam

    - Publications diverses du Kampuchea Démocratique (déclarations, message.etc...) 

Vers DOCUMENT 1 (Déclaration du KD) pages 46 à 50 è

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