V) LA GUERRE CONTINUE.
1975. La victoire
contre les américains n'est pas la paix dans la
région. Le contentieux est lourd. D'un
côté les Vietnamiens dont le rôle moteur,
d'avant-garde, dans les mouvements de libération de
la région s'est transformé en volonté
de diriger, voire même de dominer ces mouvements, avec
l'appui de l'U.R.S.S. Du même côté, les
groupes contre-révolutionnaires organisés par
la CIA. De l'autre, les Cambodgiens, longtemps maintenu
à l'ombre du grand frère, qui entendent
farouchement défendre leur indépendance.
Refusant dans une conjoncture mondiale extrêmement
tendue toute "aide extérieure", ne voulant compter
que sur leurs propres forces, tâche ardue et
audacieuse s'il en fut.
La guerre n'est
pas finie.
Les
Cambodgiens le savaient. Première précaution:
le P.C.K. demande aux Vietnamiens de se retirer du Cambodge
au plus tard à la fin de Juin 1975.
Dans 3
provinces au moins, à la frontière Nord Est
dans les provinces de Ratanakiri, Mondulkiri et
Kratié, les Vietnamiens ont refusé de se
retirer.
Ce sont les
premiers heurts entre les 2 armées. Que par la suite
il y ait eu "incursion" des Cambodgiens en territoire
Vietnamien c'est très possible.
- A) LES
VISÉES VIETNAMIENNES.
Mais le
problème est: quel était le dessein des
Vietnamiens en refusant d'évacuer le Cambodge ? Car
la question ne peut se poser que dans ce sens.
Il n'est pas
sérieux de penser que les Cambodgiens, comme le leur
reproche aujourd'hui les Vietnamiens, aient eu le projet
d'envahir le Vietnam ni même de provoquer des
difficultés internes au Vietnam. Quel
intérêt, quelles perspectives ? Par contre en
ce qui concerne les Vietnamiens, non seulement la question a
un sens, mais aujourd'hui elle a une tragique
réponse.
A cette
époque, les Vietnamiens espéraient sans doute
réaliser leur projet de vassalisation par d'autre
moyens que l'invasion du Cambodge.
Il misait sur
des divisions internes savamment entretenues tant au sein du
peuple qu'au sein du P.C.K. entre pro-Vietnamien et
Kampuchéens.
Il leur
était inconcevable que leurs ennemis soient capables
de se maintenir au pouvoir. C'est toujours le point de vue
des réactionnaires de penser que les barbares
communistes sont incapables de gouverner.
"Les
Vietnamiens (dit le P.C.K.. NDLR) ont agi dans le but de
permettre à leurs agents de s'emparer du pouvoir
révolutionnaire au Kampuchea. Et d'après leur
plan, lorsque leurs agents se seraient emparés
légalement du pouvoir, ils auraient envoyé au
Kampuchea autant de troupes qu'ils voulaient. Ainsi en 75,
l'objectif Vietnamien n'était pas encore d'agresser
le Kampuchea de l'extérieur"
(Dossier noir p 97).
Aujourd'hui
où les langues se sont déliées, on
parle de coup d'État tentés en 76, 77 78 au
Cambodge. En d'autre termes, il ne s'agit pas encore d'une
guerre d'annexion, les Vietnamiens espèrent encore
prendre le pouvoir sans l'invasion, en mettant en place des
cadres qui ont choisi la voie révisionniste, celle de
l'intégration au COMECON, celle qui consiste à
penser qu'en toute indépendance on ne peut rien et
qu'on choisit comme arrière l'Union
Soviétique. Ceux qui se glorifient d'avoir
trouvé un nouveau style de travail, plus productif,
par l'adoption de mesures du type de celles qui
suivent:
"L'une des
plus importantes est d'avoir fixé le régime du
salaire aux pièces. La personne ou
l'unité qui n'accomplit pas sa tache s'expose
à faire des heures supplémentaires ou a
être frappée d'une amende. Un système de
récompenses et d'amendes a été
institué. Les chefs et sous-chefs d'atelier sont
tenus pour principaux responsables de tout gaspillage de
matières premières, de matériaux et
d'équipements survenus dans leur atelier. Les
ouvriers fautifs quant à eux seront frappés
d'une amende et si les malfaçons dépassaient
les proportions admises, ils auront à rembourser
à l'usine une somme allant de 10 à 20% de la
valeur des produits perdus. Au cas ou ces rebuts
étaient passés par d'autres maillons de la
chaîne de production, ils seront tenus en outre de
dédommager les ouvriers de ces maillons... Depuis,
les plans mensuels sont régulièrement
accomplis".
("Le courrier du Vietnam"
Janvier 1978)
Une étude
sur le développement intérieur du Vietnam
reste à faire . Mais, nous le verrons plus loin,
l'appréciation que font les Vietnamiens sur ce qui se
passe au Cambodge est déjà très
édifiante. Le principal trait de barbarie qu'ils
reprochent au Cambodge outre la question des "droits de
l'homme" c'est d'avoir pris comme modèle la
Révolution Culturelle. Alors comment entendre les
Vietnamiens lorsque lors de leur 4ème congrès
en Décembre 76 ils disent "s'appliquer à
préserver et à développer les relations
spéciales liant le peuple Vietnamien aux peuples du
Laos et du Kampuchea, renforcer la solidarité
militante, la confiance réciproque, la
coopération durable"...
En ce qui
concerne le Laos, on peut se questionner sur son
indépendance réelle. Quant à ceux qui
ne veulent pas de "relations spéciales", le Vietnam
n'a de cesse de les éliminer.
Leur tactique
est toujours la même: jouer à
l'étonnement, la stupéfaction, nier les
divergences, faire comme si le Vietnam et le Cambodge,
c'étaient déjà par nature deux pays du
"camp socialiste" dont on ne comprend pas pourquoi les
dirigeants sanguinaires de l'un refusent l'amitié de
l'autre.
Et ces
mêmes dirigeants du Vietnam en 75 "Pol Pot n'est-il
pas venu au Vietnam dans le but de renforcer la
solidarité entre les 2 partis et exprimer sa vive
gratitude à l'égard du P.T.V.N. pour l'aide
multiforme très précieuse qu'il avait
réservé en permanence au peuple du
Kampuchea..."
Courrier du Vietnam Dossier
Kampuchea p128
La méthode
des Cambodgiens qui consiste à repérer les
divergences est quand même autrement plus
éclairantes que ces étonnements factices.
Le P.T.V.N.
et le P.C.K. n'ont pas la même ligne politique, ne
suivent pas les mêmes orientations, au moins qu'on le
dise ! Mais c'est difficile quand on entend régler
ces divergences par la guerre.
Il ne s'agit
pas, comme le veulent faire croire les Vietnamiens, d'une
simple question de frontières. Il s'agit des
visées du Vietnam sur le Cambodge. Du type de rapport
qu'il entend avoir avec ce dernier.
D'ailleurs,
même sur la question des frontières, sur la
question des Iles et de la frontière maritime, si
nous n'avons pas un point de vue très précis
sur quoi appartenait à qui du temps de la
colonisation, il semble que la position Vietnamienne soit
d'assez mauvaise foi. D'abord, ils exhument les textes du
gouverneur général de l'Indochine J.
Brévié, sur la question d'une ligne de
démarcation des pouvoirs d' administration et de
police pour les Iles se trouvant dans les eaux territoriales
du Cambodge et de la Cochinchine.
"J'ai
décidé que toutes les Iles situées au
Nord d'une ligne perpendiculaire à la côte
partant de la frontière entre le Cambodge et la
Cochinchine seront désormais administrée par
le Cambodge"
L'affaire
paraît claire ! Malheureusement, la circulaire
soulignait "il est bien entendu qu'il ne s'agit que de
l'administration et de la police et que la question de la
dépendance territoriale de ces Iles reste
entièrement réservée" fin du texte
Brévié.
Suite du
texte des Vietnamiens:
"Du temps des
américano-fantoches, l'admnistration de Saigon et
celle de Lon Nol, dans la pratique, effectuaient leurs
patrouilles sur mer suivant une ligne de démarcation
différente de la ligne Brévié. En
conséquence, la partie Vietnamienne estimait que
cette dernière ne pouvait être
considérée comme une frontière
maritime" !
p 129 Dossier Kampuchea
Hanoï
Le raisonnement
est pour le moins étonnant, voire même
inquiétant. Car les américains ont-ils
hésites à passer du Vietnam au Cambodge
???c
A part ce type d'argument, les Vietnamiens en
utilisent deux autres. Les Cambodgiens sont les agresseurs.
Les Cambodgiens sont des barbares. Examinons-les.
C'est "la
partie du Kampuchea qui intensifie les attaques militaires
et leurs opérations d'empiétement de
territoire. Le renforcement progressif des mouvements de
résistance au régime de Pol Pot ont
déclenché des inquiétudes à
Phnom Penh, où l'on accuse le Vietnam de vouloir
s'appuyer sur les rebelles et lancer une action militaire
conjointe avec eux pour renverser l'équipe
actuellement au pouvoir et lui substituer les chefs de la
résistance. Mais les observateurs internationaux
s'accordent à reconnaître 'qu'une action
militaire massive du Vietnam apparaît comme une erreur
politique monstrueuse qui aboutirait à couper
totalement le Vietnam du monde occidental et du Sud-Est
Asiatique, Laos excepté' (AFP Hanoï). Il leur
apparaît que la prétendue 'offensive
Vietnamienne' de la saison sèche annoncée par
le Kampuchea n'est qu'un 'gigantesque bluff '.
En fait, il
semble que la reprise d'un dialogue entre Hanoï et
Phnom Penh serait possible si l'équipe dirigeante
Cambodgienne était renouvelée"
Vietnam Informations (Chine
Kampuchea Vietnam Dec,78)
- B)
L'INVASION RENDUE NÉCESSAIRE.
Les
événements du 12 Janvier 1979, l'invasion du
Cambodge par le Vietnam éclaire suffisamment de
telles déclarations pour qu'on puisse décider
qui sont les menteurs.
Certes, les
Vietnamiens auraient préféré une
reddition sans invasion, fomentant coup d'État sur
coup d'État ils n'ont pas réussis. Ce qui
prouve que le régime en place n'était pas
aussi faible que le proclamaient les Vietnamiens. Les
Vietnamiens ont été acculés à
l'invasion par la réalité même de
l'entreprise courageuse des Khmers. Toutes leurs
activités de sape n'ont pas suffit. Il leur fallait
envahir, et tout de suite, car ils le savaient , le temps
jouait contre eux.
Et ce n'est
pas, comme l'affirmaient les Vietnamiens "dans le but
d'induire en erreur l'opinion" que le P.C.K. le 31
Décembre dénonçait les manoeuvres
Vietnamiennes.
" En Juin
1977, la partie Vietnamienne d'un côté a
poursuivi ces actes de provocation et d'agression le long
des frontières du Kampuchea, mais de l'autre, elle a
feint de proposer à la partie du Kampuchea une
rencontre en vue de négociations sur le
problème des frontières"
Déclaration du gouvernement du Kampuchea
Démocratique 31 Décembre 1977.
Les
Vietnamiens ne voulaient pas négocier avec le
régime en place. La déclaration des
Yougoslaves selon quoi les Vietnamiens le leur avait dit
sont certainement vraie".
Il ont
refusé les conditions des Cambodgiens sous
prétexte qu'ils ne pouvaient pas arrêter des
agressions qu'ils n'avaient jamais commises !!
De fait, ils
les ont refusés parce qu'ils ne voulaient pas
reconnaître le régime en place; et de
dénoncer la barbarie des Cambodgiens:
"On a
beaucoup parlé du régime barbare établi
depuis 3 ans au Kampuchea, le pays des temples d'Angkor.
Dans presque tous les pays socialistes, la transformation
socialiste de l'agriculture s'accomplit à travers
diverses formes de coopératives de l'échelon
inférieur à l'échelon supérieur.
Au Kampuchea au contraire "les communes populaires" sont
mises sur pied, pratiquant un communisme égalitaire
et primitif. Leur nom même est
révélateur de leur origine. Les dirigeants du
P.C.K. veulent bâtir une sorte de socialisme où
le personnage central est le paysan. Cela aussi en dit long
sur la source de cette politique...
Le Kampuchea
Démocratique n'ouvre des écoles que celles du
1er degré. On se rappelle qu'au cours de la
Révolution Culturelle en Chine, des professeurs
d'université étaient envoyés dans les
campagnes pour un long stage de rééducation,
et à leur place, sur les chaires, (pensez donc !)
étaient placés les "professeurs nu-pieds"
c'est-à-dire des paysans authentiques.
A la
libération de Phnom Penh le 19 Avril 1975, alors que
le population était refoulée hors des villes,
le premier ordre des nouvelles autorités fut de
mettre le feu à tous les livres d'écoles
supérieures, des Instituts de recherche bouddhiques.
N'avait-on pas, en Chine défendu de jouer du
Beethoven et du Bach ?
Le mot
d'ordre à Phnom Penh est "avoir le riz, c'est avoir
toutes les autres choses". Ici encore on retrouve
l'expression d'une politique bien éloignée du
socialisme scientifique et dont l'origine est connue de
chacun. Les dirigeants du Kampuchea s'enorgueillissent de
leur réseau d'irrigation qui aurait permis au pays
d'atteindre l'auto-suffisance en vivres et même de
disposer des surplus. (NDLR: espérons qu'ils les ont
emmené avec eux dans la résistance, soit dit
en passant).
A regarder
plus près, par suite d'un manque d'une direction
technique qui ne peut venir que des spécialistes,
hélas ! à l'heure actuelle
persécutés ou même déjà
éliminés, ces canaux n'ont pu tenir contre les
fortes pluies...".
Vietnam Info
Hanoï.
Outre le cynisme
ignoble de cette dernière phrase, on voit bien qu'un
monde, celui entre le social-fascisme en herbe et celui d'un
peuple qui essaie de résister à
l'hégémonie, sépare les deux
protagonistes.
Et les
Vietnamiens de tout expliquer: le secret de tout cela, c'est
d'une part "le chauvinisme démodé des
dirigeants de Phnom Penh qui semblent s'enorgueillir de leur
ligne politique qu'ils décrivent comme étant '
fondée sur l'indépendance, la
souveraineté et sur le principe de s'appuyer sur ses
propres forces ' ".
D'autre part:
l'imitation de la Chine: "Phnom Penh a aligné sa
politique extérieure sur Pékin. Les dirigeants
Chinois ont inventé la théorie des 3 mondes,
pour battre le rappel de toutes les forces en vue de
s'opposer à l'Union Soviétique. Cette ligne
fondamentale est appliquée docilement par la clique
de Pol Pot-Ieng Sary".
L'argument ne
manque pas de sang-froid. Mais aujourd'hui, rien
n'arrête plus les Vietnamiens dans le mensonge
éhonté, le manque de vergogne. Ils
enchaînent: "Les dirigeants Chinois ne sont pas
contents de la politique d'indépendance et de
souveraineté du Vietnam, a fortiori de la
solidarité entre les pays de l'Indochine... Ils ont
trouvé en le Vietnam, comme dans le bloc
d'unité (NDLR: mais de quoi parlent les Vietnamiens)
un obstacle majeur à leur plan
d'hégémonie dans le Sud-Est Asiatique".
L'outrecuidance a atteint son comble. Il faut quand
même avoir rejoint les sommets de l'ignominie
impérialiste pour faire de telle déclarations
alors qu'on est en train, l'histoire l'a prouvé, de
préparer, avec l'aide des soviétiques
l'invasion d'un pays.
Et d'annoncer
leur invasion: "Les pluies diluviennes entravant toutes
activités militaires d'envergure tirent à leur
fin. Novembre verra revenir la saison sèche.
Durant ces
derniers mois, l'armée de Phnom Penh a connu une
croissance rapide. Les troupes Kampuchéennes vont
intensifier leurs opérations en territoire
Vietnamien. Le Vietnam quant à lui, a achevé
la fortification de nombreux villages frontaliers et
installés des lignes de défense autour des
principaux centres. Il est concevable qu'il ne se contentera
pas d'adopter une attitude strictement défensive, car
en cette matière la "patience" a des limites et le
droit de poursuite est formellement admis par la loi
internationale. Face à un ennemi aussi sournois que
coriace, il ne pourra agir autrement qu'écraser ses
forces agressives et détruire leurs bases de
départ".
Dossier Kampuchea p 73
Pendant un
certain temps, le Vietnam, bénéficiant de son
passé de lutte contre l'impérialisme
américain a réussi à regrouper autour
de lui la grande majorité de l'opinion mondiale: les
Vietnamiens impérialistes, c'était incroyable.
Se joignant aux concert des voix réactionnaires
attaquant le Cambodge, les Vietnamiens avaient réussi
à l'isoler.
Des Anglais
et Américains à l'U.R.S.S. on n'entendait que
calomnies contre le Kampuchea Démocratique.
L'invitation de leng Sary faite à M. Kurt Waldheim
(président de l'ONU) à se rendre rapidement au
Cambodge pour voir de ses propres yeux si les accusations
étrangères contre le Kampuchea étaient
justifiées n'a pu se réaliser. Les Vietnamiens
avaient même réussi à rallier les Khmers
Serei (réactionnaires) à leur création
de toutes pièces le 3 décembre 78 de ce
gouvernement fantoche s'il en fut le FUNSK. Citons le
journal des Khmers Serei (SEREIKA)
"Depuis
quelques temps déjà, Hanoï encourage la
rébellion au Cambodge et met sur pied une
armée de libération du Kampuchea. La
création du FUNSK a pour but de doter la
résistance pro-Vietnamienne des organes politiques
qui lui manquaient. Il n'y a pas de doute que
derrière le FUNSK, il y a la main du Vietnam... Il
existe chez tous les Khmers, rouges ou pas, un sentiment
nationaliste très profond. Ce nationalisme ne perd
rien de sa substance à s'adapter aux circonstances du
moment que vit toujours en nous la volonté de rester
Khmers. C'est pourquoi il ne nous semble pas judicieux de
condamner sans appel ce FUNSK qui a le mérite
d'exister et apparemment les moyens de développer
alors qu'on ne voit pas pour le moment d'autres
possibilités sérieuses de renverser rapidement
le régime Pol Pot-Ieng Sary"
Sereika fin 78
Mais cet
unanimisme bien connu quant il s'agit d'écraser le
nouveau, les forces indépendantes, ce qu'on appelle
la collusion, n'a pas duré longtemps.
Le 12 Janvier
1978, jour de l'invasion, les affirmations des Cambodgiens
de 77 à 78 se sont avérées pour ce
qu'elles étaient des vérités.
Seule
l'U.R.S.S., les pays de l'Est, l'Ethiopie, l'Afghanistan et
Cuba ont reconnu le nouveau régime fantoche. La liste
en dit long d'ailleurs sur le
social-impérialisme.
Seule la
Roumanie, parmi les pays de l'Est, a pris une position
courageuse, une véritable position
d'indépendance, et malgré les mensonges
honteux des Vietnamiens. Qui n'a pas été
terrifié en entendant l'ambassadeur du Vietnam, le
jour même de l'invasion, affirmer que les Vietnamiens
n'étaient pour rien dans l'affaire ? Monsieur
Marchais et le P.C. F. Ça, on pouvait s'y attendre.
L'opinion française s'est suffisamment complu dans le
refus d'y voir clair et l'assentiment aux calomnies contre
le Cambodge pour que le P.C.F. se félicite de ce qui
s'était passé !
"Succès des patriotes Cambodgiens"
déclarait Paul Laurent. Mais il faut bien le dire, le
PCF, comme tous ceux qui soutiennent aujourd'hui les
Vietnamiens sont isolés.
Déjà, la résistance s'impose.
L'invasion était une opération-éclair
sur Phnom Penh et les villes. Et les dirigeants Cambodgiens
l'avait prévu et s'étaient
préparés à la situation. Nous devons
nous préparer à soutenir la résistance
de manière prolongée autour du mot d'ordre :
KAMPUCHEA VAINCRA !
Pour cela, il
faut bien s'unifier avant tout sur l'idée que la
lutte qu'a menée le peuple Khmer est une lutte qui a
pris en charge la lourde tâche de résister aux
deux hégémonismes. C'est par là une
lutte tout à fait nouvelle et qui dans la
période de tension mondiale qui est la notre,
s'avérera extrêmement ardue. Là-dessus
le peuple Cambodgien a tout à inventer. Qu'est-ce que
ça veut dire conquérir son indépendance
contre le social-impérialisme. On a vu qu'un des
problèmes posés aux Cambodgiens était
la difficulté d'unir le P.C.K. Son histoire toute
particulière de proximité contradictoire avec
le Vietnam ne rend pas la tâche facile.
Enfin, si du
point de vue de la guerre avec le Vietnam, les Cambodgiens
se sont fait aujourd'hui entendre, reste la campagne
mondiale orchestrée contre ce qui se passait à
l'intérieur du Cambodge. On ne peut soutenir la
résistance des Khmers Rouges de manière
durable sans aborder cette question. Encerclés de
toutes parts, dans leur lutte acharnée pour
l'indépendance, les Cambodgiens ont peut-être
été acculés à la terreur
révolutionnaire.
En tout
état de cause, il est impossible de fonder sur de
pareilles hypothèses quelque appréciation
politique que ce soit sur la révolution au Kampuchea.
L'histoire l'a
prouvée, la presse n'est qu'un tissu de mensonges.
Sihanouk avait été "assassiné".
Mandaté par le P.C.K. à l'ONU, on essaie de
lui faire dire des atrocités sur le Cambodge; somme
toute, à part son opposition au régime, peu
étonnante, il ne dit rien.
On a
"tué" Pol Pot, décidé que la Chine
l'avait condamné, enfin tout et n'importe quoi. Aussi
pour aborder l'étude de ce qui s'est passé au
Cambodge comme celle de la résistance aujourd'hui
ouverte, nous pensons qu'il faut partir du point de vue
suivant: le Parti Communiste du Kampuchea a mené le
peuple Cambodgien à la victoire contre
l'impérialisme américain, ensuite il ne s'est
jamais départi d'une ligne
anti-hégémonique d'indépendance. Cette
ligne a rencontré de nombreuses difficultés,
notamment l'invasion Vietnamienne, mais aussi à
l'intérieur des problèmes d'unité.
C'est ce que
nous nous proposons d'étudier afin de renforcer par
une compréhension des problèmes
rencontrés par la révolution Cambodgienne
notre ferme volonté à soutenir la
résistance qui déjà aujourd'hui se
lève.
BIBLIOGRAPHIE SOMMAIRE:
- "Vive le
17ème anniversaire de la fondation du Parti
Communiste du Kampuchea" discours prononcé par Pol
Pot le 30 Septembre 1977 (Editions Phnom Penh 1977)
- "Kampuchea
Démocratique. Livre noir sur l'agression
Vietnamienne" (Éditions Phnom Penh Septembre 1978)
- "Phnom Penh
libéré" Jérôme et Jocelyne
Steinbach (Éditions Sociales)
- "Cambodge: la
révolution de la forêt " François
Debré (Flammarion)
- Études
Vietnamiennes Dossiers Kampuchea I et II Hanoï 78
- Vietnam Info -
Décembre 78. Chine-Kampuchéa-Vietnam
- Publications
diverses du Kampuchea Démocratique
(déclarations, message.etc...)
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