.....
Dans ma première déclaration, j'ai
indiqué que j'évoquerai le problème de
l'idéologie, dont sont indissociables l'organisation
et le style d'un Parti communiste et de ses organismes
dirigeants.
Dans notre Comité
central, comme dans nos rangs à la base s'opposent
constamment l'idéologie de la petite-bourgeoisie et
l'idéologie prolétarienne.
Qu'est donc
l'idéologie prolétarienne ? C'est
l'idéologie qui se manifeste par l'attitude
consistant à se placer en toutes circonstances du
point de vue des intérêts de classe de la
classe ouvrière, sur des positions de lutte de
classe, en conservant toujours à l'esprit que
l'objectif final est la révolution sociale et que par
conséquent la stratégie reste fondée
par cet objectif final.
L'idéologie
petite-bourgeoise peut conduire un parti communiste à
devenir définitivement l'un de ces groupuscules
d'intellectuels bavards qui apparaissent
périodiquement sur la droite du Parti communiste
français pour disparaître quelques mois, voire
quelques années après.
Evidemment quand je parle
d'intellectuels bourgeois, c'est par opposition aux
intellectuels prolétariens, qui sont des militants
sachant parfaitement se situer sur les positions
idéologiques de la classe ouvrière et s'y
maintenir.
Notre Parti compte
actuellement un grand nombre d'intellectuels : certains sont
attirés par l'idéologie petite-bourgeoise,
d'autres restent fermement attachés à
l'idéologie prolétarienne, d'autres enfin sont
désorientés et
hésitants.
L'idéologie
petite-bourgeoise exerce des méfaits dans nos rangs
dans les domaines de l'organisation, du style de travail, et
bien entendu dans la détermination de la ligne
politique (point sur lequel je reviendrai dans une
contribution iltérieure). Les défauts
présents dans notre Parti ont déja
été critiqués dans d'autres Partis
communistes. Relisons donc le texte célèbre de
MAO Zedong "Contre le libéralisme", sans esprit
dogmatique, mais pour mieux réfléchir dans le
but constructif de corriger nos insuffisances:
CONTRE LE LIBERALISME
..... Nous sommes
pour la lutte idéologique positive, car elle
est l'arme qui assure l'unité à
l'intérieur du Parti et des groupements
révolutionnaires dans l'intérêt
de notre combat. Tout communiste et
révolutionnaire doit prendre cette arme en
main.
.....
Le libéralisme, lui, rejette la lutte
idéologique et préconise une entente
sans principe; il en résulte un style de
travail décadent et philistin qui, dans le
Parti et les groupements révolutionnaires,
conduit certaines organisations et certains membres
à la dégénérescence
politique.
.....
Le libéralisme se manifeste sous
diverses formes.
.....
On sait très bien que quelqu'un est
dans son tort, mais comme c'est une vieille
connaissance, un compatriote, un camarade
d'école, un ami intime, une personne
aimée, un ancien collègue ou
subordonné, on n'engage pas avec lui une
discussion sur les principes et on laisse aller les
choses par souci de maintenir la bonne entente et
l'amitié.
Ou bien, on ne fait qu'effleurer la
question au lieu de la trancher, afin de rester en
bons termes avec l'intéressé. Il en
résulte qu'on fait du tort à la
collectivité comme à celui-ci. C'est
une première forme de
libéralisme.
.....
On se livre, en privé, à des
critiques dont on n'assume pas la
responsabilité au lieu de s'employer
à faire des suggestions à
l'organisation. On ne dit rien aux gens en face, on
fait des cancans derrière leur dos; on se
tait à la réunion, on parle à
tort et à travers après. On se moque
du principe de la vie collective, on n'en fait
qu'à sa tête. C'est une
deuxième forme de
libéralisme.
.....
On se désintéresse
complètement de tout ce qui ne vous concerne
pas ; même si l'on sait très bien ce
qui ne va pas, on en parle le moins possible; en
homme sage, on se met à l'abri et on a pour
seul souci de n'être pas pris soi-même
en défaut. C'en est la troisième
forme.
.....
On n'obéit pas aux ordres, on place
ses opinions personnelles au-dessus de tout. On
n'attend que des égards de l'organisation et
on ne veut pas de sa discipline. C'en est la
quatrième forme.
.....
Au lieu de réfuter, de combattre les
opinions erronées dans
l'intérêt de l'union, du
progrès et du bon accomplissement du
travail, on lance des attaques personnelles, on
cherche querelle, on exhale son ressentiment, on
essaie de se venger. C'en est la cinquième
forme.
.....
On entend des opinions erronées sans
élever d'objection, on laisse même
passer des propos contre-révolutionnaires
sans les signaler: on les prend avec calme, comme
si de rien n'était. C'en est la
sixième forme.
.....
On se trouve avec les masses, mais on ne
fait pas de propagande, pas d'agitation, on ne
prend pas la parole, on ne s'informe pas, on ne
questionne pas, on n'a pas à cœur le sort du
peuple, on reste dans l'indifférence,
oubliant qu'on est un communiste et non un simple
particulier. C'en est la septième
forme.
.....
On voit quelqu'un commettre des actes
nuisibles aux intérêts des masses,
mais on n'en est pas indigné, on ne l'en
détourne pas, on ne l'en empêche pas,
on n'entreprend pas de l'éclairer sur ce
qu'il fait et on le laisse continuer. C'en est la
huitième forme.
.....
On ne travaille pas sérieusement mais
pour la forme, sans plan ni orientation,
cahin-caha: "Bonze, je sonne les cloches au jour le
jour". C'en est la neuvième forme.
.....
On croit avoir rendu des services à
la révolution et on se donne des airs de
vétéran; on est incapable de faire de
grandes choses, mais on dédaigne les
tâches mineures ; on se relâche dans le
travail et dans l'étude. C'en est la
dixième forme.
.....
On a commis des erreurs, on s'en rend
compte, mais on n'a pas envie de les corriger,
faisant preuve ainsi de libéralisme envers
soi-même. C'en est la onzième
forme.
.....
Nous pourrions en citer d'autres encore,
mais ces onze formes sont les principales.
.....
Elles sont toutes des manifestations du
libéralisme.
.....
Le libéralisme est extrêmement
nuisible dans les collectivités
révolutionnaires. C'est un corrosif qui
ronge l'unité, relâche les liens de
solidarité, engendre la passivité
dans le travail, crée des divergences
d'opinions. Il prive les rangs de la
révolution d'une organisation solide et
d'une discipline rigoureuse, empêche
l'application intégrale de la politique et
coupe les organisations du Parti des masses
populaires placées sous la direction du
Parti. C'est une tendance des plus
pernicieuses.
.....
Le libéralisme a pour cause
l'égoïsme de la petite bourgeoisie qui
met au premier plan les intérêts
personnels et relègue au second ceux de la
révolution; d'où ses manifestations
sur le plan idéologique, politique ainsi que
dans le domaine de l'organisation.
.....
Ceux qui sont imbus de libéralisme
considèrent les principes du marxisme comme
des dogmes abstraits. Ils approuvent le marxisme,
mais ne sont pas disposés à le mettre
en pratique ou à le mettre
intégralement en pratique; ils ne sont pas
disposés à remplacer leur
libéralisme par le marxisme. Ils ont fait
provision de l'un comme de l'autre: ils ont le
marxisme à la bouche, mais pratiquent le
libéralisme; ils appliquent le premier aux
autres, le second à eux-mêmes. Ils ont
les deux articles et chacun a son usage. Telle est
la façon de penser de certaines
gens.
.....
Le libéralisme est une manifestation
de l'opportunisme, il est en conflit radical avec
le marxisme. Il est négatif et aide en fait
l'ennemi, qui se réjouit de le voir se
maintenir parmi nous. Le libéralisme
étant ce qu'il est, il ne saurait avoir sa
place dans les rangs de la
révolution.
.....
Nous devons vaincre le libéralisme,
qui est négatif, par le marxisme, dont
l'esprit est positif. Un communiste doit être
franc et ouvert, dévoué et actif; il
placera les intérêts de la
révolution au-dessus de sa propre vie et
leur subordonnera ses intérêts
personnels. Il doit toujours et partout s'en tenir
fermement aux principes justes et mener une lutte
inlassable contre toute idée ou action
erronée, de manière à
consolider la vie collective du Parti et à
renforcer les liens de celui-ci avec les masses.
Enfin, il se souciera davantage du Parti et des
masses que de l'individu, il prendra soin des
autres plus que de lui-même. C'est seulement
ainsi qu'il méritera le nom de
communiste.
.....
Que tous les communistes loyaux,
honnêtes, actifs et droits s'unissent dans le
combat contre les tendances au libéralisme
qui se manifestent chez certaines gens, pour les
ramener dans le droit chemin ! C'est là une
de nos tâches sur le front
idéologique.
|
.....
Dans le cadre de la préparation du fameux
"Congrès spécial" prévu pour changer le
sigle du Parti début mai prochain, j'entends user
activement de la "lutte idéologique positive" et
j'appelle tous les camarades qui sont en désaccord
avec le principe même de la tenue de ce Congrès
vraiment très spécial à agir dans le
même sens, par des lettres, des résolutions,
des articles. Les opinions et avis de tous ceux qui
s'opposent à ce Congrès doivent être
portés à la connaissance de l'ensemble du
Parti dans les meilleurs délais, EN TEMPS SUFFISANT
à la réflexion individuelle et
collective.
..... Je
ne pense pas que les délais prévus soient
suffisants pour que l'on discute avec le sérieux
nécessaire. On est d'abord parti sur l'idée de
"changer de sigle" qui avait été
ajournée à juste raison lors du Vème
Congrès. Puis, devant les réactions
d'opposition ou de désaccord partiel qui se sont
manifestées, on a décidé de mettre
à l'ordre du jour du Congrès extraordinaire la
"fixation de la ligne pour les prochaines élections
législatives". Une simple Conférence
nationale, et même une session bien
préparée du Comité central,
précédée d'une discussion
démocratique dans tout le Parti, suffirait amplement
à cette tâche. Dans le meilleur des cas, les
militants de base recevront les textes du Comité
central pour le Congrès trois semaines avant sa tenue
!
Pour moi, ce délai
est très nettement insuffisant et ne peut que mener
à une instance bâclée, avec une
discussion partant dans tous les sens. Exactement ce contre
quoi j'ai mis en garde la Conférence nationale en
refusant de participer au vote décidant de proposer
la convocation du Congrès au Comité
central.
..... En
lisant la lettre du 26 novembre dernier adressée par
la cellule Pierre Semard du Nord à son CP et à
transmettre au Comité central, je constate qu'existe
dans nos rangs depuis plusieurs mois un courant de critique,
mais aussi de découragement, qui peut conduire
à la liquidation de notre Parti, comme je le
redoutais. Ces camarades ont raison de mettre en cause le
"libéralisme" ou "laisser-faire". Si je comprends
bien leur point de vue, il soulignent que le Parti faillit
à sa tâche vis-à-vis de la classe
ouvrière et, du coup, se marginalise.
Pourquoi Robert KISSOUS
a-t-il quitté notre Parti ? Il s'en est
expliqué lui-même et je souligne qu'il n'a plus
eu aucune confiance dans notre direction, parcequ'il ne s'y
reconnaissait absolument pas en tant qu'ouvrier communiste.
Deux camarades ouvriers de sa cellule l'ont suivi, ainsi
qu'une camarade femme. Voilà qui est très
grave et exige un examen de fond de nos erreurs, si l'on
entend rectifier à temps. Notre Parti est
passé complètement à côté
de la juste ligne prolétarienne dont il aurait
dû s'emparer à partir de 1981, pour
dénoncer devant les travailleurs la duperie de la
social-démocratie et le soutien qu'elle recevait du
Parti communiste français.
.....
Revenons à la raison réelle de ce
Congrès spécial : le changement de
sigle.
Un sigle ne peut que
correspondre à la ligne idéologique,
théorique et politique fondamentale d'une formation,
d'un Parti communiste. On ne me convaincra jamais que le
sigle de notre Parti peut se décider en fonction
d'une ligne CONJONCTURELLE fixée à l'occasion
d'élections. Je suis pleinement d'accord avec tous
les camarades qui proclament que le sigle correspond
à nos références fondamentales. Ces
références existent depuis notre
Congrès constitutif : elles ont été
confirmées par notre Vème
Congrès.
Le sigle du PCMLF a
été préparé pendant quatre
années ! Je dis bien : 4 ans ! Il est venu à
terme après une longue et profonde discussion pour
marquer la différence fondamentale qui existait entre
militant fidèles au marxisme-léninisme et le
Parti communiste français, dont la ligne
idéologique et politique rejetait
définitivement les principes révolutionnaires
du marxisme-léninisme. Je dis bien :
révolutionnaires, et non pas, comme l'affirment tous
les sociaux-démocrates, "dogmatiques". Le
marxisme-léninisme est un guide pour l'action, une
méthode à appliquer aux conditions
spécifiques d'un pays, d'un peuple et d'une
révolution. Et en aucune manière un dogme ou
une bible.
Le marxisme a
révélé la "lutte des classes".
Aurait-elle disparu de nos jours ?
Le léninisme a
inauguré la voie de la violence
révolutionnaire. Y aurait-il une autre voie possible
de nos jours ? (même si social-démocratie et
révisionnisme ont créé les conditions
concrètes d'un immense retrard dans l'accumulation
des forces de la Révolution, qui ne peut pas
être immédiatement à l'ordre du jour
actuellement)
Je ne discerne aucune
argumentation solide dans les propositions, si
variées soient-elle qui puisse fonder solidement un
nouveau sigle.
Le sigle "PCML", nous
dit-on, est mauvais. Est-ce là le handicap
PRINCIPAL de notre Parti ? Est-ce là ce qui
l'empêche de se développer ? Où bien ne
serait-ce pas plutôt de multiples autres raisons,
parmi lesquelles le flou de notre ligne variable et trop
souvent à la remorque des événements
politiques, et qui n'apporte pas grand chose de plus que ce
que proposaient PS et PCF à l'époque du
gouvernement Mauroy, ou PCF aujourd'hui ? Je dis "pas grand
chose de plus" et non point "rien de plus" parceque je tiens
compte de notre ligne internationale, juste pour
l'essentiel, alors que celles des PS et PCF sont
particulièrement critiquables et condamnables.
..... Le
contenu du premier numéro de "La Vie du Parti"
publié pour préparer ce Congrès
spécial atteste du fait qu'il sera probablement
impossible d'aboutir à l'unification de tous nos
camarades et organismes sur un sigle donné. Alors,
comment va-t-on régler cette contradiction ? En
imposant à une minorité éventuelle un
nouveau sigle ?
C'est là une grave
question pour une formation, qui porte ce sigle de PCML (ou
PCMLF) depuis décembre 1967, soit depuis 18 ans ! et
qui a pu se maintenir contre vents et marées,
malgré des difficultés immenses, des attaques
de toutes parts, et qui est connue sur le plan international
en tant que "marxiste-léniniste" sans que cela puisse
soulever la moindre confusion avec le PCF ou le PC
d'URSS.
Une raison de fond
pourrait justifier le changement de sigle : ce serait que
notre contradiction fondamentale d'origine avec le PCF se
soit infléchie, ou même qu'elle ait disparu.
Mais la stratégie du PCF demeure inchangée par
rapport aux années 1960 : c'est une stratégie
de "voie pacifique", alors que la stratégie de la
bourgeoisie capitaliste se manifeste constamment par une
violence de classe quotidienne. Les licenciements et autres
mesures antisociales ont-elles un autre caractère que
la violence de classe qui assure le maintien de la dictature
du capital ?
Le XXVème
Congrès du PCF n'a absolument pas modifié la
stratégie fixée antérieurement.
Même si ce Congrès à
décidé de remplacer la tactique de l'union de
la "gauche" aux sommets avec le PS par l'appel aux actions
des masses ouvrières et populaires (pour combien de
temps d'ailleurs ?), la stratégie du PCF demeure
ELECTORALISTE. Comme voie principale. Or,
s'il convient pour des communistes de livrer les batailles
des élections bourgeoises, en "démocratie
bourgeoise", celà ne doit pas, ne doit jamais
prévaloir sur le recours aux luttes de forme
révolutionnaire.
Qui me démontrera
que le PCF n'est plus "révisionniste"
?
Le PCF a-t-il
rectifié sa ligne pour que nous éprouvions le
besoin de ne plus nous démarquer fondamentalement
de lui ? Pour que, supprimant de notre sigle la
référence au marxisme-léninisme, nous
courrions le risque de laisser croire aux travailleurs que
le PCF est, lui aussi, porteur de la méthode, de
l'idéologie et de la théorie du marxisme,
enrichies d'abord par Lénine, puis par Mao. Ou bien
que seule l'URSS est réellement
marxiste-léniniste, ce qui constituerait une
imposture. Ces gens brandissent le drapeau
révolutionnaire du marxisme et bradent les acquis du
léninisme et de la pensée-maozedong pour mieux
en dénaturer les contenus. Et nous
considérerions devoir nous retirer pour "ne pas leur
ressembler" ? Quelle grave erreur stratégique et
tactique ne commettrions-nous pas !
Ai-je besoin de
préciser ici que je n'ai jamais confondu les
militants de base et même cadres intermédiaires
aussi bien du PCF que du PS, trompés, abusés
et bafoués par les lignes politiciennes de leurs
Partis respectifs, avec celles-ci. A leur égard il
importe de pratiquer la discussion et l'action sous le signe
de la lutte et de l'unité, sans jamais omettre la
lutte, car sans lutte ne peut jamais naître
l'unité.
..... Si
des camarades découvrent un meilleur sigle, qui
couvre intégralement la référence aux
fondements idéologiques et théoriques qui sont
les nôtres, je serais évidemment d'accord pour
l'accepter. Mais pour l'instant je n'en ai pas vu sortir un
seul. Quant au "renouveau" proposé par certains, il
s'agit du terme avancé par tous les groupes qui
depuis longtemps sont nés à la droite du PCF,
pour déboucher finalement au PS.
Je suis donc partisan d'un
RETOUR à l'idéologie et à la
méthode du socialisme scientifique, qui ont
été mis en oeuvre à certaines
époques, pas assez longtemps malheureusement, tant en
URSS, que dans les rangs du PCF. Pour celà nous ne
pouvons balancer dans la poubelle de l'Histoire les acquis
du marxisme, du léninisme et de la
pensée-maozedong sur le plan international comme sur
le plan français.
..... Je tiens pour gravement erronée la
décision de convoquer ce Congrès
extraordinaire. Je la juge même non statutaire, car
elle ne répond pas aux conditions exceptionnelles
visées par nos Statuts. Un Congrès où
par dessus le marché on ne procédera pas
à l'élection d'une nouvelle direction !
!...
La question de la
convocation de ce Congrès spécial constitue un
point culminant de la lutte entre deux lignes dans nos
rangs. C'est pourquoi il faut recourir à la lutte
idéologique positive.
Pour certains camarades,
la lutte de lignes n'existerait pas. Ou, si elle existait,
elle mettrait en péril l'unité du Parti, et,
pour éviter cette situation, il conviendrait de
recourir à la recherche de l'unité à
tout prix, par des compromis, par la
conciliation.
Voila un raisonnement que
je juge parfaitement contraire à la pensée
exprimée par Mao, tant dans son article "contre le
libéralisme" que dans "De la juste solution des
contradictions au sein du peuple". Les camarades partisans
de la conciliation sont évidemment sincères et
honnêtes, mais ils ont dans l'erreur. Si l'on
étouffait la discussion par la recherche
systématique de compromis, on aboutirait au
résultat opposé à celui qu'ils
recherchent en invoquant l'unité du Parti, ce serait
la cassure, la division qui conduirait à la
liquidation pure et simple du Parti.
Je suis opposé
également à la "lutte à outrance". Il
importe de dire clairement ce que l'on pense en se
référant le mieux possible à
l'idéologie prolétarienne.
La lutte
idéologique positive aboutit à faire
prévaloir une nouvelle unité politique,
supérieure à la précédente. Elle
est exactement l'inverse de l'attitude dont le XXVème
Congrès du PCF vient de fournir, une illustration
dépourvue d'ambiguité.
La lutte
idéologique positive pour une ligne juste doit
être menée jusqu'à son
terme.
Or, je l'ai déja
indiqué, depuis la 3ème session de nore
Comité central issu du IVème Congrès,
notre Parti a commis différentes erreurs qu'il faut
relever, critiquer, autocritiquer et corriger. Si nous ne
nous engageons pas dans la voie des rectifications
indispensables, notre Parti courra à sa liquidation.
Il ne restera plus qu'à repartir de zéro,
comme nous l'avons déja fait en 1963 !
.....
Dans "Contre le libéralisme", Mao indique : " On se
livre, en privé, à des critiques" Ce sont
là des défauts qui existent actuellement dans
nos rangs. Les exemples sont nombreux. De même
nombreux sont les cas où "l'on se moque du principe
de la vie collective, on n'en fait qu'à sa
tête...". Je ne fournirai que quelques exemples, non
pour faire des attaques personnelles (je ne citerai aucun
nom), mais pour intervenir sur le plan
idéologique.
........... - Au niveau du Comité central par
exemple, j'entends régulièrement de justes
critiques concernant le style de travail et de direction de
certains camarades dirigeants.
Bien. Mais quand en
session du Comité central, j'avance pour ma part des
remarques allant dans le même sens, on ne souffle mot,
on laisse faire quoiqu'on pense. C'est là un
comportement érroné, qui ne peut que conduire
à la dégénérescence du Parti,
à sa transformation en groupe où la critique
est bannis, un peu sur le modèle du PCF. C'est un
défaut imputable au
libéralisme.
........... - En 1971, le Parti a crée les
"Editions du Centenaire de la Commune de Paris", devenues
depuis lors les "Editions du Centenaire". A l'occasion de la
discussion sur le rapport financier présenté
lors de la dernière session du CC et
communiqué dans la Vie du Parti, j'ai entendu
déclarer (j'ai aussitôt pris en note) : "Il y a
plusieurs années que les Editions ne dépendent
plus du Parti." Stupéfaction de ma
part.
Je pose donc la question
qui intéresse tout le Parti : "Quel organisme du
Parti a pris cette décision ?" Et j'ajoute comme
question subsidiaire : "Alors, de qui dépendent les
Editions du Centenaire ? Qui en a donc la
propriété, individuelle ou sociale ? Et qui en
assume le gestion, si ce n'est pas le Parti ?" Voila des
questions qui me tiennent à coeur, dans la mesure
où j'ai moi-même naguêre
réglé certaines dispositions extêmement
profitables à cette maison d'Editions il y a quelques
années en tant que Secrétaire
général. Chacun sait aussi, je suppose, que de
tout temps j'ai abandonné aux Editions mes droits
d'auteur, pensant qu'elles dépendaient du Parti
!
Il parait qu'on a aussi
trouvé de généreux prêteurs de
fonds pour assurer le transfert de la librairie, pour 20
millions d'anciens francs. Cela concerne-t-il le Parti ou
non ? Le Comité central pourrait-il savoir ce qu'il
en est. Qui sont ces bailleurs de fonds et quelles sont les
conditions de leur prêt ? Il me semble qu'il y a
là pour le moins un aspect idéologique qu'il
importe de respecter sur le plan
organisationnel.
........... - "On n'en fait qu'à sa tête..."
C'est vrai et ce n'est pas forcément la faute des
camarades dont les activités et positions sont
soustraites au controle politique du Parti.
Puisque je viens de parler
finances, je tiens à répéter mon
exigence d'une Commission centrale de contrôle
financier. Car, contrairement à ce qui se passe dans
toute organisation politique ou associative, le PCML n'a pas
le moindre controle financier, ni Commissaires aux
comptes.
Loin de moi l'idée
d'accuser qui que ce soit de malversations de
trésorerie. Mais par contre, étant
moi-même par la profession que j'ai exercée
pendant vingt ans, expert fiscal en même temps que
vérificateur financier, je suis en mesure d'affirmer
le caractère incompétent de notre gestion
financière depuis des années.
Des dépenses
considérables qui pouvaient être
supprimées depuis longtemps nous ont
complètement dépouillés de moyens
matériels pourtant indispensables.
Sait-on par exemple,
qu'avec des effectifs proches de ceux d'aujourd'hui,
à l'époque de la Fédération des
cercles marxistes-léninistes, puis du Mouvement
communiste français marxiste-léniniste, nous
nous contentions d'un nombre de permanents très
inférieur ?
Nous nous appuyions
à cette période sur les activités
soutenues de camarades qui poursuivaient leurs
activités professionnelles. Nous avons trop de
permanents et cela constitue une charge que
d'évidence notre Parti ne peut plus supporter. Du
moins pour des effectifs qui doivent se situer entre 300 et
400 adhérents cotisants.
........... - On n'en fait qu'à sa tête...
Bien sûr, consultez le bulletin "La lettre du PCML"
édité dans le Nord, qui a annoncé sans
sourciller l'abandon du sigle PCML, comme si la
décision avait été prise et comme s'il
n'y avait pas justement sur cette question un débat
démocratique en cours dans nos rangs.
Quant aux activités
de nos camarades dans les associations de masse, là
c'est un choeur de cacophonie extraordinaire. Sans aucune
direction centrale, et sans aucune discussion
démocratique préalable. On est en plein
vertige libéraliste ! Voyez les positions
adoptées par des adhérents du Parti au sein
des organismes du plus haut niveau des AAFC. Ou bien les
attitudes divergentes ou différentes de camarades
dans les Congrès d'associations comme les AAFC ou le
MRAP, et d'autres.
CONCLUSION
Je demande au Comité central de
réexaminer le principe même de la convocation
de ce Congrès spécial, en vue de faire son
autocritique et de l'annuler afin d'éviter la
dislocation de nos modestes forces. La question du sigle ne
peut être réglée d'une manière
aussi peu sérieuse.
.... Par contre je propose de remplacer l'instance
prévue par une Conférence nationale qui aurait
à son ordre du jour la fixation de la ligne du Parti
pour la période à venir et notamment pour les
Elections législatives de 1986.
Si le Comité
central s'opposait à mes propositions
majoritairement, je demande que le Congrès soit
préparé pour la rentrée de
septembre-octobre 1985, qu'il comporte un ordre du jour
normal pour un Congrès assorti comme d'habitude de
l'élection d'un nouveau Comité central.
... ... ... ... ... ... ... ... ...
... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ...
... ... ... ... ... 23 mars
1985
|