la lutte idéologique au sein du PCML de 1985 à 1986

2- SECONDE CONTRIBUTION DU CAMARADE JACQUES JURQUET -23 MARS 1985-

 

..... Dans ma première déclaration, j'ai indiqué que j'évoquerai le problème de l'idéologie, dont sont indissociables l'organisation et le style d'un Parti communiste et de ses organismes dirigeants.
Dans notre Comité central, comme dans nos rangs à la base s'opposent constamment l'idéologie de la petite-bourgeoisie et l'idéologie prolétarienne.
Qu'est donc l'idéologie prolétarienne ? C'est l'idéologie qui se manifeste par l'attitude consistant à se placer en toutes circonstances du point de vue des intérêts de classe de la classe ouvrière, sur des positions de lutte de classe, en conservant toujours à l'esprit que l'objectif final est la révolution sociale et que par conséquent la stratégie reste fondée par cet objectif final.
L'idéologie petite-bourgeoise peut conduire un parti communiste à devenir définitivement l'un de ces groupuscules d'intellectuels bavards qui apparaissent périodiquement sur la droite du Parti communiste français pour disparaître quelques mois, voire quelques années après.
Evidemment quand je parle d'intellectuels bourgeois, c'est par opposition aux intellectuels prolétariens, qui sont des militants sachant parfaitement se situer sur les positions idéologiques de la classe ouvrière et s'y maintenir.
Notre Parti compte actuellement un grand nombre d'intellectuels : certains sont attirés par l'idéologie petite-bourgeoise, d'autres restent fermement attachés à l'idéologie prolétarienne, d'autres enfin sont désorientés et hésitants.
L'idéologie petite-bourgeoise exerce des méfaits dans nos rangs dans les domaines de l'organisation, du style de travail, et bien entendu dans la détermination de la ligne politique (point sur lequel je reviendrai dans une contribution iltérieure). Les défauts présents dans notre Parti ont déja été critiqués dans d'autres Partis communistes. Relisons donc le texte célèbre de MAO Zedong "Contre le libéralisme", sans esprit dogmatique, mais pour mieux réfléchir dans le but constructif de corriger nos insuffisances: 

CONTRE LE LIBERALISME

..... Nous sommes pour la lutte idéologique positive, car elle est l'arme qui assure l'unité à l'intérieur du Parti et des groupements révolutionnaires dans l'intérêt de notre combat. Tout communiste et révolutionnaire doit prendre cette arme en main.
..... Le libéralisme, lui, rejette la lutte idéologique et préconise une entente sans principe; il en résulte un style de travail décadent et philistin qui, dans le Parti et les groupements révolutionnaires, conduit certaines organisations et certains membres à la dégénérescence politique.
..... Le libéralisme se manifeste sous diverses formes.
..... On sait très bien que quelqu'un est dans son tort, mais comme c'est une vieille connaissance, un compatriote, un camarade d'école, un ami intime, une personne aimée, un ancien collègue ou subordonné, on n'engage pas avec lui une discussion sur les principes et on laisse aller les choses par souci de maintenir la bonne entente et l'amitié.
Ou bien, on ne fait qu'effleurer la question au lieu de la trancher, afin de rester en bons termes avec l'intéressé. Il en résulte qu'on fait du tort à la collectivité comme à celui-ci. C'est une première forme de libéralisme.
..... On se livre, en privé, à des critiques dont on n'assume pas la responsabilité au lieu de s'employer à faire des suggestions à l'organisation. On ne dit rien aux gens en face, on fait des cancans derrière leur dos; on se tait à la réunion, on parle à tort et à travers après. On se moque du principe de la vie collective, on n'en fait qu'à sa tête. C'est une deuxième forme de libéralisme.
..... On se désintéresse complètement de tout ce qui ne vous concerne pas ; même si l'on sait très bien ce qui ne va pas, on en parle le moins possible; en homme sage, on se met à l'abri et on a pour seul souci de n'être pas pris soi-même en défaut. C'en est la troisième forme.
..... On n'obéit pas aux ordres, on place ses opinions personnelles au-dessus de tout. On n'attend que des égards de l'organisation et on ne veut pas de sa discipline. C'en est la quatrième forme.
..... Au lieu de réfuter, de combattre les opinions erronées dans l'intérêt de l'union, du progrès et du bon accomplissement du travail, on lance des attaques personnelles, on cherche querelle, on exhale son ressentiment, on essaie de se venger. C'en est la cinquième forme.
..... On entend des opinions erronées sans élever d'objection, on laisse même passer des propos contre-révolutionnaires sans les signaler: on les prend avec calme, comme si de rien n'était. C'en est la sixième forme.
..... On se trouve avec les masses, mais on ne fait pas de propagande, pas d'agitation, on ne prend pas la parole, on ne s'informe pas, on ne questionne pas, on n'a pas à cœur le sort du peuple, on reste dans l'indifférence, oubliant qu'on est un communiste et non un simple particulier. C'en est la septième forme.
..... On voit quelqu'un commettre des actes nuisibles aux intérêts des masses, mais on n'en est pas indigné, on ne l'en détourne pas, on ne l'en empêche pas, on n'entreprend pas de l'éclairer sur ce qu'il fait et on le laisse continuer. C'en est la huitième forme.
..... On ne travaille pas sérieusement mais pour la forme, sans plan ni orientation, cahin-caha: "Bonze, je sonne les cloches au jour le jour". C'en est la neuvième forme.
..... On croit avoir rendu des services à la révolution et on se donne des airs de vétéran; on est incapable de faire de grandes choses, mais on dédaigne les tâches mineures ; on se relâche dans le travail et dans l'étude. C'en est la dixième forme.
..... On a commis des erreurs, on s'en rend compte, mais on n'a pas envie de les corriger, faisant preuve ainsi de libéralisme envers soi-même. C'en est la onzième forme.
..... Nous pourrions en citer d'autres encore, mais ces onze formes sont les principales.
..... Elles sont toutes des manifestations du libéralisme.
..... Le libéralisme est extrêmement nuisible dans les collectivités révolutionnaires. C'est un corrosif qui ronge l'unité, relâche les liens de solidarité, engendre la passivité dans le travail, crée des divergences d'opinions. Il prive les rangs de la révolution d'une organisation solide et d'une discipline rigoureuse, empêche l'application intégrale de la politique et coupe les organisations du Parti des masses populaires placées sous la direction du Parti. C'est une tendance des plus pernicieuses.
..... Le libéralisme a pour cause l'égoïsme de la petite bourgeoisie qui met au premier plan les intérêts personnels et relègue au second ceux de la révolution; d'où ses manifestations sur le plan idéologique, politique ainsi que dans le domaine de l'organisation.
..... Ceux qui sont imbus de libéralisme considèrent les principes du marxisme comme des dogmes abstraits. Ils approuvent le marxisme, mais ne sont pas disposés à le mettre en pratique ou à le mettre intégralement en pratique; ils ne sont pas disposés à remplacer leur libéralisme par le marxisme. Ils ont fait provision de l'un comme de l'autre: ils ont le marxisme à la bouche, mais pratiquent le libéralisme; ils appliquent le premier aux autres, le second à eux-mêmes. Ils ont les deux articles et chacun a son usage. Telle est la façon de penser de certaines gens.
..... Le libéralisme est une manifestation de l'opportunisme, il est en conflit radical avec le marxisme. Il est négatif et aide en fait l'ennemi, qui se réjouit de le voir se maintenir parmi nous. Le libéralisme étant ce qu'il est, il ne saurait avoir sa place dans les rangs de la révolution.
..... Nous devons vaincre le libéralisme, qui est négatif, par le marxisme, dont l'esprit est positif. Un communiste doit être franc et ouvert, dévoué et actif; il placera les intérêts de la révolution au-dessus de sa propre vie et leur subordonnera ses intérêts personnels. Il doit toujours et partout s'en tenir fermement aux principes justes et mener une lutte inlassable contre toute idée ou action erronée, de manière à consolider la vie collective du Parti et à renforcer les liens de celui-ci avec les masses. Enfin, il se souciera davantage du Parti et des masses que de l'individu, il prendra soin des autres plus que de lui-même. C'est seulement ainsi qu'il méritera le nom de communiste.
..... Que tous les communistes loyaux, honnêtes, actifs et droits s'unissent dans le combat contre les tendances au libéralisme qui se manifestent chez certaines gens, pour les ramener dans le droit chemin ! C'est là une de nos tâches sur le front idéologique.

..... Dans le cadre de la préparation du fameux "Congrès spécial" prévu pour changer le sigle du Parti début mai prochain, j'entends user activement de la "lutte idéologique positive" et j'appelle tous les camarades qui sont en désaccord avec le principe même de la tenue de ce Congrès vraiment très spécial à agir dans le même sens, par des lettres, des résolutions, des articles. Les opinions et avis de tous ceux qui s'opposent à ce Congrès doivent être portés à la connaissance de l'ensemble du Parti dans les meilleurs délais, EN TEMPS SUFFISANT à la réflexion individuelle et collective.

..... Je ne pense pas que les délais prévus soient suffisants pour que l'on discute avec le sérieux nécessaire. On est d'abord parti sur l'idée de "changer de sigle" qui avait été ajournée à juste raison lors du Vème Congrès. Puis, devant les réactions d'opposition ou de désaccord partiel qui se sont manifestées, on a décidé de mettre à l'ordre du jour du Congrès extraordinaire la "fixation de la ligne pour les prochaines élections législatives". Une simple Conférence nationale, et même une session bien préparée du Comité central, précédée d'une discussion démocratique dans tout le Parti, suffirait amplement à cette tâche. Dans le meilleur des cas, les militants de base recevront les textes du Comité central pour le Congrès trois semaines avant sa tenue !
Pour moi, ce délai est très nettement insuffisant et ne peut que mener à une instance bâclée, avec une discussion partant dans tous les sens. Exactement ce contre quoi j'ai mis en garde la Conférence nationale en refusant de participer au vote décidant de proposer la convocation du Congrès au Comité central.

..... En lisant la lettre du 26 novembre dernier adressée par la cellule Pierre Semard du Nord à son CP et à transmettre au Comité central, je constate qu'existe dans nos rangs depuis plusieurs mois un courant de critique, mais aussi de découragement, qui peut conduire à la liquidation de notre Parti, comme je le redoutais. Ces camarades ont raison de mettre en cause le "libéralisme" ou "laisser-faire". Si je comprends bien leur point de vue, il soulignent que le Parti faillit à sa tâche vis-à-vis de la classe ouvrière et, du coup, se marginalise.
Pourquoi Robert KISSOUS a-t-il quitté notre Parti ? Il s'en est expliqué lui-même et je souligne qu'il n'a plus eu aucune confiance dans notre direction, parcequ'il ne s'y reconnaissait absolument pas en tant qu'ouvrier communiste. Deux camarades ouvriers de sa cellule l'ont suivi, ainsi qu'une camarade femme. Voilà qui est très grave et exige un examen de fond de nos erreurs, si l'on entend rectifier à temps. Notre Parti est passé complètement à côté de la juste ligne prolétarienne dont il aurait dû s'emparer à partir de 1981, pour dénoncer devant les travailleurs la duperie de la social-démocratie et le soutien qu'elle recevait du Parti communiste français.

..... Revenons à la raison réelle de ce Congrès spécial : le changement de sigle.
Un sigle ne peut que correspondre à la ligne idéologique, théorique et politique fondamentale d'une formation, d'un Parti communiste. On ne me convaincra jamais que le sigle de notre Parti peut se décider en fonction d'une ligne CONJONCTURELLE fixée à l'occasion d'élections. Je suis pleinement d'accord avec tous les camarades qui proclament que le sigle correspond à nos références fondamentales. Ces références existent depuis notre Congrès constitutif : elles ont été confirmées par notre Vème Congrès.
Le sigle du PCMLF a été préparé pendant quatre années ! Je dis bien : 4 ans ! Il est venu à terme après une longue et profonde discussion pour marquer la différence fondamentale qui existait entre militant fidèles au marxisme-léninisme et le Parti communiste français, dont la ligne idéologique et politique rejetait définitivement les principes révolutionnaires du marxisme-léninisme. Je dis bien : révolutionnaires, et non pas, comme l'affirment tous les sociaux-démocrates, "dogmatiques". Le marxisme-léninisme est un guide pour l'action, une méthode à appliquer aux conditions spécifiques d'un pays, d'un peuple et d'une révolution. Et en aucune manière un dogme ou une bible.
Le marxisme a révélé la "lutte des classes". Aurait-elle disparu de nos jours ?
Le léninisme a inauguré la voie de la violence révolutionnaire. Y aurait-il une autre voie possible de nos jours ? (même si social-démocratie et révisionnisme ont créé les conditions concrètes d'un immense retrard dans l'accumulation des forces de la Révolution, qui ne peut pas être immédiatement à l'ordre du jour actuellement)
Je ne discerne aucune argumentation solide dans les propositions, si variées soient-elle qui puisse fonder solidement un nouveau sigle.
Le sigle "PCML", nous dit-on, est mauvais. Est-ce là le handicap PRINCIPAL de notre Parti ? Est-ce là ce qui l'empêche de se développer ? Où bien ne serait-ce pas plutôt de multiples autres raisons, parmi lesquelles le flou de notre ligne variable et trop souvent à la remorque des événements politiques, et qui n'apporte pas grand chose de plus que ce que proposaient PS et PCF à l'époque du gouvernement Mauroy, ou PCF aujourd'hui ? Je dis "pas grand chose de plus" et non point "rien de plus" parceque je tiens compte de notre ligne internationale, juste pour l'essentiel, alors que celles des PS et PCF sont particulièrement critiquables et condamnables.

..... Le contenu du premier numéro de "La Vie du Parti" publié pour préparer ce Congrès spécial atteste du fait qu'il sera probablement impossible d'aboutir à l'unification de tous nos camarades et organismes sur un sigle donné. Alors, comment va-t-on régler cette contradiction ? En imposant à une minorité éventuelle un nouveau sigle ?
C'est là une grave question pour une formation, qui porte ce sigle de PCML (ou PCMLF) depuis décembre 1967, soit depuis 18 ans ! et qui a pu se maintenir contre vents et marées, malgré des difficultés immenses, des attaques de toutes parts, et qui est connue sur le plan international en tant que "marxiste-léniniste" sans que cela puisse soulever la moindre confusion avec le PCF ou le PC d'URSS.
Une raison de fond pourrait justifier le changement de sigle : ce serait que notre contradiction fondamentale d'origine avec le PCF se soit infléchie, ou même qu'elle ait disparu. Mais la stratégie du PCF demeure inchangée par rapport aux années 1960 : c'est une stratégie de "voie pacifique", alors que la stratégie de la bourgeoisie capitaliste se manifeste constamment par une violence de classe quotidienne. Les licenciements et autres mesures antisociales ont-elles un autre caractère que la violence de classe qui assure le maintien de la dictature du capital ?
Le XXVème Congrès du PCF n'a absolument pas modifié la stratégie fixée antérieurement. Même si ce Congrès à décidé de remplacer la tactique de l'union de la "gauche" aux sommets avec le PS par l'appel aux actions des masses ouvrières et populaires (pour combien de temps d'ailleurs ?), la stratégie du PCF demeure ELECTORALISTE. Comme voie principale. Or, s'il convient pour des communistes de livrer les batailles des élections bourgeoises, en "démocratie bourgeoise", celà ne doit pas, ne doit jamais prévaloir sur le recours aux luttes de forme révolutionnaire.
Qui me démontrera que le PCF n'est plus "révisionniste" ?
Le PCF a-t-il rectifié sa ligne pour que nous éprouvions le besoin de ne plus nous démarquer fondamentalement de lui ? Pour que, supprimant de notre sigle la référence au marxisme-léninisme, nous courrions le risque de laisser croire aux travailleurs que le PCF est, lui aussi, porteur de la méthode, de l'idéologie et de la théorie du marxisme, enrichies d'abord par Lénine, puis par Mao. Ou bien que seule l'URSS est réellement marxiste-léniniste, ce qui constituerait une imposture. Ces gens brandissent le drapeau révolutionnaire du marxisme et bradent les acquis du léninisme et de la pensée-maozedong pour mieux en dénaturer les contenus. Et nous considérerions devoir nous retirer pour "ne pas leur ressembler" ? Quelle grave erreur stratégique et tactique ne commettrions-nous pas !
Ai-je besoin de préciser ici que je n'ai jamais confondu les militants de base et même cadres intermédiaires aussi bien du PCF que du PS, trompés, abusés et bafoués par les lignes politiciennes de leurs Partis respectifs, avec celles-ci. A leur égard il importe de pratiquer la discussion et l'action sous le signe de la lutte et de l'unité, sans jamais omettre la lutte, car sans lutte ne peut jamais naître l'unité.

..... Si des camarades découvrent un meilleur sigle, qui couvre intégralement la référence aux fondements idéologiques et théoriques qui sont les nôtres, je serais évidemment d'accord pour l'accepter. Mais pour l'instant je n'en ai pas vu sortir un seul. Quant au "renouveau" proposé par certains, il s'agit du terme avancé par tous les groupes qui depuis longtemps sont nés à la droite du PCF, pour déboucher finalement au PS.
Je suis donc partisan d'un RETOUR à l'idéologie et à la méthode du socialisme scientifique, qui ont été mis en oeuvre à certaines époques, pas assez longtemps malheureusement, tant en URSS, que dans les rangs du PCF. Pour celà nous ne pouvons balancer dans la poubelle de l'Histoire les acquis du marxisme, du léninisme et de la pensée-maozedong sur le plan international comme sur le plan français.
..... Je tiens pour gravement erronée la décision de convoquer ce Congrès extraordinaire. Je la juge même non statutaire, car elle ne répond pas aux conditions exceptionnelles visées par nos Statuts. Un Congrès où par dessus le marché on ne procédera pas à l'élection d'une nouvelle direction ! !...
La question de la convocation de ce Congrès spécial constitue un point culminant de la lutte entre deux lignes dans nos rangs. C'est pourquoi il faut recourir à la lutte idéologique positive.
Pour certains camarades, la lutte de lignes n'existerait pas. Ou, si elle existait, elle mettrait en péril l'unité du Parti, et, pour éviter cette situation, il conviendrait de recourir à la recherche de l'unité à tout prix, par des compromis, par la conciliation.
Voila un raisonnement que je juge parfaitement contraire à la pensée exprimée par Mao, tant dans son article "contre le libéralisme" que dans "De la juste solution des contradictions au sein du peuple". Les camarades partisans de la conciliation sont évidemment sincères et honnêtes, mais ils ont dans l'erreur. Si l'on étouffait la discussion par la recherche systématique de compromis, on aboutirait au résultat opposé à celui qu'ils recherchent en invoquant l'unité du Parti, ce serait la cassure, la division qui conduirait à la liquidation pure et simple du Parti.
Je suis opposé également à la "lutte à outrance". Il importe de dire clairement ce que l'on pense en se référant le mieux possible à l'idéologie prolétarienne.
La lutte idéologique positive aboutit à faire prévaloir une nouvelle unité politique, supérieure à la précédente. Elle est exactement l'inverse de l'attitude dont le XXVème Congrès du PCF vient de fournir, une illustration dépourvue d'ambiguité.
La lutte idéologique positive pour une ligne juste doit être menée jusqu'à son terme.
Or, je l'ai déja indiqué, depuis la 3ème session de nore Comité central issu du IVème Congrès, notre Parti a commis différentes erreurs qu'il faut relever, critiquer, autocritiquer et corriger. Si nous ne nous engageons pas dans la voie des rectifications indispensables, notre Parti courra à sa liquidation. Il ne restera plus qu'à repartir de zéro, comme nous l'avons déja fait en 1963 !

..... Dans "Contre le libéralisme", Mao indique : " On se livre, en privé, à des critiques" Ce sont là des défauts qui existent actuellement dans nos rangs. Les exemples sont nombreux. De même nombreux sont les cas où "l'on se moque du principe de la vie collective, on n'en fait qu'à sa tête...". Je ne fournirai que quelques exemples, non pour faire des attaques personnelles (je ne citerai aucun nom), mais pour intervenir sur le plan idéologique.
........... - Au niveau du Comité central par exemple, j'entends régulièrement de justes critiques concernant le style de travail et de direction de certains camarades dirigeants.
Bien. Mais quand en session du Comité central, j'avance pour ma part des remarques allant dans le même sens, on ne souffle mot, on laisse faire quoiqu'on pense. C'est là un comportement érroné, qui ne peut que conduire à la dégénérescence du Parti, à sa transformation en groupe où la critique est bannis, un peu sur le modèle du PCF. C'est un défaut imputable au libéralisme.
........... - En 1971, le Parti a crée les "Editions du Centenaire de la Commune de Paris", devenues depuis lors les "Editions du Centenaire". A l'occasion de la discussion sur le rapport financier présenté lors de la dernière session du CC et communiqué dans la Vie du Parti, j'ai entendu déclarer (j'ai aussitôt pris en note) : "Il y a plusieurs années que les Editions ne dépendent plus du Parti." Stupéfaction de ma part.
Je pose donc la question qui intéresse tout le Parti : "Quel organisme du Parti a pris cette décision ?" Et j'ajoute comme question subsidiaire : "Alors, de qui dépendent les Editions du Centenaire ? Qui en a donc la propriété, individuelle ou sociale ? Et qui en assume le gestion, si ce n'est pas le Parti ?" Voila des questions qui me tiennent à coeur, dans la mesure où j'ai moi-même naguêre réglé certaines dispositions extêmement profitables à cette maison d'Editions il y a quelques années en tant que Secrétaire général. Chacun sait aussi, je suppose, que de tout temps j'ai abandonné aux Editions mes droits d'auteur, pensant qu'elles dépendaient du Parti !
Il parait qu'on a aussi trouvé de généreux prêteurs de fonds pour assurer le transfert de la librairie, pour 20 millions d'anciens francs. Cela concerne-t-il le Parti ou non ? Le Comité central pourrait-il savoir ce qu'il en est. Qui sont ces bailleurs de fonds et quelles sont les conditions de leur prêt ? Il me semble qu'il y a là pour le moins un aspect idéologique qu'il importe de respecter sur le plan organisationnel.
........... - "On n'en fait qu'à sa tête..." C'est vrai et ce n'est pas forcément la faute des camarades dont les activités et positions sont soustraites au controle politique du Parti.
Puisque je viens de parler finances, je tiens à répéter mon exigence d'une Commission centrale de contrôle financier. Car, contrairement à ce qui se passe dans toute organisation politique ou associative, le PCML n'a pas le moindre controle financier, ni Commissaires aux comptes.
Loin de moi l'idée d'accuser qui que ce soit de malversations de trésorerie. Mais par contre, étant moi-même par la profession que j'ai exercée pendant vingt ans, expert fiscal en même temps que vérificateur financier, je suis en mesure d'affirmer le caractère incompétent de notre gestion financière depuis des années.
Des dépenses considérables qui pouvaient être supprimées depuis longtemps nous ont complètement dépouillés de moyens matériels pourtant indispensables.
Sait-on par exemple, qu'avec des effectifs proches de ceux d'aujourd'hui, à l'époque de la Fédération des cercles marxistes-léninistes, puis du Mouvement communiste français marxiste-léniniste, nous nous contentions d'un nombre de permanents très inférieur ?
Nous nous appuyions à cette période sur les activités soutenues de camarades qui poursuivaient leurs activités professionnelles. Nous avons trop de permanents et cela constitue une charge que d'évidence notre Parti ne peut plus supporter. Du moins pour des effectifs qui doivent se situer entre 300 et 400 adhérents cotisants.
........... - On n'en fait qu'à sa tête... Bien sûr, consultez le bulletin "La lettre du PCML" édité dans le Nord, qui a annoncé sans sourciller l'abandon du sigle PCML, comme si la décision avait été prise et comme s'il n'y avait pas justement sur cette question un débat démocratique en cours dans nos rangs.
Quant aux activités de nos camarades dans les associations de masse, là c'est un choeur de cacophonie extraordinaire. Sans aucune direction centrale, et sans aucune discussion démocratique préalable. On est en plein vertige libéraliste ! Voyez les positions adoptées par des adhérents du Parti au sein des organismes du plus haut niveau des AAFC. Ou bien les attitudes divergentes ou différentes de camarades dans les Congrès d'associations comme les AAFC ou le MRAP, et d'autres.

CONCLUSION

Je demande au Comité central de réexaminer le principe même de la convocation de ce Congrès spécial, en vue de faire son autocritique et de l'annuler afin d'éviter la dislocation de nos modestes forces. La question du sigle ne peut être réglée d'une manière aussi peu sérieuse.
.... Par contre je propose de remplacer l'instance prévue par une Conférence nationale qui aurait à son ordre du jour la fixation de la ligne du Parti pour la période à venir et notamment pour les Elections législatives de 1986.
Si le Comité central s'opposait à mes propositions majoritairement, je demande que le Congrès soit préparé pour la rentrée de septembre-octobre 1985, qu'il comporte un ordre du jour normal pour un Congrès assorti comme d'habitude de l'élection d'un nouveau Comité central.

... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... 23 mars 1985 

 

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