N°82 -Jeudi 3 décembre 1970-


HEBDOMADAIRE D'INFORMATIONS ET D'ETUDES
MARXISTE-LENINISTE
AU SERVICE DES LUTTES DES OUVRIERS, PAYSANS ET INTELLECTUELS

 

DECEMBRE 1920 -DECEMBRE 1970

CINQUANTE ANS APRÈS
LE CONGRÈS DE TOURS…

.....Née de la Révolution d'octobre 1917, la IIIe Internationale tint son congrès constitutif à Moscou du 2 au 6 mars 1919. Mais ce fut seulement à son deuxième Congrès que Lénine formula les thèses qui devaient en fournir les fondements : le 6 août 1920 furent adoptées sur sa proposition les " 21 conditions d'admission des Partis dans l'Internationale communiste ". Deux délégués français désignés à Strasbourg en janvier 1920 lors d'un Congrès tenu par le Parti Socialiste affilié à la IIe Internationale avaient été invités à participer aux débats avec voix consultative : Cachin et Frossard (1). Ils envoyèrent à leur Parti un télégramme où ils indiquaient notamment " personnellement, nous pensons l'adhésion nécessaire. " De son côté le Comité exécutif de l'Internationale adressa le 26 juillet un message " A tous les membres du Parti Socialiste français, à tous les prolétaires conscients de France. " Ce texte débutait par un impitoyable réquisitoire contre les dirigeants du Parti et contre les chefs de la C.G.T., tous opportunistes de longue date et Sociaux-chauvin, qu'il était inadmissible d'accueillir au sein de l'Internationale. Seuls pourraient en faire partie les militants acceptant de souscrire préalablement aux vingt et une conditions.
..... Afin de fixer sa position par rapport à la nouvelle Internationale et surtout, poussé et même contraint par un puissant courant favorable à l'adhésion né dans ses organisations de base, le Parti socialiste organisa un Congrès à Tours du 25 au 30 décembre 1920.
3208 mandats y décidèrent l'acceptation des 21 conditions. 1022 mandats s'y opposèrent. La majorité pour l'adhésion à la IIIe Internationale fut de l'ordre de 67,4%, légèrement supérieure aux deux tiers des mandats.


Voici l'une des rares photographies du Congrès de Tours. On y distingue Marcel Cachin défendant avec fougue l'adhésion à la IIIe Internationale. Sur les banderoles qui ornaient la salle du Congrès on peut lire ou deviner les mots d'ordre : " Prolétaires de tous pays, unissons-nous " (au fond) et " L'émancipation des travailleurs sera l'œuvre des travailleurs eux-mêmes " (au-dessus de la tribune).

..... Ainsi naquit, il y aura cinquante ans à la fin du présent mois de décembre 1970, le Parti communiste (section française de l'Internationale Communiste) qui devait devenir après la dissolution de l'Internationale en 1943, le Parti Communiste français.
..... Nous pourrions nous étendre longuement sur les détails historico-politiques du Congrès de Tours, mais il nous semble plus opportun d'aborder à l'occasion de son cinquantenaire des questions d'une actualité plus directe.

QUI RESTE AUJOURD'HUI FIDÈLE AUX PRINCIPES RÉVOLUTIONNAIRES DE LA IIIe INTERNATIONALE COMMUNISTE ?
..... Au cours du demi-siècle écoulé depuis ces événements historiques, d'innombrables péripéties ont marqué le développement du mouvement communiste international, de la révolution prolétarienne mondiale. En fait la naissance de la IIIe Internationale et celle, conséquente, du Parti Communiste français constituaient le point de départ d'une époque où n'allaient cessé de s'exacerber, sous des formes multiples, la lutte de classes entre bourgeoisie et prolétariat, entre classe dominante, exploiteuse et oppressive et classes, couches et populations dominées, exploitées et opprimées. Plus ou moins imprévue, sauf par Lénine, la lutte des peuples colonisés et des peuples d'Orient, allait prendre aussi une importance de premier plan. Octobre 1917 avait ouvert l'ère des révolutions nationales anti-impérialistes victorieuses. Cinquante ans plus tard nous vivons l'époque où l'impérialisme va à son effondrement total et où le socialisme marche vers la victoire dans le monde entier.


La photographie ci-dessus montre Clara Zetkin.

Au nom de l'Internationale communiste la vieille militante allemande Clara Zetkin, interdite de séjour en France, vint cependant saluer le Congrès de Tours. Elle s'écria : " Camarades, il faut choisir ! "

Au cours de la lutte pour la destruction définitive du capitalisme parvenu à son stade suprême, l'impérialisme, le mouvement communiste international et par conséquent le Parti communiste français ont été eux-mêmes l'objet de luttes de classes acharnées, dans leurs propres rangs. L'ennemi n'a jamais renoncé à conjuguer ses attaques de l'extérieur avec celles de l'intérieur. Le révisionnisme moderne, idéologie sournoise de restauration du capitalisme, est apparu au sein du camp et des Partis communistes peu après la fin de la seconde guerre mondiale, qui vit la victoire des peuples sur le fascisme grâce essentiellement à l'Armée Rouge du Premier Etat Socialiste de l'histoire : l'U.R.S.S. alors dirigée par Staline.

..... Le processus " un se divise en deux " s'est exprimé dans l'opposition, entre cette idéologie contre-révolutionnaire et le marxisme léninisme porté à son niveau le plus élevé par la pensée-maotsétoung.


Au congrès de Tours, le délégué Nguyên Aï Guôc, âgé de 30 ans, vota en faveur de l'adhésion à la IIIe Internationale. Il devait devenir quelques années plus tard le prestigieux dirigeant du peuple vietnamien, le respecté Hô Chi Minh.

..... Seuls sont restés fidèles aux principes révolutionnaires de la IIIe Internationale fondés sur les enseignements de Marx, Engels, Lénine et Staline les Partis et militants Communistes et ouvriers qui ont rejeté sans concession, le révisionnisme moderne, tels entre autres, le Parti communiste chinois et le Parti du Travail d'Albanie, ainsi que d'innombrables militants marxistes-léninistes dans le monde entier, comme en France.

CINQUANTE ANS APRÈS SA NAISSANCE, QUI CONTINUE LA MISSION RÉVOLUTIONNAIRE DU PARTI COMMUNISTE FRANÇAIS ?

..... Le Parti communiste français était né " pour faire la révolution prolétarienne " en France et contribuer de la sorte à la révolution socialiste sur le plan mondial. Il ne s'est pas acquitté de cette mission historique, bien qu'en un demi-siècle plusieurs occasions se soient offertes à lui dans des conditions objectives favorables à un impétueux développement révolutionnaire. En 1963, une poignée de militants prirent conscience des graves abandons successifs et des reniements définitifs des principes révolutionnaires du marxisme-léninisme par les dirigeants de leur Parti passés sur les positions idéologiques et politiques du révisionnisme. Ils engagèrent résolument le combat pour démasquer la trahison révisionniste et faire en sorte qu'existe de nouveau en France " un Parti communiste fondant authentiquement sa pensée et son action sur les principes de Marx, Engels, Lénine et Staline ".
..... Seuls ces camarades, bientôt exclus du Parti communiste français sur ordre de son Comité central révisionniste, pour avoir défendu et diffusé ouvertement à la base les positions des Partis frères chinois et albanais, furent les continuateurs de la juste ligne prolétarienne et révolutionnaire sans cesse agressée depuis décembre 1920, dans les rangs même du Parti, par la ligne contre-révolutionnaire de la bourgeoisie infiltrée.
..... Ces militants luttèrent de 1963 à 1967 pour fonder le " Parti communiste marxiste-léniniste de France ", interdit le 12 juin 1968 par le pouvoir de la bourgeoisie sur sollicitation non dissimulée des dirigeants du Parti " communiste " français. Ils publièrent dès février 1965 un organe mensuel puis hebdomadaire " l'Humanité-nouvelle ". Ils eurent à subir des agressions violentes, physiques ou provocatrices, mais cachées aux militants de base du P.C.F., organisées par l'appareil policier parallèle à la disposition des dirigeants révisionnistes de Moscou et de Paris.
..... Aujourd'hui l'opinion publique est savamment conditionnée par les organes d'information de la bourgeoisie, y compris ceux des dirigeants révisionnistes du P." C. ".F., afin de la persuader que les représentants en France de la pensée maotsétoung sont les " maoïstes " de différents groupes d'intellectuels dont le plus connu n'est autre que " la gauche prolétarienne ". L'opération est d'autant plus aisée que les lycéens, étudiants et professeurs qui constituent ces groupes, avec quelques rares ouvriers, s'autoproclament " maoïstes ", brandissent en toutes occasions le petit livre rouge des citations du Président Mao, participent à des défilés, y compris ceux organisés par les dirigeants révisionnistes, en exhibant des portraits du grand dirigeant chinois. C'est là une imposture qu'il convient de dénoncer.
..... Le Parti communiste chinois n'a jamais accepté l'expression " maoïsme " ni désigné comme " maoïstes " les militants qu'il reconnaît comme fidèle à la juste ligne idéologique et politique du Mouvement communiste international.
..... Aucun des Partis communistes qui entretiennent des relations officielles, en tant que tels, avec le Parti communiste chinois ne s'affuble du titre de " maoïste ". Parmi ces partis figurent certains vieux Partis ayant appartenu jadis à la IIIe Internationale et participé à la dernière Conférence mondiale non scissionniste du Mouvement communiste internationale, dite Conférence des 81 de novembre 1960 : citons entre autres, et outre le Parti du Travail d'Albanie, les Partis communistes de Birmanie, de Malaisie, d'Indonésie, de Nouvelle-Zélande, du Vietnam, de Corée, etc. Il y a aussi les jeunes Partis crées depuis 1963, comme les Partis communistes marxistes-léninistes des différentes nations d'Europe occidentales, ou le Parti communiste (marxiste-léniniste) d'Inde et nombre d'autres organisations marxistes-léninistes dans les cinq continents.

(à suivre)

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(1) Frossard quitte le P.C.F. fin 1923 pour rallier le Parti Socialiste S.F.I.O. et finir plus tard dans la collaboration avec les nazis.

suite HR n°83------------>

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