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le 12/03/99 Chers camarades,
Je suis régulièrement votre parution, "EP Infos" En tant que communiste, membre du PTB (Parti du Travail de Belgique), j'ai eu l'occasion de rencontrer récemment plusieurs camarades français de différentes organisations marxistes-léninistes. Je tiens à saluer votre initiative de regroupement des communistes. Mon intervention est en quelque sorte, une contribution à l'article paru dans E.P. n°6, intitulé "Créer le P.C. est un combat". On peut souligner qu'il n'existe plus en France de parti marxiste-léniniste, disposant d'une structure nationale, d'un programme actualisé et d'une ligne de masse conséquente. En 1970, il existait en Belgique, plus de onze organisations m-l, toutes différentes et en générales d'aspect régional. C'est à ce moment, que le noyau du PTB, à l'époque AMADA-TPO, a pris l'initiative de regrouper toutes ces organisations. L'idée conductrice était que l'ennemi principal est la bourgeoisie, avec ses pions dans la social-démocratie et ses amis fascistes. Pour cela, nous avons dû surmonter un certain nombre de divergences que nous considérions comme secondaires. Après 10 ans de travail, le congrès de fondation du PTB a pu avoir lieu, en présence de toutes les forces m-l conséquentes en Belgique. Les camarades des tendances 'albanaises', 'maoïstes', guévaristes ou indépendantes ont intégré le parti. Je pense sincèrement que l'expérience du PTB est intéressante. Les luttes politiques très intenses nous ont permis de progresser parmi les masses en répondant à leurs questions. Par exemple, au début des années 80, un courant social-démocrate et anti-parti est né au PTB, dans la lignée du livre d'André Gorzs "Adieu au prolétariat". Dans certaines régions, nous avons perdu près de 25% de nos membres, mais nous avons forgés des armes à ce moment pour pouvoir mieux nous défendre. Cela a fait l'objet d'un congrès (2e). Quand en 1989, ont eu lieu les événements de Beijing, le PTB n'a pas reculé mais bien avancé. Attaqué de toutes part, tout le parti s'est soudé derrière Ludo Martens et le comité central. Nous sommes montés à la contre-attaque. On peut dire qu'à ce moment, nous avons récolté les fruits du 2e congrès de 1983, et en même temps, nous avons semé pour le futur. Aujourd'hui, beaucoup de progressistes, de syndicalistes reconnaissent que lors de l'hystérie anticommuniste, nous avons été les seuls à défendre une ligne politique digne de ce nom. Ils sont nombreux à rejoindre nos rangs. Tout cela a été possible, parce que nous avons un idéal commun : le socialisme. Nous tentons de surmonter certaines divergences, comme à propos du Cambodge ou de l'expérience albanaise. Aujourd'hui, le PTB est toujours attaqué, mais nous pouvons avoir confiance dans les masses. Si je dis cela, ce n'est pas pour faire la leçon. Nous ne voulons pas exhiber un certificat de bonne vie et moeurs. Nous défendons le droit à tous les partis communistes d'avoir une ligne politique et organisationnelle indépendante, mais ce sont selon moi des aspects essentiels qui manquent chez nos camarades français. Au niveau international, c'est aussi notre position. . Le Séminaire international de Bruxelles veut développer, un esprit qui amène tous les communistes à pouvoir se parler sereinement. Par exemple, notre analyse sur le Kosovo, qui condamne l'agression de l'OTAN contre la R.F. de Yougoslavie, est en contradiction avec celle de nos camarades albanais. Pourtant ceux-ci répondent à notre invitation annuelle. Nos divergences sur certaines questions peuvent être débattues, entre communistes. Cela a été périlleux au départ, mais nous avons actuellement de bons résultats. En 1997, le Séminaire de Bruxelles a rassemblé un nombre impressionnant de partis et d'organisations communistes. Cela a fait l'objet d'un livre, présenté par Ludo Martens. Voilà camarades, ce que je voulais vous dire. En vous souhaitant des luttes fructueuses, je vous salue fraternellement. Mao Ning, membre du PTB à Bruxelles
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La réponse d'un membre des EP Ta " contribution personnelle " aborde des questions de fonds, des questions tactiques et stratégiques pour le mouvement communiste en France, mais aussi sur le plan international. L'article du n°6 d'EP-Infos " Créer le Parti Communiste est un combat: Marxistes-Léninistes, soyons révolutionnaires, Unissons-nous (enfin) ! " est dans la suite logique du combat que mènent les EP depuis 1996. Pour nous, la nécessité d'un parti (communiste) comme la nécessité de regrouper, d'unifier etc... les communistes, sur une base d'unité politique (théorique et pratique) sont des points, des questions qui reviennent d'une manière récurrente dans toutes tentatives de construction d'un pôle communiste aujourd'hui en France. C'est vrai " qu'il n'existe plus en France de parti marxiste-léniniste, disposant d'une structure nationale, d'un programme actualisé et d'une ligne de masse conséquente. ". Dans ta contribution, tu parles de l'expérience de construction d'un parti (le PTB) en Belgique. Que le PTB ai pu regrouper " des tendances 'albanaises', 'maoïstes', guévaristes ou indépendantes " c'est à la fois sa force et sa faiblesse. Des divergences existent au sein du Mouvement Communiste International (d'ailleurs certains refusent ce terme même...), nous pensons qu'il y a des divergences principales et d'autres secondaires. Toute la difficulté est de comprendre que ce qui est principal pour les uns, peut être secondaires pour les autres.... Par exemple sur la question du Kosovo et de la Yougoslavie nous publions une déclaration de l'ocml-VP en page 8, bien que ne partageant pas totalement le point de vue exprimé par VP, nous en partageons au moins l'essentiel, c'est à dire le refus de l'intervention impérialiste de l'Otan (avec le soutien du gouvernement de l'impérialisme français ). Que l'expérience du PTB soit utile au mouvement communiste sur le plan international sans aucun doute. Que l'on puisse en retirer des enseignements pour la construction d'un parti en france, d'accord. Mais il me semble quand même que la situation, la période, les conditions politiques et historiques en Belgique ne sont pas les mêmes qu'ici. Sans connaître profondément l'histoire du mouvement communiste ML en Belgique, il apparaît que: dans la même période, là ou en France le mouvement ML s'effondre entre 1970 et 1980, le processus de regroupement des forces dans un parti ML se fassent en Belgique sous l'égide du PTB. Quand je dis en France le mouvement ML s'est effondré, c'est des organisations et des partis " disposants d'une structure nationale, d'un programme actualisé et d'une ligne de masse conséquente. ". C'est des Partis capables de mobiliser dans la classe ouvrière, dans et hors les syndicats, dans les secteurs de l'immigration etc... Ces partis étaient également capables de publier des quotidiens nationaux. Je ne sais pas si en Belgique durant cette période (70-80) le même processus d'effondrement s'est produit ? Le révisionnisme ( P " C " F ) est encore très influent en france: une autre différence qui semble très importante pour bien comprendre les choses, c'est le poids historique, idéologique, politique du P " C " F dans la société française et plus particulièrement dans la classe ouvrière et les syndicats. Le P " C " F qui n'hésita pas à mener sur le plan politique ( et aussi à coups de poings...) une sorte de " guerre " contre ces " gauchistes " ( tous les révolutionnaires et notamment les ML...). Le Parti Communiste Belge n'a pas la même influence que le P " C " F. Il est assez insignifiant sur le plan politique ou électoral. Notre expérience de militants ML dans les années 70 ou plus récemment en tant qu'EP nous a montrés que le chemin pour construire un véritable Parti Communiste était long , difficile, semé d'embûches. Les Editions Prolétariennes, par leur " Appel aux communistes " en 1996, repris en 1997, sont à l'initiative de plusieurs rencontres d'organisations Marxistes-Léninistes. Ce travail a permis la création ( temporaire ) d'un Collectif Communiste Marxiste-léniniste en Mars 98. Réunions fraternelles mais discussions vives, car les difficultés existent entre des organisations qui se sont ignorées durant de longues années, du fait de leur approche théorique et d'une pratique différente. Cela ne peut être effacé par un " appel " et quelques réunions de travail. Quoi qu'il en soit, cela ne sera jamais plus comme avant. À leur échelle, les EP toute jeune organisation, ont fait gravir quelques marches à l'idée de regrouper les forces ML éparpillées et isolées. Daniel
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