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Ce n'est pas les diverses tentatives
de « fausse
RTT », mise en places ou
en projets, depuis 1981 qui rendent actuelle la RTT (Réduction
du Temps de travail).
La loi De Robien, le dernier congrès de la CFDT, le projet du
PS etc...mais aussi l'approfondissement de la crise du capitalisme,
le renforcement de l'exploitation dans les usines, l'aspiration
à vivre mieux, le développement de l'exclusion...
remettent le sujet de la RTT au goût du jour. D'ailleurs les
salariés y sont plus favorables, qu'il y a quelques
années.
Derrière la
RTT, il y a effectivement beaucoup de choses :
- Une revendication de mieux
vivre.
- Une manière de lutter contre le chômage.
- Une façon de partager la misère.
- Une méthode pour « résoudre » les
injustices criantes du système.
- Une façon de faire croire que l'on peut «
améliorer » le système capitaliste (sans le
changer).
L'article de Voix Nouvelles commence
par un premier constat: « les forces de la gauche officielle qui, vu
leur engagement pour la RTT, auraient dû apparaître comme
les plus ouvertes à cette idée, sont celles qui en
réalité, l'ont rejeté de la manière la
plus catégorique . Pourquoi ? » et une première explication
« ces forces de gauche,
parti syndicats, se sentent représentatives des
intérêts du monde salarié occupé, mais
n'arrivent pas vraiment à penser les chômeurs comme des
salariés à part entière. »
Il nous semble tout
à fait faux, de présenter le problème de cette
façon, car :
- Ces fameuses «
forces de la gauche
officielle » n'ont
jamais été très claires sur la RTT (voir les
positions avant 81 de la CFDT-CGT-PCF-PS...).
- Leur «engagement
»
particulièrement timide (réalisme économique,
soumission aux lois du marché, absences de mobilisations
importantes sur la question...). Engagement qui permit d'ailleurs,
une interprétation crapuleuse de la direction de la CFDT, sur
l'expérience de 1981, qui mit en avant « l'échec des 35h » pour justifier le refus de ce
syndicat, de participer à l'Association Agir ensemble contre
le Chômage (AC !) en 94. Association qui pose le
problème de l'unité entre actifs, précaires,
chômeurs, qui sur le plan de la RTT ou des «
réquisitions
d'emplois », a le
mérite d'être un peu plus radicale que les «
partis de
gauche ».
- Le « rejet catégorique » contient deux aspects:
1- Les idées illusoires selon lesquelles la RTT
résoudra le chômage, que la RTT doit être «
réaliste »... idées qui n'ont pas
été « rejeter » par la « gauche
», mais bien renforcer.
2- Le rejet par la gauche, de toutes idées de mobilisations,
de lutte de classes, de RTT conçu comme élément
de transformation sociale importante, de tout ce qui montrait le
caractère inhumain du capitalisme (même gérer par
le PCF/PS).
Opposition
dangereuse,
l'article se poursuit par une
« opposition », entre ce qui est une vieille (mais
néanmoins juste) revendication ouvrière, «
travailler
moins » et la situation
d'exclusion que connaissent des millions de personnes. Cette «
opposition » nous parait artificielle, et
dangereuse. Elle est prétexte à tous types de «
dérives » et de « chantages » de la part du patronat et de nos
gouvernants, voir les divisions entretenues entre travailleurs du
public et du privé, entre salariés et chômeurs,
entre chômeurs et précaires etc...opposition qui passe
sous silence l'existence d'une classe de privilégiés
(multimilliardaires), responsable de la situation
économique.
L'aspect économique de la
RTT traité dans le passage « le 2éme constat » est tout aussi significatif du contenu
réformiste de l'article :
- La RTT et son financement.
- La RTT « égalitaire et créatrices
d'emplois »
D'ailleurs même les patrons, aujourd'hui devant l'importance de
la crise, sont pour une certaine forme de RTT (chômage,
précarité, temps-partiels...). Cette conception de la
RTT ne remettant absolument pas en cause le système (au
contraire ! ).
L'absence de revendications claires, de mots d'ordre unificateurs et
éducatifs, sur la question du temps de travail est
révélatrice du fait que sous la période
Mitterrand le mouvement ouvrier a connu un reflux important.
Aujourd'hui le mouvement ouvrier se remobilise, les travailleurs de
la SNCF ont fait grève en 95 pour le maintien de la retraite
à 55 ans, les chauffeurs-routiers se sont battus en 96 pour
obtenir le départ en retraite à 55 ans, c'est donc
aussi à travers ce genre de revendication que «
l'amélioration des
conditions de vie » peut
se réaliser.
La situation actuelle comporte un
certain nombre d'écueils, de dangers.
Encore une fois, le manque de mobilisation globale et claire sur la
RTT , permet l'apparition de solutions charlatanesques et
dangereuses.
Le réformisme
spontané est un phénomène normal, pourquoi
?
Quand un chômeur est dans
une situation difficile, l'objectif immédiat est d'aller au
plus pressé, trouver: logement, nourriture, emploi...
l'analyse des causes, des solutions à plus longs termes sur la
société qu'il faut changer, passe bien
évidemment après. Mais là, ou les
responsabilités sont grandes, c'est quand des organisations se
présentant comme « alternatives », utilisent ce réformisme
spontané, pour avancer des propositions de réformisme
politique conscient (appelé aussi radical-réformisme),
comme par exemple les VERTS dans AC !, ou de réformisme plus
classique, comme celui du PS, tentant de se refaire une
virginité politique dans des mouvements, associations, en
faisant « oublier » son rôle (et l'échec du
réformisme social-démocrate) pendant 2 septennats. Le
réformisme prend aussi d'autres formes, comme celle issue de
l'abandon du marxisme par le P«C»F, ou à travers des
théories proche de Ricardo Pettrela sur la mondialisation de
l'économie, la compétitivité etc...
Il y a donc bien,
plusieurs voix sur la question de la RTT : 1/- revendiquer 32h (pourquoi pas 30 ou moins ?) sans perte de
salaire, sans flexibilité ni augmentation des cadences, avec
embauche compensatoire, payés par les profits du patronat,
pour vivre mieux, participer pleinement à la vie sociale,
politique, syndicale, culturelle etc...permettre que par l'action
collective, des couches qui en étaient exclus, puissent avoir
un emploi (changer la nature de cet emploi aussi).
2/- s'illusionner sur la possibilité de « supprimer le chômage » sous le capitalisme. En évitant
soigneusement, de poser la question d'un changement radical de
société.
Orientation et choix
pour les 32H
Voilà l'orientation sur la
« campagne des 32
heures », que devrait
impulser aujourd'hui, des organisations prétendument
alternatives ou progressistes.
Il est temps camarades, de faire des choix et d'en tirer les
conclusions.