Article du CRI OUVRIER n°6 nouvelle série Octobre 1998

GAUCHE AU PLURIEL, TRAHISON AU SINGULIER ( ou La Gauche nous affronte au pluriel )

Comment un gouvernement de Gauche peut-il avoir un programme " social ", avec, par exemple, les 35 h pour créer des emplois, pour que finalement cela aboutisse au bout d'un an à une loi et à des accords remplis de blocages des salaires, d'annualisation et de flexibilité, et pratiquement aucun impact sur le chômage ?
Réponse : Quand on prétend concilier les classes, au lieu de mener la lutte classe contre classe, ça veut dire qu'on ne veut pas attaquer la bourgeoisie et les patrons. Or le fond de la politique de " Gauche ", c'est de prétendre faire le bien des uns, des travailleurs, sans faire le malheur des autres, les patrons. Les salaires ET les profits, le chômage ET la compétitivité des entreprises, etc. Eh! bien, ça ne marche pas !
Deuxième question. Que fait le PC dans cette galère ?
Réponse : De la social-démocratie, comme le PS et les Verts. De la conciliation des classes comme les autres. La Gauche est plurielle mais la trahison est singulière. Le PC a seulement un rôle particulier d'agent de la social-démocratie au sein de la classe ouvrière, classe où le PS et les Verts sont très peu présents. Et il a, en conséquence, un discours spécifique de gauche de la Gauche. Qu'on peut résumer par : Ça va dans le bon sens, mais il faudrait aller un peu plus vite et un peu plus loin. Le plus grave, alors qu'on nous attaque entreprise par entreprise, avec blocage des salaires et dégradation des conditions de vie, c'est bien ce "Ca va dans le bon sens"!
Troisième question. Comment s'en sortir, que peut-on faire ? Chacun a déjà des éléments de réponse.
1. Au niveau syndical, et des luttes en général (chômeurs, sans-papiers...) il faut se défendre pied à pied sans se laisser dévier par ceux qui voudraient qu'on épargne le gouvernement.
Et sur ces bases, construire nos organisations de lutte.
2. Au niveau politique, il faut critiquer ouvertement et fermement le gouvernement de Gauche, PC, PS, Verts, et oser travailler avec l'extrême-gauche. Sachant que ce qui est appelé ''extrême-gauche'' est souvent loin d'être ''extrême''. La Ligue Communiste de Krivine a une ligne politique qui ressemble beaucoup à l'ancienne ligne du PC: soutien critique du gouvernement et soutien modéré des luttes. Et Lutte Ouvrière baisse souvent la garde devant le réformisme du PCF en cherchant à influencer sa base.
Invitons nos camarades de lutte à aller jusqu'au bout des conséquences de la faillite d'une stratégie politque réformiste et électoraliste. Et ne nous contentons pas non plus de sympathiser avec un point de vue révolutionnaire. Militons politiquement. C'est l'avenir de notre classse et l'avenir de l'humanité qu'il faut affronter.


Article du CRI OUVRIER n°4 nouvelle série Avril 1998

CHACUN SES 35 HEURES

Profits records en 1997 pour les grandes entreprises françaises. Les milliards s'accumulent comme jamais. Et ce n'est pas fini. La Bourse (l'indice CAC 40) a grimpé de 20% en deux mois et demi, entre janvier et mars. Voilà qui jette un bel éclairage, à contre-jour, sur la situation des travailleurs, le mouvement des chômeurs et les 35 h.
Face aux 35h, les patrons vont probablement continuer à pleurer pour obtenir encore plus de concessions. On connaît leur position: officiellement, violemment contre, dans la pratique, pour, c'est-à-dire pour le blocage des salaires, pour la suppression des temps de pause (de casse-croûte, de douche, d'habillage...), pour la flexibilité, pour la réorganisation et l'annualisation du temps de travail.
Le gouvernement a lui aussi son double langage. Officiellement la fidélité à une grande promesse, la réalisation d'une grande avancée sociale. Dans la pratique, surtout rien, absolument rien contre les critères de Maastricht, contre le budget de l'Etat, contre la compétitivité des entreprises. Gouvernement capitaliste et rideau de fumée...
Les organisations de travailleurs, syndicats et associations naviguent aussi entre deux eaux. Officiellement, pour " travailler tous, moins, autrement ". Réduction du temps de travail sans perte de salaires, sans flexibilité, et avec embauches correspondantes.
Mais dans la pratique, " faire réussir les 35 h ", utiliser l'opportunité de cette loi, se battre pour qu'elle se traduise par des embauches, etc. Bref, vendre la position du PS et faire réussir la Gauche !
Et puis les travailleurs ont une vraie difficulté. " Officiellement ", se battre le dos au mur pour avoir de quoi vivre, un revenu décent, pour les 32h sans compensations (manière de rappeler que les 35h, ce n'est pas ça ! ), contre le chômage et la précarité...Et, de plus en plus clairement, refuser dans les faits les mécanismes fondamentaux de la société. Car ce n'est pas un hasard si toute la machine tourne à l'envers, écrase les hommes pour que s'accumulent les milliards. C'est la capitalisme.
Ce passage de la lutte immédiate à la lutte révolutionnaire, il ne réussira pas tout seul. Nous savons bien que nos luttes posent de grands problèmes qu'on ne peut résoudre isolés. Il faut que toutes ces luttes pour la réduction du temps de travail, contre le chômage et les expulsions soient l'occasion de nous unifier davantage.


Article du CRI OUVRIER n°4 nouvelle série Avril 1998

CE SONT NOS CAMARADES QU'ONT EXPLULSE

Nous avons lu et apprécié le tract suivant de 13 Actif (Paris 13ème). Les récentes déclarations de Chevènement à l'Assemblée confirment son souhait de criminaliser le soutien aux sans-papiers. Exactement comme Debré avant lui !
La logique répressive du gouvernement nous concerne tous. La menace de l'expulsion n'est que la précarisation poussée à son terme ultime.
Il faut aussi dénoncer les prétendues régularisations effectuées simplement pour un an: l'épée de l'expulsion reste sur la tête de tous. Le critère n'est même pas l'insertion, mais le besoin du gouvernement de faire accepter la précarité au plus grand nombre de travailleurs. La menace est moins Le Pen que ceux qui appliquent sa politique au quotidien. Seule la mobilisation des travailleurs contre les expulsions et la précarité jettera les bases d'une unité de classe, celle qui nous permettra d'avancer sur nos solutions
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16 mars 1998 : à Paris suite à l'évacuation de l'église Notre-Dame de la Gare dans le 13e, en trois rafles successives dans la même journée, la police a procédé à 200 arrestations.
18 mars : les sans-papiers occupent l'église Saint-Jean de Montmartre. Encore une rafle (71 arrestations de sans-papiers en voie d'expulsion)
21 mars : la police de Nouméa tire sur les sans-papiers chinois : on compte plusieurs blessés, dont deux grièvement. La police s'est servi de balles "plastiques".
Depuis, les tribunaux ne désemplissent plus.
Face aux avocats dont certains plaident jour et nuit, des juges appliquent une consigne claire : quel soit le dossier, il faut réprimer, donc expulser.

Les centres de rétention sont pleins à craquer (Vincennes, Le Mesnil-Amelot). Comme au temps de Pasqua et Debré, les expulsés sont traînés attachés dans des avions de ligne, par trois, quatre, dix, entourés de policiers en civil. Ligotés sur leur siège, certains ne doivent qu'à leur résistance, ou à l'intervention des passagers alertés, d'être finalement ramenés, qui en prison, qui à nouveau dans un centre de rétention.
Dans le même temps, la police évacue (parfois brutalement comme à Aix) des chômeurs qui occupent à nouveau des antennes Assedic.
En plus de la répression policière, les mouvements qui s'opposent aux mesures du gouvernement jospin sont accusés par lui (et par ses amis) de "faire le jeu de Le Pen".
Ce ne sont pas les luttes, mais plutôt un gouvernement de gauche qui fait une politique de droite que ne désavoue pas le FN.Quand Jospin et Chevènement répriment les chômeurs et expulse les étrangers, Le Pen applaudit.

De circulaire en loi xénophobes, le gouvernement Jospin occupe le terrain de la droite

Loin d'être abrogées, les lois Pasqua-Debré ont été aggravées par la loi Chevènement. Quand à la circulaire Chevènement du 24 juin 1997, son résultat désastreux est aujourd'hui sous les yeux de tous : la constitution d'un contingent de 100 000 étrangers irréguliers, répertoriés et fichés, qui pourront être livrés au patronat sous la menace constante d'une expulsion. Seillière et ses amis peuvent se frotter les mains !

Le gouvernement veut faire retourner les travailleurs sans-papiers dans l'ombre d'où ils ont eu le courage de sortir. Les faire vivre dans la peur, pour qu'ils rasent les murs et acceptent tout : précarité, travail non déclaré, salaires de misère, logements insalubres, refus de soins dans les hopitaux,(...)

Régularisation de tous les sans-papiers par une carte de 10 ans !
Arrêt des contrôles policiers au faciès et des expulsions ! Retour des expulsés et libération des emprisonnés !
Abolition de la double peine et de toutes les lois discriminatoires (Debré, Chevènement,...)
Toute atteinte aux droits des immigrés est une atteinte aux droits de tous ! Egalité des droits !

 

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