==> Pourquoi la Gauche
persiste-t-elle à refuser une remise en cause globale de la
politique d'immigration mise en place par la droite ?
Pourquoi n'a-t-elle pas abrogé la loi Pasqua ?
==> Pourquoi Jospin et Chevènement multiplient-ils les
circulaires qui divisent les Sans-papiers entre bons et mauvais
dossiers, traités de façon complètement
arbitraire ?
==> Pourquoi excluent-ils 64 000 personnes, c'est-à-dire
à peu près la moitié des Sans-papiers, de la
régularisation ? C'est un millième de la population en
France.
==> Pourquoi les Sans-papiers régularisés
eux-mêmes n'obtiennent-ils dans leur majorité que des
cartes de 1 an, et souvent un renouvellement limité à
trois mois ?
QUEL EST LE BUT DE CE
GOUVERNEMENT DONT LA MAJORITÉ SE DIT "SOCIALISTE", ET UNE
PARTIE, MÊME, "COMMUNISTE" ?
Si la "Gauche plurielle" défendait un tant soit peu les
intérêts des travailleurs, quel problème y
aurait-il pour qu'elle satisfasse les revendications que
défendent plusieurs collectifs en lutte depuis 2 ans et que
nous soutenons pleinement :
==> Régularisation de tous les Sans-papiers
==> Abrogation des lois Pasqua et Chevènement
==> Carte de 10 ans pour tous
==> Fermeture des centres de rétention
==> Fin des expulsions, retour des expulsés
==> Abolition de la double peine
==> Égalité des droits entre français et
immigrés
En plus d'une mesure de simple justice, cela couperait l'herbe sous
le pied des employeurs clandestins et renforcerait l'ensemble des
travailleurs face au patronat. Pourquoi ne le font-ils pas ?
CE QU'ILS FONT, C'EST UNE
POLITIQUE À DEUX VISAGES :
* D'un côté ils régularisent certains
Sans-papiers pour sauvegarder l'image de marque de la France bien
ternie par les coups de hache de St Bernard. Du même coup, ils
flattent les sentiments humanistes d'une partie de leur
électorat petit-bourgeois qui n'a rien contre le capitalisme,
à condition qu'il garde un visage humain.
* Mais de l'autre, ils maintiennent une partie des travailleurs dans
une précarité absolue, les livrant ainsi aux pires
formes d'exploitation ; en sachant que ça fait pression sur
les conditions de salaire, de travail et de vie de l'ensemble des
travailleurs.
EH BIEN ÇA, CE N'EST
PAS UNE POLITIQUE DE DÉFENSE DES TRAVAILLEURS, MAIS UNE
POLITIQUE DE DÉFENSE DES INTÉRÊTS BIEN COMPRIS
DES PATRONS ; UNE POLITIQUE DE DÉFENSE DES
INTÉRÊTS DE L'IMPÉRIALISME
FRANÇAIS.
C'est la même politique que sur les 35 heures : en
échange de l'illusion d'une réduction du temps de
travail (car en réalité, dans de nombreux cas, le temps
de travail va augmenter) et de quelques emplois créés,
ils sont en train de faire passer ce qu'aucun gouvernement de droite
n'avait pu faire passer : la flexibilité absolue du temps de
travail, la multiplication des heures supplémentaires, la
dégradation des conditions de vie et de travail de millions de
travailleurs, la précarisation
généralisée. On a vu ce que donnait cette
politique avec l'accord signé dans la métallurgie. Cet
accord n'est pas une trahison de la politique du gouvernement, comme
le prétendent les partis les syndicats réformistes,
mais bel et bien l'aboutissement de cette politique.
DANS LE MOUVEMENT DES SANS
PAPIERS, DEUX ORIENTATIONS S'AFFRONTENT AUJOURD'HUI
==> L'une défend une position de collaboration avec le
gouvernement.
Ceux qui portent cette orientation proposent seulement de le pousser
à faire un petit effort. Ils supplient Jospin de
régulariser. Normal : certains soutiens ont des ministres dans
ce gouvernement, ils sont le cul entre deux chaises.
Ils limitent les revendications à la régularisation de
ceux qui ont fait la demande.
Ils entretiennent l'illusion qu'on pourrait obtenir gain de cause en
occupant des églises et en recueillant des signatures.
Ils ont choisi comme forme d'action les parrainages qui favorisent le
rôle des personnalités, les actions individuelles, le
paternalisme et le cas par cas.
==> L'autre orientation a choisi de lutter sur la base de la
plate-forme unitaire des Sans-papiers.
Parce qu'avec ou sans emploi, les Sans-papiers sont avant tout des
travailleurs : ils se sont exilés pour trouver du travail, pas
pour faire du tourisme.
Parce que l'absence de papiers n'est que la face visible de leur
absence de droits : droit au logement, à la santé,
à l'éducation ; droits syndicaux et civiques.
Parce que cette absence de droits fonde leur unité
d'intérêt avec les millions de précaires et avec
l'ensemble des travailleurs.
Parce que les conséquences de leur situation de sans-droits
pèsent sur tous : pression pour imposer les bas salaires, de
mauvaises conditions de travail, des horaires flexibles...
Parce que nous refusons ce type de société, nous avons
choisi cette seconde orientation pour continuer à soutenir la
lutte des Sans-papiers :
La lutte des Sans-papiers est fondée sur la défense
d'intérêts communs à tous les travailleurs.
NOUS PROPOSONS DONC DE
DÉVELOPPER LES "JUMELAGES" DÉJÀ MIS EN PRATIQUE
PAR PLUSIEURS COLLECTIFS
Le jumelage est un engagement entre travailleurs organisés
(intersyndicales, syndicats, sections syndicales d'entreprise,
comités...) et des collectifs de Sans-papiers en lutte, afin
de s'assurer une solidarité mutuelle.
Il peut prendre différentes formes :
==> Échange et diffusion des informations sur les luttes de
chacun.
==> Actions de propagande communes : tracts, réunions
publiques, manifestations.
==> Solidarité réciproque contre la
répression.
==> Soutien logistique à la lutte des Sans-papiers :
reproduction de textes, locaux.
==> Interventions auprès des administrations : EDF,
impôts, PTT.
==> Actions communes pour l'égalité des droits pour
tous : santé, éducation, logement...
Des jumelages ont déjà eu lieu entre la CGT Rhône
Poulenc et un foyer de Vitry, entre l'intersyndicale du CNAM et le
6ème Collectif, Sud-Éducation et le 6ème
Collectif...
Décidés à
développer ce type de solidarité avec les Sans-papiers,
nous en faisons la proposition aux militants du 93 en accord avec
l'orientation défendue dans ce texte, base de débat
pour une concrétisation des formes de lutte.