Edito de PARTISAN n° 132
Les mauvais coups de
l'été
A l'occasion du somnifère de la coupe du monde, les mauvais
coups contre les travailleurs sont tombés drus cet
été. D'abord l'accord 35h dans la métallurgie.
Les métallos flexibilisé avec celui-ci,
réussiront à bosser encore plus au cours de semaines
ajustées au bon vouloir des patrons. Non seulement il n'y aura
pas d'embauche, mais les augmentations de productivité
induites permettront au contraire de nouveaux " dégraissages
". Les accords qui suivent, à l'exemple de celui du secteur
sucrier, vont nécessairement se caler sur ce modèle
rêvé par l'ensemble du patronat.
La loi Aubry a lancé ainsi une bombe à retardement
contre les conventions collectives. Elle se met actuellement à
l'oeuvre. L'affaire suivant son cours, le gouvernement a pu s'occuper
d'autre chose. Ainsi Aubry, encore elle, a imaginé un nouveau
plan Sécu. Un remake du plan Juppé qui visera une
nouvelle fois à diminuer l'accès à la
santé des travailleurs et des chômeurs.
Ah oui! Il y a aussi le budget et la revendication de longue date du
patronat contre la taxe professionnelle enfin satisfaite. Elle date
de Giscard et aucun des gouvernements précédents n'y
avait encore touché. La baisse de cette taxe représente
un cadeau au patronat estimé à 27 milliards de francs
sur cinq ans. On comparera ce pactole au milliard péniblement
accordé aux chômeurs après deux mois d'occupation
en janvier dernier.
Le PS organise du mieux qu'il peut les attaques contre les
travailleurs. La seule chose qui le différencie de la droite
c'est le double langage et les commentaires respectueux des
médias à sa botte. Il est définitivement
gestionnaire de la bourgeoisie. Aubry ou Strauss-Kahn étaient
des grands patrons. Comme la droite, il y a maintenant de multiples
allers-retours entre les fonctions politiques et la direction des
groupes pour ses dirigeants.
Situer les vrais
ennemis et les faux amis
Face à cette situation, le mouvement social se cherche. Il ne
parvient pas à définir clairement le gouvernement dans
le camp de ses adversaires. A part le mot d'ordre " Debré,
Chevènement, même loi, même combat " d'une partie
des sans-papiers on trouve peu de démarcation claire,
d'hostilité franche contre le gouvernement.
Il est vrai que des forces font tout pour brouiller les esprits.
Ainsi le PCF. D'un coté, au gouvernement, il participe aux
attaques. Il avait fait par exemple reprendre les chauffeurs routiers
avec un accord au rabais. De l'autre il fait en sorte, au sein des
luttes, de dévier les attaques portées contre le
gouvernement.
Dans le mouvement des sans-papiers il en reste à la
dénonciation des préfectures qui traînent les
pieds et ne régularisent pas suffisamment. Soi-disant elles
n'appliqueraient pas la circulaire Chevènement comme il
faudrait. Pour la loi Aubry, ils avaient parlé "
d'avancée historique ". Face aux accords qui multiplient la
flexibilité, le PC, et la CGT avec, prétendent que les
patrons vident la loi de son contenu, en contournent l'esprit.
Cela se ressent aussi dans la façon dont PC et CGT
mènent les luttes. Pour les 35h, ils renvoient au combat
boîte par boîte pour bloquer l'offensive patronale sur la
flexibilité, alors qu'on sait bien, étant donné
le rapport de force actuel que cette lutte est déjà
perdue dans 90% des cas. Ils se gardent bien d'unifier la
protestation qui ne pourrait que mettre en cause la loi Aubry.
Dans le mouvement des sans-papiers, ils prétendent même
diriger le mouvement. On voit les députés aux
cotés de Krivine et des personnalités de Droit Devant,
style Schwartzenberg, squatter les têtes de manif. Tout ce
petit monde-là s'est retrouvé dans des
opérations de parrainages. Un système qui fait resurgir
le " cas par cas " et évite de mettre en cause toute la
politique du gouvernement sur l'immigration. De plus, ils cherchent
à déposséder les sans-papiers de la direction de
leur mouvement et à en exclure les plus hostiles au
gouvernement.
Construire nos
organisations
Contre les collabos de toutes sortes qui cherchent à nous
désarmer et à engluer notre conscience, nous avons
besoin aujourd'hui de construire des organisations qui rompent
véritablement avec ce gouvernement. Nous avons besoins de
syndicats, d'organisations de lutte contre le chômage, de
collectifs de sans-papiers qui organisent grèves, manifs,
occupations en désignant clairement nos ennemis : les patrons,
la droite et le FN bien sur, mais aussi le PS et toutes les officines
qui ont des fauteuils dans ce gouvernement et mettent notre lutte au
tombeau. Contre eux, enfin, il nous faut construire un Parti
Révolutionnaire qui puisse, à partir des luttes
d'aujourd'hui, nous tracer une perspective de société
délivrée de l'exploitation.