Le P"C"F au(x)
gouvernement(s)
Des couleuvres, les
militants du P"C"F en avalent chaque jour un peu plus
(dernier fait en date: Robert Hue gesticulant contre la
guerre dans les Balkans mais restant complice de cette
intervention impérialiste en ne quittant pas le
gouvernement de Jospin-la-guerre). Après la "
mutation " et la participation gouvernementale, c'est Karl
Marx, le visage couvert de concombre qui fait la " pub "
pour la nouvelle " Humanité " (sans faucille ni
marteau) qui passe d'ex-journal du P"C"F en simple quotidien
d'actualité. Le choix de la date de ce calamiteux
changement est à souligner : un 18 mars, jour
anniversaire de la proclamation de la Commune de Paris. Il
est des symboles qui en disent long sur la volonté de
leurs auteurs.
Il en est de même pour la liste conduite
par Robert Hue aux prochaines élections
européennes qui n'ose même pas se
référer et s'intituler " communiste ". Trouver
sur cette liste, à la fois Geneviève Fraisse,
sociale-démocrate partisane du " Oui " à
Maastricht et Philippe Herzog, serviteur zélé
du patronat participatif (au sein de l'association "
Confrontation " avec Rocard du PS, Guillen et Gandois du
CNPF) , qui avait quitté les instances dirigeantes du
P"C"F parce que ce dernier restait encore trop marqué
" communiste ", cela fait beaucoup. De nombreux militants
chavirés par ce reniement supplémentaire
s'abstiendront d'aller voter pour " leur parti " ou se
tourneront vers la liste des trotskistes Laguiller et
Krivine qui prétendent de plus en plus fortement
remplir le rôle de " gauche " aux côtés
du PS. Rôle que le P"C"F est de moins en moins capable
d'assumer tant le discrédit est grand.
Exit, le parti de la classe ouvrière ? Certainement,
mais ce coup de poignard dans le dos des travailleurs est-il
le premier, le second ou le dernier d'une longue
série de trahisons ?
Les participations gouvernementales du P"C"F commencent
réellement à la sortie de la Seconde guerre
mondiale, il n'est pas utile de remonter le cours de
l'histoire de ce qui fut la Section française de
l'Internationale communiste (S.F.I.C.), même si pour
de nombreux camarades marxistes-léninistes, le P"C "F
n'a jamais été un parti léniniste mais
a continuellement subi le feu de la critique de
l'Internationale Communiste (applications des directives de
l'IC de façon social-chauvines ou
tronquées...par exemple). Pour d'autres camarades, sa
dégénérescence réformiste date
du Front populaire....mais cela n'est pas l'objet de cet
article.
Première période :
1944-1947
1943, Stalingrad, les aigles nazis sont
ébranlés, l'Armée Rouge, sous les
ordres du maréchal Joseph Staline, met un coup
d'arrêt aux victoires remportées par les
armées hitlériennes. Stalingrad raisonner
comme un signal fort pour toute la résistance
antinazie.
Mai 1945, le drapeau rouge est hissé sur Berlin.
Des millions de morts soviétiques, des milliers de
morts communistes dont Guy Mocquet, Jean-Pierre Timbault et
tant d'autres...
C'est auréolé de la gloire de ces martyrs et
des faits de résistance communiste que Maurice
Thorez, " Fils du Peuple " mais surtout secrétaire
général du PCF peut faire rendre les armes aux
milices patriotiques, aux valeureux combattants FTP.
Beaucoup ne comprennent pas et n'acceptent pas que Maurice
Thorez ferme ainsi les portes d'une éventuelle "
révolution socialiste ". Si rien ne permet d'affirmer
que la guerre civile aurait prolongé la guerre
antifasciste de libération, rien ne dit non plus que
cela aurait été un échec. Par contre,
il est clair que le nouveau cours du PCF empêche la
classe ouvrière de profiter au maximum de
l'affaiblissement de la bourgeoisie française qui
dans sa majeure partie avait fait de la collaboration avec
les nazis, son pain quotidien. Ainsi, alors même que
les impérialismes allemand, japonais et italien qui
ont eu recours au fascisme s'effondrent, le PCF continue
à appeler la classe ouvrière à ne
lutter que pour " extirper les racines du fascisme en
France et dans le reste du monde " (Cahiers du
Communisme, mars 1945). Pas question pour la classe
ouvrière, débarrassée du joug fasciste,
d'engager directement la lutte pour la destruction de
l'impérialisme français, en alliance avec les
peuples colonisés. Non : " Présentement
il ne s'agit pas de choisir entre le capitalisme ou le
socialisme, mais entre le fascisme et la
démocratie " (Cahiers du Communisme, juin-
juillet 1945). Il y aurait, en France, d'une part, "
la Nation, c'est-à-dire la quasi
totalité des français, aspirant (...) à
la démocratie, et d'autre part, les " trusts " et
leurs agents (...), une infime
minorité (...) qui cherche
à restaurer le " régime idéal " pour
elle : le fascisme ". C'est au nom de la lutte pour
une " vraie démocratie ", que le PCF, Thorez en
tête, collabore activement avec les
représentants de la bourgeoisie (MRP, SFIO) pour
consolider dans tous les domaines, les positions de
l'impérialisme français. A commencer par la
pièce maîtresse de son système
d'oppression, son appareil d'Etat : armée, police,
administration.
Thorez au Comité central de janvier 45,
déclare " Pour faire la guerre, il nous faut
une grande armée ". Le soutien du PCF
à la reconstitution du potentiel militaire de
l'impérialisme français est très clair
en ce qui concerne les troupes coloniales. Ainsi, avec
l'encouragement du PCF, de jeunes résistants, qui
avaient combattu le nazisme, sont embrigadés par la
bourgeoisie française, pour ses massacres coloniaux.
A l'Assemblée, début avril 1946, un
député PCF, Larribère, fait un discours
" pour une armée coloniale
démocratique " et propose servilement des
améliorations à " notre armée
coloniale ".
Dans plusieurs régions (Sud-Ouest, Centre-Ouest),
cette politique d'intégration dans l'armée
bourgeoise rencontre pas mal de résistances.
Dans son discours au Comité central de janvier 45,
Thorez revenu depuis peu, exige et appuie totalement le
désarmement des Milices patriotiques comme il appuie
l'élimination des Comités
Départementaux de Libération.
Thorez précise, dans une interview
accordée le 2 février 1945 à " Temps
Présent " : " Il y a un gouvernement, il doit y
avoir une armée, une seule ; il doit y avoir une
police, une seule. Dans la lutte contre l'ennemi ou contre
ses agents, contre les traîtres et saboteurs, il
appartient à tous les français de faire
entendre leur voix, en particulier par le truchement des
groupements ou mouvement de résistance. A l'usine ou
au village par l'intermédiaire des Comités
patriotiques (C'est à dire chargés de
développer la production NDLR) mais tous les
groupes armés doivent disparaître. De
même, les Comités départementaux de
Libération (CDL) ne doivent pas se substituer aux
administrations et les Comités Locaux de
Libération ne doivent être que des
Comités patriotiques ".
Des hommes comme Guingouin, Marty paieront cher
leur désobéissance du moment et seront parmi
les premières victimes du crétinisme
parlementaire et de la stratégie électoraliste
qui remplacent toute volonté révolutionnaire
de renversement de la société capitaliste.
L'acceptation par la classe ouvrière d'une telle
ligne ne put se faire que parce que le PCF encouragea
l'illusion électoraliste et parlementaire.
La collaboration de la bourgeoisie française avec
l'occupant nazi avait été active et avait
permis une exploitation féroce des travailleurs, ce
qui n'empêcha pas qu'elle sorte de la guerre
considérablement affaiblie. Afin de reconstituer ses
forces, la bourgeoisie ne peut compter que sur un parti non
discrédité par la collaboration. Ce qui n'est
pas le cas de ses propres partis et seul le PCF, de par sa
résistance antifasciste, peut remplir pleinement ce
rôle.
Ces années d'après-guerre, de "
redressement national " voient le PCF au secours de la
bourgeoisie française et un renforcement de
l'exploitation capitaliste sur toute la ligne. C'est
l'époque du fameux " Gagner la bataille de la
production ".
Ainsi Thorez à Waziers (21 juillet 45) : "
...Je voudrais vous faire comprendre, je voudrais que
ce que nous pensons au Comité Central puisse passer
dans la tête, dans le coeur de chacun d'entre vous
ici, militants communistes, secrétaires des
organisations, délégués mineurs,
délégués les plus responsables,
chez-vous d'abord puis chez tous les mineurs, que produire,
produire, et encore produire, faire du charbon, c'est
aujourd'hui la forme la plus élevée de votre
devoir de classe, de votre devoir de Français. Hier,
l'arme c'était le sabotage, mais aujourd'hui l'arme
du mineur, c'est produire... ".
Ou bien Benoit Frachon à Lens le 17 septembre 45 :
" (...) Mais il faut aussi l'élan collectif
de tous : de la Direction, des Ingénieurs, de la
maîtrise et des mineurs eux-mêmes, pour ce but
commun. Nous faisons partie d'un même attelage qu'il
faut sortir du bourbier et il faut que nous le tirions
ensemble... ".
" Au nom de la " Bataille pour la production ",
les dirigeants révisionnistes jouent un rôle
d'avant-garde au service de la bourgeoisie pour faire
accepter à la classe ouvrière une
dégradation incroyable de ses conditions de vie et de
travail. Le prolétariat voit sa situation empirer
dans tous les domaines :
-Les heures supplémentaires : la semaine de
40 heures arrachée en 36 par les luttes et interdite
par Vichy est définitivement abandonnée
à la Libération. La loi du 25 février
1946, mise au point par le ministre " communiste " Ambroise
Croizat indique " Les heures supplémentaires de
travail peuvent être effectuées dans la limite
de 20 heures par semaine ". En fait, c'est la semaine de 60
heures qui est encouragée.
-Des primes de rendements combinées avec des
salaires trop faibles accentuent les cadences de travail
de plus en plus élevées, au mépris de
l'hygiène et de la sécurité : Le nombre
d'accidentés du travail (invalidité
temporaire, permanente ou la mort d'ouvriers mineurs fut
égal au double de celui de 1938).
-Réduction des temps de repos (travaux le
dimanche et pendant les jours de congés annuels).
-L'exploitation féroce des travailleurs
immigrés : Espagnols, Italiens, Arabes sont
soumis aux conditions de travail les plus dures,
logés dans des conditions innommables...pour la "
grandeur de la France ".
-Le salaire réel : après un
relèvement à la Libération, le blocage
des salaires, acceptés par le PCF, combiné
à la hausse des prix fait que la baisse des salaires
réels est de près d'1/3.
Les nationalisations de la Libération (sans
spoliation mais complètement et grassement
indemnisé) sont décidées uniquement en
fonction des intérêts de la bourgeoisie
impérialiste française à cette
période. Elles doivent jouer essentiellement deux
fonctions :
-Assurer le relèvement rapide, ainsi que la
modernisation, dans les branches-clés de
l'économie.
-Duper la classe ouvrière, lui faire croire
qu'elle ne travaille plus pour des capitalistes, mais pour "
l'intérêt général ", " pour la
Nation " et l'amener à participer activement à
la " Bataille pour la Production ".
L'union sacrée, du PCF avec la bourgeoisie
française sert à bâillonner la classe
ouvrière. Après les discours de Thorez sur "
les fainéants ", " le sabotage ",
viennent ceux contre la grève,
considérée comme un véritable crime
contre " l'intérêt national " !
Quelle aubaine pour la bourgeoisie ! L'Humanité du
23 mai 1945, sous la plume du secrétaire
général de la CGT, mettait en garde les
ouvriers : " Nous comprenons parfaitement nos
camarades, qui excédés, engagent des actions
allant jusqu'à la grève. Nous leur demandons
cependant de ne pas se laisser aller dans tous les cas
à leur première impulsion... les ouvriers se
laisseront entraîner à aucune action
inconsidérée... Avec le calme et la
sérénité de ceux qui ont raison, ils
poursuivront l'action pour obtenir satisfaction dans
l'intérêt de la renaissance française
elle-même... Plus que jamais nous disons à la
classe ouvrière : Vigilance ! ".
A Waziers, condamnant les grèves de mineurs de
Lens et de Béthune qui viennent d'avoir lieu pour
exiger l'épuration des agents de maîtrise
collabos, l'amélioration des conditions de travail,
grèves auxquelles des militants de la CGT et du PCF
participent activement, Thorez tranche sans nuances :
"Ici, chers camarades, je le dis en toute
responsabilité au nom du Comité Central, au
nom des décisions du Congrès du Parti, je le
dis franchement : il est impossible d'approuver la moindre
grève. ".
Le PCF et la CGT mettent systématiquement en avant
leur participation à tous les niveaux de l'appareil
d'Etat. Au gouvernement, la bourgeoisie leur avait
confié tous les postes liés à la
production et au travail:
- Ministère de la Production industrielle
- Ministère de l'Economie nationale
- Ministère du Travail
- Ministère de la reconstruction
- Ministère de l'Armement.
Cette période de 1944-1947 (1947 : date de
l'éviction des ministres " communistes " qui ne
servent plus à rien) n'a été qu'une
étape dans le renforcement de l'exploitation
capitaliste (les mines en 44-47 : un bagne pour les
ouvriers), dans la paupérisation de la classe
ouvrière et dans la défense de
l'impérialisme français sur le marché
mondial.
Contre la classe ouvrière, en défense des
intérêts de la bourgeoisie française (la
Nation), le P"C"F répondra toujours " Présent
" !
Le P "C "F avance l'idée
d'un processus long (de plus en plus en long), par
étapes (avec de plus en plus d'étapes) pour
une voie pacifique de passage vers le socialisme. Nul besoin
de rupture brutale et donc de violence. Si le P"C"F veut "
briser " le " pouvoir des
monopoles ", cela doit se
faire sans porter atteinte au capitalisme ! Le P"C"F n'est
pas à une contradiction près.
Ce qui est plus gênant pour
le parti révisionniste c'est le maintien
théorique de la notion de " dictature du prolétariat " et celle-ci maintenue, ne permet pas aux
dirigeants révisionnistes de participer pleinement au
cirque électoral bourgeois. Pour le P"C"F, il devient
urgent d'accorder son programme avec sa pratique pour
qu'enfin, il puisse jouer dans la cour des grands et
gérer, de nouveau, les affaires de l'Etat.
En 1976, lors du XXIIème
Congrès, la dictature du prolétariat
disparaît et est remplacée par la bouillie du "
socialisme démocratique et autogestionnaire ". S'en
suit qu'au XXIIIème Congrès, " le marxisme
n'est plus " fondement
" mais " point d'appui " de la politique " du P"C"F. Il suffira au
XXIVème Congrès d'affirmer que " la rupture
révolutionnaire ne saurait être un moment
où tout bascule, mais un processus qui se
déploie à travers toute une période
historique de luttes ". La boucle est bouclée et le
P"C"F est de nouveau prêt à assumer un
rôle plus officiel au sein de la bourgeoisie (non plus
celui de petit casseur de luttes mais celui d'agent direct,
de gestionnaire pour le compte de la
bourgeoisie).
Le P"C"F reprend à son
compte, une vieille lune socialiste : la théorie de
la fusion du capitalisme avec le socialisme (les choses
peuvent changer dans l'ordre social, économique,
culturel, politique sans toucher aux rapports de production,
c'est-à-dire à la base économique du
capitalisme).
Ce qui donne " le socialisme pas
à pas ", " la décentralisation et la diffusion
du pouvoir ", " appliquer la lutte de classe " dans la
gestion "... Cette supercherie est un rejet de la
théorie marxiste de l'Etat.
C'est ce que s'appliquent
consciencieusement à faire les révisionnistes
en participant de nouveau au gouvernement en 1981. Selon
eux, l'Etat dépérit peu à peu, pour
faire place à un nouveau type d'Etat : " l'Etat
autonome " (...) " cet Etat autonome qui nationalise sans
être pour autant l'Etat des travailleurs, n'est pas
non plus au service direct du patronat " (Cahiers du
Communisme n° 11, 1983). Le P"C"F est en route pour la
démocratie " nouvelle " qui deviendra " vraie ", puis
" véritable ", " rénovée ", "
réelle ", " avancée "....
Fini la révolution, le
renversement du Capital, vive les réformes longues
mais indolores !
Seconde période
1981-1984
Dans l'euphorie de l'arrivée de la " gauche "
à l'Elysée, 4 ministres " communistes "
participent pour la seconde fois depuis la fin de la guerre
à un gouvernement bourgeois. " Nous entrons au
gouvernement pour appliquer la politique de François
Mitterrand... dans une solidarité sans faille, y
compris dans les entreprises " (Accord
Jospin-Marchais du 23 juin 1981).
Devant la déception et le mécontentement
des premiers mois de gouvernement, Georges Marchais monte de
nouveau au créneau dans un entretien avec
l'Humanité (10 mai 1982) : " Mais ces faits
aussi réels soient-ils, doivent-ils nous aveugler ?
Devons-nous prendre nos distances, voire même quitter
le gouvernement ? Je l'ai dit lors de l'assemblée des
secrétaires de cellules de Paris et je le
répète. S'il advenait que des communistes
pensent ainsi, ils se tromperaient lourdement, totalement.
Non seulement une telle éventualité ne serait
pas favorable mais elle serait désastreuse pour notre
peuple et, c'est une certitude, désastreuse pour le
Parti Communiste Français lui-même ".
Au Comité Central de janvier 1984, Georges
Marchais affirme : " Nous y avons insisté
à maintes reprises, l'oeuvre d'ores et
déjà réalisée par la gauche est
importante, encourageante, outre les mesures sociales prises
dans les premières années de la
législature, des réformes, qui recèlent
de grandes potentialités transformatrices, ont
été décidées. Nous avons dit
dans la déclaration commune du 1er décembre
qu'il y avait là un bilan supérieur aux
grandes conquêtes du Front populaire et de la
Libération ". Mais il ne peut pas cacher que
: " Pour la première fois, les capacités
matérielles de production ont baissé en 1982.
Les investissements ont chuté de 9% en deux
ans (...) la courbe du pouvoir d'achat des
salaires et des retraites est négative. (...)
le pouvoir d'achat du SMIC a stagné en
1983. (...) le pouvoir d'achat des salaires
nets, est à la fin de 1983, inférieur de 0.1%
à ce qu'il était en 1978. (...)
les inégalités de fortune et de revenus
s'approfondissent au lieu de se réduire. "
(l'Humanité, 19 janvier 1984). Et Georges Marchais de
constater que les chiffres du chômage sont en
constante augmentation...
Roland Leroy dans le " Nouvel Observateur " (10
février 1984) explique : " Nous ne sommes pas
au gouvernement pour consolider notre influence. Notre
présence correspond à notre vocation et
à notre stratégie : utiliser chaque
possibilité de faire même le plus petit pas en
avant pour construire, par la voie démocratique, un
socialisme original ".
Et quand, beaucoup plus tard, André Lajoinie
reconnaît qu' " il fallait, même à
cette époque, en 1981, une certaine dose de
crétinisme pour penser que, avec 4 ministres sur 44,
nous allions pouvoir peser sur le cours des choses "
(Le Monde 3 octobre 1993), il est trop tard. Les
travailleurs ont payé chers, très chers leurs
illusions envers le P"C"F.
-Restructurations industrielles
-Plans de licenciements
-Déréglementation du Code du travail
-Attaques sans précédent de la
Sécurité Sociale
-Lois Auroux de co-gestion des affaires du Capital
-Mise en place des SIVP, des TUC...
-Desindexation des salaires, plans d'austérité
En échange de cette participation, les
révisionnistes ont empêché l'essor du
mouvement révolutionnaire (Mai 68 en marquait
déjà une étape cruciale, le " Programme
commun, une autre). Si le P"C"F peut encore se montrer
capable de " contrôler " le mouvement ouvrier, de
larges pans commencent à s'en écarter.
Le 28ème
Congrès du P"C"F (1994) renonce à toute
idée de " Mouvement Communiste International ", c'est
l'abandon du " centralisme démocratique " ( jamais
appliqué si ce n'est déformé par toutes
ces années de révisionnisme) c'est le
remplacement du terme " travailleur" par " les gens ", on ne
parle plus du Capital mais de " l'argent-roi ", et puis
c'est un alignement complet sur les thèses
antisoviétiques prônées par Furêt
et autres historiens révisionnistes...
Ce congrès entérine
la liquidation du P"C"F.
Le 29ème
Congrès (17-21 décembre 1996) n'aura plus
qu'à jeter ce qui pouvait encore rester de "
l'identité
communiste " aux orties et
adoptera un " nouveau
communisme " sans contenu de
classe, tout en continuant à s'attaquer au
léninisme (condamnation du modèle
soviétique).
La " faucille et le
marteau " sont
abandonnées... " La mutation ne connaîtra pas de
pause " peut affirmer
tranquillement Robert Hue.
Aucune analyse critique de la politique du PS, pas un seul
mot sur les désastreuses années " Mitterrand
" et sur la politique d'austérité menée
de 1981 à 1984.
Ces deux derniers
congrès sonnent comme la fin du P"C"F.
En mai 1995, Jacques Chirac, élu
Président de la République ne rencontrera
qu'une " opposition constructive " du P"C"F ! Robert
Hue le répète sur tous les tons: " Le PCF
aspire à être au gouvernement de la France
" (Université des Verts, le 30 août
1996).
Troisième période :
1997...
Et quand en juillet 1997, trois ministres communistes
entrent dans le gouvernement Jospin, les thèses du
renversement de l'état bourgeois pour instaurer un
état de transition révolutionnaire vers une
société communiste sans classe, sont
définitivement rangées aux placards, c'est
uniquement sur le programme électoral du PS que se
fait cette participation gouvernementale.
Si ce gouvernement de la " gauche plurielle " (PS-
P"C"F-Verts-MDC) a été porté au pouvoir
par les grandes luttes de l'hiver 95 contre le plan
Juppé et par les luttes contre les lois
Pasqua-Debré, le peu de promesse électorale
sera bientôt oubliée :
-Premier symbole de la " réal-politik "
menée par la " gauche plurielle " : la Fermeture de
Renault-Vilvorde alors même que Jospin manifestait
quelques mois auparavant contre la fermeture de cette usine.
-Aucune augmentation sérieuse des minimas sociaux
comme du SMIC pendant que la Bourse se permet d'enregistrer
une progression de 40% en six mois
-Les lois Pasqua-Debré ne sont pas abrogées
mais au contraire, renforcées par la sinistre loi
Chevènement.
-Les Sans-papiers conduits par les promesses du PS
à déclarer leur présence dans les
préfecture sont rejetés dans la
clandestinité pour plus de la moitié
d'entre-eux.
- " Privatisation mieux que Juppé "
peuvent titrer différents journaux. Après les
privatisations de France-Télécom, de Thomson,
d'Air France, c'est le démantèlement de la
SNCF (avec le Réseau Ferré Français
-RFF), l'EDF-GDF et les PTT sont livrés au Capital
privé....
-Les " emplois-jeunes " se veulent avant tout participer
à la casse des statuts. C'est la suite des CES et des
TUC.
-La loi Aubry de flexibilité du travail et de
racket des cotisations sociales qui, en aucun cas, n'est une
réduction du temps de travail.
Décidément, la " gauche plurielle ", dont
le P"C"F (et le poids qu'il possède encore au sein de
la CGT) répondent en tout point à ce que peut
attendre la bourgeoisie :
- par sa participation gouvernementale, il aide à
faire passer beaucoup de mauvais coups et Martine Aubry peut
dire : " Les organisations syndicales ont quand
même considérablement évolué.
Reconnaissez avec moi que les discours sur les avantages
acquis sont beaucoup moins importants aujourd'hui : 85% des
embauches se font en précaire, il n'y a plus
d'autorisation administrative de licenciement, le travail de
nuit ou le week-end est possible. Rappelez-vous le blocage
et la désindexation des salaires, c'est la gauche qui
a réussi à les faire passer. ", un
discours devant le patronat qui rejoint ce que disait
Laurent Fabius en 1986 sur le " sale boulot "
réalisé par les gouvernements de " gauche "
depuis 1981.
- par la présence de militants P"C"F,
malheureusement souvent sincères, dans les luttes, il
sert de contre-feux, de tampon face au mécontentement
populaire tout comme Jean-Claude Gayssot, ministre des
transports, s'oppose ouvertement à toute grève
dans son secteur : " J'espère qu'on ne prendra
pas le Mondial en otage "
!!!
François Hollande,
secrétaire du PS peut dire lors du 150ème
anniversaire du Manifeste Communiste au Palais des Sports :
" Le PC est utile au
pays, à la gauche. Vous transformez une
radicalité en un débouché, vous
évitez son dérapage dans la violence et ce
n'est pas rien " (en clair,
vous évitez l'explosion sociale ! ).
Le P"C"F c'est fini, quelque soit
le temps que dure son agonie. Ce ne sont pas les quelques
oppositions internes qui permettront de reconstruire de
l'intérieur un véritable parti
léniniste.
De la " Coordination communiste "
à la très trotskisante " Gauche communiste ",
ils sont tous révisionnistes à 100%. Le
XXème Congrès du PCUS est passé par
là et aucune de ces fractions ne prétend en
faire la critique. Au mieux, elles défendent un P"C"F
des années " Brejnev ", au pire elles s'allient avec
les trotskistes du Parti des Travailleurs, anticommunistes
notoires.
L'histoire du P"C"F l'a
démontré et les marxistes-léninistes
exclus en sont la preuve: le P"C"F ne peut plus être
redressé de l'intérieur; électoralisme
et crétinisme parlementaire le marquent de
façon indélébile. Le seul service que
peut encore rendre Robert Hue aux authentiques communistes,
est de passer avec armes et bagages au PS (pourquoi faudrait
-il deux partis réformistes ?) ou transformer le nom
de son parti. Après avoir supprimé toute
référence léniniste, qu'il supprime ce
qualificatif de " communiste " depuis trop longtemps
usurpé. Cela ne pourra qu'aider la classe
ouvrière, les travailleurs à y voir
clair.
Le drapeau rouge ne peut être
relevé que par un parti s'appuyant sur le
marxisme-léninisme et cela de nombreux camarades s'y
emploient, différentes organisations
marxistes-léninistes travaillent à la
renaissance d'un Parti Communiste, le chemin est semé
d'embûche mais il n'y a pas d'autres choix, pas
d'autres alternatives à la barbarie dans laquelle
nous entraîne le capitalisme et ses valets de " gauche
".
***
Note: Plutôt que d'effectuer des rappels
par de petites notes et d'utiliser les guillemets qui
alourdissent, un renvoi général aux documents
utilisés pour écrire cet article:
- " Octobre " n° 1, février 1973,
revue théorique des Communistes
marxistes-léninistes de France (Sur l'histoire du
révisionnisme en France : 1944-1947 le P.C.F. au
gouvernement)
- " La voie du Socialisme " N° 1, mars 1984,
organe pour l'édification du Mouvement
marxiste-léniniste
- " La nouvelle orientation du PCF depuis son
XIIIème Congrès où la voie de l'union
avec le diable "
(Six articles de LA FORGE (1979-1980), organe central du
PCOF)
- " Le P.C.F. : parti de gouvernement "
(Recueil d'articles parus dans LA FORGE de juillet 1981-Mars
1982)
---
S. BUQUET, correspondant Editions
Prolétariennes Le
Havre
|