Halte aux agressions
patronales
contre les grévistes
d'usinor !
Afin de briser la lutte des sidérurgistes,
la direction d'Usinor a multiplié les provocations,
avec l'aide de la maîtrise.
Dans la nuit du jeudi 15 au vendredi 16, à
la porte d'Usinor près de la B.P., un petit groupe de
non grévistes, entraîné par la
maîtrise, agresse les travailleurs du piquet et blesse
gravement un délégué. Les
grévistes arrivés en renfort ont
réussir à coincer uns quinzaine d'agresseurs.
Ceux-ci n'ont pas été frappés, mais des
explications sur la lutte et sur le rôle qu'on leur
fait jouer ont été données.
Dans la nuit de vendredi à samedi, une
équipe de 50 jaunes entraînés par un
contremaître, armés de barres de fer a
attaqué un gréviste isolé.
Pour diviser les travailleurs, et entraîner les
éléments les plus arriérés
à s'attaquer au piquet, la direction mène dans
la presse et à la télévision
régionale une intense campagne d'intoxication sur le
thème : ce sont les ouvriers du piquet qui
créent des incidents. Ainsi elle a publié un
communiqué prétendant qu'il n'y avait plus de
chômage conjoncturel, que tout le monde pouvait
reprendre le travail, que ceux qui ne se
présenteraient pas seraient inscrits absents sans
motif, ce qui en fait hésiter plus d'un. L'impact de
ces manœuvres peut prendre de l'importance du fait que de
nombreux travailleurs habitent loin de Dunkerque et n'ont
pour toutes informations que celles fournies par la presse
et la télé de la bourgeoisie.
La direction n'a encore rien lâché ou
presque.
- Sur le chômage partiel, elle promet
qu'il n'y en aura plus pour les deux prochains mois, et pour
cause, il faudra bien rattraper le retard de production
occasionné par la grève. Mais rien ne garantit
qu'il n'y aura pas de chômage partiel à nouveau
après les congés. Par contre le patron propose
de travailler pendant les repos supplémentaires (RM),
pour récupérer les heures de
grève.
Pour une usine où " la conjoncture est
défavorable " c'est plutôt bizarre !
- Au lieu des 250 F uniforme demandés,
la direction propose 4% indexés au plan de
production, c'est à dire assortis d'une clause
anti-grève et d'augmentation des cadences.
Les dirigeants syndicaux ont
annoncé une série d'initiatives :
grèves échelonnées : à Sacilor
le 21 mai, à Dunkerque le 22 mai, au trust Usinor le
23 mai, au moment de la nouvelle rencontre avec la
direction, et pour toute la sidérurgie le 27 mai.
Mais aucune proposition de mobilisation n'est faite pour
renforcer la lutte à Usinor-Dunkerque, et
contrecarrer les manœuvres de la direction.
Au contraire en déclarant que le week-end de
la Pentecôte serait un moment creux, ils laissent
toute latitude à la direction pour faire
redémarrer le plus d'ateliers possible avant le
meeting de mardi en s'appuyant sur le fait que les jours
fériés sont payés double.
Comme le montre l'intervention des grévistes
auprès des non-grévistes, il est possible de
construire l'unité des ouvriers d'Usinor contre le
patron. Pour cela il faut poursuivre et élargir le
travail d'explication, mener une intense campagne de
popularisation pour désamorcer les ragots et les
manœuvres de la direction, organiser des collectes. C'est ce
que s'efforcent de faire les éléments les plus
actifs du piquet, avec les camarades de notre Parti.
La lutte continue !
Lundi
19
Intervention des
grévistes
auprès des non
grévistes...
Samedi soir, à 21 h, à la porte des
grands bureaux, une trentaine de grévistes tiennent
le piquet derrière les barrières. Les bus
arrivent, et débarquent une cinquantaine de
non-grévistes qui vont passer sous les grillages au
delà des piquets. L'atmosphère est tendue
parce que la télé régionale, aux
Informations de 19h, a annoncé qu'il y avait des
risques d'incidents. Le nombre des non-grévistes
provoque la colère du piquet, les critiques fusent
sur la direction de la grève, beaucoup disent que
ça ne peut pas continuer comme cela. Aussitôt
une réunion s'organise dans les locaux syndicaux et
la décision est prise d'intervenir au quarto (train
de laminage des grosses brames), secteur qui fonctionne, et
où l'effectif est presque au complet. Certains
délégués timorés sont pour n'y
aller qu'à deux trois, mais c'est la décision
d'y aller en nombre qui l'emporte.
Une équipe d'une
cinquantaine d'ouvriers se forme et se dirige à pied
vers le quarto, sans aucune arme, afin de mettre un coup
d'arrêt à la tactique, de la direction, qui,
par une série de ragots, par des provocations, a
créé chez les non-grévistes une
ambiance de peur qui leur fait penser que le piquet ne
cherche qu'à les agresser, ce qui permet aux
contremaîtres de les entraîner dans des coups de
poing contre le piquet. Tandis qu'avançant les
ouvriers du piquet, les non-grévistes s'attendent
à être tabassés, maïs très
vite l'ambiance se détend, des poignées de
mains s'échangent entre non-grévistes et
ouvriers du piquet qui se connaissent, des explications sur
les raisons de la venue du groupe sont fournies : les
revendications, les provocations de la maîtrise. De
petits groupes se forment, chacun discute de la situation,
pour tomber d'accord qu'il ne faut pas tomber dans les
provocations de la direction. Les contremaîtres qui
sont là tout doucereux, sont pris à partie sur
les incidents... Au train à bande, à la ligne
de cisaillage, partout c'est la même politique de
discussion avec les non-grévistes. Toujours un bon
accueil. Ce soir un coup a été donné
à la tactique de division de la
direction.
Chausson
grève avec occupation
" 25O F. POUR
TOUS " !
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LA GREVE A GENNEVILLIERS ET ASNIERES
Mardi c'était la paie ;
par suite des journées chômées, il
manquait environ 150 à 200 F. Spontanément les
ouvriers débraient pour discuter.
Le lendemain, des
ouvriers de Maubeuge. venus en car, ont fait une
manifestation dans les ateliers, entraînant dans leur
sillage la plupart des travailleurs. La même chose
s'était produite à l'usine d'Asnières
où les manifestants ont traversé
Gennevilliers. Le jeudi c'était la grève
totale avec occupation et fermeture des portes.
A Asnières
et Gennevilliers un comité de grève est
élu avec des représentants pour chaque
atelier, le comité comprend pour Asnières
environ 35 personnes dont les délégués
CGT et CFDT.
LA SITUATION DANS L'USINE DE
GENNEVILLIERS AVANT LA
GREVE
Chausson
est un sous traitant automobile, avec fabrication de
chaînes de tôlerie, de peinture, de montage de
la 4L commerciale, de l'Estafette, du J7 Peugeot... C'est
des conditions de travail pires qu'à Renault pour des
salaires plus bas. Chez Chausson depuis un an, c'est la
détérioration des conditions de travail et de
salaire. Sous prétexte de la " crise " dans
l'automobile, c'est les postes qui changent sans arrêt
avec à chaque fois une augmentation de la charge de
travail ; c'est l'augmentation des cadences
- Les salaires à
Chausson...
Salaire
moyen mensuel, toutes primes comprises,
(annuelles ou non) après… 5 ans
d'ancienneté
- M.2 (classe 2) .......... 1654
- OS1 (classe 3) .......... 1755
- OS2 (classe 4) .......... 1875.
- OS2 (classe 5) .......... 1996
- OP1 (classe 6) ........... 2116.
- OP1 (classe 7) .......... 2238
- OP2 (classe 8) ......... 2358
- OP2 (classe 9) .......... 2478
- OP3 (classe 10) ........ 2598
- OP3 (classe 11) ........ 2719
|
(en avril la production de camionnettes Peugeot
est passée de 54 par équipe à 59 avec
le même nombre d'ouvriers). En même temps que
l'augmentation des cadences, c'est la
détérioration des conditions de
sécurité, des accidents aux presses, des
ouvriers renversés par les Fenwick (les caristes
doivent aller plus vite pour fournir les chaînes). Et
puis à partir de décembre c'est le
chômage partiel, 1 ou 2 jours par mois. Par exemple
à l'usine H de Gennevilliers : 2 jours en
décembre; 2 jours en janvier, 1 jour en mars, 2 jours
en avril, avec un retour aux 40 heures (le samedi
supplémentaire par mois est supprimé) sans
compensation. Au total c'est environ 200 F. de moins par
mois sur la paie. Par contre la production est la
même. Tous les ouvriers l'avaient compris, le
chômage partiel était bidon : la direction
augmente les cadences pour faire un peu d'avance sur les
commandes, puis colle un ou deux jours chômés
à la fin du mois. Au total c'est la même
production, mais avec moins d'ouvriers payés moins
cher. Pour faire passer ces mesures, pour réduire les
coûts de production par les licenciements
camouflés (départs " volontaires " 60 en
avril) et par la surexploitation, la direction avait un
argument de poids : le chantage au chômage. Le
chômage partiel servait aussi à
démobiliser les ouvriers, à briser toute
volonté de lutte. Avec en plus des notes de service
menaçant de licencier s'il n'y avait pas assez de
demandes de mutation à Creil ou à Maubeuge. La
question que se posaient les ouvriers c'était : dans
cette situation, est-ce qu'une grève peut payer ?
Est-ce qu'une grève ne sert pas le patron ? Cette
question était au centre des discussions pendant la
grève de Renault que tous suivaient de près.
La demi-victoire des Renault a fourni l'exemple positif qui
manquait. Ce qu'ont fait les Renault, arracher une
augmentation de salaire, c'est aussi possible chez
Chausson.
Aujourd'hui les
ouvriers de Chausson ont dit non, ils ont refusé le
chantage à la crise et au chômage et sont
passés à l'offensive. C'est tout le groupe
Chausson (18.000 personnes) qui est en grève
illimitée avec 4 usines occupées
lAsnières, Gennevilliers, Creil, Maubeuge) pour
obtenir :
- 250 f pour tous ;
- Parité avec Renault
;
- Paiement des heures de
grève.
Et instruits par
l'expérience des dernières grèves,
c'est à une grève longue qu'ils se
préparent avec enthousiasme : " Depuis que je
suis dans la boîte, je commence à les
connaître, on est en grève, c'est pas pour
reprendre dans 8 jours, c'est pour se battre jusqu'à
ce que le patron lâche les 250 F ". Un Marocain
: " Les débrayages de 1 ou 2 heures y en a
marre, maintenant on est en grève et c'est pour aller
jusqu'au bout ".
Une affiche
à Gennevilliers au milieu des revendications "
Pas question de céder avant la victoire finale
".
Correspondant
Chausson.
Le plus fort taux
"d'accidents" du travail...
A Chausson
le plus fort taux d'accidents du travail,
après les Houillères
Nord-Pas-de-Calais.
Houillères du Nord : 20,5
Chausson : 13,9
Nombre d'accidents X 100.000/ nombre
d'heures travaillées.
Pour la gravité Chausson arrive
en 4° position après Berliet, Usinor,
Michelin et Chrysler.
Pour la gravité, Chausson arrive
Chausson, que ce soit aussi bien à Maubeuge,
usine ultra moderne, que dans les autres usines, le
taux de fréquence des accidents augmente
chaque année (1970 : 12. - 1973 : 13,9).
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LIÉVIN : RÉUNION DE LA
COMMISSION POPULAIRE
Samedi dernier en fin
d'après-midi, la Commission Populaire de
Liévin s'est à nouveau réunie.
Ces derniers temps la Commission
Populaire a été de nouveau l'objet d'attaques
de la direction de la CGT qui dans une lettre a
demandé au maire " socialiste " Darras de retirer la
plaque posée devant la fosse 3. La discussion
s'engage aussitôt ; une telle attaque suscite
l'indignation et la révolte : " Nous ne cherchons
pas la division mais on nous attaque... cette plaque est un
hommage à nos camarades, il faut la respecter "
(un mineur de la fosse 7). " Cette fois ce ne sont pas
les Houillères qui ont demandé ça, on
sait très bien tous ici, qui a fait le coup... "
Un ouvrier du bâtiment
explique alors le sentiment de tous : " On est tous
prêts à lutter pour que cette plaque reste pour
nos camarades, ils n'ont pas intérêt à y
toucher...".
De nouveau la question de la somme
versée aux familles est posée :
" Nous avons eu la
catastrophe de Liévin, il y a eu des caisses de
solidarité, mais quelles sommes ont été
touchées. On n'a jamais rien su de ces choses
là et cela ne date pas d'aujourd'hui... ".
Ce que remettent en cause les
mineurs et leurs familles c'est de ne jamais savoir
où va l'argent pour tout ce qui concerne la question
de solidarité. Pour sa part, l'Association de
Défense des Familles des Victimes a plusieurs fois
fait le point et publié les sommes exactes
touchées par les familles.
Tout travail de soutien doit se
faire sous le contrôle des mineurs et de leurs
familles.
Concernant le logement un certain
nombre de demandes avaient été transmises
à la Commission Populaire, des membres de la
Commission sont allés voir ces personnes et le point
est fait sur ces visites. C'est ainsi qu'à
Liévin un ex-ouvrier du bâtiment invalide, vit
dans un baraquement où n'existe pas l'eau courante,
ce sont les voisins qui lui apportent des seaux d'eau et
pour faire sa soupe, il se sert d'eau d'Evian ou de
Vittel... Une lettre adressée à la
municipalité signée de la Commission Populaire
et de l'intéressé est adoptée à
l'unanimité...
Un ouvrier de Liévin signale
aussitôt d'autres adresses, d'autres habitants de
Liévin, telle cette femme de 75 ans qui vit seule
dans un baraquement où la pluie
pénètre...
Enfin la question de la lutte
contre la silicose est abordée. Lors de sa
dernière réunion la Commission Populaire avait
décidé de mettre en place un réseau de
médecins progressistes pour pouvoir faire des
contre-expertises. Une lettre de la Commission Santé
du PCR (ml) est parvenue à la Commission Populaire :
un certain nombre de médecins sont prêts
à pratiquer des contre-expertises. Des mineurs
silicosés présents à la réunion
se sont aussitôt inscrits pour passer ces
contre-expertises...
Mais les contre expertises ne
constituent pas le tout de la lutte contre la silicose car
comme l'a souligné le Président de la
Commission : " on donne un pourcentage en fonction de
l'image radiologique, mais lorsque celle-ci apparaît,
la maladie est déjà à un stade
avancé... C'est la manière dont on
évalue la silicose qu'il faut remettre en cause
".
Les Assises sur la Santé et
les Maladies professionnelles permettent justement que de
telles questions soient étudiées avec les
mineurs... Ainsi près de 2 mois après le
Tribunal Populaire, la Commission Populaire de Liévin
continue de développer son activité, les
attaques dont elle a fait l'objet n'ont fait que renforcer
les liens et la confiance qu'elle a acquise avec les mineurs
et leur famille.
Correspondant
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