- LES OUVRIERS DE
BESANÇON
- ENGAGENT FERMEMENT LA LUTTE CONTRE
LA CRISE
La semaine dernière, 3
boîtes en grève ensemble à
Besançon. Cela ne s'était pas vu depuis
longtemps : à Unimel (Pain d'épice), chez
Weil, usine de confection où depuis 68, il n'y avait
eu que des débrayages d'atelier, chez Bourgeois,
usine métallurgique qui était
déjà entrée en lutte, il y a 1
an.
Des grèves pour les salaires
André, ouvrier chez Bourgeois " en
décembre, je touchais 1.700 F., maintenant, avec la
réduction d'horaire et les jours chômés
j'en suis à 1.200 F. C'est pour ça qu'on
demande 1.500 F. "mini net et garanti contre le
chômage et 1,50 F. de plus de l'heure ", 1.500 F.
mini aussi chez Unimel, 500 F de prime annuelle et la
suppression des contrats de travail. " Dans mon atelier
le patron a voulu chronométrer pour nous mettre aussi
au rendement, explique Youssef qui travaille chez Weil. On a
refusé, on a établi un cahier de
revendications contre le salaire au rendement. Après,
il y a eu des discussions dans les autres ateliers et tout
le monde a été d'accord pour demander le
13ème mois (pas de " gratification " à la
tête du client). 9,50 F mini et 200 F. d'augmentation
pour tous. "
"
Dans les 3 usines, le patron a cogné, ce n'est pas un
hasard "
"
Ces grèves, c'était impensable, il y a 6
mois. La crise, ça marche de moins en moins ",
c'est une idée que nous avons entendue plusieurs
fois. " Regarde, chez Weil, les gars voyaient bien qu'on
ne pouvait continuer les grèves par ateliers qu'il
fallait intensifier, unifier le mouvement. C'est pour cela
qu'on a décidé les piquets de grève
mercredi ", nous a dit Youssef. A l'organisation des
ouvriers pour la lutte, le patron a répondu par le
refus de négocier et par la violence pour briser net
le mouvement ; n'hésitant pas dès le 1er jour,
à frapper les grévistes à coups de
poing, puis aux piquets suivants, à cisailler la
chaîne cadenassant les grilles (installée par
les grévistes), à braquer son chalumeau sur
les grévistes massés derrière la
grille, à armer de matraques la maîtrise. A
cette violence fasciste, les ouvriers, réunis en
Assemblée Générale, ont répondu
par une organisation toujours plus précise de piquet
de grève (chaînes et cadenas, voitures barrant
l'entrée...), par son renforcement massif (vendredi,
une centaine y participait) par la contre offensive (jets de
pierre). " Loin de diminuer, la combativité s'est
multipliée, explique Youssef. Au fur et
à mesure, les gars voient bien qu'il n'y a pas
d'autre solution que la violence maintenant, qu'il faut s'y
préparer. " Chez Bourgeois, la riposte de la
bourgeoisie a été très vive aussi :
alors qu'un petit groupe d'ouvriers séquestrait le
patron qui refusait de négocier, la police municipale
(les commissaires ceints d'une écharpe tricolore !)
appuyée par un bataillon de policiers en civil,
attaque les grévistes et libère Bourgeois,
fait la chasse aux immigrés. Pourquoi cette violence
?
"
Ils veulent la révolution " (le patron
Bourgeois)
"
A mon avis, il y a des choses qui ont changé chez
Bourgeois depuis un an " dit André. D'abord
les gens n'ont plus confiance dans les directions des
syndicats ; la grève, elle n'est pas
organisée, les gens sont partis par ras-le-bol mais
il ne savent pas où ça va. Par exemple,
à la mécanique, ils ont fait grève
seulement vendredi... ce n'est pas parce qu'ils sont contre,
c'est parce qu'ils n'ont pas de perspectives ". Attente,
mais attente qui se change en lutte, questions qui peu
à peu trouvent une réponse. André : "
les gars, avant la grève, disaient : " si on fait
grève, on pourra pas tenir plus de 10 jours ", mais
aussitôt, ils ajoutaient : " donc, il faut gagner en
10 jours. Est-ce qu'on peut s'organiser pour gagner en 10
jours ? "
Vente sauvage de pain
d'épice dans la cour d'UNIMEL
Encore une fois, les ouvriers
ont lutté pour fixer eux-mêmes leurs
revendications, leurs modes d'actions, se heurtant à
chaque fois aux directions syndicales révisionnistes
et réformistes. Chez Unimel, la direction CGT a
accepté la vente de pain d'épice " pour
éviter qu'il s'abîme "... chez Bourgeois,
la direction CFDT passe d'une séquestration (celle de
Troch, directeur financier) avec 15 personnes,
complètement coupée de la masse des
grévistes, à l'approbation d'une augmentation
de 10% du salaire pendant un an ! Et c'est la police
municipale du maire " socialiste " Minjoz
(déjà bien connu des ouvriers de Lip) qui a
libéré M. Bourgeois !
La séquestration de
Bourgeois, le jeudi 15 mai
La réflexion de ce
patron, parlant de ses ouvriers à la
négociation " leurs revendications, je les comprend
suis d'accord, mais ils sont pour la révolution,
alors je ne peux pas céder... " montre bien que
l'enjeu de ces grèves est clair pour la bourgeoisie :
c'est un enjeu politique, c'est la crédibilité
(ou non) du modèle de crise, c'est la
crédibilité (ou non) de la " gauche " qui est
en cause. Et si la classe ouvrière ne croit plus
à la crise, à la " solution de rechange " que
veut être le Programme Commun, que reste-t-il à
la bourgeoisie si non la violence organisée,
contre-révolutionnaire ?
La réponse du Parti à la crise
politique de la bourgeoisie
"
Maintenant les gars se rappellent ce que le Parti a dit
sur la gauche aux élections et beaucoup pensent que
Mitterrand n'en ferait pas plus que Giscard " dit
André. Aux aspirations des ouvriers d'Unimel, le
Parti a répondu par l'organisation active de
l'occupation, la participation d'ouvriers de l'usine au
travail de la cellule, par l'organisation du soutien.
Samedi, le Parti a appelé largement par voiture-sono
et tracts, à une manifestation pour soutenir et
unifier les travailleurs en lutte. Au lieu de rassemblement,
un débat s'engage : beaucoup d'ouvriers prennent le
micro, expliquent leur soutien aux luttes, puis la
manifestation démarre. Peu nombreuse, mais militante,
répondant directement à la volonté de
poursuivre la lutte, cette manifestation a rencontré
un large soutien. Maintenant le Parti prépare
activement le rassemblement communiste de vendredi prochain.
De plus en plus nettement à Besançon, le Parti
apparaît comme la force qui répond aux
questions que les ouvriers posent dans leur volonté
de lutte décisive contre la bourgeoisie.
Le 19.5.75
UNIMEL : filiale
de la Générale Alimentaire qui
fabrique outre les " produits sucrés ",
(Franco-russe, Vandamme), les condiments
Aurora-Dessaux et Aussage, des produits
pharmaceutiques, diététiques et
chimiques et des aliments pour animaux (Sanders).
Ce n'est pas une boîte en crise : le chiffre
d'affaires par employé a augmenté de
50% en 73 !
BOURGEOIS :
important producteur français de moteur pour
l'électro-ménager ; découpage
de tôles pour l'automobile.
Touché par
la restructuration de la branche " biens de
consommation ", il a licencié 100 personnes
depuis 1 an sur 400 ouvriers de production.
WEIL
: usine de confection prêt
à porter, employant 1 500 ouvriers (dont
beaucoup de femmes et de jeunes) répartis en
3 usines. Des patrons de choc militants UDR (les
frères Weil : " quand il y en a un devant,
il y en a toujours un autre qui vient
derrière toi " disent les ouvriers). Salaire
au rendement, cadences... " c'est l'usine la plus
dure de Besançon ".
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la fête des mères
masquer en un jour l'esclavage de la
femme
" La fête
des mères ce jour-là c'est un plaisir pour
moi, même sans avoir de cadeau. Mais je l'attend parce
que je vois que les enfants sont heureux de préparer
un petit dessin, un simple petit dessin ; ce jour-là,
ils font un peu plus, ils font le ménage, ou me
disent " ne te lève pas de table, je vais servir".
C'est Christiane qui parle, mère de 4 enfants,
locataire d'un HLM de la banlieue parisienne. Les enfants,
que j'ai interrogés, assis sur les marches d'escalier
de la cité Balzac, me disent que " la fête
des mères, c'est bien, parce que ça fait
plaisir aux mères. C'est leur seule fête ;
c'est un moyen de les remercier, car c'est elles qui nous
mettent au monde et qui nous élèvent. Mais on
devrait faire encore plus, leur acheter de temps en temps
quelque chose, ou même les aider plus souvent. "
Ces
déclarations sont révélatrices. Le jour
de la fête des mères apparaît dans
beaucoup de familles du peuple l'aspiration à une
famille différente, sans oppositions graves, sans
tensions, sans colère où /es enfants sont
heureux ; ce Jour-là, ces derniers remercient leur
mère de ce que, disponible jour et nuit, elle passe
souvent sa vie à se dévouer entièrement
à eux ; ce jour-là, c'est avec leur argent et
leur talent, signe de leur indépendance, et de leur
personnalité, qu'ils font un cadeau à leur
mère.
Mais la
fête des mères ce n'est pas seulement cela :
c'est aussi une gigantesque entreprise idéologique
doublée d'une entreprise commerciale de la classe
capitaliste. Si elle a été instauré
(par Pétain le premier) c'est pour essayer de
redonner un peu de vigueur à la conception bourgeoise
de fa famille. C'est pour tenter de masquer en un jour de
fête l'esclavage de la femme de toute une
année.
Si c'est
reconnaître d'une certaine façon la double
journée de travail de la femme, reconnaître que
sa vie à la maison est morne et épuisante,
enfermée entre 4 murs, c'est aussi l'enfermer dans ce
rôle et lui dire : c'est ainsi que l'on vous aime,
restez-y.
C'est aussi
perpétuer l'idée qu'avec seulement un peu de
bonne volonté, la famille pourrait devenir un havre
de paix. Mais si dans les familles du peuple on en vient par
exemple à se disputer, n'est-ce-pas parce que la vie
est intenable, justement à cause du capitalisme qui
nous fait croire, que la vraie vie, c'est en dehors du
travail, et qui en même temps rend cette vie
impossible parce que la fatigue est trop grande. L'ouvrier
et l'ouvrière qui font les 3/8, quand peuvent-ils
voir leurs enfants ? Les éduquer ? Comment
peuvent-ils se reposer ? Comment peuvent-ils ne pas
s'inquiéter pour leurs enfants avec la crise, avec le
chômage, avec la crise morale et idéologique de
notre société ?
Bien
loin de vouloir s'enfermer d'ans le rôle de
mère de famille, toutes les femmes au foyer que j'ai
interrogées m'ont parlé de leur désir
de travailler à l'extérieur, malgré
l'exploitation, pour avoir une vie qui leur soit propre.
" J'ai 5 enfants, mais je ne suis pour la femme au foyer. Je
ne vais pas passer toute ma vie dans la maison. J'en ai
assez ; j'étais vendeuse, j'étais bien, je
vivais, j'avais des copines on avait une vie moins sauvage.
"
Mais
aujourd'hui le chômage augmente et bien
évidemment le chômage des femmes (plus de la
moitié des chômeurs recensés sont des
femmes). C'est pour les faire rentrer en douceur dans leurs
foyers que la bourgeoisie recommence à faire grand
tapage sur la nécessité de la femme au foyer.
Et Lecanuet relance l'idée d'un salaire pour la
mère de famille. C'est seulement dans une France
socialiste que la mère, participant pleinement a la
construction du pays, libérée progressivement
des tâches ménagères et du souci
matériel des enfant pourra commencer à jouer,
avec le père, son véritable rôle
d'éducatrice de la jeune
génération.
Rappelons nous par exemple ce que disait VITO KAPO
une responsable de l'Union des femmes d'Albanie au
7ème Congrès de cette organisation. " La
famille exerce une fonction éducative distincte de
l'éducation qui est reçue en dehors d'elle. En
tant que collectivité mineure de la
société socialiste, la famille s'est
transformée, en un foyer qui prépare des
citoyens égaux et jouissant de leur pleine
personnalité, de véritables combattants du
socialisme et du communisme. Ainsi le rôle de la femme
en tant que mère de famille est considérable
et déterminant pour l'éducation de la jeune
génération. Il est indispensable de bien faire
comprendre à tous et aux femmes en particulier que
l'émancipation de la femme est un des facteurs
primordiaux pour que la famille puisse s'acquitter au mieux
de cette importante fonction éducative. C'est
seulement dans Ies familles où le niveau
d'émancipation de femme est élevé,
où existent l'égalité, le respect
mutuel, la culture et l'harmonie que les parents peuvent
accomplir leurs devoirs envers leurs enfants tant sous
l'aspect idéologique, politique et social que sous
l'aspect pédagogique et psychologique ".
Combattre
l'exploitation éhontée que la bourgeoisie fait
de la fête des mères, préparer la fin de
l'oppression des femmes du peuple par le capitalisme, c'est
se joindre dès aujourd'hui aux combats de la classe
ouvrière, à la lutte pour l'instauration du
pouvoir des ouvriers et des paysans.
- La fête des
mères :
-
- une fête
- commerciale
Les
capitalistes tentent avec impudence de faire de la
fête des mères, une fête du
profit. La publicité s'étale sur tous
les murs, à longueur d'antenne à la
radio. Tout est bon pour pousser les enfants
à investir leurs économies ce jour
là, à pousser leurs parents à
leur fournir les dépenses nécessaires
pour " fêter " cette fête des
mères. Même les écoles
participent activement à cette fête du
profit, encouragent les enfants à ces
dépenses, allant même jusqu'à
les organiser collectivement comme témoigne
cette mère de famille, qui nous disait : "
Les enfants vont me faire un cadeau à
l'école... mais il faut verser l'argent ! Ce
qu'ils vont m'offrir m'est revenu à 3.000
francs, rien que pour la fourniture des
matériaux. Cela je ne l'admets pas !
"
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