PLEIN SUCCES DES ASSISES SUR
LES ACCIDENTS
DU TRAVAIL ET LES MALADIES
PROFESSIONNELLES
Ce sont plus de 300 personnes
qui ont participé samedi 14 et dimanche 15 juin aux
Assises sur les accidents du travail et les maladies
professionnelles. Dès 14 heures diverses
délégations se présentaient à
l'accueil dans la cour ombragée du 27 avenue de
Choisy, retiraient leur vignette et s'inscrivaient aux
différents carrefours. Les participants venaient de
toute la France : Nice, Marseille, Strasbourg, Bordeaux,
Brest, etc... Travailleurs hospitaliers de Grenoble, de
Paris... Ouvriers de Penarroya, de Brandt-Lyon, Hoover
Dijon, travailleurs du CEA de Saclay, mineurs de Montceau,
Liévin, Faulquemont, juristes du MAJ et du Syndicat
de la Magistrature, anciens ingénieurs des mines,
médecins du GIS, employés
sécurité sociale,
délégués CHS (CGT et CFDT) de diverses
usines et de nombreux hôpitaux, handicapés du
Comité de Lutte des Handicapés, de Paris et de
province, élèves infirmiers et militants du
Groupe Information Asile…
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Tous se retrouvaient à
15 h, pour la séance d'ouverture des Assises
présentées par la Commission Populaire de
Liévin, qui rappelait que 2 voies s'étaient
affrontées à Liévin : celle de la
mobilisation des mineurs pour faire la vérité
ou celle de faire confiance à la justice bourgeoise.
Pour les Assises, pour les luttes c'est la même
question qui se pose. Puis chacun se répartissait
dans les différentes salles.
Dans tous les carrefours, on pouvait
remarquer la richesse du contenu des interventions, fruit de
l'expérience, comme lors de la dénonciation
des conditions de travail, fruit d'un sérieux travail
d'enquête comme ce médecin de Bordeaux,
présentant une thèse sur le travail
posté, démonstration scientifique des
incidences du travail posté sur la santé,
analyse médicale mais aussi analyse vivante
basée sur des interviews d'ouvriers en poste, dans
diverses entreprises bordelaises. Des travailleurs de Saclay
brisant le secret professionnel remirent en cause la
manière dont la bourgeoisie utilise l'énergie
nucléaire... Hospitaliers, ouvriers,
spécialistes échangèrent leur
expérience, écoutant attentivement chaque
intervention... apportant chacun leur témoignage...
Si bien que le temps passait trop vite et vers 19 h 30,
samedi les carrefours s'arrêtaient près d'une
1/2 heure après l'horaire prévu.
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Après avoir pris le
repas en commun et après que des liens et des
discussions animées se soient noués à
cette occasion entre diverses délégations
commentant les carrefours précédents, les
participants prirent le chemin de la salle de cinéma.
A 21 h, était présenté le film du
professeur Minkowski " naître sans danger " film qui
dénonce la médecine de soins intensifs quand
il est trop tard, alors qu'une médecine de
prévention empêcherait de nombreux
prématurés.
Même si le film développait certaines
illusions sur les possibilités de réforme dans
le cadre de la société actuelle, il restait
néanmoins comme une dénonciation nette de la
médecine actuelle...
Le film sur le trust de
Penarroya et les conditions de travail, de lutte des
ouvriers illustrait bien ce qu'est le cinéma
militant. Enfin, le montage du PCR (ml) sur le tribunal
populaire relatait d'une manière vivante la lutte des
mineurs pour la vérité et la
sécurité. A l'occasion de cette projection eut
lieu un débat faisant le point de la lutte des
travailleurs de Penarroya.
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Le lendemain Marie Paule
Lambert des " Paysans Travailleurs " venait apporter ici le
soutien des paysans en lutte et le travail reprenait avec la
même attention et le même sérieux. Les
carrefours se terminaient à 12 h et à 14 h 30
tous se réunissaient pour l'Assemblée
générale des Assises.
A la tribune, le Comité
de Lutte des Handicapés, Marie Paule Lambert, des
camarades de la Commission Populaire d'Enquête, de
l'Association des Silicosés, et de la Commission
Santé du PCR (ml)...
Les rapporteurs des
différents carrefours interviennent :
l Celui
sur les luttes, montre la nécessité pour
pouvoir mener la lutte, d'échanges entre usines, et
aussi de collaboration avec des spécialistes :
analyse de produits toxiques, savoir scientifique pour
contester les experts bourgeois qui se servent des arguments
d'impossibilité technique pour maintenir
l'exploitation.
La rédaction d'un
répertoire des produits toxiques et des maladies
professionnelles était entre autre proposée.
l La
même préoccupation se dégageait du
carrefour sur les mesures hypocrites que la bourgeoisie
prétend prendre pour la sécurité et les
accidents du travail. Juristes, médecins, chercheurs
d'instituts de sécurité
dénoncèrent et expliquèrent sur la base
des études qu'ils avaient faites, le
caractère de classe de la loi: " on nous
apprend comment défendre les PDG, le droit sur les
sociétés mais sur le droit du travail, on ne
nous apprend rien " dira un assistant de droit de la fac
de Lille…
Les divers rouages de
l'appareil de la bourgeoisie furent mis à nu sur la
base d'étude dans ces secteurs remettant en cause ce
que la bourgeoisie y impose. Juristes du MAJ,
médecins du GIS, chercheurs de l'INRS furent
confrontés à la pratique des ouvriers
d'entreprise présents à ces carrefours.
l Le
carrefour sur la santé des femmes
dénonçait le caractère particulier de
l'exploitation des femmes sur divers exemples : il affirmait
entre autre la nécessité de lutter non pour
adapter l'homme aux conditions de travail, mais les
conditions de travail à l'homme, thème qui
reviendra souvent dans les Assises. Ainsi à Bourgogne
Electronique (Dijon) plutôt que d'exiger des lunettes
pour les ouvrières qui attrapent mal aux yeux, il
faut lutter pour supprimer la cause de ce qui leur
abîme les yeux, c'est à dire s'attaquer aux
conditions de travail.
l Ce
thème sera repris et développé dans le
carrefour sur les luttes et les CHS. La politique de la
bourgeoisie qui veut se servir des CHS pour adapter l'homme
aux conditions de travail, c'est à dire limiter, avec
la collaboration syndicale, les effets trop criants de
l'organisation capitaliste du travail, fut
dénoncée. Si les travailleurs entrent en
contradiction avec les délégués CHS,
c'est souvent parce que ceux-ci au lieu de s'attaquer aux
causes d'insécurité (rendement, organisation
de la production) s'attaquent seulement à en limiter
les effets. Alors " sécurité " est synonyme
d'augmentation de la charge de travail des ouvriers. Dans ce
carrefour : c'est toute la conception des CHS qui est remise
en cause... Les CHS avec le Comité d'Entreprise et la
section syndicale, sont un moyen de lutte contre
l'organisation capitaliste du travail.
A ce carrefour, le point sera
fait sur l'Association des Silicosés, la
décision de l'extension au plan national sera
annoncée.
Les travailleurs
handicapés, les infirmiers et psychiatrisés du
GIA, expliqueront également dans ce carrefour comment
ils luttent :
1°) Pour briser les ghettos où on les
enferme, à l'écart de la
société, dans des hôpitaux, dans des
ateliers protégés.
2°) Pour contrer l'exploitation qu'ils subissent
dans les ateliers protégés ou par
l'ergothérapie. Divers témoignages seront
apportés en particulier sur une étude faite
par les ciments Lafarge, selon laquelle l'ouvrier
idéal, est l'handicapé physique et mental car
il ne se révolte pas comme le détenu des
prisons et parce qu'il est moins sensible au travail
répétitif.
l Cette
remise en cause par des handicapés et des infirmiers
psychiatriques fut largement débattue, dans le
carrefour de l'appareil médical hospitalier, le sens
de la médecine socialiste, le problème de la
médecine de classe, de l'alliance des hospitaliers et
de la classe ouvrière furent aussi discutés,
témoignant de la profonde remise en cause de la
politique et du système médical bourgeois par
les travailleurs hospitaliers. Des idées et des
exemples sur les luttes communes d'hospitaliers, d'ouvriers
hospitalisés et de famille d'hospitaliers contre la
médecine de classe, le mépris du malade furent
échangés.
A l'issue de ce carrefour des
groupes de travailleurs, restaient pour discuter,
échangeant des réflexions telles que " On a
vraiment bien avancé sur la question de la lutte avec
les hospitalisés " ou " cela m'a fourni des armes
pour revenir sur la boîte avec des arguments et des
idées ".
Bien que trop courte,
l'Assemblée générale a surtout
centré sa discussion sur la définition des
revendications sur le front de la santé, ainsi que
sur le rôle que peuvent jouer les intellectuels au
service des luttes.
C'est unanimement que
l'assemblée générale affirmait sa
volonté de remise en cause fondamentale des
conditions de travail et le rejet des solutions d'adaptation
de l'ouvrier à la machine économique
capitaliste. Les Assises dans leur signification politique,
témoignaient de l'aspiration à une
société au service du peuple et non une
société où l'homme est une source de
profit.
Un
débat fort animé eut lieu sur le rôle
des intellectuels... Ceux-ci fort justement remirent en
cause la fonction qu'on leur faisait jouer. L'aspiration et
le besoin des travailleurs des usines à avoir un
complément d'information pour aider les
mobilisations, surtout sur les conditions de travail,
là où la bourgeoisie se sert du savoir pour
justifier son exploitation, furent plusieurs fois
affirmés.
Le
3e point qui se dégagea de cette assemblée
générale, c'est la volonté que ce
soient les masses qui prennent en main la lutte à
l'hôpital, à l'usine, et l'opposition à
la politique réformiste et révisionniste qui,
sur ces questions, fait tout pour déposséder
les travailleurs de l'initiative, pour la remettre aux
spécialistes.
Cette volonté se concrétisa par
l'adoption à l'unanimité de la constitution
d'un Centre de liaison et d'information sur la santé
et la sécurité du travail, basé sur 3
principes :
- Remise en cause fondamentale de
l'organisation capitaliste de la production, du
système médical et de la
société.
- Tout faire pour que les masses jouent leur
rôle et prennent en main la lutte sur la santé
et sur la sécurité du travail.
- Etre le lieu de rencontre et de lutte
commune des ouvriers, des délégués CHS,
des syndicats, des spécialistes, des travailleurs
hospitaliers, des médecins, juristes qui veulent
lutter ensemble. La résolution a été
prise, partout où ce serait possible, d'impulser la
création de Comités de lutte pour la
Santé unissant ouvriers, hospitaliers, paysans.
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Après ce débat :
Le Comité de Lutte des Handicapés affirma la
volonté des travailleurs handicapés " partie
la plus exploitée du prolétariat "
d'être aux côtés du reste de la classe
ouvrière dans la lutte pour la transformation
révolutionnaire du monde capitaliste pourrissant. Un
camarade du Groupe Information Asile intervint pour faire le
point des travaux et des projets de son groupe. Un
responsable de la Commission Santé du PCR (ml),
réaffirma la portée politique de ces Assises,
posa la question de l'élargissement, de
l'approfondissement du travail effectué, de son
rattachement au combat d'ensemble contre la politique de
crise, pour la révolution. Il montra la
nécessité de forger l'arme de ce combat : le
Parti de type nouveau à édifier dans un
nouveau type de rapport avec les masses, s'unifiant avec
elles, débattant avec elles pour synthétiser
l'expérience et la porter à un degré
supérieur. On peut estimer que ces Assises en ont
été une illustration.
Yvon CHEVET.
Pour tout contact avec le Centre de
Liaison
et d'Information sur ta santé et les
conditions
de travail (demande de documents, animation
de débats, soutien aux luttes) s'adresser
à :
Dr. Mireille BECCHIO
56 rue des Guipons
94800 VILLEJUIF
- Chausson - Asnières
:
- débat sur la santé
et le travail
Suite concrète aux
travaux des Assises, lundi dernier, à l'invitation du
Comité de grève, plusieurs membres de la
Commission de Préparation aux Assises ont
animé un débat en présence de plusieurs
dizaines d'ouvriers (CGT, CFDT). Après un chaleureux
accueil, un débat de très haute qualité
s'engagea sur le rôle de la médecine du
travail, comment se battre dans les CHS, le rôle des
spécialistes dans la lutte.
L'ergonomie (science bourgeoise du
travail) et les tests psychotechniques ont été
dénoncés : " C'est un moyen
d'améliorer au maximum la rentabilité des
ouvriers ! " ; " cela permet de cacher
derrière le paravent d'une fausse science, la
recherche du profit maximum ! " ou sur les
médecins du travail : " Ils sont à
la solde du patron, payés par lui, contractuels, et
d'accord avec lui. Ils s'appuient sur des lois inexistantes
pour refuser le changement de poste aux ouvriers dont la
santé est fragile ". Sur le CHS, tout le
monde est unanime : " II est aux mains du patron
et des gens à sa solde. Mais même minoritaires,
nous faisons le poids, car nous représentons les
ouvriers. Nous nous appuyons sur eux, et si on n'est pas
d'accord, c'est par la lutte, pas par la
légalité qu'on l'emporte ! II faut se battre
dans le CHS, s'en servir comme d'une tribune ".
Sur la question de la place des spécialistes au
service des travailleurs : " C'est nous seuls qui
pouvons lutter et battre le patron. Ils ont un rôle
secondaire mais avec leurs documents, leurs connaissances,
ils peuvent alimenter l'action " " Ce
qu'il faudrait, c'est aller voir les gars en leur disant,
toi, à ton poste, tu vas être malade de telle
maladie ou tu vas crever de ça, si ça
continue ".
Sur les intentions de la
bourgeoisie, les paroles ne laissaient percer aucune
illusion : " Le système , il est
complètement pourri, à fond, il faut le mettre
d'abord en l'air pour qu'on puisse repenser les conditions
de travail ! " déclarait un travailleur de
la cinquantaine, militant CGT. Un autre ajoutait : "
II faudra la révolution !
".
Après un rapide compte rendu des
Assises, nous nous sommes séparés sur la
décision de garder le contact dans le cadre du Centre
de Liaison sur la Santé et les conditions de travail
et de refaire un débat plus large à
l'usine.
- A noter que le P"C"F avait en hâte
avancé la date de son débat sur les
libertés pour le mettre à la même heure
et le même jour que celui sur la santé.
Malgré cela, un tiers des ouvriers vinrent discuter
avec nous, dont plusieurs membres du P"C"F.
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