QU'EST-CE QUE LA DICTATURE DU PROLÉTARIAT ? (3)

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L'HUMANITÉ ROUGE n° 415 -samedi 24 janvier 1976
Quotidien des communistes marxistes-léninistes de france
 

 

QU'EST-CE QUE LA DICTATURE DU PROLÉTARIAT ? (3)

 

L'expérience historique
de la Commune de Paris

        Georges Marchais, le secrétaire général du parti révisionniste français, a, nous l'avons vu, déclaré lundi dernier que la dictature du prolétariat est incompatible avec la "démocratie la plus poussée" que son parti préconise.
        N'est-ce pas là un profond enseignement sur la bassesse extrême à laquelle conduit la corruption, par la bourgeoisie, d'un parti ouvrier ! Car enfin, il faut vraiment être jusqu'au cou dans la fange et la pourriture des richards pour déclarer froidement à un peuple aux riches traditions insurrectionnelles, à un peuple qui a pris tant de fois les armes dans l'Histoire que la plus magnifique et révolutionnaire de ses révolutions, la Commune de Paris de 1871, ne fut qu'une "dictature" au sens bourgeois et courant du terme, une dictature incompatible avec la "démocratie la plus poussée".
        Pensez à l'énormité de la chose, qui ferait rire si elle n'avait pas de graves conséquences: voilà Marchais, le volontaire en Allemagne nazie, Marchais l'arriviste, "Marchais le menteur, complice des tueurs" comme criait le peuple de Paris aux obsèques de Pierre Overney, voilà donc ce Marchais-là déguisé en dirigeant communiste qui vient, à la tête de sa clique, raconter que les héroïques communards "montés à l'assaut du ciel " ne furent pas capables d'instaurer "la démocratie la plus poussée" que lui Marchais va nous amener sur un plateau électoral...
        Comparez Marchais à Marx et Engels, qui comprirent immédiatement la "Commune de Paris" comme la première forme de la dictature du prolétariat et qui relevèrent précisément parmi les erreurs de la Commune de Paris sa générosité excessive à l'égard des exploiteurs, vous mesurerez rapidement l'infamie réactionnaire de ses propos.

    Qu'est-ce qui est important pour la révolution socialiste: que le prolétariat applique la " démocratie la plus poussée", c'est-à-dire la reconnaissance du droit de vote et autres droits politiques à la bourgeoisie (l'"alternance démocratique" ), ou bien qu'il sache user fermement de sa violence de classe pour réprimer et dissuader les tentatives de restauration du capitalisme par la bourgeoisie ? A cela Marx, Engels, Lénine ont répondu sans ambiguïté. Parlant de la Commune de Paris, Marx écrivit tandis que celle-ci combattait les Versaillais :
    "Quand la Commune de Paris prit la direction de la révolution entre ses propres mains, quand de simples ouvriers osèrent pour la première fois toucher aux privilèges gouvernementaux de leurs "supérieurs naturels" les possédants, et dans des circonstances d'une difficulté sans exemple accomplirent leur oeuvre modestement, consciencieusement et efficacement, le vieux monde se tordit dans des convulsions de rage à la vue du drapeau rouge, symbole de la République du Travail, flottant sur l'Hôtel de ville. L'Histoire ne connaît pas d'exemple aussi grand. S'ils succombent, seule leur bonté d'âme en sera la cause.". Et Engels soulignait de son côté :
    "La Commune de Paris aurait-elle duré un seul jour, si elle ne s'était pas servie de cette autorité du peuple armé face aux bourgeois ? ne peut-on, au contraire, lui reprocher de ne pas s'en être servie assez largement ? " (Engels: "De l'autorité").
    Cet aspect essentiel de la Commune de Paris, ceux qui ont révisé Marx et Engels l'ont toujours laissé dans l'ombre. Au lieu de cela ils mettent l'accent sur l'élection au suffrage universel dans tous les arrondissements de Paris des délégués à la Commune, pour essayer de démontrer que la "démocratie la plus poussée" était réalisée c'est-à-dire que tout le monde était égal: l'ouvrier comme le bourgeois.
    Répondant à Kautsky, ce dirigeant opportuniste qui parlait, lui, de "démocratie pure", Lénine ironisa sur cet argument stupide et le démolit :
    "N'est-il pas ridicule de présenter comme "démocratie pure" avec "suffrage universel" la division de Paris en deux camps belligérants, dont l'un réunissait toute la bourgeoisie militante et politiquement active ? En second lieu, la Commune luttait contre Versailles, en tant que gouvernement ouvrier de FRANCE contre le gouvernement bourgeois. Que viennent faire ici la "démocratie pure " et le " suffrage universel ", puisque c'était Paris qui décidait du sort de la France ? Quand Marx estimait que la Commune avait commis une faute en ne s'emparant pas de la Banque de France, qui appartenait au pays tout entier, s'inspirait-il des principes et de la pratique de la "démocratie pure" ? " (Lénine: Le Renégat K,autsky et la révolution prolétarienne) .

Le 18 mars 1871 C'est à la force des baïonnettes que le premier pouvoir révolutionnaire du monde basé sur la DICTATURE DU PROLÉTARIAT EST NÉ, ce fut LA COMMUNE DE PARIS

    Mais quelles furent les caractéristiques de la Commune de Paris ? La première c'est qu'elle fut l'oeuvre du peuple en armes: sans ses fusils et ses canons, jamais le peuple n'aurait pu procéder comme il le fit à l'élection au suffrage universel de ses représentants à la Commune: dès le début "la source du pouvoir ce n'est pas la loi, préalablement discutée et votée par un parlement, mais l'initiative des masses populaires, initiative directe, locale, venant d'en bas, un "coup de force" direct pour employer une expression courante " souligne Lénine. Ce coup de force, ce fut la riposte armée du peuple aux tentatives de guerre civil du gouvernement bourgeois qui s'enfuit alors à Versailles. Ce fut la première condition pour que puisse être élu un gouvernement révolutionnaire, la Commune, dont le caractère prolétarien allait rapidement s'affirmer. Jamais tant d'ouvriers n'avaient eu de telles responsabilités. Avec les difficultés nées de la guerre civile ils allaient s'affirmer comme le noyau le plus opiniâtrement révolutionnaire de ce gouvernement de Paris. Ainsi la Commune successivement et immédiatement dès sa mise en place décréta, car elle exerçait un pouvoir à la fois législatif et exécutif:
    -la suppression de l'armée permanente et son remplacement par la Garde nationale formée de tous les citoyens réunis ;
    -la limitation des traitements des membres et employés de la Commune : ceux-ci ne devaient pas dépasser les salaires moyens d'un ouvrier qualifié ;
    -l'interdiction des amendes infligées par les employeurs aux ouvriers ;
    -l'école ouverte à tous et gratuite ;
    -la gestion par les ouvriers des entreprises dont les propriétaires s'étaient enfuis ;
    -l'élection des fonctionnaires et magistrats au suffrage universel et la possibilité pour leurs électeurs de les révoquer à tout moment.

    "Ainsi, écrivit Marx, apparut incisif et pur, le caractère de classe du mouvement parisien. Dans la Commune ne siégeaient presque que des ouvriers ou des représentants reconnu des ouvriers. Des étudiants portaient, de même, un caractère nettement prolétarien. "
    Toutes ces mesures prises immédiatement par la Commune de Paris furent tellement importantes que Marx et Engels n'apportèrent qu'une seule modification au programme du "Manifeste du Parti communiste" écrit plus de vingt ans plus tôt. Ce fut pour montrer que la Commune a tenté de BRISER, de DÉMOLIR radicalement la "machine d'État toujours prête" en supprimant l'armée permanente, la bureaucratie, le PARLEMENTARISME.

    De l'expérience des masses révolutionnaires de Paris, K. Marx avait dégagé une loi fondamentale de la révolution socialiste et dès le 12 avril 1871, pendant la Commune, il écrivait à Kugelmann :
    ..."Dans le dernier chapitre de mon 18 Brumaire, je remarque, comme tu le verras si tu le relis, que la prochaine tentative de la révolution en France devra consister non plus à faire passer la machine bureaucratique et militaire en d'autres mains, comme ce fut le cas jusqu'ici, mais à la BRISER. C'est la condition première de toute révolution populaire réelle sur le continent. C'est aussi ce qu'ont tenté nos héroïques camarades de Paris."

    Mais sans doute tout cela effraye- t-il monsieur Marchais !
    Il est vrai qu'il n 'y a rien de moins "démocratique" que de ne pas consulter la bourgeoisie pour décréter la dissolution de l'armée permanente, de la police, et autres bandes armées du capital, que d'envoyer les fonctionnaires inamovibles et privilégiés travailler à la production comme de "vils" ouvriers, et de substituer à cet appareil d'État une nouvelle forme étatique. Un État de type nouveau dont la base est constituée par des assemblées ouvrières et populaires en armes qui élisent, contrôlent et peuvent révoquer à tout moment leurs représentants, un État de type nouveau dont le pilier est l'armée révolutionnaire du peuple capable d'inspirer la crainte aux nostalgiques du capitalisme.
C'est ça la grande leçon de la "Commune de Paris", c'est ça le contenu essentiel et universel de la dictature du prolétariat.

Dans notre prochain numéro :
"Des millions de travailleurs, aiment et défendent la dictature du prolétariat " 

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