QU'EST-CE QUE LA DICTATURE DU PROLÉTARIAT ? (6)

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L'HUMANITÉ ROUGE n° 418 -jeudi 29 janvier 1976
Quotidien des communistes marxistes-léninistes de france

   

QU'EST-CE QUE LA DICTATURE DU PROLÉTARIAT ? (6) 

 

URSS: la dictature de
la grande bourgeoisie

        Les mots n'ont jamais pu changer la réalité des faits. Hitler alors même qu'il avait lancé ses hordes sur la Pologne continuait a prôner la détente internationale et promettait le socialisme au peuple allemand, sa théorie s'appelait même le "national-socialisme" .Certaines personnes purent dans un premier temps être abusées mais il ne fallut pas longtemps pour que le nazisme soit universellement haï.
        Aujourd'hui la clique Brejnev-Khrouchtchev parle à cor et à cris de socialisme. Elle vient même de faire du tapage autour de la dictature du prolétariat, et ses idéologues utilisent abondamment Marx, Engels, Lénine dans leur baratin. Mais voilà, l'URSS occupe la Tchécoslovaquie contre la volonté de la population de ce pays, elle contrôle, pille et prétend intégrer les pays du COMECON, elle poursuit une folle course aux armements et prépare la guerre, elle fait croiser sa flotte de guerre sur tous les océans et toutes les mers, elle envoie des espions dans le monde entier, organisent des coups d'Etats comme la CIA américaine, elle organise et attise la guerre civile dans plusieurs pays, notamment l'Angola, et sur le plan intérieur elle recourt aux " hôpitaux psychiatriques" , aux "camps de travail" , à la déportation contre les opposants politiques, à la répression sanglante des mouvements de masse, à l'oppression des minorités nationales, tout cela n'a rien, strictement rien à voir avec "la dictature du prolétariat" : c'est purement et simplement comme l'a souligné Mao Tsé-toung dès 1964 "la dictature de la bourgeoisie, celle de la grande bourgeoisie, une dictature de type fasciste allemand, une dictature de type hitlérien".
        Les peuples du monde entier ont de plus en plus conscience de cette réalité. A tel point que même dans les rangs du PCF seulement 2% des personnes interrogées lors d'un sondage de l'"Humanité-Dimanche" considèrent l'URSS comme un modèle du socialisme: qu'on compare avec ce que fût l'attachement des travailleurs et des opprimés du monde entier pour l'URSS de Lénine et de Staline !
        Mais comment a-t-on pu en arriver là ? Comment l'URSS a-t-elle pu devenir un pays impérialiste à l'intérieur duquel règne une dictature social-fasciste ?

    Nous avons vu dans nos précédents numéros comment Lénine n'a jamais cessé de souligner que les classes et la lutte des classes continuent à exister dans les conditions du socialisme.
    Non seulement les anciens exploiteurs renversés ne perdent pas leurs espoirs de retrouver le paradis perdu mais encore la base sociale pour le développement d'une nouvelle bourgeoisie existe.


Voici une affiche de propagande publiée dans la presse des révisionnistes soviétiques. La locomotive porte comme inscription " Un rouble" et , la légende de l'affiche souligne: " Une puissante locomotive". L'affiche inculque au peuple soviétique ce poison: " l'argent est la locomotive qui entraîne tout le reste" .

C'est non seulement la petite production marchande qui continue à exister, mais aussi l'inégalité des salaires, celle-ci est différente de ce qu'elle est en système capitaliste puisque c'est le principe "à chacun selon son travail" qui régit la répartition, mais c'est une inégalité quand même. Comme dit Marx : 

    "Mais un individu l'emporte physiquement ou moralement sur un autre, il fournit donc dans le même temps plus de travail ou peut travailler plus de temps (...)
    "D'autre part: un ouvrier est marié, l'autre non; l'un a plus d'enfants que l'autre, etc, etc. A égalité de travail et, par conséquent, à égalité de participation au fond social de consommation, l'un reçoit donc effectivement plus que l'autre, l'un est plus riche que l'autre, etc. Pour éviter tous ces inconvénients, le droit devrait être non pas égal, mais inégal.
    "Mais ces défauts sont inévitables dans la première phase de la société communiste, telle qu'elle vient de sortir de la société capitaliste, après un long et douloureux enfantement. Le droit ne peut jamais être plus élevé que l'État économique de la société et que le degré de civilisation qui y correspond.") (Marx: "Critique du programme de Gotha" ) .

LA BASE SOCIALE DE LA RESTAURATION CAPITALISTE...

    Ainsi Marx prévoyait-il la subsistance pendant toute une longue période d'une base sociale pour le développement d'une nouvelle bourgeoisie.
    Des arrivistes du type Khrouchtchev ou Brejnev étaient à l'origine des ouvriers, mais ils sont devenus des nouveaux bourgeois. L'important c'est de comprendre que dans la société socialiste des milliers et des milliers de nouveaux bourgeois en puissance existent si l'on n'exerce pas la dictature du prolétariat dans tous les domaines.
    L'inégalité des richesses entraîne inévitablement le désir de s'enrichir : aussi des individus ambitieux et parvenus à s'infiltrer dans les rangs de l'État-Major du prolétariat peuvent-ils relativement facilement si l'on n 'y prend garde restaurer le capitalisme.
    En URSS une des premières mesures de Khrouchtchev fut de développer les stimulants matériels et le mot d'ordre fut "enrichissez-vous". Cela amenait les ouvriers à travailler non plus pour la communauté mais pour accroître leurs revenus: cela revenait ni plus ni moins qu'à se vendre "plus cher". C'était le premier pas dans le rétablissement complet de l'esclavage salarié. Cela explique en partie pourquoi c'est dans le domaine des idées et de la culture en général que la bourgeoisie cherche à restaurer son pouvoir tout d'abord.

ENDORMIR LA VIGILANCE DES MASSES...

    Les Khrouchtchev et les Brejnev ne sont pas venus annoncer du jour au lendemain qu'ils restauraient la propriété privée des moyens de production... leur pouvoir n'aurait pas tenu un jour. Mais ils ont progressivement endormi et affaibli la vigilance des masses populaires: ça a commencé avec "l'État du peuple tout entier", avec l'abandon de la dictature du prolétariat.
    La nouvelle bourgeoisie au pouvoir en URSS a transformé pleinement l'URSS en un pays de capitalisme monopoliste d'État. Une des particularités du capitalisme monopoliste d'État en URSS c'est que la monopolisation y est plus élevé que dans n'importe quel autre pays impérialiste, elle est liée à la concentration très poussée et du contrôle extrêmement étroit de l'État. Autrement dit la bourgeoisie mompoliste-bureaucratique bénéficie de l'organisation supérieure de la production créée par l'édification socialiste au temps de Lénine et Staline. Il n'y a même plus à l'intérieur du pays de concurrence entre les principaux groupes financiers. Il y a une seule direction, un seul groupe qui contrôle tout. Cela explique la tyrannie inégalée qui règne en URSS. Elle rappelle en tous points l'Allemagne du début du siècle et l'Allemagne nazie: " en Allemagne, disait Lénine, le grand capitalisme d'État s'est "associé à la bureaucratie, et ce pays a battu un record".

LA LEÇON DE LA GRANDE TRAGÉDIE DE L'URSS...

    En URSS ce n'est plus la dictature du prolétariat, ce ne sont plus les Soviets d'ouvriers, de paysans et de soldats qui constituent les organes du pouvoir d'État, mais c'est la police, les services de renseignements, l'armée : ceux-ci persécutent et placent sous une stricte surveillance les masses populaires.
    Ainsi la grande tragédie de l'Union soviétique où le pouvoir prolétarien a été renversé à l'intérieur sans aucun coup de feu, enseigne-t-elle qu'il est indispensable, dans les conditions du socialisme, de renforcer la dictature du prolétariat. Celui-ci doit exercer une dictature intégrale sur la bourgeoisie, dans tous les domaines. Cela passe par l'exercice et la participation EFFECTIVE de TOUS les ouvriers et paysans pauvres à la direction dans tous les domaines ainsi qu'à l'élévation du niveau théorique marxiste-léniniste des très larges mas- ses.

    En emboîtant implicitement le pas à la pire réaction qui veut assimiler la dictature fasciste en URSS et la dictature du prolétariat, Georges Marchais veut, lui, semer la confusion dans les masses populaires, car il cherche non seulement à conjurer la révolution prolétarienne et la dictature du prolétariat en France, mais aussi à dissimuler la nature pro-soviétique et d'agent du social-impérialisme russe de son parti.
    Il est certain au contraire qu'il est en train de se démasquer sur les deux tableaux !

 

Demain: En France aussi...

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