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            PCF : UNE NOUVELLE
            
            
            TENTATIVE DE
            RÉCUPÉRATION
            
            VIS-A-VIS DE LA
            CFDT
            
             
            
            l  Lundi, Edmond
            Maire rencontrait la direction du PCF, à la fin de
            ses entrevues avec les partis du Programme commun. Le PCF
            a choisi ce moment pour publier un très long
            texte, qu'il compte diffuser à 4 millions
            d'exemplaires, intitulé "Pour une
            avancée décisive de la
            démocratie". Ce texte a été
            remis à l'ensemble des organisations syndicales.
            
            
             Les clins d'œil enjôleurs de
            Marchais ne semblent pas émouvoir Edmond Maire
            
            
             
            
             
            
                    Mais il s'adresse
            particulièrement à tous ceux qui sont
            influencés par le débat sur la gauche qui
            se mène aujourd'hui dans la CFDT. Bien sûr,
            c'est plus habile qu'au début de l'offensive,
            lorsqu'il se contentait, par exemple, de reprendre dans
            les discours d'Edmond Maire les critiques
            adressées au Parti socialiste, laissant
            soigneusement dans l'ombre celles qui le visaient. A
            l'époque, d'ailleurs, la direction de la CFDT
            avait mis clairement les choses au point,
            s'élevant contre ces manipulations et ces
            tentatives de récupération.
            
                  Cette fois, c'est "un projet
            d'ensemble" qui est décrit et qui se donne
            l'apparence de répondre point par point aux
            interrogations des autogestionnaires. Jamais un texte du
            PCF n'aura autant jeté aux orties le terme de
            "centralisation" pour reprendre le terme
            d'"autogestion".
            
                  Quelques exemples : "Pour que
            le changement soit réel, il s'agit d'avancer de
            front dans tous les domaines vers une
            société toujours plus démocratique,
            décentralisée, autogestionnaire, une
            société faite pour les travailleurs et par
            les travailleurs eux-mêmes"... La CFDT a
            souvent répété que les
            nationalisations ne suffisaient pas en elles-mêmes,
            voilà le PCF qui enchaîne :
            "L'expérience prouve que les changements dans
            la propriété et à la direction de
            l'Etat ne suffisent pus à accomplir cette
            transformation... Une bureaucratie risque d'en remplacer
            une autre, des technocrates de "gauche" risquent de
            succéder à des technocrates de
            "droite". "
            
            La CFDT a déclaré son opposition
            à une étape centralisée,
            voilà le PCF qui affirme "Le 22ème
            Congrès de notre parti a écarté
            l'idée, pour la France, d'une étape
            préalable, autoritaire et centralisatrice. La
            transition vers le socialisme, ce sera à chaque
            moment de la lutte une avancée vers la
            démocratie...". Tous les thèmes
            habituellement développés par la CFDT y
            passent : "un nouveau type de développement
            économique", "consommer autrement, produire
            autrement", "briser la tutelle qu'exerce le
            pouvoir exécutif central", "le principe
            d'autonomie au niveau local", "la gestion
            municipale deviendra progressivement l'autogestion
            communale", "il faut rompre le carcan
            étatique dans tous les domaines"...
            L'essentiel pour le PCF, c'est de couper l'herbe sous le
            pied aux objections, aux méfiances que son
            attitude constante suscite largement. Faire en sorte que
            ceux qui pensent que le PCF au pouvoir, ce sera un
            renforcement du centralisme, ce sera l'arrivée au
            pouvoir de ses hommes avec son projet, aient des doutes,
            s'interrogent "Le PCF n'aurait-il pas changé ?
            Ne va-t-il pas plus loin que le PS ?".
            Déjà, sur les revendications
            immédiates comme le SMIC, il se présente
            comme le champion, le seul défenseur des
            travailleurs. Le voilà qui, sur le chapitre des
            droits des travailleurs, parle e pouvoir à la
            base...
            
                  Mais revenons à la
            réalité. Si le PCF se donne tant de mal
            pour essayer de convaincre, c'est que la
            réalité vécue ne serait-ce que dans
            les municipalités qu'il contrôle, s'oppose
            complètement à ses discours. Lui qui
            condamne tout favoritisme en paroles le pratique à
            large échelle partout où il peut
            déjà le faire. C'est devenu un lieu commun
            que de dire que, dans les municipalités PC, qui
            n'a pas sa carte n'a rien. Lui qui a de l'autogestion
            plein la bouche et qui se permet de mettre les Lip
            à la première page de son journal France
            Nouvelle, ne risque pas de rappeler comment il a
            traité ces mêmes Lip il n'y a pas si
            longtemps, lorsqu'il affirmait que la démocratie
            à Lip était une fausse démocratie
            qui ouvrait la porte à toutes les manipulations.
            
                  Autre exemple de la
            démocratie vue par le PCF : toute l'affaire
            Sonacotra ; qui a dénié toute
            représentativité au Comité de
            coordination démocratiquement élu par les
            travailleurs immigrés de la Sonacotra, le traitant
            de tous les noms ? Lui qui prétend défendre
            tous les travailleurs, pourquoi n'a-t-il mené
            campagne, lors de l'expulsion des 17
            délégués Sonacotra, que pour Moussa
            Konaté, membre du PCF ? Certes, il fallait le
            défendre en tant que délégué
            des travailleurs immigrés réprimé
            par la bourgeoisie, au même titre que les 16 autres
            expulsés, et non parce qu'il était au PC.
            
                  Les exemples de ce divorce entre
            ce qu'il proclame et son attitude quotidienne, on peut
            les accumuler. Non, le PCF n'a pas fondamentalement
            changé lors de son 22ème Congrès.
            S'il s'est fait moins virulent contre les
            autogestionnaires, entre autres, c'est qu'il
            espère bien ainsi les récupérer,
            avoir derrière lui aujourd'hui, mais plus encore
            après les élections de 78, non seulement la
            CGT, mais un courant dans la CFDT, comme masse de
            manœuvre. Des tentatives comme celles-là peuvent
            désarçonner un certain nombre de
            syndicalistes, mais la méfiance reste vive. La
            bataille sur les nationalisations, sur la structure et le
            rôle des organes de directions ou les conseils
            d'ateliers, malgré toutes les précautions
            du PCF, laisse apparaître le projet du PCF :
            prendre le maximum de place dans ces structures, par le
            biais syndical y compris, pour prendre le pouvoir
            à son profit.
          Monique CHÉRAN
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