A BAS LE
SOCIAL-IMPÉRIALISME SOVIÉTIQUE (1)
En Union Soviétique, le pouvoir prolétarien
qui avait résisté aux assauts
extérieurs de l'impérialisme a succombé
après la mort de Staline aux assauts
intérieurs de la nouvelle bourgeoisie
soviétique. Incapable de détruire par la
violence le socialisme, la bourgeoisie l'a détruit
pacifiquement. Et sous l'impulsion de ses nouveaux
dirigeants bourgeois, l'Union Soviétique s'est
engagée rapidement dans la voie de la restauration du
capitalisme. De nombreux faits témoignent du
rétablissement du capitalisme : la concurrence entre
les entreprises, la réhabilitation du profit, des
salaires des dizaines de fois plus élevés pour
les nouveaux bourgeois que pour les travailleurs, une
idéologie décadente se greffant sur les
nouveaux rapports économiques instaurés, la
liquidation progressive de l'agriculture collective, une
dictature de type fasciste pesant sur le peuple
travailleur.
Devenue un pays capitaliste, l'Union
Soviétique a instauré une politique
extérieure de grande puissance, basée sur le
pillage impérialiste, l'extension du militarisme et
les tentatives d'hégémonisme exercées
sur de nombreuses régions du monde.
le pillage soviétique des pays
d'europe de l'est
Un diktat économique
Profitant, comme ils le disent, du "haut
potentiel économique et scientifique" de l'URSS, ces
nouveaux impérialistes ont exigé "un
rôle dirigeant dans le COMECON". Is ont contraint les
autres pays à "coordonner" leurs plans avec le plan
soviétique, suivant une "division internationale du
travail". Ils déterminent ainsi à la place des
pays concernés : "la valeur globale de la production
et les variétés de produits", "le volume des
transports et des investissements internationaux". En ce qui
concerne les matières premières et les
produits de l'industrie, la situation de ces pays
vis-à-vis de l'URSS n'est pas au départ la
situation classique des pays opprimés, faiblement
développés économiquement,
vis-à-vis de leurs exploiteurs impérialistes.
En effet, plusieurs de ces pays étaient
déjà industriellement
développés, tandis que l'URSS dispose de son
côté de ressources très importantes en
matières premières. Aussi, les
sociaux-impérialistes ont mis à profit leur
supériorité économique d'ensemble et
leur oppression politique et militaire pour trafiquer sur
les matières premières produites en URSS
même.
Echange inégal d'un nouveau genre
Etant à l'origine de plus de la
moitié des exportations en matières
premières à l'intérieur du COMECON, ils
y ont construit des usines faites pour travailler
exclusivement avec leurs matières premières.
De la sorte, ils vendent leur pétrole deux fois plus
cher aux pays du COMECON qu'aux pays capitalistes
occidentaux. En l'espace de dix ans, ils ont extorqué
ainsi un super bénéfice de près de
quatre milliards de roubles sur leurs exportations de
pétrole, de minerai de fer, de charbon et de coton
non égrené. Pour se placer dans la concurrence
inter-impérialiste, ils exigent le paiement de leur
pétrole en marchandises exportables vers l'ouest. Et,
non contents de ces super-bénéfices,
voilà qu'ils prétendent faire payer aux pays
du COMECON une "rente" supplémentaire afin de pouvoir
investir dans l'exploitation de leurs gisements de
pétrole de Sibérie difficilement accessibles.
Mieux, ils obligent depuis plusieurs années les
pays du COMECON à investir dans l'extraction des
matières premières en URSS, sous la forme
d'entreprises dont ils gardent le contrôle et les
profits. En quatre ans, quatre milliards de couronnes
tchèques ont ainsi été absorbés
pour construire des complexes de cellulose en
Sibérie, de sidérurgie à Koursk ou de
phosphore en Ukraine. D'un autre côté, les
produits fabriqués par les pays du COMECON sont
importés à bas prix en Union
Soviétique.
Les fraiseuses fabriquées en
République Démocratique allemande sont
exportées en URSS avec des réductions de 20
à 30%, et le prix d'une locomotive fabriquée
dans un pays du COMECON, calculé en pétrole
soviétique, revient à trois fois moins que ce
qu'elle reviendrait sur le marché international. Par
le jeu de cet échange inégal d'un nouveau
genre, les sociaux-impérialistes ont extorqué
en dix ans une valeur de quinze milliards de dollars
à leurs "partenaires" du COMECON.
Mais si l'étendue des ressources
en matières premières de l'URSS et le fait que
certains pays du COMECON étaient déjà
industrialisés entraînent l'existence d'un
nouveau genre de trafic, les rapports que les
sociaux-impérialistes entretiennent avec ces pays
tendent de plus en plus à prendre les traits de
rapports impérialistes classiques.
Des rapports impérialistes classiques
D'une part, les matières
premières des pays du COMECON sont bien moins
transformées à l'intérieur des
différents pays producteurs que celles produites en
URSS (la proportion des matières premières
exportées par rapport à celles qui sont
produites est, pour la RDA, le double de celle de l'URSS,
pour la Hongrie, le triple, et pour la Bulgarie, elle est
cinq fois plus élevée) : les pays du COMECON
sont en train de se transformer en réserves de
matières premières pour l'URSS. Tel est le cas
de la Bulgarie qui exporte en Union Soviétique la
moitié de ses produits agricoles.
Dans le même temps, les sociaux
impérialistes, sous prétexte de
"spécialisation internationale", s'attachent à
faire régresser l'industrie des pays du COMECON et
à la rendre dépendante. Ils ont contraint
soixante usines textiles d'Allemagne de l'Est à
cesser leur production, et ce pays a dû abandonner ses
productions d'avions, de tracteurs, d'automobiles, et
restreindre sa production métallurgique. De plus en
plus, l'industrie des pays du COMECON est réduite
à la fabrication annexe aux productions
soviétiques. Ainsi pour les ordinateurs, dont les
éléments principaux sont fabriqués
exclusivement en URSS, les autres pays doivent se limiter
aux pièces et accessoires.
le pillage soviétique des pays
du tiers-monde
Voilà de longues années que l'Europe de
l'Est est soumise au pillage impérialiste de l'URSS.
Mais l'appétit vient en mangeant : non contente
d'exploiter les pays du COMECON, l'Union Soviétique
en est venue, ces dernières années, à
étendre cette exploitation aux pays du tiers-monde.
Suivant l'exemple des autres impérialistes, elle
pille les matières là où elles sont les
moins chères. Ces importations ne cessent
d'augmenter: elles se sont multipliées par sept en
l'espace de quinze ans, et par plus de dix en l'espace de
douze ans pour les métaux non ferreux. Pour accentuer
ce pillage et cette dépendance, l'Union
Soviétique a envoyé dans plus de vingt pays du
tiers-monde des géologues qui recherchent pour elle
des matières premières à bon
marché. Ce trafic présente tous les
caractères du pillage impérialiste ; c'est ce
que montre avec éloquence l'exemple du pétrole
du Moyen-Orient.
Le pétrole du Moyen-Orient
-- principe du moindre coût :
l'URSS est depuis longtemps exportatrice de pétrole,
ce qui lui sert notamment à maintenir les pays
d'Europe de l'Est sous sa dépendance.
Mais une tonne de pétrole du
Moyen-Orient revient à vingt dollars de moins que
celle des régions soviétiques reculées.
Et, de ce fait, on a vu en cinq ans les importations
soviétiques de pétrole moyen-oriental
multiplier par cent vingt ou cent cinquante fois, les
prévisions étant de cinquante à cent
millions de tonnes pour 1980.
-- exportation de capitaux : dans un
pays du Golfe arabo-persique, les
sociaux-impérialistes ont investi trois cents
millions de dollars dans une vaste concession
pétrolière, accaparant des dossiers
économiques importants et exigeant le remboursement
en pétrole et gaz à bon marché. Ils ont
construit en Iran un gazoduc en direction de l'URSS, afin de
pouvoir piller le gaz naturel de ce pays.
-- commerce inégal ; l'URSS
contraint certains pays, pour lui rembourser leurs dettes,
à signer des accords de fourniture de pétrole
à un prix inférieur de 20% à celui du
marché mondial. Elle revend quatre fois plus cher aux
pays européens le gaz naturel acheté en
très grandes quantités à l'Iran
(à l'heure actuelle, ce commerce porte sur huit
milliards de mètres cubes par an). Dans le même
temps, l'URSS vend très cher ses produits finis aux
pays du Moyen-Orient : l'Egypte doit payer 13% (et parfois
même jusqu'à la moitié) plus cher les
mêmes produits que ceux que l'Allemagne de l'Ouest
achète en URSS. Dans une autre région, en
Afrique, le prix d'un camion soviétique
calculé en tonnes de cacao, exportées en URSS,
a triplé en deux ans.
Rendre les pays dépendants
Dans leur politique impérialiste
de pillage du tiers monde, les nouveaux bourgeois de Moscou
ont, à l'origine, utilisé les formes de l'aide
socialiste, mais en les transformant et en changeant leur
contenu en son contraire. Sous prétexte d'"aider"
certains pays à réaliser des projets de
développement, ils leur ont consenti des prêts,
qu'ils ont assortis de conditions commerciales : livraison
massive de matières premières à bas
prix et achat de matériel soviétique
démodé. Comme l'écrivait "La Pravda" :
"c'est une erreur de considérer l'aide à
l'étranger comme une sorte d'aumône et une
perte d'argent... une telle aide n'est pas gratuite comme
certains camarades le pensent". De cette façon, le
social-impérialisme met littéralement la main
sur l'économie de certains pays. L'Inde doit en
même temps importer les produits soviétiques
à des prix de 20 à 30% supérieurs
à ceux du marché mondial et exporter ses
matières premières à des prix
inférieurs dans les mêmes proportions. Plus de
la moitié de son industrie pétrolière
et d'équipements électriques, la
quasi-totalité de ses machines lourdes, le tiers de
son acier sont sous contrôle soviétique, la
production étant soumise aux standards, à la
variété et aux quantités
décidés en URSS, et les prix des produits
étant fixés par ce pays. De surcroît,
ces industries sont un débouché obligatoire
pour les produits soviétiques ; comme le complexe
mécanique d'Hardvar, qui doit utiliser les
pièces et ensembles fournis par l'URSS.
Mais, encore insatisfaite de ce
système et craignant qu'il ne prenne fin avec le
remboursement des dettes contractées auprès
d'eux, les sociaux-impérialistes en viennent
aujourd'hui ouvertement aux vieilles solutions capitalistes,
jusque dans la forme : leurs économistes ne tarissent
pas d'éloges pour le système de l'installation
dans les pays du tiers-monde de sociétés par
actions soviétiques.
Un faux ami des peuples
L'Union Soviétique, qui se
présente comme un ami des pays du tiers-monde, met en
fait à profit toutes les occasions pour se livrer
à leurs dépens à de honteux trafics ;
c'est ainsi que, pendant la guerre d'octobre, elle a
doublé le prix des armes qu'elle vendait à
l'Irak, l'obligeant à payer en pétrole qu'elle
a revendu trois fois plus cher à l'Allemagne de
l'Ouest. Tout en soutenant en paroles l'embargo sur le
pétrole à destination des Etats-Unis,
décidé par les pays arabes, elle a
exporté aux USA quinze millions de gallons de
pétrole , en trois mois, pendant cette
période.
Les sociaux-impérialistes n'ont
aucun titre pour se présenter comme des
défenseurs des pays en voie de développement.
N'ont-ils pas déclaré d'ailleurs, en totale
contradiction avec toute leur démagogie : "Bien que
le pétrole arabe soit, formellement
propriété arabe, il est en
réalité propriété
internationale. Il est un produit dont dépendent la
vie du monde moderne et ses industries". A la session
spéciale de l'ONU sur les matières
premières, ils se sont opposés violemment
à ce que la déclaration finale,
préparée par les pays du tiers monde parle
d'un "nouvel" ordre économique international,
montrant leur attachement à l'ancien ordre de pillage
et d'oppression. Ils ont prétendu que la
déclaration devait être conforme aux
intérêts de tous les "groupes de pays",
c'est-à-dire à ceux des impérialistes
comme à ceux des pays qu'ils oppriment, et donc en
fin de compte à ceux des impérialistes. Ils
ont rejeté l'idée que le mouvement de
décolonisation était "le plus important
succès" des trente dernières années.
L'opposition ferme et unanime que ces manœuvres ont
rencontrée de la part des pays du tiers-monde montre
bien que, malgré sa démagogie, le
régime soviétique est de plus en plus
démasqué pour ce qu'il est : non plus un pays
socialiste fraternel aux peuples en lutte, mais un nouvel
impérialisme, un des deux plus grands pillards de
notre époque, qui se dispute avec l'autre pour le
partage du monde.
l'extension du militarisme
soviétique
La restauration du capitalisme en URSS a
transformé ce pays en une puissance
impérialiste. Sur le plan militaire, son potentiel
agressif n'a cessé de croître. Sous le couvert
de "défense de la paix mondiale", de
"détente", malgré la multiplication de plans
de "désarmement", de "non prolifération des
armes nucléaires", l'Union Soviétique se livre
avec les USA à une course aux armements, au
déploiement d'une force d'agression dans diverses
parties du monde.
Depuis un peu plus de 10 ans, l'Union
Soviétique a préparé et signé un
certain nombre de traités de "désarmement"
mais tous ces accords ont pour but de permettre à
l'URSS et aux USA de poursuivre seuls le
développement des forces militaires (classiques ou
nucléaires) bénéficiant ainsi d'une
situation de monopoles vis à vis des autres
pays.
En 1963, l'URSS et les USA signaient un
accord interdisant les essais nucléaires dans
l'atmosphère. Mais depuis plus de 10 ans, l'Union
Soviétique a effectué plus de 400 essais
souterrains. Cet accord de 1963 ne gênait en rien le
social-impérialisme (ni les USA) qui pouvait,
à ce stade, poursuivre ces essais sous terre. Ce
traité n'avait pour but que de maintenir aux mains de
l'URSS et des USA le monopole nucléaire. En outre,
depuis cette date, l'URSS a multiplié les essais de
fusées en tout type dans le but d'améliorer la
qualité de ses missiles balistiques
intercontinentaux, qui sont passés de 100 en 1963
à plus de 1500 en 1973, les missiles balistiques
installés sur sous-marins étant 5 fois
supérieurs à ceux de 1963.
En 1968, un nouvel accord était signé
portant sur la "non-prolifération des armes
nucléaires". C'est précisément
après cette date que l'Union Soviétique a
doté sa marine de sous-marins nucléaires
pouvant lancer des missiles balistiques à longue
portée, disséminant ainsi l'arme
nucléaire dans tous les océans du monde, le
nombre de ces sous-marins est passé de 7 en 1968
à 39 en 1972. Voilà comment dans les faits
l'Union Soviétique envisage la
"non-prolifération des armes
nucléaires".
En mai 1972, l'accord URSS-USA
prétendait porter sur la "limitation des armes
stratégiques offensives". Or, à cette
époque, le problème de l'URSS n'était
plus d'accroître le nombre de ses missiles, mais de
les moderniser. Il s'agissait alors de diversifier les types
d'armements nucléaires, d'augmenter la force
d'intervention nucléaire en respectant le "quota"
précisé par l'accord. Dans un laps de temps
d'un peu plus d'un mois après la signature de cet
accord, l'Union Soviétique a effectué 7 essais
de missiles intercontinentaux et 8 essais de missiles
balistiques lancés par sous-marins, soit un essai
tous les 3 ou 4 j'ours. Sans sortir de la "norme" de
l'accord, elle a procédé, en janvier et
février 1974, au lancement de vecteurs dans le
Pacifique. Le but de ces essais était
d'expérimenter divers types de missiles balistiques
intercontinentaux, y compris des MIRV (Missiles à
têtes multiples indépendamment guidées).
La signature de l'accord de 72 a simplement permis à
l'URSS de gagner du temps pour rattraper et dépasser
les USA pour les armes stratégiques en
quantité comme en qualité.
L'URSS dispose, avec le Pacte de
Varsovie, d'un dispositif d'agression sur l'ensemble de
l'Europe. Depuis 1968, les troupes soviétiques
(fortes de 600.000 soldats soviétiques
stationnés hors de l'URSS, dans les pays d'Europe de
l'Est) ont augmenté de 20% et les forces
aériennes tactiques de 50%. Les 3/4 des missiles de
moyenne portée sont braqués vers l'Europe. Aux
frontières aussi de l'URSS, 700 missiles à
tète nucléaire sont dirigés en
permanence contre l'Europe occidentale. Le pacte de
Varsovie, à l'ouest de l'Oural, dispose de 45.000
blindés et de 2850 avions de guerre de
différents types. Rien qu'en Europe, 3500 ogives
nucléaires sont sous contrôle
soviétique.
Tous les accords de désarmement signés
entre l'URSS et les USA prennent soin d'éluder les
questions essentielles et les engagements tout à fait
concrets : jamais ils n'ont osé s'engager à ne
pas employer les premiers à aucun moment et dans
aucune circonstance les armes nucléaires ; jamais ils
n'ont envisagé l'interdiction générale
et la destruction totale de ces armes ; jamais ils n'ont
envisagé d'évacuer les forces
nucléaires stationnées en dehors de leur
propre territoire. Régulièrement, depuis
l'époque de Khrouchtchev, l'Union Soviétique
propose de réduire de 10% les dépenses
militaires , afin de venir en aide aux pays
sous-développés. Cette proposition
"généreuse" se heurte à un "petit
inconvénient" Dans tous les pays, le budget militaire
relève du secret national ; il se pose donc deux
questions : comment évaluer les budgets militaires et
combien l'Union Soviétique dépense chaque
année.
En 1958, l'URSS a proposé de
réduire de 10 à 15% les dépenses
militaires. En 1961, les dépenses soviétiques
avaient augmenté de 23% par rapport à 1958. De
1965 à 1973, le chiffre net de l'augmentation des
dépenses militaires fut le double de celui de
l'époque de Khrouchtchev. Actuellement, le nombre de
missiles balistiques est 4 fois supérieur à
celui de 1968. Le tonnage des bâtiments de guerre a
doublé ces dix dernières années. Cette
expansion des armements équivaut à une
augmentation inévitable des dépenses
militaires. Le caractère démagogique des
propositions soviétiques en matière de
réduction des dépenses militaires
apparaît avec évidence aux yeux des peuples du
monde car les chiffres officiels publiés par les
soviétiques (qui sont bien inférieurs à
la réalité) sont les suivants : en 1958, les
dépenses militaires officiellement reconnues
s'élevaient à 9,3 milliards de roubles et en
1964 à 13,3 milliards (soit une augmentation de 40%
en 6 ans) et en 1972 à 17,9 milliards (soit une
augmentation de 90% par rapport a 1958). Ces 17,9 milliards
de roubles (soit 20 milliards de dollars) est le chiffre
publié par l'Union Soviétique. L'institut
d'études stratégiques de Londres les
évalue à 70 ou 80 milliards de dollars. Dans
ces conditions, sur quels chiffres pourraient être
basés les 10% ?
Non seulement l'Union Soviétique s'arme jusqu'aux
dents, mais elle se conduit vis à vis des peuples en
lutte comme un vulgaire marchand de canons. Toutes les armes
envoyées à titre d'"aide" aux pays arabes ont
été vendues à un prix
élevé, payables comptant et en devises
à tel point que certains pays furent obligés
de se procurer des dollars US sur le marché
européen. Vers 1960, l'Union Soviétique avait
une clientèle de 6 pays qui lui permettaient
d'empocher 95 millions de dollars, soit 11,3% du commerce
mondial de matériel de guerre. Vers 1970, plus de 20
pays lui rapportait 37,5% du total mondial. Dépassant
les USA, l'URSS est devenue le premier trafiquant de canons
du monde.
En 1966, l'aide économique de
l'URSS au tiers-monde était de 1,24 milliard de
dollars et ses exportations d'armes lui rapportaient 300 ou
400 millions. En 1972, la vente d'armes lui a
rapporté, 1,1 milliard .de dollars, l'"aide
économique" n'était que de 580 millions.
L'URSS a pour marchés principaux de ses armes le
Moyen-Orient et l'Amérique du Sud. Durant la guerre
indo-pakistanaise de 1965, les USA et la Grande Bretagne
ayant mis l'embargo sur le matériel de guerre,
l'Union Soviétique saisit l'occasion pour acheminer
en Inde de considérables quantités d'armes.
Fin 1971, elle incita l'Inde à déclencher une
guerre d'agression pour démembrer le Pakistan et
gagna ainsi des profits considérables en lui
fournissant des avions, des tanks et des engins
téléguidés d'une valeur de plus de 750
millions de dollars.
Les tentatives de
pénétration dans le tiers-monde
La soif de rapine des impérialistes les a toujours
amenés à vouloir contrôler
intégralement, sur le plan politique et militaire,
les pays auxquels ils veulent étendre leur pillage ;
ceci dans le but de faire face à la volonté
d'indépendance des peuples et à la concurrence
de leurs rivaux impérialistes. Lorsque l'URSS est
apparue sur la scène mondiale comme un nouvel
impérialisme, elle s'est immédiatement
heurtée à l'impérialisme dominant
à l'époque : l'impérialisme US, qui
possédait de multiples colonies et
néo-colonies et qui avait plus ou moins établi
son influence dans les pays impérialistes
européens qui contrôlaient les autres. L'URSS
n'a pas cessé depuis de tenter de mettre à
profit l'affaiblissement de l'impérialisme US et des
impérialismes européens sous les coups des
peuples en lutte pour leur indépendance, afin de se
glisser à leur place. La clef de cette expansion est
la lutte contre l'impérialisme US pour
l'hégémonie mondiale. Ses limites
résident dans la force de l'adversaire, mais plus
encore dans la lutte des peuples pour leur
indépendance, qui la rend déjà
difficile.
Le Moyen-Orient et la Méditerranée et la
région du Golfe arabo-persique constituent
aujourd'hui un secteur d'affrontement entre les deux
super-puissances.
Le Moyen-Orient est la charnière
de l'Europe, de l'Asie et de l'Afrique d'une part, de la
Méditerranée et de l'Océan Indien
d'autre part avec le Canal de Suez. Le Moyen-Orient et la
région du Golfe constituent d'autre part les
principales réserves du monde de pétrole
à bon marché. Le social-impérialisme
n'a cessé de manœuvrer pour arracher à son
rival cette source de profits fabuleux qui constitue en
outre une région stratégique, du fait que la
politique impérialiste des pays d'Europe occidentale
les a placés sous la dépendance
énergétique de cette région et partant
de l'impérialisme qui la contrôle. C'est dire
que la lutte pour le contrôle de l'Europe se joue pour
une part dans cette région du monde.
Au Moyen-Orient, la politique
social-impérialiste a consisté depuis des
années à entretenir la situation de "ni guerre
ni paix". Le social-impérialisme met à profit
l'agression du sionisme et de l'impérialisme US
contre les peuples et les pays arabes pour imposer son
contrôle par le biais de "l'aide" militaire politique
et économique. Il vise en même temps à
maintenir dans la région le foyer de troubles que
constitue L'Etat sioniste, afin de poursuivre cette
politique d'"aide" et de limiter l'expansion de l'Etat
sioniste, du fait qu'il est un instrument de l'autre
superpuissance.
A la faveur de la défaite subie
par les pays arabes en juin 1967, le
social-impérialisme est ainsi devenu le grand
fournisseur d'armes de plusieurs pays arabes, passant aussi
avec eux des accords politiques et économiques pour
les placer sous sa dépendance. Il a toujours
manœuvré de façon à ce que les pays
arabes ne soient pas maîtres de l'armement qu'il leur
fournit, gardant le contrôle technique et limitant les
munitions, donnant ses fournitures de façon à
pouvoir arrêter à son gré, comme en
octobre 73, toute offensive des pays arabes en vue de
libérer leurs territoires. Il a renforcé ainsi
de la sorte la dépendance financière des pays
arabes, qui se trouvent considérablement
endettés à son égard, mettant à
profit cette situation pour se faire livrer, comme en
octobre 73, du pétrole contre des armes. Depuis la
guerre d'octobre, l'impérialisme US ayant su profiter
de la nouvelle situation dans la région pour marquer
des points dans les pays arabes, le
social-impérialisme s'est découvert une grande
aversion pour la "solution par étapes" qu'il
réclamait autrefois, tout simplement parce qu'elle se
faisait maintenant sans lui ; il s'est proclamé
soutien du peuple palestinien, dont il condamnait en 1970
les guérilleros comme des terroristes. Ce que vaut ce
soutien, on le comprend quand on voit qu'en même
temps, le social-impérialisme accepte de faire passer
à 80.000 pour 18 mois le rythme de
l'émigration des juifs soviétiques vers
"Israël", ce qui constitue une augmentation
considérable.
On ne peut séparer l'expansion du
social-impérialisme au Moyen-Orient de son expansion
en Méditerranée. C'est en effet à la
faveur de la guerre de juin 67 que la flotte
soviétique a pénétré massivement
en Méditerranée, y obtenant de multiples
facilités portuaires.
Cette flotte atteint aujourd'hui 50
à 60 unités (soit plus que la VIe flotte US)
et 90 dans les périodes de crise. Elle vise à
assurer à l'URSS le passage vers l'Océan
Indien et au-delà le Pacifique par le canal de Suez
et en même temps à menacer le flanc sud de
l'Europe. On a pu voir l'importance stratégique de
cet enjeu au moment de la crise de Chypre, quand les
sociaux-impérialistes ont tourné leur veste,
soutenant la Grèce après avoir soutenu la
Turquie, faisant mouvement par mer vers l'île et
mobilisant 7 divisions aéroportées, tentant de
s'immiscer dans les affaires de l'île par le biais de
l'ONU. C'est que l'Île de Chypre contrôle
précisément la route maritime des Dardanelles
au canal de Suez, route décisive pour le
social-impérialisme dans son expansion vers le Golfe
arabo-persique et l'Océan Indien.
Une autre direction dans la: quelle s'exerce la
poussée social-impérialiste est en effet
l'Asie du Sud et l'Océan Indien.
En ce qui concerne l'Asie du Sud, on se
souvient comment l'URSS s'est infiltrée en Inde; par
exemple en soutenant l'expansionnisme indien dans ses
agressions contre la Chine et le Pakistan.
Aujourd'hui, l'Inde est pour une large
part devenue une néo-colonie du social
impérialisme, qui contrôle par exemple à
80% son industrie de machines-outils. L'expansionnisme
indien est l'instrument principal des menées
social-impérialistes dans la région. En
quelques années, on a pu voir :
1) un premier pas dans le
démembrement du Pakistan, Etat indépendant et
membre du CENTO (Alliance mise en place par
l'impérialisme US), avec l'affaire du Bangla-Desh. On
se souvient que cette affaire s'est déroulée
sous le signe du "traité de coopération"
signé en août 71, trois mois avant l'agression,
entre l'URSS et l'Inde, traité sous le couvert duquel
se sont faites les livraisons massives d'armes qui ont
permis le succès de l'opération.
2) Quelques temps après, un coup
d'Etat renversait le monarque de l'Afghanistan, et hissait
au pouvoir un membre de sa famille connu pour ses sympathies
pro-soviétiques. Immédiatement, le nouveau
pouvoir engageait une campagne pour la réalisation du
"grand Patchounistan", qui visait à poursuivre le
démembrement du Pakistan par l'annexion de sa partie
nordique. Une agitation séparatiste était
entretenue à la charnière de l'Iran et du
Pakistan parmi, les populations balouches, agitation
alimentée par des armes
soviétiques.
Un coup d'œil sur la carte montre
aisément à quoi l'on a affaire, il s'agit pour
le social-impérialisme de se frayer par les
mêmes méthodes de subversion que la CIA une
voie terrestre vers l'Océan Indien. Tel est le sens
des propositions de "traité de sécurité
collective en Asie", agitées à maintes
reprises par le social-impérialisme : se substituer
dans ce continent à l'impérialisme US et
encercler la Chine Socialiste. L'océan qui baigne
cette région, l'Océan Indien, est
également un des terrains où s'exerce la
rivalité soviéto-US. Commencée en 1965
sous prétexte de "visites" dans les ports indiens, la
pénétration social-impérialiste y est
aujourd'hui très avancée, comportant une
flotte permanente de 30 à 40 navires de guerre et
plus de 10 ports de bases où l'URSS a des
facilités de mouillage. L'Océan Indien est en
effet une base d'agression possible contre les pays
asiatiques, et le deuxième maillon de la voie de
passage entre l'Atlantique et le Pacifique, le premier
étant constitué par la
Méditerranée. Tandis que le
social-impérialisme peut espérer voir à
court terme la réouverture du canal de Suez qui joint
la Méditerranée au Pacifique, ses navires de
guerre ont systématiquement violé le
détroit de Malacca, voie de passage entre le
Pacifique et l'Océan Indien, située dans les
eaux territoriales de la Malaysia et de l'Indonésie.
C'est à son propos notamment que le
social-impérialisme se détermine pour
"l'internationalisation" des détroits. L'importance
de l'enjeu que constitue l'Océan Indien est
indiquée par la réaction du rival
américain, qui tente aujourd'hui de combler son
retard en installant une base géante dans l'île
de Diego Garcia.
L'activité du
social-impérialisme s'étend également a
l'Afrique, où il tente particulièrement de
pénétrer sur la côte est, et
l'Amérique Latine en prenant pour base Cuba ; il a
installé là-bas une base pour sa flotte qui
croise en mer des Caraïbes, autre secteur
stratégique vital, et une base de
télécommunication : à partir de
là, ses navires s'infiltrent tout le long de la
côte de l'Amérique du Sud. Cependant, à
la faveur des contradictions qui se développent entre
les pays d'Amérique Latine et les USA, il amorce une
pénétration commerciale, quitte à
consentir un lourd déficit, et vend même des
armes dans ces pays.
En considérant l'ensemble de cette situation, on
peut conclure que le social-impérialisme a
marqué des points contre son rival US dans la lutte
pour le contrôle du Tiers-Monde. Il reste que sa
progression commence à se heurter au principal
obstacle qu'elle est appelée à rencontrer : la
volonté d'indépendance du Tiers-Monde. La
marque "socialiste" sur laquelle il avançait,
profitant du passé glorieux de l'URSS de
Lénine et de Staline, est sérieusement
fissurée. A l'ONU, les divers pays du Tiers-Monde ont
rejeté énergiquement les tentatives
social-impérialistes pour supprimer la mention d'un
"nouvel ordre économique" dans la résolution
sur les matières premières, affirmant
nettement que cela revenait à défendre
l'ancien ordre, l'ordre impérialiste. De même,
dans la conférence sur le droit des mers, ils ont
rejeté ses prétentions à maintenir
l'ancienne limite des eaux territoriales, à
internationaliser les détroits, etc...
La conscience du caractère
impérialiste de l'URSS se manifeste dans le mouvement
des masses populaires du Tiers-Monde elles-mêmes.
C'est ainsi qu'au Bangla-Desh, trois ans après
l'agression indienne perpétrée avec son
soutien sous prétexte de "libération", le
nouveau régime est de plus en plus ouvertement honni
des masses, comme on a pu le voir à l'occasion du
voyage du président du Pakistan, qui a donné
lieu à des manifestations contre l'expansionnisme
indien. C'est la force qui arrêtera
irrésistiblement la poussée
social-impérialiste dans le Tiers-Monde.
(prochain article : l'Europe, les
marxistes-léninistes et l'Indépendance
Nationale).
|