.2.
UNE POLITIQUE
DE
PARTI
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Faire exister la classe
ouvrière :
LES NOYAUX
COMMUNISTES
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A l'usine, où
règne dans sa sauvagerie civile la contradiction
capital/travail, nous soutenons la naissance et la
croissance de noyaux communistes ouvriers, forme
spécifique de l'organisation d'avant-garde, dans une
rupture complète avec toute la pseudo-tradition
syndicalisante du "mouvement ouvrier". Dans une conscience
à nouveau tranchante, et immédiatement
dirigeante, de ce qu'un ouvrier marxiste concentre en lui
non pas les exigences limitées et circonstancielles
de la lutte revendicative, mais les exigences
illimitées et permanentes de la politique
communiste.
De là
qu'aujourd'hui les noyaux communistes définissent
avant tout une charte du juste comportement de classe, une
manière d'être, individuelle et collective,
sans quoi la classe, comme réalité consciente,
n'existe pas, ni dans l'usine, ni hors de l'usine. Faire
exister le prolétariat dans le réseau pratique
des comportements ouvriers, voilà la première
exigence des noyaux.
Nous publions
ici l'intervention d'un noyau ouvrier, chargé de
diriger un forum à notre meeting central du 28
Février 1981.
- I -
De quoi parlerons-nous aujourd'hui ? Nous
parlerons du prolétariat, du communisme, de la
question du parti communiste de type nouveau, de son
édification dans les noyaux communistes ouvriers.
Pourquoi ? Et bien parce qu'aujourd'hui dans les
usines, chacun doit choisir le chemin qu'il prend, chacun
doit dire ce qu'il est et ce qu'il veut.
Dans ce grand moment de réflexion
politique, de tempête dans les têtes,
d'affrontement des projets politiques au sein des ouvriers,
nous sommes ceux qui avons choisi la voie de la
reconstitution d'un authentique prolétariat en
France, la voie de l'organisation de son parti communiste.
Nous sommes à un tournant dans l'histoire
de la classe ouvrière en France. Et c'est cela qu'il
faut bien comprendre. Pourquoi ? Parce que c'est la crise
économique ? Qu' il y a des licenciements ? Qu'il y a
des mauvais coups anti-ouvriers ? Que "ça va mal"
comme on l'entend souvent ? Une fois qu'on a dit cela, on
n'a rien dit car on ne peut pas comprendre pourquoi il n'y a
pas de riposte de masse à ces mauvais coups; pourquoi
"les patrons font ce qu'ils veulent" comme disent beaucoup
d'ouvriers.
Ce qu'il y a à comprendre, c'est que la
classe ouvrière est en crise politique, qu'elle n'a
plus de perspectives, que son mode de pensée ne
fonctionne plus, qu'elle se sent sans appuis et incapable de
faire face à la situation. C'est cela que la
bourgeoisie a compris et qui lui permet de " faire ce
qu'elle veut".
Ce qu'il y a à comprendre, c'est que la
pensée ouvrière française, le mouvement
ouvrier ont fait faillite, et qu'il faut le digérer.
Cette pensée complètement métaphysique
regardait les places: l'ouvrier qui se fait une place, qui
veut l'améliorer dans le capitalisme, les bourgeois
qui sont en place et sont toujours les plus forts et qu'on
laisse conduire la politique.

1936 : un des aspects de ce
mythe, l'électoralisme.
Ce mouvement, c'était celui des ouvriers
mécontents de leur sort, disant au patron: "on est
là, ne nous oublie pas! ". On le disait parfois en
criant très fort dans les luttes revendicatives
où existait un minimum d'unité parce qu'"on
est tous des ouvriers". Et l'horizon politique,
c'était 1936, cet espèce de mythe qui colle
aux semelles des ouvriers: la grande unité
revendicatrice dans les usines, l'unité de la gauche
aux élections donnent conquêtes sociales.
C'est encore ce mythe là qui a
été brandi de 73 à 78 à travers
le programme commun pour fourvoyer la révolte de
Mai.Juin 1968.
Et tout le monde se camouflait derrière
cette unité sans aucun principe de classe: le P.C.F.
sous la grosse casquette C.G.T. pour promettre plus de
beurre sur les tartines, la C.F.D.T. de la coordination des
luttes qui amenait en chantant les révoltés
dans les bras de Marchais.
TOUT CELA EST FINI. L'idée très
répandue dans les usines " les grèves ne
marchent plus" montre que la grande masse des ouvriers en a
conscience.
Fini l'ouvrier stable, l'ouvrier garanti avec
ses acquis, à qui le capitalisme rappelle brutalement
la réalité: l'usine est un lieu sauvage
d'extorsion de la plus-value, où la force de travail
est une marchandise. Maintenant intérim,
chômage technique, jeté, pris.
Finie l'union de la gauche, l'union syndicale.
Aujourd'hui on voit poindre le gros bâton
social-fasciste du P.C.F. pour développer ouvertement
son projet politique dans les usines; crachant sur les
intérimaires, sur les O.S., sur les ouvriers qui ne
sont pas " de valeur" comme ils nous l'ont expliqué
à Creusot-Loire Chalon. Nous l'avons rencontré
ce "bon ouvrier de valeur" estampillé P.C.F.:
raciste, fayot, mouchard, arriviste, corrompu, prêt
à tout pour sa place au soleil. Le bleu de chauffe
sur le dos, mais les idées de nouveau bourgeois dans
la tête et les bras d'un fasciste pour agir.
Et vraiment, il n'y a plus que les groupes de
pleureuses style "union dans les luttes", C.F.D.T et Cie
pour nous vendre encore la camelote avariée du "
mouvement ouvrier uni", de l'"union de la gauche et de
l'unité syndicale"; ceux pour qui la politique, c'est
le beefsteak plus l'autogestion ! Rêve du 36
éternel.
Alors, maintenant dans les usines, il faut
choisir sa classe, son camp, sa politique, son parti. C'est
un choix incontournable.
C'EST LA UN GRAND TOURNANT: organisation d'une
nouvelle bourgeoisie arrogante, haineuse, ou organisation du
prolétariat international de France ? Parti social-
fasciste ou parti communiste de type nouveau ? L'heure est
aux mouvements politiques, aux grèves politiques.
Nous avons une réponse à cette question que
nous allons développer maintenant.
-II-
Aujourd'hui, dans les usines, l'heure est
à la réflexion; réflexion sur les
grandes questions actuelles de la politique,
c'est-à-dire quel comportement avoir, quel camp
choisir face à la crise de l'impérialisme,
face aux manoeuvres et aux attaques incessantes de la
bourgeoisie contre les ouvriers et le peuple. Mais aussi
réflexion sur le bilan que les ouvriers font
d'eux-mêmes, de leur histoire, de leurs illusions et
de leurs désillusions.
Cette réflexion est profonde, plus
profonde qu'il n'y parait. Il faut savoir la saisir, la
comprendre, sinon on ne voit qu'une masse d'ouvriers qui ne
"veulent rien faire", d'ouvriers écrasés.
Evidemment, ce n'est pas en appelant tous les jours les
ouvriers à la lutte ( comme le font les syndicats,
sur des objectifs complètement vagues), ni en ayant
à l'esprit de "faire bouger" les ouvriers, qu'on peut
comprendre et analyser ce qui se passe dans leur tête.
Mais c'est en discutant, en menant le débat, en le
provoquant même, en donnant son propre point de vue
sur les problèmes politiques aussi bien que sur les
situations concrètes locales. En un mot, c'est en
pratiquant ce que nous appelons l'enquête
maoïste.
Cette période de réflexion, elle
ne vient pas seulement d'un constat d'échec,
d'impuissance de la lutte revendicative traditionnelle face
à la crise, ce que nous appelons la course aux
miettes organisée par les syndicats quand
l'impérialisme va bien. Cela, ce n'est que l'aspect
objectif, c'est-à-dire que quand les ouvriers
boycottent en masse les appels syndicaux aujourd'hui, ils
n'obéissent qu'à un réflexe de bon
sens, de ne pas s'aventurer dans des luttes perdues
d'avance.
Mais ce qui est le plus important, pour
expliquer le pourquoi de cette réflexion, c'est ce
qui en fait la démarche subjective. Nous, au noyau,
nous partons d'un principe, qui peut paraître
simpliste: c'est que les ouvriers pensent, qu'ils ont un
point de vue, même confus, même contradictoire,
sur les évènements, sur le présent et
sur le passé.
Nous parlons d'attaques et de manoeuvres
incessantes des patrons et des bourgeois contre les
ouvriers. Le problème, ce n'est pas seulement que des
coups de bâton, ça fait mal. Mais c'est surtout
de comprendre d'où ils viennent, de comprendre la
vraie nature de l'impérialisme qui donne ces coups de
bâton.
Nous parlons de questions politiques. C'est que
c'est difficile de comprendre pourquoi les ouvriers
réagissent différemment, pourquoi cette
apparente solidarité revendicative d'antan n'existe
plus. Ce n'est pas évidemment non plus d'avoir les
idées claires sur telle ou telle question, sur tel ou
tel concept, sur le sens même des mots, quand on voit
par exemple la propagande quotidienne du P.C.F. pour tout
embrouiller, pour attaquer les immigrés au nom de
l'anti-racisme, pour crier victoire après 200
licenciements dans une usine, pour soutenir les russes en
Afghanistan au nom de l'internationalisme et du communisme.
Et puis, ce n'est pas facile non plus, pour des
ouvriers de 50 ans, de dire, comme plusieurs d'entre eux
nous l'ont dit, qu'ils sont vidés, que l'usine leur a
tout enlevé, qu'elle a nivelé leur
façon de penser comme leurs actes quotidiens, que les
luttes ne leur ont rien apporté.
Voilà quelques éléments qui
permettent de mieux comprendre pourquoi les ouvriers sont
dans une période de réflexion. D'ailleurs nous
le constatons tous les jours, dans notre travail politique.
Je ne vous citerai que 2 petits exemples, parmi d'autres,
mais qui sont révélateurs:
A CREUSOT-LOIRE, depuis le début du
processus des licenciements, on s'est rendu compte que les
tracts du noyau étaient beaucoup plus lus que ceux
des syndicats et du P.C.F. Notamment les tracts qui posaient
des problèmes politiques de fond. Il y a encore 2 ou
3 ans, un tract qui ne parlait pas que des questions
concrètes de la boîte, c'était un tract
qui n'était presque pas lu. On le mettait dans la
poche. Aujourd'hui, beaucoup d'ouvriers les lisent
(même quand c'est des pavés où on remet
en cause les ouvriers eux-mêmes, par exemple le tract
de bilan des licenciements).
DANS UNE AUTRE USINE, une boite d'O.S. et d'
O.P. déclassés, à notre dernière
diffusion de tracts contre le P."C"F., parti raciste, parti
mouchard, on a vu pas mal d'ouvriers s'arrêter au bout
de quelques mètres, dans la cour de l'usine, pour
lire le tract plus à fond.
Réflexion politique donc,
c'est-à-dire en fait la question de l'unité
politique des ouvriers. C'est là le coeur du travail
des noyaux.
L'unité politique, cela ne veut pas dire
être ensemble, être le plus nombreux possible.
Nous, au noyau, nous n'appelons pas les ouvriers à
s'assembler pour lutter, disons pour lutter dur, en faisant
de la surenchère sur ce que proposent les syndicats.
Nous ne les appelons pas à nous suivre.
Le travail quotidien du noyau, c'est
d'intervenir à partir de ce qu'on appelle les formes
de conscience ouvrières, c'est-à-dire à
partir des façons, des schémas de
pensée que l'on peut rencontrer dans les usines, en
provoquant le débat sur les questions de
dignité ouvrière, de comportements de classe,
au fond de "Qu'est-ce que cela signifie d'être du
prolétariat aujourd'hui", et "Qu'est-ce que cela
signifie d'être une force ? ".
Par exemple, il nous arrive de renvoyer aux
ouvriers d'une usine, sous forme de tract, l'analyse qu'on
fait des réflexions, des différentes choses
que disent les ouvriers sur un point précis
(licenciements, mutations, sanctions, etc...) et de mettre
le doigt sur tout ce qu'il y a de contradictoire. Car, la
politique, c'est sur des points concrets qu'elles se
mène, des choses qu'on fait ou qu'on ne fait pas. Et
l'unité politique, c'est de savoir pourquoi on
décide de faire cela, et de le faire... et ensuite
d'en faire le bilan.
C'est pourquoi, dans notre travail politique,
nous lions toujours 2 choses, qui sont indissociables.
-- l'intervention sur des
situations concrètes en faisant des propositions.
-- l'éducation marxiste et les
écoles ouvrières.
Il est évident que le travail politique
du noyau n'a d'effets que s'il se mêle des situations
concrètes dans lesquelles sont engagés les
ouvriers. Mais il y a un écueil sur lequel se sont
échoués bon nombre d'ouvriers
révolutionnaires sincères et combatifs dans
les années d'après-68, c'est de tomber dans un
apolitisme plat au nom de la satisfaction de revendications
immédiates.
Nous, au noyau, nous voulons rompre avec le
débat stérile que ces gens-là avaient
en tête, c'est-à-dire la contradiction entre la
revendication immédiate, qui serait l'aspect tactique
(la lutte) et l'idéologie révolutionnaire (la
révolution, le communisme) qui serait l'aspect
stratégique.
Non pas qu'il n'y ait pas de contradiction entre
ces 2 termes, mais quand dans le travail politique, on passe
de l'un à l'autre, comme on saute d'un pied sur
l'autre, c'est toujours le premier aspect qui l'emporte. Et
on finit par dire les mêmes choses que les syndicats,
en plus dur.
Nous, au noyau, avons un fil conducteur pour
guider nos interventions dans les situations
concrètes. C'est d'être vigilant dans toute
forme d'action ou tout élément de programme,
à ce qui fait la force ou la faiblesse,
l'unité politique ou la division, le caractère
de classe, l'autonomie ouvrière ou la
dépendance par rapport aux forces syndicales. C'est
de savoir si de faire telle chose contribue à
renforcer la classe ouvrière pour après, ou
non.
C'est pourquoi nous avons élaboré,
avec des ouvriers de différentes usines de notre
région, et en bilan des grèves qui ont eu lieu
en 78 et 79, la CHARTE EN 16 POINTS. Cette charte, ce n'est
pas le programme de l'U.C.F.M.L. pour les ouvriers, ni des
recettes d'agitation.
Dans cette charte, il y a 16 points; non pas que
la liste soit exclusive, mais parce que ce sont des points
que l'on rencontre fréquemment dans les usines
aujourd'hui, ce sont des points de la lutte de classe
quotidienne à l'usine, dans les ateliers.
Dans cette charte, il y a 2 aspects importants:
la question des comportements de classe dans les situations
concrète, et la question de la résistance
quotidienne à l'usine. Nous avons
élaboré cette charte en réponse
à la corruption, à l'individualisme, au
défaitisme. Nous l'avons envisagé non pas
comme un programme qu'il faut faire aboutir, mais comme une
réponse politique immédiate, en terme de
débats et de pratiques, dans la lutte des classes
quotidienne. Le but de la charte, c'est de constituer dans
les usines le camp de ceux qui veulent résister aux
mesures anti-ouvrières: ce camp, c'est ceux qui
veulent appliquer la charte, ou ceux dont le comportement
quotidien relève de l'esprit de la charte.
La charte, c'est un moyen d'interpeller les
ouvriers à partir d'éléments concrets
et réalisables. Elle rompt totalement avec la vision
quantitative des choses, qui fait dire à tant
d'ouvriers " il faut être nombreux pour faire quelque
chose", ou "l'union fait la force". Mais ça, ce n'est
qu'un alibi, car en fait on n'est jamais assez nombreux,
donc on ne fait jamais rien. De plus, les ouvriers qui
disent cela, ce sont les mêmes qui disent aussi "ce
sont les autres qui ne veulent pas bouger, ce sont les
autres qui ont une sale mentalité". A ce sujet, la
charte insiste sur le fait que c'est chacun qui est porteur
de l'unité ou de la division, que c'est à
partir de l'attitude de chacun qu'il y a possibilité
de transformer la situation ou pas.
La charte rompt aussi avec la conception
complètement syndicaliste qui est celle de "seule la
lutte paye". Parce qu'une fois la lutte passée,
qu'est-ce qui reste ? Chacun retourne dans son atelier. Et
si la lutte a été un échec, on est
encore plus divisé qu'avant. La grève, ce
n'est pas le seul moyen de se battre. Elle n'est un moment
privilégié que si avant, le débat a
été largement mené et que si un
début d'unité politique s'est constitué
dans les ateliers.
Le gros travail, il est à faire tous les
jours, sur des choses qu'il ne faut pas laisser passer (un
licenciement individuel, un chef qui fait chier un ouvrier,
etc...). C'est cela qui fait de l'ouvrier un acteur de la
lutte des classes, et non pas un client pour un programme
revendicatif. C'est cela aussi qui assure une autonomie
politique des ouvriers par rapport aux forces bourgeoises
dans l'usine et à leur façon de penser. C'est
cela enfin qui donne aux ouvriers la confiance dans la
possibilité de transformer les choses d'abord
là où ils sont.
Nous avons comme principe de faire de tout acte
une démarche collective, donc un débat entre
les ouvriers. C'est là que s'assume le refus de la
répression et de la corruption dans l'usine, c'est
là que s'enclenche le processus qui mène
à la transformation des rapports entre ouvriers.
C'est là qu'on rompt avec le
système de la "délégation des pouvoirs"
si chère aux syndicalistes. Dans la lutte de classes,
il n'y a pas d'avocats du peuple. Dans la lutte de classes,
on ne fait pas semblant: on la mène ou on ne la
mène pas. C'est à partir de cela qu'on se
compte dans l'usine, qu'on a une première idée
de ce qu'est notre camp.
Savoir qui est qui dans l'usine aujourd'hui,
c'est quelque chose de primordial. Nous sommes dans une
période où il y a des grèves, des
actions menées par le P.C.F. qu'il faudra
contrecarrer, dont le refus aura un enjeu de classe. Nous ne
parlons pas ici des "grandes journées nationales
bidons" qui sont désertées depuis longtemps
par les ouvriers. Mais nous prévoyons une offensive
politique du P.C.F. en direction de la classe
ouvrière pour les mois à venir, offensive dont
on entend déjà les bruits de bottes en ce qui
concerne la question de l'intérim et la question des
O.S.

Avant les élections
présidentielles de 1981, un exemple de
la politique d'embrigadement du
PCF, (démentie de manière
cinglante par les pourcentages
obtenus).
Car pour mener sa politique d'embrigadement, le
P.C.F. a besoin dans les usines d'une certaine
stabilisation, d'un certain monolithisme des ouvriers, sa
tactique, c'est l'intégration de tout ce qui est
différent, c'est la suppression en tant qu'acteurs de
la lutte des classes de tous ceux qui n'entrent pas dans les
structures de corruption de l'usine impérialiste,
tous ceux qui ne sont pas des ouvriers maison ( c'est pour
cela qu'il demande la suppression de l'intérim et des
O.S.). D'ailleurs, sur le terrain, sa pratique c'est: soit
l'intégration (par exemple par rapport à
l'embauche de l'intérim ou de la qualification des
O.S.) soit la mise à l'écart pure et simple.
Nous, au noyau, nous partons au contraire de
cette diversité objective de la classe
ouvrière, pour en appuyer la diversité des
mobilisations subjectives (par exemple: la résistance
des intérimaires et leur point de vue
spécifique par rapport à l'usine). Tout cela
pour en faire une unité qui soit agissante, une
unité politique, donc une force.
D'ailleurs, aujourd'hui, l'unité
politique dans l'usine peut se faire sur des
éléments qui ne sont pas directement
liés à l'usine (exemple, la grève de 10
minutes lancée par un noyau parisien dans 2 usines
contre un crime raciste de la police).
C'est dans ces débats, ces prises de
positions, ces comportements de classe qu'est à
l'oeuvre le marxisme militant. Et c'est donc en soutien
à ce travail et à partir des
différentes formes de pensée et de conscience
ouvrière que nous menons des campagnes
d'éducation marxiste:
-- Des
tracts portant sur des thèmes comme la
révolution, la lutte des classes, le socialisme et le
communisme, la conception bourgeoise des choses et la
conception prolétarienne, sur l'impérialisme
et ses fausses richesses.
-- Des
écoles ouvrières liées à cela,
qui sont un lieu de débat et d'échange
d'expérience entre ouvriers, et dans lesquelles nous
mettons l'accent sur l'importance d'avoir une pensée
politique communiste (marxisme, matérialisme
dialectique, etc...).
-III-
Tous les partis, tous les bourgeois affirment la
nouveauté de leur politique; affirmer la même
chose nécessite donc quelques explications.
1) Notre
politique est nouvelle parce qu'elle se réfère
au quotidien. Depuis 68, on oppose la volonté de
changer la vie dans la quotidienneté à la
politique politicienne et spectaculaire.
Mais ce qu'expriment au travers de la politique
quotidienne de l'usine les noyaux, c'est l'affirmation qu'il
n'y a pas d'acquis autres que politiques.
Dire que les acquis, la défense des
acquis, etc... n'existent pas, peut paraître d'une
part surprenant, d'autre part peu nouveau.
2) Notre
affirmation en s'opposant aux acquis, combat une conception
métaphysique de l'usine où l'ouvrier est
toujours l'ouvrier et le patron idem.
Les acquis statu quo et leur défense
prétendent que rien ne se transforme quant au fond
quant au devenir historique des classes.
L'acquis et sa défense prônent
comme seules transformations possibles des
péripéties du consensus, en fonction de la
situation politique de la bourgeoisie face à une
classe ouvrière masse de manoeuvre pour des
négociations.
Dire: il y a une transformation de la
société en général et de la
classe ouvrière en particulier est banal, sur la
forme que revêtent l'exploitation et les classes
exploitées. Cela l'est moins si on affirme qu'il y
aune voie sinueuse qui mène au communisme et qui
affirme contre vents et marée qu'il y a une rime
à la lutte des classes et que cette rime est le
communisme.
La transformation n'est pas tant le mode
d'exploitation qui est passé de l'esclavage au
travail salarié. Beaucoup d'ouvriers nous
répondent face à cette affirmation que
l'esclavage existe toujours. Leur répondre qu'y
compris dans le cas de l'intérim l'ouvrier loue sa
force de travail, ce qui est différent de l'esclave,
ne sert pas à leur prouver que l'évolution est
notoire.
Ce qui par contre est notoire, c'est que le
combat que menaient les esclaves et que mènent les
ouvriers aujourd'hui, est un long apprentissage des classes
opprimées de la politique qui mène au
communisme.

A Longwy en 1979, échec
de la voie syndicaliste CFDT
LE SEUL ACQUIS EST
L'EXPÉRlENCE DE LA LUTTE DES CLASSES.
Mais alors, s'il n'existe pas d'acquis autres
que politiques, que signifie de dire que la politique des
noyaux est quotidienne ?
Après 1968, l'expression quotidienne de
la politique était jusqu'à présent une
affaire du peuple et des ouvriers comme
éléments du peuple; mais pas de la classe
ouvrière dans les usines.
Si l'on dit que changer la vie, la politique au
quotidien dans les quartiers, au sein du peuple, entre
hommes et femmes, etc... n'a pas d'acquis autre que la
volonté de transformation de ces rapports, que cela
ne constitue jamais un acquis, tout le monde est d'accord .
Si l'on dit la même chose de l'usine, des
rapports entre ouvriers, de la lutte de classes à
l'usine etc... bien des ouvriers se sentent agressés
quant à leur passé de battants. Voyons de quoi
il retourne:
** Les
acquis économiques (garantie de l'emploi...) ne
durent que tant que les patrons considèrent qu'ils
n'ont pas à restreindre le champ de la corruption
impérialiste. Si la classe ouvrière n'a pas de
force politique, il n'y a pas d'acquis.
** L'acquis
relevant de l'expérience de la lutte des classes de
la période de l'impérialisme jusqu'à la
crise, c'est le néant dû à
l'économisme syndical que nous combattons.
Les formes nouvelles que recherchait la classe
ouvrière après 1968, ce qui s'est
appelé la gauche ouvrière avec
l'expérience des comités de lutte, etc... a
disparu.
D'acquis dans les usines aujourd'hui, il ne
reste rien, excepté l'expérience des
révolutions et de l'évolution du marxisme et
à travers elles, ce dont nous sommes porteurs.
Aujourd'hui, il n'y a plus non plus de combats
dignes de ce nom. Pas de levée de masse face aux
licenciements... La bourgeoisie semble jouer gagnante sur
tous les tableaux.
C'est précisément parce qu'il n'y
a plus d'acquis; que la classe ouvrière aujourd'hui
doit mener la lutte des classes au quotidien afin de se
reconstituer en reconstituant son unité politique.
Qu'entendons-nous par là ?
Prenons un exemple: nous sommes connus par les
ouvriers de Chalon comme étant de bons lutteurs
intègres, mais aussi comme étant contre tout,
y compris s'ils lisent nos tracts et écoutent nos
propositions. Beaucoup n'arrivent pas à nous
définir. A Creusot-Loire par exemple, nous sommes
passés de 1975 à 1981 d'une usine sous
hégémonie syndicale et social-fasciste
à une situation où les ouvriers
réclament nos tracts anti-syndicalistes et
anti-social-fascistes. Malgré cela et le courant
d'opinion favorable, les ouvriers arrivent mal à
cerner ce que nous sommes.
Cela signifie deux choses:
-a- qu'ils
sont, et nous avec eux, dans une phase de recherche
politique; de bilan.
-b- qu'il
est difficile de bien cerner notre politique dans les usines
dont l'apparence est d'être opposée à
tout un bilan du passé relevant du syndicalisme et de
l'anarcho-syndicalisme. Que cela recouvre le moindre
détail. Dans cette phase il est de notre rôle
d'éclairer ce que nous entendons par politique
nouvelle, par politique communiste.
Exemple: le tract sur les 2 heures d'arrêt
où nous sommes opposés à faire 2 heures
de grève C.F.D.T. Au noyau nous avons discuté
pendant 2 heures et au bout de ce temps, il nous est apparu
que ce tract était indispensable. La C.F.D.T.
appelait à faire 2 heures de grève la veille
de Noël et du 1er de l'an pour finir à 19 heures
au lieu de 21 heures. Nous avons appelé à
prendre des bons de sorties, non par opposition formelle au
syndicalisme, mais par divergence profonde. Cette
grève C.F.D.T. était l'unité sans
principe, sans politique, où la grève est
conçue comme passe-droit, comme couverture du "sauve
qui peut". Nous y avons opposé une démarche
collective: discuter ensemble pour prendre ensemble un bon
de sortie.
Conclusion: ce qui importe plus encore que la
forme politique que prend le combat quotidien, c'est la
transformation qui en résulte sur les formes de
conscience où chaque ouvrier trouve sa place,
où l'unité est perçue comme quelque
chose impliquant chaque ouvrier et non comme une masse de
manoeuvre syndicale ou une masse militarisée qui
caractérise les conceptions révisionnistes et
trotskystes d'un soi-disant mouvement ouvrier.
Notre politique est nouvelle parce qu'elle
implique un rapport nouveau à la classe
ouvrière, aux ouvriers.
La classe ouvrière est bouleversée
par une multitude de statuts différents:
immigrés, femmes, intérimaires, etc... Cette
dimension peut être pour certains une faiblesse;
quelque chose de navrant et comme il n' y a rien à
faire pour ressouder les morceaux, comme on le faisait dans
l'usine de l'impérialisme florissant, on pleure.
Et bien, pas nous; il s'agit plutôt de
transformer le point de faiblesse apparente en point de
force; parce que c'est là la seule voie qui
mène à la constitution de la classe
ouvrière en classe politique.
Les nostalgiques de l'usine impérialiste
de naguère sentent tout ce qui n'a pas le statut
maison du bon ouvrier modèle comme une faiblesse, et
à la fin, sous couvert de combattre l'intérim,
c'est l'ouvrier intérimaire que l'on combat.
Quand les noyaux écrivent la charte, il
ne le font que parce que la situation nouvelle des temps de
crise, d'effondrement des acquis, nécessite une
politique de chaque instant où toute pensée et
tout acte doivent être combattus s'ils sont
réactionnaires et approuvés s'ils sont
révolutionnaires. Dans ce cadre, il est bien
évident que notre rapport aux ouvriers n'est pas
principalement référé à des
questions globales telles que le rapport
général des ouvriers au capitalisme, mais aux
actes quotidiens entre ouvriers qui affirment ou non
l'existence de la classe ouvrière.
L'existence d'ouvriers révolutionnaires
et communistes est indispensable et il est indispensable que
ces ouvriers affirment des comportements de classe face aux
chefs, aux racistes, au travail dangereux, etc...
Ce travail est sans doute difficile, en tout
cas, c'est celui de l'étape ouverte par l'existence
des noyaux ouvriers communistes, pour reconstituer la classe
ouvrière, pour constituer un parti communiste de type
nouveau.
Il nous faut créer des noyaux; il nous
faut être des ouvriers de noyau afin d'affirmer que la
voie au communisme est ouverte et que nous en sommes
porteurs.
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LES CPAC,
FORCE POLITIQUE DU
PEUPLE
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Nous, les Comités Populaires
Anti-Capitalistes, quels sont nos buts ? Pourquoi
dénonçons-nous publiquement le P.C.F. ?
Pourquoi existons-nous contre tous les partis bourgeois ?
En voyant agir et parler les partis politiques
qui présentent des candidats à
l'élection présidentielle, la plupart des gens
disent: "Ce sont tous des menteurs. Nous en avons marre de
leur politique". Nous en disons autant. Mais doit-on se
replier sur soi-même en disant: "Moi, je ne
m'intéresse plus à la politique" ? Non, au
contraire, c'est le moment de penser à une autre
politique, la politique du peuple.
Pour expliquer tout ce qui ne va pas
aujourd'hui, on dit souvent "Il y a la crise". Oui, c'est
vrai, mais de quelle crise s'agit-il ? Il s'agit d'une crise
du capitalisme et de l'impérialisme qui
s'étend au monde entier. C'est pourquoi on entend
parler non seulement de crise, mais de la possibilité
d'une guerre. Faut-il se décourager et dire "alors,
c'est la fatalité, nous n'y pouvons rien" ? Non! Face
à cette crise, il y a une planche de salut, c'est de
compter sur la force de tous ceux qui sont opprimés
et exploités par le capitalisme, c'est-à-dire
de compter sur le peuple lui-même, sur vos propres
forces.
Le but des C.P.A.C., c'est que le peuple de
France, français et immigrés, se redresse
contre le capitalisme en crise.
LE PEUPLE PEUT-IL EXISTER
AUJOURD'HUI ?
En France, à l'heure actuelle, le peuple
n'est pas une force politique. Il est divisé. C'est
un fait. Quand nous disons que nous, les C.P.A.C., nous
comptons sur le peuple, beaucoup de gens nous
répondent avec amertume qu'ils ne croient pas qu'un
peuple révolutionnaire peut exister dans ce pays: "
On n'a jamais vu cela en France" disent-ils.
C'est vrai depuis fort
longtemps. Mais, de le reconnaître, de le dire, c'est
déjà une nouveauté. Cela prouve:
-1) Que
chacun pense aujourd'hui à cette question d'un peuple
révolutionnaire. On se souvient de la grande
révolte de Mai 68, et peut-être aussi
d'évènements plus anciens: la guerre en
Algérie, la résistance au nazisme, 36... et
tous les mouvements révolutionnaires des peuples du
monde entier.
-2) Que les
faux révolutionnaires du parti de G. Marchais sont
déconsidérés. Plus personne ne croit
qu'ils sont des communistes. Le régime d'U.R.S.S. est
lui-même un capitalisme d'Etat et un
impérialisme féroce -et ceux qui le prennent
pour modèle en France sont des nouveaux bourgeois
sociaux-fascistes. (Voir article suivant).
Oui, il y a la crise dans le peuple même.
Dans l'immédiat, c'est l'inquiétude et la
division qui prédominent. Mais c'est aussi le moment
où chacun fait le bilan du passé. Les vieilles
illusions tombent. Le monde change. Il ne faut pas regretter
le passé. Ce passé capitaliste et
impérialiste n'était pas bon. Il a fait en
France beaucoup de promesses: progrès, aisance,
sécurité... mais il est incapable de les tenir
parce qu'il repose sur l'exploitation et le pillage. Il faut
regarder l'avenir et choisir la meilleure voie pour le
peuple. Le capitalisme est malade, les faux communistes sont
démasqués: on voit se profiler une
possibilité d'avancer vers le communisme
véritable. Pour cela, il faut que le peuple commence
à exister comme une force politique
indépendante des partis bourgeois: il faut donc
être lié à un projet de vrai Parti
Communiste et permettre au peuple de prendre en main lui-
même la politique.
Voilà nos buts politiques. Ils se
résument à une phrase: VIVE L'UNITÉ
POLITIQUE DU PEUPLE CONTRE LE CAPITALISME EN CRISE !

Le 14 Février 1981, le
CPAC, local organise avec des habitants de Vitry, un
rassemblement pour poser une
plaque à la
mémoire de Kader, jeune immigré
assassiné par un gardien de cité raciste un an
auparavant.
LES MOTS D'ORDRE DES C.P.A.C.
Concrètement, que faut-il faire
?
Face au P.C.F., face à toutes les
politiques de division, de racisme et d'aggravation des
tensions, lutter pour une conception nouvelle,
révolutionnaire, du peuple. Nos mots d'ordre sont:
*I)
DÉFENDRE LE PEUPLE TEL QU'IL EST, composé de
français et d'immigrés, de travailleurs fixes,
d'intérimaires et de chômeurs, de familles, de
célibataires, de femmes seules et de jeunes... Ne
laisser attaquer personne sans le défendre. Faire de
chaque attaque contre quelqu'un du peuple l'affaire de tout
le monde. Ne jamais faire appel à la police, à
l'Etat, aux Mairies, au P.C.F., aux gardiens de toute nature
lorsqu'il se présente une contradiction entre les
gens; au contraire, organiser la discussion pour
résoudre cette contradiction. S'opposer à
toute expulsion hors des cités, quel que soit le
problème.
*II)
S'OPPOSER FERMEMENT A TOUS LES RACISMES: combattre la
"répartition" du P.C.F. comme les lois racistes
BARRE-BONNET-STOLERU et les attentats des fascistes.
Combattre toutes les idées et pratiques de
ségrégation qui visent les immigrés,
les Antillais, les gens qui sont catalogués "cas
sociaux" etc... Faire respecter le principe de
l'ÉGALITÉ COMPLÈTE DES DROITS et du
RESPECT DES COUTUMES de chaque groupe particulier. S'opposer
à toute expulsion hors de France. Faire afficher les
logements libres, faire inscrire toutes les demandes et
contrôler qu'elles sont satisfaites par ordre
d'inscription.
*III)
DÈS MAINTENANT, AVEC NOS FORCES ACTUELLES, faire face
à la crise. Prendre en main les problèmes
réels qui se posent. Et d'abord connaître ces
problèmes: se réunir pour en discuter. Que
chacun connaisse concrètement la situation des
autres.
LES AXES DE LA POLITIQUE NATIONALE DES C.P.A.C.s
Pour faire face à la crise, il faut en
effet une politique unique: rassembler toutes nos forces,
à travers le pays, sur les questions les plus
importantes, les plus urgentes. C'est pour cela que les C.P
.A.C. sont une organisation nationale. Leur but est de mener
une politique à l'échelle nationale. Voici les
axes que nous proposons pour cette politique:
-A) LES
JEUNES IMMIGRÉS: QUELLE PLACE POUR EUX DANS LE PEUPLE
?
C'est-à-dire: pour quelle
réalité nouvelle du peuple faut-il lutter pour
que les jeunes immigrés y trouvent leur place sans
être soumis ni à la ségrégation
ni à l'assimilation forcée.
Contre les campagnes de l'Etat, des fascistes et
du P.C.F. qui disent: "jeunes immigrés = jeunes
délinquants" et veulent les chasser des cités
et des écoles, nous disons, nous: au lieu de donner
les jeunes aux flics, faisons l'unité politique entre
les jeunes révoltés et le reste du peuple
contre le capitalisme. Agissons contre le racisme
anti-jeunes. Mettons-nous d'accord sur des règles de
conduite à respecter par tous les habitants des
cités: pas de racisme, pas de violence...
-B) LES
CHOMEURS:
Qu'ils ne soient pas mis en marge, mais qu'ils
aient les droits de travailleurs à part
entière: droit au logement, droit à être
soigné. Faisons l'unité entre chômeurs
et non-chômeurs.
-C) LA CRISE
DE L'ÉCOLE:
L'école est en crise.
L'Etat laisse une grande partie de l'école à
l'abandon, se concentrant sur la formation de
1'"élite". Parents et professeurs sont inquiets, les
élèves sont souvent laissés à
eux-mêmes. Le racisme anti-immigrés se
développe, poussé par le P.C.F.: renvois non
justifiés, filières interdites aux enfants
d'immigrés.
-D) LA CRISE
DU SYSTÈME DE SANTÉ.:
La prise en charge de la santé par l'Etat
diminue de plus en plus. Les arrêts-maladie sont
surveillés et punis.
École, santé, il
faut comprendre les raisons de cette crise et trouver les
ripostes populaires.
PARTICIPEZ AUX C.P.A.Cs !
Nous vous appelons à devenir des
militants des C.P. A.C.s !
Nous ne disons pas, comme les anciens partis:
.Adhérez, prenez la carte et suivez-nous... Dans ces
partis là, P.C.F., P.S tout est réglé
d'avance, on ne peut que suivre.
Dans les C.P.A.Cs au contraire, c'est une
nouvelle façon de faire de la politique qu'il s'agit
de faire avancer: une politique contrôlée et
mise en pratique par le peuple lui-même. D'une part,
nous voulons un parti, pour que le peuple soit fort et
d'autre part, nous voulons que ce parti ne puisse pas se
retourner contre le peuple, comme a fait le P.C.F.
Comment faire ? Nous avançons pas
à pas, en discutant à fond l'ensemble des
questions, à l'aide du maoïsme. Le maoïsme,
c'est le marxisme, la théorie de la classe
ouvrière, à l'époque actuelle où
elle a deux ennemis: les anciens bourgeois au pouvoir, et
les nouveaux bourgeois du P.C.F. Nous respectons ce
principe: le C.P .A.C. met en pratique, lui-même, ce
qu'il a discuté lui-même, jusqu'à ce que
tous soient d'accord au fond. Par nos interventions dans les
cités, dans les marchés... nous rendons compte
de tout ce que nous avons discuté et fait.
Pour nous, la situation du peuple est difficile
aujourd'hui. Pas seulement la situation économique:
chômage, vie chère, expulsions, contrôles
policiers... Mais à l'intérieur même du
peuple: c'est la division, le chacun pour soi. Il y a des
points de vue contradictoires, chacun a tendance à se
voir plus attaqué que les "autres".
La situation est difficile, mais il y a aussi
des points d'appui pour transformer cette situation:
résistance des gens aux attaques racistes, aux
divisions de toutes sortes. Pour aller plus loin, travailler
à avancer sur ce point des chômeurs, comprendre
comment dépasser la situation actuelle de tension,
d'isolement entre les chômeurs et les autres servira
l'ensemble du peuple pour avancer dans toutes les divisions
qu'il a à résoudre pour être une force
réelle contre les attaques de la crise.
Si nous, C.P.A.C., intervenons sur cette
question, comme sur d'autres, ce n'est pas par "assistance",
pour "aider". C'est pour qu'une nouvelle politique existe
(une politique révolutionnaire du peuple). Une
politique qui aujourd'hui a pour condition que dans le
peuple se lèvent ceux qui vont travailler avec nous
à comprendre d'où viennent ces divisions du
peuple, comment les combattre ?
CE QUE NOUS VOULONS ? NOUS
C.P.A.C
* nous sommes CONTRE:
-L'ÉTAT ACTUEL, CETTE
SOCIÉTÉ IMPÉRIALISTE (de crise,
d'oppression d'autres peuples, de misère et divisions
dans le peuple en France).
-LA POLITIQUE DES PARTIS BOURGEOIS (de l' U.D.F.
au P.C.F.) et des syndicats qui veulent organiser un peuple
écrasé, uniforme, pour défendre des
projets bourgeois et racistes...
-LE RACISME, l'individualisme... tous les effets
de la crise dans la tête des gens qui
développent le chacun pour soi contre les autres...
* nous sommes POUR:
-TRAVAILLER A UN PROJET PROLONGÉ: avoir
la volonté de développer les C.P.A.C. comme
organisation nationale. Et s'appuyer sur le projet de
création d'un Parti Révolutionnaire, vraiment
nouveau, où l'unité du peuple avec la classe
ouvrière soit une réalité.
-LE DROIT DES PEUPLES, dans le monde, contre des
oppresseurs impérialistes, pour leur
indépendance: résistance du peuple Cambodgien,
du peuple Afghan, pour le peuple Iranien, les ouvriers
Polonais...
-LE DROIT DU PEUPLE, LE DROIT DES GENS EN
FRANCE: la diversité du peuple en France est une
richesse pour construire son unité. Pour
l'égalité complète des droits entre
français et immigrés, pour le respect de
l'identité de chacun (par exemple la révolte
des juifs contre l'antisémitisme). Nous avons ainsi
soutenu la révolte des bretons au moment de la
marée noire ou de Plogoff, nous avons soutenu la
lutte des foyers en grève, la révolte des
juifs contre l'antisémitisme.
-QUE CES RÉVOLTES SERVENT A
L'UNITÉ POLITIQUE du peuple, et pas à sa
dispersion, chacun dans son coin, regardant avec
méfiance et sans comprendre la révolte
d'autres que lui.
-UNE NOUVELLE FAÇON DE COMPRENDRE ET
FAIRE LA POLITIQUE, d'ETRE ORGANISÉS. Cela veut dire
en même temps:
.prendre en
main nous-mêmes ce qu'on peut prendre en main,
même si ce ne sont encore que des combats
limités (contre une expulsion, contre une discussion
raciste, anti-populaire à l'école,
l'hôpital, à l' A.N.P.E. ou à
l'intérim...). Et les tenir. Ne pas attendre que
"d'autres" (l'État...) nous donnent des miettes.
.discuter de
toutes les questions, pour, pas à pas, constituer un
point de vue du peuple contre tous les points de vue
bourgeois, s'appuyer pour cela sur le maoïsme, sur
toutes les leçons de peuples qui se sont
affrontés aux différents bourgeois.
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L'ART ET LA CULTURE
: un groupe
maoïste. Le
groupe FOUDRE (1)
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1) De la
nécessité d'un tel groupe :
L'art est doté d'une autonomie relative
par rapport au champ social et aux formes politiques de la
lutte des classes. Quoi qu'inscrit dans les propagandes
idéologiques, il n'est pas transitif à la
politique. C'est qu'il a une histoire propre,
sédimentée: l'histoire des formes.
L'art est au croisement de l'histoire
idéologique et de l'histoire des formes. La seconde
tire sa particularité (reconnue par Mao) de n'avoir
pas de caractère de classe transparent. Il n'y a pas
de "formes prolétariennes" opposées à
des " formes bourgeoises". Prises dans le mouvement
d'ensemble des contradictions, les formes ne connaissent au
bout du compte que l'opposition de l'ancien et du nouveau.
La forme est destinée à susciter
l'émotion pour le contenu. Les moyens de cette
émotion doivent toucher des sujets ACTUELS, des
formes de conscience existantes. De là que, pour
anticiper ( et rallier) sur des contenus nouveaux, la forme
est astreinte à une modernité, à une
inscription vivante dans l'actualité de l'histoire
des formes. C'est pour avoir méconnu ce principe que
le cinéma militant des années 60, utile pour
la lutte politique, n'a pas pris place dans la sphère
de l'art (à la différence, par exemple, du
"Cuirassé Potemkine" , branché sur Octobre 17,
mais formellement en rupture avec tout ce qui
précédait, et devenu de ce fait une
référence artistique universelle ).
Tenir sur ce point (qui est présent dans
"Les causeries de Yénan", et dont Brecht avait une
conscience aigüe) oblige à revenir quelque peu
sur la doctrine léniniste de l'art (et plus encore
sur Jdanov). Pour Lénine, l'art est "une petite vis
dans le mécanisme général de la
révolution" .Ce rapport de la partie au tout, et de
la très faible importance à la grande, ce
rapport pris dans une métaphore mécanique et
de juxtaposition des pièces ne peut nous convenir.
Son aboutissement a toujours été:
- Dans les périodes
d'activité révolutionnaire, de faire de
l'activité artistique une variété de
l'agit-prop, un petit fragment de l'activité
partisane.
- Dans les périodes
d'édification, d'étatiser l'art, avec ce que
cela comporte toujours de conformisme et d'imitation des
formes " classiques" héritées du monde
bourgeois à son apogée.
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(1) Il existe
deux autres groupes culturels maoïstes: le groupe
Eugène Pottier à Reims. Le groupe Degeyter,
à Lille.
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Le fait même qu'il y ait un groupe Foudre,
spécifique, militant, s'adressant à ceux pour
qui les questions de l'art sont centrales pour la
transformation des formes de conscience, dépasse la
vision "3ème Internationale". Nous avons dès
le début critiqué l'idée d'un "secteur
culturel" que le groupe Foudre viendrait occuper, case vide
définie objectivement. Nous avons aussi
critiqué l'idée d'un "front culturel"
fédératif, reliant, sans aucune
référence au processus du parti, des groupes
autonomes de créateurs ou de critiques. Nous avons
enfin lutté contre la tendance " techniciste" : le
G.F. au service de l'agit-prop, fonctionnaire du projecteur.
Nous posons que toute intervention du groupe Foudre exige un
débat et une activité menée en son nom
propre.
Affirmer qu'il faut un groupe politique
maoïste sur les questions de l'art, c'est:
-
reconnaître la spécificité de l'art
comme PHENOMÈNE COMPLET, qui fait système
(formel et idéologique) des contradictions de
l'époque.
- pratiquer notre
conception du parti: il faut ramifier nos organisations de
telle sorte que toutes les formes de conscience
antagoniques, progressistes, communistes, puissent
être concentrées et unifiées dans la
politique de classe.
Quelle est la contradiction particulière
sur quoi le groupe Foudre travaille ? Quel est le champ des
formes de conscience et de leurs transformations pour lequel
son intervention organisée est nécessaire
?
Les noyaux communistes ouvriers
s'édifient au regard de la contradiction
capital/travail. Les C.P.A.C.s s'édifient au regard
de la contradiction peuple/Etat. Nous avançons que le
groupe Foudre s'édifie au regard de la CONTRADICTlON
DES PROPAGANDES, telle qu'assignée à l'art,
dans son historicité propre. Sa tâche est de
discerner la façon dont cette contradiction, à
travers des complexes forme/contenu, participe des
transformations subjectives.
A cet égard, le groupe Foudre,
inspiré par les orientations très
générales de Mao, a été
"post-léniniste" sans le savoir quasiment dès
son origine. S'il ne l'avait pas été, il
aurait cherché ses appuis du côté des
concepts de l'héritage: le réalisme
socialiste, le romantisme révolutionnaire,
l'agit-prop, le réalisme épique, la
littérature prolétarienne, etc... Il ne l'a
jamais fait, parce que son propos était militant et
lié à la vie immédiate des courants
d'opinion, des propagandes, des remaniements formels. Sa
matière a toujours été les formes de
conscience réelles, les antagonismes subjectifs, et
les données actives du progressisme. II n'a jamais eu
de programme artistique, mais un mode de présence, un
point-de-vue de classe, sur l'histoire artistique en cours.
Son arme décisive a été de produire des
analyses de conjoncture -ce qui en fait un cas unique dans
toute la critique artistique existante. Tous ses concepts
(courants, retour culturel, art marxiste) vont dans ce sens.
Toute oeuvre d'art typifie des formes de
conscience, organisant par son sujet un point-de-vue sur une
contradiction. Son effet actif vise à modifier le
rapport subjectif à cette contradiction. Foudre capte
la conjoncture où cet effet se déploie, en
étudie les ressorts, la nouveauté, et
sanctionne l'ensemble par une prise de parti, à
laquelle il s'agit de rallier. Adossée sur la
conjoncture d'ensemble (le groupe Foudre s'unifie en
permanence à l'U.C.F.M.L. sur ce point), cette
entreprise fournit aux intellectuels, et à tous ceux
(qui ne sont pas forcément des intellectuels) pour
qui l'art est un principe subjectif important, une
référence organisée autour de la
question: qu'en est-il aujourd'hui du point-de-vue de classe
au regard de la contradiction des propagandes
?
Cette tâche, n'en doutons pas, contribue
au rayonnement de notre politique de parti, et lui donne des
forces neuves.
Cette entreprise -qui étend à
l'art la ligne de masse et la logique de structuration des
formes de conscience- est incontestablement maoïste. II
y a une proximité nouvelle entre le marxisme (de
notre temps) et l'art. Ceci a été
empiriquement démontré dans les
épisodes initiaux de la Révolution Culturelle.
La mise en relief de la dimension subjective de la politique
communiste va dans ce sens.

La Feuille FOUDRE, revue du
G.F.
2) Les
tâches actuelles du groupe Foudre :
Foudre se propose d'organiser, directement ou
indirectement, tous ceux pour qui trouver une issue
subjective dans la situation de crise passe de façon
très importante par l'effet artistique sur les formes
de conscience. Il s'agit d'une partie importante des
intellectuels, mais pas seulement.
Notre point d'appui est l'existence de
contre-tendances (éthiques au départ) contre
l'avilissement, la solitude, le règne terrorisant et
nul du journalisme et de la valeur marchande.
Les intellectuels se sentent attaqués, et
ils ont raison. La société
impérialiste, qui a liquidé les paysans
pauvres, qui s'efforce d'atomiser et de réduire au
lot commun les femmes (féminisme bourgeois), ne peut
que s'en prendre à l'héritage national que
constitue, depuis le 18ème siècle, l'existence
d'intellectuels progressistes, critiques,
indépendants, et d'artistes novateurs liés au
mouvement démocratique-révolutionnaire. Elle
veut enterrer Sartre UNE FOIS POUR TOUTES.
Le P.C.F. contribue activement à cette
entreprise. Son activité social-fasciste frappe
vivement les intellectuels, et si beaucoup sont grognons et
peureux, d'autres voient bien qu'il faut se lever et agir.
Foudre a son rôle à jouer pour -au
regard de l'art - ouvrir un nouvel espace
démocratique contre les deux bourgeoisies.
Comme toujours, montrer que la force politique
marxiste est l'ultime garant de cet espace est
nécessaire, surtout pour débrider
complètement l'abcès social-fasciste. Les
médiations de cette démonstration, pour
Foudre, dans sa sphère d'activité, sont
précisément l'art marxiste d'une part, d'autre
part l'existence ORGANISÈE de Foudre dans sa liaison
interne à l'U.C.F.M.L.
Nos tâches sont dès lors:
-a) De discerner et
soutenir les contre-tendances à l'oeuvre dans la
production artistique, avec la finesse d'analyse
exigée, et un esprit d'ouverture pour tout ce qui,
ayant une crédibilité artistique (formelle)
acceptable, cherche une issue contre le cours des choses de
la société impérialiste, et contre les
deux bourgeoisies.
-b) Attaquer
les productions fascisantes ou social-fascisantes que la
crise finira nécessairement par engendrer.
-c) Soutenir
la re-politisation, le bilan des années
écoulées, par des interventions (type St
Séverin), des participations aux débats,
l'appel direct à des "réunions Foudre".
-d) Dessiner
notre propre histoire de l'art, faire courant dans la
division du retour culturel. Ceci sera fait en particulier
par des brochures (Hollywood, Mizoguchi, etc...).
-e) Mener
plus avant la discussion avec les artistes progressistes,
voire hésitants, en particulier dans la forme de
l'interview longuement préparé.
-f) Faire
analyse et propagande sur le thème de l'art marxiste.
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Les Permanences
Anti-Expulsion :
une organisation
démocratique révolutionnaire
une politique
anti-raciste
sur des positions de
classe.
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Nous publions ici l'introduction des
Permanences Anti-Expulsion au forum sur l'anti-racisme
aujourd'hui qui se déroulait dans le cadre de notre
meeting central du 28 Février 1981 à la
Mutualité.
Les P.A.E. sont une
organisation anti-raciste dont nous soutenons le
développement dans toute la France.
Créées à l'initiative des maoïstes
de l'U.C.F.M.L. en Novembre 1977 pour se battre contre les
mesures Stoléru, contre le développement du
racisme civil lié au racisme d'Etat (attentats,
pratiques discriminatoires...) et en soutien au mouvement
des foyers Sonacotra, les P.A.E. sont aujourd'hui une
organisation indépendante dont le journal
"L'Anti-Raciste" rend compte de leurs analyses et de leurs
orientations de travail. Leur politique se développe
actuellement sur deux fronts: contre l'Etat raciste et les
fascistes et contre le P.C.F.
Le texte qui suit a fait
l'objet d'une édition spéciale de
1'"Anti-Raciste".

Les PAE dans la manifestation
du 16 juin 1979.
Certaines personnes viennent souvent voir les
militants des Permanences Anti-Expulsion pour leur poser
toute une série de questions sur leur travail, leur
engagement politique.
Les uns nous disent: " mais finalement, pourquoi
avez- vous développé depuis Novembre 77 une
nouvelle organisation anti-raciste ? Il en existait d'autres
! Il en existe: le MRAP ou la F ASTI; il existe des
Comités de soutien locaux à telle ou telle
personne ! Finalement qu'est-ce qui vous différencie
de ces organisations ? ".
D'autres nous disent, d'un ton souvent un peu
paternaliste: "c'est bien d'être anti-racistes; mais
vous savez, il y a beaucoup d'autres problèmes: il y
a l'écologie, le nucléaire, ...il y a les
luttes des jeunes, celles des femmes, celle des homosexuels,
...il y a bien entendu les luttes au travail. Vraiment, on
n'a pas le temps; on pense que c'est bien ce que vous
faites, mais vous savez on est pris par autre chose".
D'autres, nous disent encore: " L'antiracisme,
c'est de la bouillie pour chat ! Organiser un camp populaire
anti-raciste c'est impossible; c'est rétro!
Aujourd'hui, il faut seule ment se révolter: les
chômeurs, les sans-travail, les étudiants en
marge... n'ont qu'à se révolter chacun
à leur manière... Faire de la politique: pas
pour nous ! Seule la révolte paye: un jeune
révolté, c'est ça le prolétaire
! ".
D'autre enfin sont plus agressifs: "Mais
qu'est-ce que cela veut dire l'anti-racisme ? C'est de
l'humanisme bourgeois !". Ils ajoutent souvent d'un air
arrogant: "Il ne s'agît pas de construire une
organisation populaire d'unité
français/immigrés; avec les syndicats, nous
avons une organisation de travailleurs ! ".
UN COMBAT POLITIQUE CENTRAL
Pour nous, membres des Permanences
Anti-Expulsions, le combat politique pour
l'égalité des droits, pour l'unité
français/immigrés, est un combat central dans
la lutte des classes. Et tout particulièrement
aujourd'hui, à l'heure des lois de rafles et
d'expulsions Bonnet-Stoléru et des attaques racistes
aux méthodes fascistes du P.C.F.
Pour nous, le combat pour l'unité
français/immigrés est en fait au coeur des
problèmes politiques de cette société.
Au-delà de leur caractère discriminatoire,
anti-immigrés, les politiques racistes, tant de
l'Etat que du P.C.F., sont des POLITIQUES REACTIONNAIRES QUI
CHERCHENT A CONSTITUER SUR TOUTES LES QUESTIONS IMPORTANTES
EN FRANCE, UN CAMP RACISTE, BOURGEOIS, PRO-IMPERIALISTE.
Quelques exemples:
* Quand l'Etat refuse de renouveler la carte de
séjour de Sow Kadama, lorsqu'il refuse de
régulariser les immigrés sans-papiers,
lorsqu'il traite d'Etat à Etat le retour de dizaines
de milliers d'ouvriers immigrés qu'il
considère comme de vulgaires marchandises que l'on
négocie, et ceci au nom du trop fort chômage
qu'il y a en France, il tente d'accréditer aux yeux
des ouvriers, des gens du peuple, y compris même des
immigrés, l'idée que si il y a trop de
chômage, c'est qu'il y a trop d'immigrés; en
d'autres termes que le chômage provient de la
présence des immigrés. Ainsi, au delà
de la mesure discriminatoire, parfaitement injuste et
insupportable, l'Etat tente d'organiser un camp
réactionnaire autour de sa politique sur les
questions que pose le chômage.
* Quand l'Etat déploie son arsenal
policier dans le métro, mais surtout dans les
quartiers populaires, les cités de banlieue, il vise
principalement les jeunes immigrés qu'il veut
contrôler, terroriser. Mais au-delà de la
mesure répressive, parfaitement bouleversante et
révoltante, l'Etat tente d'accréditer
l'idée que les jeunes immigrés sont des
délinquants, des gens dangereux dont il faut se
méfier, qu'il faut isoler et mater. Il faut dire
qu'aujourd'hui, l'Etat a trouvé dans le P.C.F. un
véritable concurrent: en effet, le P.C.F. reprend
à son compte ce type de politique, tout en la jugeant
un peu molle; il préfère la compléter,
la durcir, par ses campagnes de calomnies, de mouchardage,
de délation, sur "l'insécurité", "la
drogue"; il préfère la compléter par
ses manifestations réactionnaires, pratiquant la
violence directe contre des gens du peuple, comme à
Montigny.
En fait, tous deux, Etat et P.C.F., tentent
d'accréditer l'idée que ce sont les jeunes
immigrés qui sont responsables des difficultés
de vie dans les cités et les immeubles populaires.
Ils cherchent ainsi à organiser autour d'eux, chacun
à leur manière, un véritable camp
réactionnaire de "bons français", à la
mentalité de "petits blancs".
* Quand le P.C.F. réclame à cor et
à cri de répartir les enfants
d'immigrés dans les écoles, quand il dit: 12
à 20% d'immigrés, c'est trop, il
développe le point de vue que cette institution est
en crise à cause de la présence des
immigrés; pour le P.C.F., c'est le trop grand nombre
d'enfants d'immigrés qui fait baisser le niveau des
classes et empêche les bons petits enfants
français d'apprendre sagement. Quelle argumentation
ignoble! Quelles inepties pour tenter de camoufler le fait
que la crise de l'école est due à la crise de
la société impérialiste
française, au désintérêt
croissant qu'ont les jeunes, FRANÇAIS COMME
IMMIGRÉS, pour l'enseignement qu'on leur dispense. La
crise, c'est celle des valeurs de la société
impérialiste; les jeunes aujourd'hui ne veulent plus
travailler comme avant; ils ont un dégoût
profond pour cette école qui les prépare
à être... chômeurs ou exploités !
Et qui pendant des dizaines d'années les
prépare à accepter cette société
telle quelle. Le P.C.F. tente de masquer ce fait; il refuse
de le prendre en compte pour sauver les privilèges
d'une poignée. La politique du P.C.F. n'est pas
seulement raciste, elle s'inscrit dans un projet de
société profondément anti-populaire,
profondément réactionnaire.
Ce ne sont là que quelques exemples,
d'autres auraient pu être choisis. TOUS AURAIENT
MONTRÉ QU'AUJOURD'HUI LE RACISME EST
PROFONDÉMENT UNE POLITIQUE, une politique de classe,
celle de la bourgeoisie au pouvoir ou celle de la
bourgeoisie du P.C.F.
C'est si vrai que même les immigrés
sont divisés, certains ralliant l'Etat ou le P.C.F.
Ce qui nous est posé à tous
français comme immigrés, c'est: quel camp
choisir ? Dans quelle société veut-on vivre ?
Cette question interpelle tout le monde; nous sommes
sommés de choisir.
ÊTRE INDÉPENDANT
DES FORCES PARLEMENTAIRES
Si l'anti-racisme est pour les P.A.E. un combat
central, c'est aussi un combat qui ne se négocie pas.
Pour nous, il n'est pas question de dire: "combattons cette
politique raciste, mais pas celle là". Pour nous, il
n'est pas question de dire seulement "A bas la politique
raciste de l'État ! ", comme si celle du P.C.F.
pouvait être considérée comme excusable
!
Ceux qui disent: "les méthodes du P.C.F.
sont critiquables, mais les dossiers sont plaidables", ceux
qui disent: "c'est vrai qu'il y a trop d'immigrés et
qu'il faut les répartir", ceux là nous
l'affirmons sont intégralement alignés sur des
positions racistes. C'est le cas en particulier du MRAP.
POUR NOUS, L'ANTI-RACISME NE SE NÉGOCIE PAS. ON EST
ANTI-RACISTE OU ON NE L'EST PAS. C'EST UNE QUESTION DE
POLITIQUE, MAIS AUSSI D'ÉTHIQUE.
La politique de répartition est une
politique en soi raciste.
Les méthodes employées par le
P.C.F. ne font que la confirmer et la mettre en oeuvre et
elles conduisent au racisme ouvert, à un nouveau
fascisme.
Quand à la politique du P.S., il faut le
souligner au passage, il a emboîté frileusement
le pas au P.C.F. Quel beau Parti d'hypocrites que
celui-là ! C'est un Parti au racisme bon ton, aux
sourires complices, aux clignements d'yeux approbateurs.
Même si le PS a une rose à la bouche, la
politique de répartition que développe ce
parti est une politique raciste en tant que telle. N'ayons
pas de complaisance à son égard.
Le MRAP lui, de son côté, est un
mouvement complètement englué, pour ne pas
dire plus, dans ses rapports au P.C.F. et au P.S. Des
organisations comme le MRAP n'ont aucune indépendance
politique vis-à-vis des forces parlementaires. Elles
l'ont montré tout au long des années 75/ 79 en
ne soutenant pas le grand mouvement des foyers Sonacotra et
le Comité de Coordination. Aujourd'hui encore, leur
faiblesse, voire leur complicité, sont flagrantes. Il
est impossible de compter sur eux pour mener une
réelle politique anti-raciste face à l'Etat et
au P.C.F.
Il est absolument nécessaire qu'une
organisation comme les P.A.E. existe et se développe,
car aujourd'hui on a besoin d'une organisation
indépendante des forces parlementaires et
impérialistes, d'une organisation qui s'appuie
résolument sur la mobilisation du peuple
français/immigrés, qui construise un
véritable camp anti-raciste.
LES PERMANENCES ANTI-EXPULSION
: ORGANISATION DÉMOCRATIQUE RÉVOLUTIONNAIRE
Les Permanences-Anti-Expulsion
développent une politique anti-raciste sur des
positions de classe. C'est une organisation
démocratique révolutionnaire.
Pour les P.A.E., une politique
démocratique anti-raciste est une position de
principe qui constitue une position de force. Quiconque
avance l'idée que les différences de cultures,
de nationalités, PRIMENT sur l'unité
français/ immigrés, l'unité du peuple,
est amené à rallier les camps
réactionnaires.
Au contraire, partir de l'idée que le
peuple en France est multinational, et s'y tenir, est une
position de force.
Affirmer une telle position démocratique,
c'est ce qui permet d'engager des batailles politiques, des
campagnes d'opinion, qui prennent pour cible toutes les
politiques de division entre
français-immigrés, toutes les politiques de
discrimination.
C'est d'ailleurs cette capacité à
se mobiliser contre les expulsions, contre les attentats
racistes, contre toute application des mesures
Stoléru, CETTE VOLONTÉ DE NE RIEN LAISSER
PASSER, qui ont fait la dynamique des P.A.E. dans la
période Novembre 77 à 1980.
Aujourd'hui, en 1981, à l'heure de
l'application des lois de rafles et d'expulsions de l'Etat,
de l'offensive raciste du PCF, se placer sur une position
démocratique, c'est oser s'opposer tant au P.C.F.
qu'à l'Etat, c'est oser le dire et s'organiser pour
le faire savoir largement, c'est oser engager des campagnes
contre ces deux types de forces racistes.
Mais, tenir bon sur la position
démocratique de l'unité
français/immigrés, au delà d'une
identité politique et sociale qu'elle permet à
chacun d'entre nous d'acquérir, conduit aujourd'hui
à développer pas à pas une conception
nouvelle, révolutionnaire, de la
société.
Pour les PAE, l'engagement des français
et des immigrés n'est pas seulement un fait de
solidarité, c'est aussi la volonté de
participer activement à un combat prolongé,
qui commence à transformer cette
société, d'une manière fondamentale. Le
combat pour l'égalité des droits transforme
bien entendu la vie des immigrés, mais pas seulement
celle des immigrés.
C'est aujourd'hui le combat pour une autre vie
dans les villes, une autre vie dans les cités de
banlieue, de nouveaux rapports dans les quartiers entre
foyers et immeubles, écoles et cités; c'est
aussi la possibilité pour les étudiants de
réfléchir et de commencer à s'engager
concrètement dans une autre voie que celle que
représente "l'université impérialiste",
à vivre de nouvelles pratiques étudiantes en
liaison avec les luttes du peuple, celle pour l'unité
français/ immigrés. C'est la
possibilité pour les médecins de commencer
à réfléchir et pratiquer une nouvelle
forme de médecine, de nouveaux rapport aux malades,
..., aux employés de ne plus succomber aux
tâches répétitives et au poids
hiérarchique bureaucratique, mais de
réfléchir le sens de leur travail, leur
rapport au peuple dans leur rapport aux immigrés;
c'est la possibilité pour les enseignants d'avoir de
nouveaux rapports à leurs élèves; c'est
la possibilité de travailler à une nouvelle
unité des jeunes et des familles.
C'est dans ce sens là que nous parlons
d'une politique démocratique révolutionnaire.
NOUVELLE CONJONCTURE: NOS AXES
DE TRAVAIL
Aujourd'hui, nous le constatons, la situation
est nouvelle. Elle est nouvelle pas simplement parce que
l'Etat est passé dans l'étape des lois
Bonnet-Stoléru, pas simplement parce que le P.C.F.
déploie avec violence et hargne sa politique de
répartition, mais parce qu'il y a de nouvelles
révoltes qui portent en elles la question de
l'unité français/immigrés.
Ce sont les révoltes des jeunes et des
familles dans les cités populaires contre les
contrôles de police, contre les expulsions de logement
du P.C.F., contre les campagnes racistes.
Ce sont de nouvelles révoltes dans les
foyers; on n'est plus à l'époque du mouvement
des foyers Sonacotra, celle de la plate-forme du
Comité de Coordination contre le système des
foyers-prisons. Aujourd'hui dans les foyers, il y a de
nouveaux problèmes:
-les
contrôles de police et les rafles.
-les
renouvellements des cartes de séjour et la protection
des immigrés sans-papiers.
-les
politiques de répartition en matière de
logement - comme le refus de reloger le foyer Pinel à
Saint-Denis ou les attaques violentes à Vitry .
-le refus
des municipalités de "gauche" de loger les ouvriers
immigrés et leur famille.
-de
nouvelles divisions des résidents entre
chômeurs et non-chômeurs, entre réguliers
et clandestins et sans-papiers, ...et pas seulement la
division entre nationalités.
Ce sont les nouvelles révoltes des jeunes
dans les lycées, mais aussi dans les facultés,
contre les attaques fascistes, contre le racisme dans les
lycées et les universités... Un mouvement
contre les politiques de répartition à
l'école qui commence à se lever.
Mais pour être victorieuses, toutes ces
révoltes posent le problème de l'existence
d'une véritable politique d'unité
français/immigrés, qui unifie le peuple contre
l'Etat et le P.C.F.
Les P.A.E. se proposent de servir d'appui comme
force organisée, pour que la révolte devienne
force et que les batailles politiques aboutissent à
des victoires; les P.A.E. proposent aux français et
aux immigrés de s'organiser avec elles autour de
quatre grands axes:
-CONTRE LE
RACISME CIVIL, les attentats, la propagande raciste, les
initiatives de type fasciste: réaction
immédiate et mobilisation prolongée.
Entretenons la mémoire populaire sur le fascisme
d'avant-guerre, le racisme pendant la guerre
d'Algérie.
-CONTRE LES
POLITIQUES DE RÉPARTITION,
libre choix du lieu
d'habitation; respect et unité de toutes les
communautés historiques, nationales et culturelles;
à bas les expulsions de logement.
-A BAS LE
RACISME A L'ÉCOLE. A bas les contrôles de
flics, les expulsions hors de France des jeunes
immigrés, les campagnes racistes et calomnieuses sur
les jeunes immigrés, la délinquance et la
drogue; débats et unité avec les jeunes
immigrés; unité
français/immigrés vaincra !
-CONTRE LES
RAFLES ET LES REFOULEMENTS:
Régularisation et
protection des immigrés sans-papiers; à bas
les rafles et les refoulements; renouvellement automatique
des cartes de séjour.

Le journal "L'Anti-Raciste" des PAE
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