.3.
UNE
POLITIQUE
DE LA
CONJONCTURE
-----------------------------------------------------------
Crise : contre la
mise en crise
du peuple
------------------------------------------------------------
La crise, qui peut maintenant tromper sur son
étendue, qui peut la discuter ?
Les faits, chômage,
inflation, montée des égoïsmes,
décomposition des politiques, ces faits massifs se
sont chargés de confirmer ce que nous disions
dès 74-75 contre tous ceux qui, incrustés dans
le ronron de la société impérialiste
française, étaient devenus incapables d'en
voir l'envers, c'est-à-dire la vérité
profonde: la violence du capitalisme, le chauvinisme et le
racisme, la soumission des peuples, les risques de
guerre.
MAIS QUELLE CRISE AU JUSTE
?
QU'EST-CE DONC QUI EST
ENTRÉ: EN CRISE ?
La crise actuelle, c'est non seulement celle de
l'économie impérialiste dans son ensemble,
mais aussi et surtout l'impuissance Etatique à
formuler une politique de sortie de cette crise
économique. Profonde confirmation de ce qu'elle
touche non les formes toujours aménageables du
système, mais le système lui-même. Crise
de l'ordre économique impérialiste et du
rapport d'exploitation pays impérialistes /
tiers-monde, crise du rapport d'exploitation interne sur
lequel s'était élevé la croissance des
années 50 et 60.
Cette crise structurelle qui
s'indique comme l'envers de la période de croissance
1950-70, est appelée à durer, tant les
problèmes qu'elle cumule échappent à la
maîtrise et des capitalistes et de leurs États:
repartage des forces inter-impérialistes,
redistribution des cartes entre impérialismes et
tiers-monde, restructuration du capital autour des branches
les plus rentables, mise en place de nouvelles formes
d'exploitation à l'intérieur
(précarisation d'une partie de la classe
ouvrière...).
La résolution de ces
problèmes par les capitalistes passe par la
surexploitation, l'aggravation des tensions sociales
internes au peuple, la concurrence impitoyable et sauvage,
le risque de guerre.
7 ans après le début
de cette crise, aucun de ces problèmes fondamentaux
n'est encore réglé et les politiques de crise
adoptées par Barre, Thatcher et maintenant Reagan, en
arasant les canaux institutionnels régulateurs de la
période de croissance pour débrider les flots
salvateurs du marché, n'ont fait qu'inonder la
plaine. Est non seulement noyé le moteur de
l'investissement, mais celui aussi de la consommation du
fait de la compression des salaires et des prestations
sociales, de sorte que les profits retrouvés par la
baisse des salaires ne s'investissent pas faute de
marchés. Est non seulement en panne la consommation
intérieure mais aussi les exportations puisque la
récession touche l'ensemble des pays capitalistes y
compris la locomotive allemande.
RÉSULTAT: plus d'un belge
et d'un anglais actifs sur 10 sont chômeurs et
l'Allemagne atteindra fin 1981 le niveau actuel du
chômage en France.
La crise qui
frappe les pays
européens, c'est
le chômage, le racisme.
Ici, réaction spontanée
d'une communauté
(Brixton, Grande-Bretagne).
|
|
L'IMPUISSANCE DES POLITIQUES
ÉTATIQUES:
Alors que la dernière élection
présidentielle de 74 et plus encore les
législatives de 78 s'étaient jouées sur
des projets Etatiques bourgeois forts, gaullo-giscardisme
contre union de la gauche, programme de Blois contre
programme commun, réformes contre réformes, il
n'en est quasiment plus rien aujourd'hui.
Aujourd'hui, où le
débat sur les orientations véritables de
l'Etat face à la crise ? Les programmes
avancés ne sont pas destinés à
gouverner l'État mais à organiser le peuple
autour de grands thèmes idéologiques:
sécurité, racisme, drogue... Chaque parti
bourgeois est à la recherche de filons
réactionnaires, de créneaux
idéologiques.
D'où cette succession de
campagnes montées en épingle, de coups de
force, de rivalités dans l'odieux et le mensonge, de
basses flatteries.
Sur ce terrain, les giscardiens ne
sont pas forcément les mieux placés, bien
obligés de se coltiner la gestion de la crise
puisqu'ils sont au pouvoir. Bien obligés,
malgré tout, de dire que ce qu'ils feront, c'est ce
qu'ils font.
Des branches entières de
l'industrie des vieux pays impérialistes en
crise
(ici le Nord Sidérurgique
en France).
De ce point de vue, les
forfanteries du savant économiste Barre ont fait long
feu: les faillites et les licenciements pleuvent comme
jamais, touchant toutes les régions,
s'élargissant à toutes les branches y compris
à ce pilier du capital qu'est l'automobile depuis 30
ans, la hausse des prix reste accrochée à son
niveau officiel et annuel de 14-15% et le chiffre des 2,5
millions de chômeurs pour 1985 n'est plus
contesté par personne.
A court de perspectives, l'Etat
giscardien s'en remet à la vieille Bible du capital
et à ses commandements: libérez les prix,
libérez les licenciements, il en sortira bien un jour
quelque chose.
Dans le cynisme de Barre, il y a
toute la vérité du capital: système
où le travail est détruit s'il ne rapporte
plus suffisamment de profit, système qui ne peut
traiter ses convulsions qu'en se prosternant devant le Dieu
de la Concurrence et qui doit attendre que ce Dieu ait fait
son oeuvre.
Le rôle de l'Etat dans
l'affaire ? Protéger les bourgeois de ce qu'ils
redoutent, leur grande trouille: l'imprévisible
émeute populaire.
L'Etat distribue quelques
pansements (primes de départ, pré-retraites,
allocations chômage, pactes pour l'emploi) et
désignent les boucs émissaires: les
immigrés dont le plan du candidat Giscard organise
l'accélération des expulsions (250 000 sur 4
ans).
Pour couronner le tout, une
philosophie de la médiocrité, du juste milieu.
Philosophie molle de la capitulation facile, du repli
égoïste, du maintien du
petit-chez-soi-tant-qu'on-pourra.
CHIRAC, quant à lui, ne
prend même plus la peine de formuler une politique de
résorption de la crise. Avant tout, il cherche de
l'air, un peu d'espace pour ne pas être
complètement laminé. Le voilà à
la recherche d'un bon scénario qui tienne la route
des présidentielles, soudain chaussé des
bottes de Reagan et de Thatcher, déguisant Giscard en
Carter, tapant à tour de bras sur les limitations de
vitesse et les ceintures de sécurité, les
fonctionnaires, les impôts, l'Etat, lui qui n'a jamais
rien connu d'autre que les ministères et la
tournée des popotes en Corrèze.
Un seul exemple pour indiquer le
bluff chiraquien, son vide politique, un exemple de
retournement radical du chômage en pénurie
sérieuse de main d'oeuvre. Un exemple entendu: il y a
2 millions de P.M.E. et 1,7 million de chômeurs en
France; si chaque P.M.E. engageait une personne, il n'y
aurait plus assez de bras...
Dans le vide, MITTERRAND est
certainement celui qui s'y tient encore au plus profond.
Point de convergence de toutes les contradictions des forces
parlementaires, assis entre de multiples chaises, il essaie
de trouver son équilibre dans le flou, ayant
apparemment compris que moins il en dirait, plus il avait de
chances d'être cru.
Enfin, MARCHAIS. Le programme de
Marchais, ses "131 propositions de lutte", n'est qu'un
assemblage racoleur des thèmes favoris du P.C.F .:
fabriquons français, faire payer les milliardaires,
nationaliser, se tourner vers les pays de l'Est, produire
des millions de lave-vaisselle pour créer des
dizaines de milliers d'emploi et ainsi de suite...
Qui pourrait prendre cela pour une
politique de résorption économique de la crise
? La réponse du P.C.F. à la crise est toute
entière idéologique, dans l'instauration d'un
ordre moral, en vérité un ordre politique et
policier dont il cherche à imposer la
nécessité par la violence de ses coups et ses
pratiques terroristes. Ordre dont il donne le moyen: le
renforcement du P.C.F.
A regarder l'évolution des
forces bourgeoises, cette évolution ne lui est pas
particulière. Quand les politiques Étatiques
sont impuissantes à organiser les gens autour d'une
transformation réelle des choses, et c'est vrai de
l'UDF au P.C.F., les forces bourgeoises, s'appuyant sur le
grand désarroi qui accompagne toutes les
périodes de crise, n'ont plus qu'un seul recours:
METTRE EN CRISE LE PEUPLE LUI-MEME, selon l'expression des
camarades des C.P.A.Cs.
LA MISE EN CRISE DU PEUPLE:
Mettre en crise le peuple, c'est
plus que la vieille idée diviser les gens, c'est
travailler les mentalités, imposer une conception du
monde où les contradictions au sein du peuple
deviennent des contradictions de haine et de destruction,
c'est trouver les artifices de cette haine et c'est
entreprendre de décerveler les gens pour qu'il n'y
ait plus rien à comprendre et tout à suivre
aveuglément, hors de toute rationalité, hors
de toute réalité.
Mettre en crise le peuple, c'est
vous dire d'aller accueillir votre ennemi au plus
près, c'est à dire chez votre voisin. Il sera
baptisé dangereux concurrent de travail,
délinquant, immigré aux moeurs sauvages,
drogué et s'ils ne le sont pas, qu'importe,
l'important c'est qu'ils puissent l'être.
Traquer l'indésirable,
celui par qui la crise semble arriver et coaliser les gens
sûrs, sains, propres, blancs, autour d'un nouvel ordre
moral qui s'identifie aux valeurs et à la politique
d'un parti, c'est la voie fasciste que, même et plus
que tout autre, le P.C.F. a aujourd'hui les moyens de
porter.
De tous côtés, on
s'entend pour n'y voir qu'une dérisoire pêche
aux voix, un électoralisme sordide. Certes, cet
aspect existe, mais c'est accorder au P.C.F. une bien courte
vue et surtout se tromper radicalement sur la nature de son
entreprise.
Comme tout ce qui est de la crise,
le P.C.F. y est à nu, dans son unité profonde,
pour ce qu'il est comme parti et ce qu'il veut comme
société: un capitalisme bureaucratique d'Etat,
dont l'affaire de Vitry et la politique raciste des
municipalités P.C.F. montrent bien la nature.
A la logique de la division par la
concurrence développée par les bourgeois
classiques (les gens habitent là où ils
veulent dans la mesure de leurs moyens, ce qui donne des
quartiers de riches, de pauvres, de classes moyennes), il
propose une logique d'Etat qui est une logique d'apartheid,
c'est-à-dire d'habitat forcé d'une
catégorie de population. Logique policière,
logique humiliante que l'application de cette politique des
quotas Etatiques dans l'organisation de la vie des gens:
quotas d'immigrés dans les quartiers, les
écoles, les dépenses de santé, les
usines, et pourquoi pas, puisque le P.C.F. propose la prise
en main de l'intérim par l'Etat, des quotas
nécessaires d'intérimaires dans la population
et les usines, des quotas de jeunes, de femmes, de vieux, de
bretons et de corses puisque les antillais sont
déjà au nombre des pestiférés.
Comme on le voit, la crise
actuelle, crise économique profonde, crise du capital
et de l'impuissance Etatique, développe ses enjeux
principaux sur le terrain de la mise en crise du peuple
qu'organisent les politiques des partis bourgeois.
C'est de là aussi que la
politique maoïste part, autour d'un certain nombre de
points de repère, de thèmes que la crise fait
apparaître dans la conscience des gens.
LA POLITIQUE MAOISTE: QUELQUES
THEMES DANS LA CRISE.
-I) TOUT D'ABORD, la crise est une
éclatante confirmation de ce qui a donné
naissance et sens à la politique maoïste: la
nécessité de la lutte sur deux fronts, contre
les 2 bourgeoisies. Comment pouvoir dénoncer le
racisme du P.C.F. sans être pour autant du
côté malgré soi de la politique raciste
de Stoléru ou dans les pas encombrés des hauts
faits colonialistes du P.S. ? Comment s'indigner de
l'offensive anti-populaire de Giscard, des licenciements, du
marchandage de l'intérim sans tomber dans les pattes
du discours anti-Giscard de Marchais ? Où et comment
pouvoir sortir de cette tenaille dès lors qu'on
refuse de rentrer sous sa tente ?
La politique maoïste donne la
raison de cette situation, la clairvoyance et le cadre pour
développer le combat contre la crise.
-II) DEUXIEME THÈME: celui
de l'unité de la classe ouvrière et du peuple
face aux entreprises de démolition subjective
engagées par les forces bourgeoises.
Soyons clairs: il n'y a jamais eu
d'unité sociale de la classe ouvrière et du
peuple. Tout au contraire, la classe ouvrière est
d'une extrême diversité. Elle est
multinationale, composée de jeunes, de vieux, de
femmes, d'habitudes régionales. Il a toujours
été réactionnaire et fasciste de
prétendre résorber la diversité et donc
la richesse sociale de la classe ouvrière dans une
norme solide, un modèle auquel se plier, sous peine
d'exclusion. Ainsi le modèle cégétiste
de l' O.P., 40 ans, français bon teint, petit
pavillon de banlieue.
L'unité de la classe
ouvrière et du peuple est une construction politique.
C'est dans la conscience et l'organisation politiques que
les ouvriers peuvent construire leur unité,
travailler à supprimer étapes par
étapes les contradictions organisées par le
capital tout en préservant la richesse de leur
diversité sociale.
Donnons trois exemples:
Lorsque nous avons avancé
le mot d'ordre d'égalité des droits entre
français et immigrés, de quelle unité
sommes nous partis ? D'une conception politique de la classe
ouvrière, à savoir qu'elle est ici
internationale et qu'en droit bourgeois qui discrimine les
gens selon leur nationalité, nous opposons cette
conception révolutionnaire qui est que doivent avoir
les droits, tous les droits y compris politiques, ceux qui
travaillent. Position poussée jusqu'à
reconnaître aux camarades immigrés toute leur
place dans la lutte des classes en France, c'est à
dire aussi dans l'édification du parti.
Lorsque nous nous attaquons au
problème du rapport entre les gens dans les
quartiers, contre la volonté du P.C.F. d'uniformiser
les gens dans le même moule du "petit blanc, sage et
civilisé", nous partons d'une position d'unité
politique: celle du refus de la concurrence au sein du
peuple, de l'embrigadement policier par le P.C.F., de
construction de l'organisation qui permette, là
où on est, de penser les différences dans une
volonté d'unité et de combat anti-capitaliste
- c'est ce à quoi sont engagés les C.P.A.Cs.
Lorsqu'enfin, dans les usines, le
développement de l'intérim a fini par enfermer
un certain nombre d'ouvriers fixes dans la défense de
leur statut privilégié, les noyaux communistes
ouvriers partent de cette idée politique que le point
de vue des intérimaires sur les fixes, l'usine,
l'organisation du travail, l'inégalité des
tâches et des primes, peut être le regard neuf
sur lequel s'appuyer pour que se reconstitue une
solidarité ouvrière effective et active.
-III) S'ORGANISER:
L'IMPÉRATIF DE LA CRISE. S'organiser dans les noyaux,
les C.P.A.Cs, l'U.C.F.M.L.
ce n'est pas le prolongement
salutaire de mouvements qui en auraient montré la
nécessité. S'organiser, c'est aujourd'hui un
commencement.
Commencement:
-pour d'abord exister, desserrer
l'étau des deux bourgeoisies, ne pas être pris
dans la tourmente réactionnaire, bref ne pas
être en crise soi-même.
-pour être en mesure d'avoir
une mémoire, de connaître l'histoire pour que
les faits et les mots gardent leur sens, d'avoir une
pensée.
-pour être en mesure
collectivement de pouvoir ressouder une avant-garde à
une classe ouvrière et à un peuple
réunifiés autour des grands combats à
venir.
La vision du P.C.F. de la crise :
une conception impérialiste de la
société impérialiste.
-----------------------------------------------------------
NOTRE POLITIQUE
CONTRE LE P.C.F.
-----------------------------------------------------------
POURQUOI PARTICULARISER LE P.C.F. ?
Il existe bien d'autres
partis politiques en France, partis bourgeois de
l'impérialisme. Pourquoi donc particulariser le
P.C.F. ?
Nous ne sommes pas de ceux
qui l'appellent "le" Parti intériorisant ainsi sa
volonté hégémonique. Nous n'avons
aucune filiation avec le P.C.F.; nous n'en sommes aucunement
issus par scission ou scission de scission, comme les autres
groupes "marxistes-léninistes"; nous ne nous
réclamons d'aucunes de ses périodes
historiques comme exemple positif d'une politique
révolutionnaire dans la France impérialiste.
Notre critique du P.C.F. et
de son histoire ne fait que s'approfondir à partir du
présent politique et ne nous conduit nullement
à un rapprochement avec telle ou telle étape
de sa politique (par exemple dans les années 20 ou
30).
Notre combat contre le
P.C.F. ne nous mobilise pas en raison de son
étiquette marxiste. Nous savons qu'il n'a pas plus
à voir avec le marxisme que l'Armée du Salut
n'a rien à voir avec la fraternité
communautaire. D'ailleurs, le P.C.F. ne se sert plus
guère de son masque de faux marxiste. A vrai dire, il
ne l'utilisait depuis 1968 que dans ses roucoulades en
direction de la petite bourgeoisie intellectuelle; mais il
préfère désormais n'user vis à
vis d'elle que de la logique de la force, logique d'autant
plus efficace que la petite bourgeoisie est aujourd'hui
entièrement décomposée
idéologiquement. D'où que le P.C.F. est plus
désignable désormais comme parti
social-fasciste que comme parti révisionniste.
Si le P.C.F. est un ennemi
spécifique de la révolution et du communisme,
ce n'est pas non plus parce qu'il aurait le monopole de
l'influence bourgeoise dans le peuple et la classe
ouvrière. Nous savons au contraire que l'ancienne
bourgeoisie structure depuis longtemps un camp de
l'impérialisme dans les masses fondamentales et
qu'elle développe pour ce faire le parlementarisme et
le syndicalisme.
Dans le travail de masse,
on rencontre donc toutes les positions et toutes les forces
bourgeoises et pas seulement le P.C.F. Et cela d'autant plus
que l'ancienne bourgeoisie relance sa propre structuration
de masse dans la crise (Cf Fiat: 30 000 "travailleurs"
défile avec la direction pour les licenciements,
contre la grève). Le P.C.F. ne se particularise donc
pas de ce qu'il serait la seule force bourgeoise ayant une
"liaison de masse", mais de ce qu'il travaille à une
"liaison" spécifique: son projet de Parti de masse,
fusionnant à terme dans le pouvoir avec un Etat
impérialiste réformé, aujourd'hui
rivalisant avec lui pour structurer des forces politiques de
masse; son ambition de réorganiser toute la
société impérialiste, le mode
spécifique d'embrigadement des ouvriers et des
peuples dont il est porteur comme les nouveaux
mécanismes économiques de gestion et
répartition de la plus-value qu'il préconise,
voilà qui en fait une nouvelle bourgeoisie et un
parti social-fasciste. Ceci n'est pas l'idée
abstraite de copier en France le modèle russe: c'est
une offensive politique concrète, entamée
depuis 1968, accélérée par la crise,
qui tente de progresser désormais au rythme de coups
politiques comme le bulldozer de Vitry, la délation
de Montigny... Ce sont des pratiques politiques nouvelles
qui font conjoncture dans les masses, interrogations
spécifiques.
POINTS DE MÉTHODE
:
Quelle sont nos
interrogations de maoïstes ?
La question du P.C.F. n'est
pas pour nous une question d'analyse (comprendre ce que
cherche le P.C.F., pourquoi il fait cette politique) mais
une question d'engagement: quel rapport avoir à lui ?
Comment faire force contre lui ?
Il faut être marxiste
sur cette question comme sur les autres questions
politiques. Ceci ne veut pas dire: juger le P.C.F. au regard
de principes, de dogmes; exemple: "il a nié la
dictature du prolétariat, donc il est devenu
bourgeois" . Ceci veut dire plusieurs choses:
-a) On ne part pas d'une analyse
du P.C.F. comme si en découlerait fluidement une
prise de position et une action. On part des révoltes
qu'il suscite. De ces révoltes il y a à
apprendre sur l'état subjectif des ouvriers et du
peuple et aussi sur l'ennemi ( le P.C.F .et les autres
forces bourgeoises ).
-b) On part également de
notre politique c'est-à-dire de ce qui reste avec
nous comme organisation, conscience et forces. Pas plus que
l'engagement ne naîtrait de l'analyse, la politique
n'émerge de la révolte. La révolte,
c'est quand on est contre quelque chose. La politique, cela
avance quand on clarifie ce pour quoi on est, cela marche
avec le projet, l'identité, la volonté de
s'organiser pour faire force. Etre contre, cela met en
mouvement, cela stimule la clarification de sa propre
identité, et sans cette clarification, il y a grande
faiblesse de l'antagonisme.
Le levier pour passer de la
riposte à la politique, donc à l'organisation,
passe par la conscience, le travail sur soi. D'où que
nous partons des formes de conscience et des courants de
masse qui s'y dessinent.
-c) Ceci est essentiel pour
comprendre contre quoi est le P.C.F. Le P.C.F., comme toute
force bourgeoise impérialiste, est
contre-révolutionnaire. Il protège un ordre
réactionnaire contre les forces de la
révolution et du communisme. Le P.C.F. a
émergé contre Mai 68 et la nouvelle
bourgeoisie a décuplé ses ambitions
réactionnaires dans le monde en combattant la
révolution culturelle et le maoïsme. Le P.C.F a
développé sa politique contre l'autonomie du
peuple, contre les mouvements démocratiques
révolutionnaires (Cf: Sonacotra). Il tire sa force de
ces capacités. Pour nous il s'agit là de ses
faiblesses, de nos forces qu'il tente de réduire.
-d) Nous jugeons donc du P.C.F. au
regard de ce qui existe comme autonomie et force dans le
peuple, dans la classe ouvrière et qu'il vise
à annihiler. Nous ne sommes pas pris dans le trouble
idéologique qu'il organise, dans le terrorisme verbal
qu'il pratique: les discours marxisants de sa période
de transition est remplacé par le maniement
systématique de l'inversion verbale pour retirer aux
mots leurs sens" pour ôter aux gens les instruments
minimaux de la pensée, pour porter le confusionnisme
à son maximum:
* quand il attaque les
immigrés, il appelle cela de l'antiracisme.
* quand il pratique la
délation, c'est pour lui la plus haute forme de
l'humanisme.
* quand il appelle au renforcement
de l'Etat et de la police, ce serait du communisme.
* quand il soutient une invasion
étrangère, il soutiendrait l'amitié
internationaliste.
Voilà une logique
typiquement fasciste, où la contre-révolution
se cache derrière les mots de la révolution,
où les drapeaux les plus réactionnaires
s'habillent de rouge. Voilà le trouble dont a besoin
ce type de politique pour s'imposer. Il faut se tenir au
plus près de ce qui se construit de nouveau dans la
classe ouvrière et le peuple pour faire lie de ce
terrorisme.
-e) Notre conviction est que
s'opposer au P.C.F. doit renforcer cette structuration
révolutionnaire et produire de du nouveau.
D'ailleurs, la critique de la présence
organisée dans le peuple des partis sociaux-fascistes
est inséparable des situations
révolutionnaires (Cf Mai 68, le Portugal de 74
à 76, la Pologne aujourd'hui). La critique du P.C.F.
a déjà produit (et continuera de le faire) du
nouveau dans l'identité subjective de la classe
ouvrière.
LES 2 PRINCIPAUX COURANTS
D'OPPOSITION RÉACTIONNAIRE AU P.C.F. :
- L'ANCIENNE BOURGEOISIE
(droite et P.S.) :
Elle critique le P.C.F. du
point de vue de sa rivalité pour le pouvoir
d'État.
Elle ne défend pas
les peuples, les immigrés... Elle est d'accord sur
l'objectif de répartition des immigrés. Elle
est en désaccord avec le P.C.F. seulement sur les
moyens, car chacun rivalise là pour être la
principale force réactionnaire. Elle ne veut pas du
projet P.C.F. de réformer l'Etat impérialiste.
Le P.C.F. veut rendre l'Etat encore plus actif dans
l'économie (nationalisations... projet du capitalisme
monopoliste bureaucratique d'Etat); il veut construire de
nouveaux appareils para-Étatiques (milices locales);
il veut renforcer l'intégration Etatique des
syndicats; il prétend transformer le droit bourgeois:
remplacer l'individu et ses droits par des ensembles
arbitraires dont les droits fictifs seraient
représentés par des bureaucrates (les
"travailleurs" d'une entreprise remplacés par le
bonze syndicaliste, les habitants d'une localité
représentés par l'appareil municipal...). Le
P.C.F. vise ainsi à transformer le fonctionnement
ancien du parlementarisme, à embrigader de
façon nouvelle le peuple. C'est contre cela qu'est
l'ancienne bourgeoisie. C'est cela qu' elle nomme le
fascisme du P.C.F. et non pas ce qui en est l'essence,
c'est-à-dire la contre-révolution violente
parée des simulacres de la révolution. C'est
pour cela que l'ancienne bourgeoisie tente d'empêcher
une véritable critique de masse du P.C.F. qui serait
une avancée décisive du point de vue de
classe, une rupture avec le syndicalisme, le parlementarisme
et l'impérialisme.
L'ancienne bourgeoisie
obscurcit la critique du P.C. F.:
-soit en taxant
d'électoralisme ce qui est une politique
social-fasciste de long terme.
-soit en camouflant
la politique de Parti du P.C.F. derrière une des
nombreuses variantes de l'opposition interne entre base et
sommet. Elle ressortira périodiquement le dossier
Marchais, elle parlera de la main de Moscou, elle utilisera
la fable récurrente des combats d'alcôve entre
durs et mous, des alternances de périodes de
glaciation ( où les mous deviennent durs) et de
périodes de dégel (où tous
lâchent du mou).
-enfin en renvoyant
le P.C.F. de force sous l'étiquette du marxisme afin
d'enterrer là à bon compte le marxisme et le
communisme.
Cette critique nous est
entièrement étrangère.
- LES OPPOSITIONNELS ET
DISSIDENTS:
Il s'agit là du
courant " Union dans les luttes" vertébré par
les trotskystes de tous poils. Sur le fond, ces gens n'ont
pas de politique. Donc ils ne peuvent être
antagoniques au P.C.F. Leur critique se réduit
à une opposition. D'où leur goût pour
l'analyse infinie du P.C.F. dont il font leur principal
gagne-pain. Mais à ce compte, leur opposition ne
porte pas sur le contenu de sa politique de Parti.
Ce qui ne va pas dans le
P.C.F., pour ces gens, ce n'est pas le fond de sa politique,
ce sont là encore ses méthodes et ses moyens.
D'où le débat paravent sur la
non-démocratie interne du P.C.F. qui masque le
véritable débat sur la politique
réactionnaire du P.C.F., mais révèle
l'ambition ultime de ces gens: être les chefs du
P.C.F.
Ce courant vise à
paralyser toute critique de masse du P.C.F., à faire
comme si le P.C.F. était le coeur de la politique et
de l'histoire, à gommer la rupture de masse
portée par Mai 68.
Aujourd'hui, la tâche
est à forger les armes de cette rupture.
NOTRE POLITIQUE CONTRE LE
P.C.F. :
A) IL FAUT SITUER
LE COMBAT CONTRE LE P.C.F DANS LA CONJONCTURE DE CRISE:
La crise n'est pas
seulement économique. Elle est politique; et elle ne
l'est pas seulement pour la bourgeoisie. Il y a crise
politique profonde dans la classe ouvrière et le
peuple; il y a conjoncture de grande confusion que le P.C.F.
entend aggraver pour en tirer parti.
Nous ne croyons pas
à la vieille idée qui traîne souvent que
lorsque les conditions de vie s'aggravent avec la crise, il
finit automatiquement par y avoir de la révolte et de
la politique révolutionnaire. Cela n'est pas si
mécanique car il faut tenir compte des formes de
conscience face à la crise. Quand beaucoup de gens
disent aujourd'hui: "cela va mal, cela ne peut plus durer" ,
veulent-ils dire: " on voit bien que c'est la crise du
capitalisme, qu'il faut en finir avec lui, devenir des
révolutionnaires, s'engager et s'organiser" ? Souvent
cela veut dire précisément le contraire: "on
regrette le passé impérialiste florissant. Il
faut y retourner" .Et les gens qui disent cela s'engagent,
oui, mais en fait contre ceux qui sont le plus
attaqués par l'impérialisme. Attaquer les
jeunes sans travail, les immigrés, les
intérimaires, les sans-papiers, les pauvres, c'est
une issue subjective pour les réactionnaires, cela
donne corps à leur goût de la
société impérialiste. C'est pour
organiser ces gens que le P.C.F. fait aujourd'hui ses
campagnes contre les jeunes sur le thème: "les jeunes
sont des délinquants, des débauchés
(drogués), contre les ouvriers immigrés sur
les thèmes: "ce sont des charges.
Répartissons-les" , contre les ouvriers
intérimaires sur le thème "ce sont des
ouvriers au rabais, briseurs de grève", contre les
jeunes avec l'idée: "ce sont aussi des charges,
chassons-les", contre les nomades également sur le
seul argument: "ils ne vivent pas comme les bons
français". Toutes ses campagnes sont abjectes. Elles
sont social-fascistes: le propos est d'organiser un parti
fasciste de masse et ses miliciens pour agir directement
contre le peuple et les ouvriers afin comme l'a dit
Séguy au nom de la C.G.T.: "de ne pas se laisser
réduire au bol de riz". Toute cette horreur de la
contre-révolution sait donc trouver ses
arrières dans l'idée: "ça ne peut plus
durer aujourd'hui", quand celle-ci signifie la
défense à tous prix de la France
impérialiste. Pourquoi cela ? Parce que ce qui fait
qu'il y a crise politique dans le peuple, dans les ouvriers,
c'est que les anciennes conceptions sur "comment lutter,
s'unir, faire une force" sont attaquées et
détruites avec la crise. A l'épreuve de la
réalité, les conceptions antérieures
montrent qu'elles sont insuffisantes. Il faut le marxisme,
le léninisme, le maoïsme pour ne pas se laisser
aller au découragement, mais arriver à
comprendre la loi des choses, pour savoir comment passer
à une autre étape. Cette question posée
à chacun renvoie aujourd'hui à la question
centrale du P.C.F.
B) IL FAUT COMPRENDRE A FOND QU'ON
A AFFAIRE CHEZ LE P.C.F. A UNE POLITIQUE DE PARTI:
Attaquer le P.C.F., est-ce
que cela nous affaiblit ou bien cela fait-il un point de
force ? Cette question est souvent posée parce que la
politique du P.C.F. devient une donnée de la vie des
gens; elle acquiert autant d'effets subjectifs que la
politique de l'Etat. Alors, le mouvement face à un
acte ignoble du P.C.F. sera souvent de réduire
plutôt - la critique au lieu de l'étendre: on
ne parlera pas de la politique de parti du P.C.F., mais du
Maire, de la municipalité, ou des dirigeants.
A la faculté de Saint-Denis, intervention
des PAE et de l'UCFML avec de nombreux
étudiants et personnels contre Zarka, bonze
social-fasciste local, qui organise des campagnes
contre les immigrés dans les cités.
|
|
Or, laisser en dehors le parti PCF, c'est mettre à
part le lieu politique commun à tous ces gens qui est
pourtant la cause de toutes ses pratiques. C'est comme Parti
que le P.C.F .fait sa propre analyse de la conjoncture de
crise, qu'il décide de sang-froid de lancer des
campagnes et des attaques contre le peuple. Le P.C.F. pense
que la crise politique est le moment pour lui à la
fois d'encercler les autres forces de la bourgeoisie
attachées au parlementarisme ( et spécialement
le PS ) et de se forger dans le peuple comme parti militant
de la nouvelle bourgeoisie. Avant cela, le P.C.F. visait
principalement à tenir les ouvriers dans le
syndicalisme et à se réserver la politique
avant tout dans le cadre parlementaire. La conjoncture a
changé. Le P.C.F. a fait son bilan de la crise et de
Copernic. Il s'agit désormais de trouver parmi les
ouvriers et le peuple ses hommes de main, hommes sans foi ni
loi, pratiquant le mensonge, la délation, la terreur
et les pogromes. Le P.C.F. appelle les gens à se
transformer dans ce sens pour rallier la nouvelle
bourgeoisie. Cela est nouveau. Nous parlons certes depuis
longtemps de NOUVELLE BOURGEOISIE mais il ne faut pas
comprendre cela comme un nom, mais comme un processus
politique. Il y a une histoire de cette classe que l'on peut
suivre du point de vue des combats politiques, alors que sur
le plan économique la nouvelle bourgeoisie ne
possèdent pas en France de moyens de production.
Jusqu'à
présent, on connaissait du P.C.F. son
caractère contre-révolutionnaire
tranché par 68, son projet de capitalisme
bureaucratique d'Etat travaillé dans le cadre du
programme commun. L'étape est nouvelle pour le
P.C.F.: c'est le lien entre l'avenir de la nouvelle
bourgeoisie et la question de son parti qui travaille
directement. D'où que tout le travail du P.C.F. est
orienté pour en faire une force militante de masse.
D'où ses capacités nouvelles de critiquer
jusqu' au syndicalisme. La nouvelle bourgeoisie se construit
en se dotant d'un nouvel outil qui l'arrache à la
perspective d'un parti parlementaire éternellement
oppositionnel, pour se constituer comme force vraiment
alternative, force d'embrigadement et de
contre-révolution, force de pouvoir. Il faut bien
comprendre cette politique de parti pour répondre
à la question: qu'est-ce qui nous renforce ? Limiter
la critique du P.C.F. ou la mener à fond ? Pour
trancher cela, il faut surtout avoir un point de vue sur le
nouveau:
comment le penser et le produire ?
C) IL FAUT, CONTRE LE P.C.F.,
PORTER LA QUESTION D'UNE AUTRE POLITIQUE, D'UN AUTRE PARTI:
C'est ce qui nous permet de
ne pas être limité dans la critique du P.C.F.;
nous changeons de terrain en nous fondant sur notre liaison
de masse. Les " problèmes" dont parle le P.C.F. pour
la vie des gens (comme les nazis pouvaient parler de
"problèmes" posés par les juifs), ce ne sont
pas des problèmes du peuple. Ce sont des
problèmes étatiques, des problèmes de
bourgeois pour gérer une société
impérialiste en crise, pour continuer de faire un
peuple divisé et faible.
Notre travail politique
organise l'antagonisme à cette voie. Il affirme
d'abord LA FORCE DE LA CONSCIENCE; il faut penser jusqu'au
bout ce qu'on refuse, pourquoi on le hait. Il faut aussi
réaliser que ce qu'on pense ne nous isole pas face au
P.C.F. et à toute la bourgeoisie, mais au contraire
nous relie à d'autres, fait force. On peut ainsi
penser collectivement et être nombreux. C'est ce qu'on
prouvé nos contre-manifestations à Vitry,
Montigny... Nous étions en réalité plus
que le P.C.F. avec ses commandos. En osant faire confiance
à nos idées, notre liaison, on s'organise
effectivement et on est une force significative. Il est
important d'en avoir conscience. En effet des gens sont
tentés de réduire la critique du P.C.F. parce
que le P.C.F. intervient dans la vie sociale pour attiser
les tensions, s'opposer à la paix entre les gens,
entre les familles ou même dans les familles.
S'opposer au P.C.F., ce n'est pas se mettre en avant
isolément, ce n'est pas non plus mettre de l'huile
sur le feu. C'est au contraire ce qui permet de
résoudre la crise politique dans le peuple, de former
une nouvelle unité en se reliant aux autres.
Nous affirmons LA
NÉCESSITÉ DE L'ORGANISATION:
C'est pour cela que nous
proposons de nouvelles façons de s'organiser. La
confiance dans le processus du parti de type nouveau est un
point-clef. Sinon on en reste trop souvent à une
critique des vieux partis du type: " il ne faut plus de
parti". Alors on laisse l'initiative à ces vieux
partis. Nous disons qu'il y a du nouveau à produire,
que cette entreprise, ouverte par Mai 68, est DÉJA EN
COURS avec l' UCFML, avec la construction des noyaux
communistes, des C.P.A.C.s, de tout le pôle
maoïste. Ce processus du parti de type nouveau, c'est
cela la politique maoïste qui travaille à
l'unité de la classe ouvrière, du peuple
contre la société impérialiste et
l'Etat, contre les deux bourgeoisies. Les autres articles de
ce numéro développent notre politique, le
cadre organisé dans lequel elle se
matérialise.
Contre le P.C.F., on
travaille:
-à une unité de la
classe dans les usines avec les noyaux autour des chartes
qu'ils construisent.
-à une unité du
peuple avec les C.P.A.Cs pour résoudre ses vrais
problèmes, pour refuser l'antagonisme au sein du
peuple.
-au développement d'une
intervention dans l'art et la culture contre les 2
bourgeoisies avec les groupes culturels.
-à l'extension d'une grande
force démocratique révolutionnaire
anti-raciste avec les Permanences Anti-Expulsion.
-à la multiplication autour
de l'U.C.F.M.L. des initiatives politiques de masse pour
s'opposer aux pratiques du P.C.F., pour organiser dans les
masses un camp d'ensemble anti social-fasciste.
Il faut désormais se
préparer à lancer de telles initiatives au
niveau national d'ensemble.
-----------------------------------------------------------
QU'EST-CE QU'UNE
POLITIQUE
DEMOCRATIQUE AUJOURD'HUI
-----------------------------------------------------------
La crise
a aussi fait table rase de ce qui restait du mouvement
démocratique -ou mouvement démocratique
révolutionnaire -issu de Mai 68.
Il est
cependant erroné de dire, si on veut traiter de ce
que serait une politique démocratique aujourd'hui,
qu'on part du néant, au vu de la situation actuelle,
faite de repli sur soi et d'individualisme soucieux.
Car on ne
part pas de rien, mais précisément de
l'échec, du vol en éclat de ce mouvement, dans
toutes ses composantes, à l'épreuve de la
crise, qui désigne ce qui faisait sa faiblesse
interne, et qu'il s'agit aujourd'hui de mettre à jour
pour fonder du nouveau.
- I -
"SOUTIEN", MOUVEMENT DES
FEMMES,
INTERNATIONALISME: TROIS FINS
QUI
POINTENT LA QUESTION DU "SOI".
-1 )
Fin du soutien et de la
"solidarité":
L'idée et la pratique de la
solidarité et du soutien sont issues du mouvement qui
en 68 porte les étudiants et la jeunesse aux portes
des usines, les jeunes ouvriers aux côtés des
étudiants et les lycéens et étudiants
aux côtés des ouvriers, dans les affrontements
avec la police. Mai 68 est aussi ce qui a fait exister un
peuple, une levée et une exigence d'unité et
d'identité immédiate, contre le broyage
impérialiste gaulliste.
Le
mouvement continue tel quel, dans son unité
immédiate jusqu'à la mort de Pierre Overney en
72, qui met durement en lumière l'absence de
"direction ouvrière" de ce mouvement,
c'est-à-dire son défaut de structuration
politique interne. Comme on le sait, le problème de
l'émergence d'une force politique ouvrière
autonome ne fut pas traité par la Gauche
Prolétarienne, qui préféra abandonner
et prononça sa dissolution.
Il
persiste alors un mouvement qui n'est plus celui d'une
identité politique immédiate, le "un" d'un
peuple, mais un mouvement dont l'idée maîtresse
est le soutien: Lip, le Larzac... Même si on peut
discerner dans ces causes un choix, plutôt le Larzac
que le mouvement des foyers à ses débuts, il
reste cependant l'idée qu'il y a des causes,
ouvrières et populaires, dont il faut être,
qu'il faut soutenir. Les "Comités de soutien" de tous
ordres fleurissent, matérialisant cette attitude de
solidarité: soutien à des grévistes,
mais aussi, et surtout, aux prisonniers, aux paysans
résistant au nucléaire, aux gens qu'on enferme
à l'asile...
Tout cela
s'achève avec la crise -avec les débuts
même de la crise. Et on ne peut pas seulement
incriminer l'absence de cause à soutenir, la crise
politique au sein du peuple, la fin du "mouvement ouvrier".
A preuve la faiblesse du soutien au mouvement des foyers.
Même si on invoque à juste titre les
défauts de la politique du Comité de
Coordination des foyers en la matière, il
n'empêche qu'existait là un authentique
mouvement démocratique révolutionnaire
ouvrier, doté de sa propre direction. Nous invoquions
aussi pour expliquer cette faiblesse, le fait
précisément que le mouvement des foyers
était un authentique mouvement de classe; nous
aurions pu ajouter: un authentique mouvement de classe
à l'époque où les effets de la crise se
font déjà sentir. Plus tôt, il aurait
sans doute bénéficié d'un autre
soutien.
Avec la
crise, plus d'unanimité ni de solidarité
immédiate. La logique de classe reprend le dessus.
Chacun se retrouve avant tout "de sa classe", et la
conscience des différences, de la distance de classe,
est plus aigüe que jamais dans la petite bourgeoisie
des villes (avec ce qu'elle entraîne d'ignorance, de
peur... on y reviendra). Quant à "soutenir" quoi que
ce soit, cela n'a à priori aucun principe de
réalité: il faut d'abord savoir ce qu'on a soi
à voir là-dedans, au nom de quoi
soi-même on est impliqué dans telle ou telle
affaire, etc...
Cette
tendance, tôt annoncée dans la petite
bourgeoisie intellectuelle est tout à fait
développée aujourd'hui que la bourgeoisie
elle-même fait état de la fin du consensus,
parle de "sous-prolétariat", commande des rapports
sur la "pauvreté en France", sans oublier Mitterrand
commentant à la télévision la
bêtise politique des gens sans instruction. La fin de
l'idéologie du soutien est en soi une bonne chose.
Nous l'avons toujours critiquée,
précisément parce qu'elle place "celui qui
soutient" en dehors de la question. Nous la critiquions au
nom de l'unité de la politique révolutionnaire
et opposions à la logique des comités de
soutien celle des Comités Populaires
Anti-Capitalistes, et plus tard des Permanences
Anti-Expulsion, organisations de l'unité pratique
entre français et immigrés et de
l'anti-racisme actif. Mais cette idée que nous
développions de l'unité de la politique
révolutionnaire du peuple s'appuyait encore sur le
postulat d'une unité populaire initiale, elle
présupposait l'existence d'un camp populaire et
démocratique réuni a priori, avant la
politique, si on peut dire. C'était en somme une
fidélité et une proposition de
développement conséquent de la levée de
Mai 68, contre la version affadie et déviée
qu'en donnait l'idéologie du soutien, trahissant
l'élan populaire initial pour le
réintégrer dans l'ordre de l'assistance
impérialiste. Aujourd'hui on l'a vu, plus de soutien
ni d'unanimité supposée à laquelle se
référer. L'unité possible est celle
d'une politique, ou n'est pas. C'est celle d'un camp
politique qui n'a aucune réalité à
priori, mais qui se trouve regrouper, c'est un trait
caractéristique des manifestations appelées
par l'UCFML et le pôle maoïste, des gens
très divers, dont la présence est pour chacun
un résultat, la manifestation d'un choix politique
pratique. Chacun est là, si on peut dire, de son
fait, et en son nom.
-2) Fin
des pseudo-mouvements propres "d'identification": mouvement
des femmes, écologie.
On dira:
si la disparition de ce qui composait le mouvement
démocratique conduit à la question de qui
était acteur de ces mouvements, de ce qu'on est
soi-même en politique, qu'en est-il du mouvement des
femmes ? Ne s'agissait il pas là d'affirmer une
identité, l'existence des femmes comme
réalité et comme force ? Et comment en
arrive-t-on aujourd'hui au MLF appelant à voter
Mitterrand, aux pleurnicheries
télévisées de Mme Bouchardeau, sans
compter "le franc-parler d'une femme du peuple" qui va leur
dire leur fait à tous ces vilains !, pitreries qui se
parent sans protestation de l'étiquette "femmes"
-cependant, c'est surtout là un signe sérieux,
que personne ne va y voir, "au nom des femmes", quand le
P.C.F. fait expulser des femmes de leur logement parce
qu'elles sont seules avec leurs enfants -de sorte que les
familles immigrées se trouvent en meilleure situation
pour affronter les sociaux-fascistes, grâce à
la solidarité familiale et aux anti-racistes, que les
femmes seules, qui se sentent souvent obligée de
céder ou de se justifier devant les calomnies et les
insultes.
En
vérité, ce mouvement n'a pas été
celui de l'affirmation d'une identité des femmes -ou
ce ne fut que très brièvement le cas. Il
s'agissait de faire reconnaître par la
société existante le label " femmes" , de
faire reconnaître, précisément, que le
label "femmes" a droit à l'assistance. L'unanimisme
de principe du mouvement des femmes, la volonté de
parler au nom des " femmes" en général,
était le signe qu'on avait déjà
renoncé à affronter l'air du dehors pour
rentrer frileusement dans le giron de la
société impérialiste, et qu'elle
veuille bien, elle, nous réunir, et faire quelque
chose.
L'absence de participation massive
de la petite bourgeoisie intellectuelle
aux campagnes contre
l'impérialisme français, un des signes du
renoncement
à un point de vue sur
l'internationalisme.
L'unanimité, c'est la
définition extérieure plus la revendication.
Cela a donné quelque chose avec le MLAC. Aujourd'hui,
il en va de ce mouvement comme de l'ensemble des entreprises
syndicalistes: ce n'est pas le temps de faire recette en
réclamant sa part du gâteau ou
d'assistance.
La
même conception des choses avait cours chez celles qui
semblaient le plus éloignées du style
syndicaliste. C'est pourquoi il n'y a pas eu de division
significative et porteuse d'avenir dans ce mouvement.
L'unanimisme "des femmes" y était aussi la
règle, pareillement révélateur d'un
assentiment à l'ordre établi concernant les
femmes, non pas sous la forme de la demande d'assistance
(occupez vous de nous), mais sous la forme de
réclamer une prime: nous devons, nous autres femmes,
être particulièrement reconnues, nous devons
toucher une prime, au moins d'estime, parce que nous
existons, nous faisons ceci ou cela, et en plus nous sommes
des femmes. Cela nous coûte un effort
supplémentaire. Il s'agit là, non plus certes
de revendiquer platement, mais de se donner les moyens de
monnayer correctement le fait qu'on entérine le
statut ancien.
Nous
n'avons pas l'habitude de dire par exemple: c'est un
immigré, et en plus il fait de la politique. Il
mérite quelque chose. Nous savons de longue date ce
que valent, en fait de libération, les organisations
précisément dites "immigrées" qui
tiennent un tel discours. D'où il ressort, ce serait
la leçon, qu'affirmer une identité ne peut pas
commencer, en reprenant à son compte, et comme
drapeau, le nom générique qu'on a dans la
société impérialiste (comme dans le
roman de N. Michel "Le repos de Penthésilée",
toutes les femmes ensemble, et dans la guerre, ne sauraient
être "les femmes" ni "l'armée des femmes". Il
leur faut un nom propre, sinon un signe et une mythologie).
Une telle dénomination indique qu'il ne s'agissait
là que de monnayer une absence d'identité. Une
deuxième fois, le mouvement défait reconduit
au problème de "soi-même" qu'il masquait. Quel
point d'appui aujourd'hui pour du nouveau ? Des prises de
position particulières, sur quoi peut être
fondé plus tard un débat et des prises de
parti. De telles prises de position commencent à se
faire jour dans l'art.
De
l'écologie, on dira qu'il s'agit là de
l'identification par le truchement d'une cause devenue
poussiéreuse. Pourquoi et selon quel processus, il
faudrait l'analyser. Malville est en tous cas un moment de
rupture, peut-être parce qu'il s'y est
avéré que, aux yeux de ceux qui en
étaient, cette cause ne valait pas qu'on meure pour
elle.
-3) Fin de
l'internationalisme démocratique
spontané:
Non
seulement il n'y a plus depuis longtemps de "manifestations
démocratiques de soutien internationaliste", mais
même l'intérêt pour ce qui se passe
à l'étranger a énormément
faibli. Là encore, il faut invoquer la fin des
références internationales de bon aloi,
reconnues par tous -les guerres de libération contre
l'impérialisme américain -qui oblige à
avoir ses propres références. Et
manifestement, des références
démocratiques, ou bien il n'y en a pas, ou bien elles
ne peuvent suffire à se mobiliser pour des causes
apparemment démocratiques: la lutte contre les
extraditions par exemple. Tel fut notre bilan des diverses
tentatives de mobilisations, qu'il fallait aujourd'hui, pour
se mobiliser contre les extraditions d'italiens ou
d'allemands, un point de vue sur l'Italie et sur l'Allemagne
(on dirait la même chose de l'Irlande, qui suscitait
autrefois de grandes mobilisations). Mais il faut demander:
d'où viendra ce point de vue, si
l'intérêt pour ces situations fait
défaut ? Comment rendre compte de ce défaut
d'intérêt ? On peut sans doute l'attribuer
à l'émergence de la question nationale comme
question centrale. On pouvait "soutenir" les guerres de
libération nationale du tiers monde: il faut
"être partisans" de l'indépendance nationale
face aux deux super-puissances, et de ce qu'elle implique.
Les tentatives d'affirmation des autres peuples face aux
deux superpuissances ne laissent guère d'espace de
compagnonnage, et là encore, renvoient à la
position qu'on a soi-même sur la question. C'est
peut-être pourquoi pour l'instant, beaucoup
préfèrent tourner la tête et ignorer
avec application le monde extérieur.
- II -
LE "MOI" ACTUEL DES GENS
DE
L'EX-MOUVEMENT
DÉMOCRATIQUE,
ET SES BALBUTIEMENTS.
Le retour
à soi avait été vanté et
semble-t-il dûment préparé dans les
années précédant la crise par les
chantres de l'individu suivis par les nouveaux philosophes
et les tenants des "droits de l'homme". La maison aurait du
attendre douillette. Cependant, on n'a eu qu'un repli
frileux sur un vide, avec un élément
d'inquiétude, de peur crépusculaire,
envahissant peu à peu le tableau. C'est qu'il y a eu
un télescopage. Les nouveaux philosophes et consorts
prônaient le retour à soi du temps du programme
commun. Il n'y avait qu'à rentrer au bercail de la
démocratie occidentale, protégée,
stable, promettant encore à ses enfants des jours
tranquilles, y deviser des droits de l'homme: tout cela
s'appuyait sur la stabilité politique de la
bourgeoisie, que l'Union de la gauche semblait garantir. Le
développement politique de la crise, à
l'inverse, détruit ce qu'il pouvait y avoir
d'identité protégée -le soutien
à ceux qui " luttent" ici ou ailleurs, les femmes
dans leur identité syndicale, etc..., et
ramène à soi en un tout autre sens, qui est de
ne permettre d'exister que pour ce qu'on est.
Les
greniers de surcroît ne contiennent pas grand chose.
Le legs démocratique est quasi nul: on le voit
après Copernic, où les fascistes convoquent le
fantôme de l'avant- guerre, comme pour attester que
personne n'a souvenir ni bilan de cette période,
autre qu'impuissance, et le P.C.F. se dépêche
d'enfoncer le clou en lançant, outre son bulldozer,
le grand cri de "répartissez-les", sans provoquer sur
le champ d'autre réaction que: "VOUS auriez pu vous
passer du bulldozer".
L'entreprise de mise au pas et de laminage de la
petite bourgeoisie intellectuelle, amorcée par de
Gaulle, a eu des effets: avec la crise et Giscard, la
tendance est à l'alignement sur la petite bourgeoisie
ancienne, celle des petits commerçants et
boutiquiers.
"Nouveaux philosophes" au
service
de l'anti-communisme et de
l'anti-marxisme.
Le thème cher aux journalistes
est celui de la "fin des idéologies". P.C.F. et P.S.
poussent aussi dans ce sens. Le P.C.F. de façon
évidente, qui passe des revendications et avantages
pour tous du Programme Commun à l'essai
d'embrigadement dans la défense social-fasciste des
privilèges et les promesses, avec le thème de
défense de l'école, les diplômes...,
d'accéder avec eux à la bourgeoisie. Mais
c'est la même chose pour le P.S., qui brandit
l'étendard nostalgique, mais en ne gardant du
passé de la petite bourgeoisie intellectuelle que la
problématique des places stables, des avantages
acquis, mais pas une seule idée.
A partir
de là, il y a deux voies:
-ou bien accepter
cette tendance à devenir petits commerçants
(mais comment, commerçants en quoi ? ), se cramponner
au vide: un signe de cette voie est aujourd'hui, dans
certains milieux de la petite bourgeoisie, le déclin
de la vie sociale dû à l'impossibilité
de toute discussion, dans la mesure où il est
essentiel, pour assurer cette voie si on peut dire, qu'il ne
puisse y avoir, à aucun sujet, ni vrai ni faux, rien
dans aucun domaine qui puisse " tirer à
conséquence". Tel est le retour "social" à la
problématique de classe.
-ou bien chercher
à exister et se situer soi-même. Il faut
être attentif à ce que commence à
produire de positif en ce sens la problématique de
l'individu, du choix individuel. Le nouveau, comme on l'a vu
en revenant sur le passé, passe par là. Le
meilleur exemple en est le Manifeste des 51, qui est un
engagement pour leur propre compte de ceux qui en sont
signataires à faire telle ou telle chose pour
s'opposer aux expulsions des jeunes immigrés. Et
c'est à double titre que ce Manifeste prend pour
référence l'époque de la guerre
d'Algérie.
Le fait
que, après l'effritement rapide des idéologies
type nouveaux philosophes (on a vu qu'elles n'étaient
guère appropriées à la nouvelle
situation), ses hérauts les plus à
l'affût de la mode cherchent maintenant du
côté de l'esprit de résistance, est
aussi un indice de ce que les temps changent.
Cette
voie ne saurait être celle d'une fuite de la
réalité de classe, laquelle s'impose dans la
crise. La crise ne laisse guère de place en dehors ou
au dessus de la mêlée. Ce doit être celle
de la prise en compte politique des classes: c'est pourquoi,
d'une façon ou d'une autre, elle induit le dialogue
avec nous. Nous disions à juste titre de la
manifestation Marais-Barbès qu'elle avait
rassemblé, autour du pôle maoïste, une
avant-garde d'interlocuteurs.
- III -
NOS TACHES :
QUELQUES DÉBUTS DE PISTES
POUR UNE
POLITIQUE DÉMOCRATIQUE
AUJOURD'HUI.
Notre
tâche est de servir de point d'appui dans ce travail
de ré-identification. Cela implique d'achever la
destruction de l'ancien, quant au rapport du mouvement
démocratique à la politique et aux partis. La
politique démocratique nouvelle le sera aussi dans
son rapport à la question du parti.
-a)
Achever la destruction: la
question du parti.
Le risque
de se faire manipuler par les organisations politiques, la
crainte d'être "récupéré", est le
grand argument de qui déclare que, sinon, il
prendrait en main tel ou tel action démocratique.
Cette méfiance mérite aujourd'hui d'être
discutée en tant que telle - avec ceux chez qui on a
lieu à priori de la supposer sincère, ce qui
exclut bien sûr les groupes politiques dont toute
l'activité consiste à brandir cet argument
pour nous interdire la parole et laisser la place aux seuls
syndicats et P.C.F., eux-mêmes se sacrifiant pour la
bonne cause, aisément.
Sur quoi
se fonde cette méfiance ? Sur l'idée, issue du
passé, de l'expérience du P.C.F. en
particulier que, à partir du moment où parti
il y a, on est forcément derrière ce parti, ou
on n'est rien.
Nous
disons que cette conception est celle du Parti-Etat, et
qu'elle correspond au marxisme d'avant la Révolution
Culturelle. Du temps de Staline, il y avait effectivement le
parti et les "sans-parti", sans autre définition que
de ne pas en être. Dans cette conception, le terme des
masses, du mouvement de masse, n'existe pas: ni non plus
celui du communisme, comme processus réel. Il n'y a
que l'Etat socialiste. Mao Tsé Toung dit: "Staline
n'a pas vu que sans mouvement communiste, il est très
difficile d'arriver au communisme". Il déclenche la
Révolution Culturelle, qui est une révolution
communiste, la première. Nous prétendons quant
à nous édifier un parti authentiquement
communiste, c'est-à-dire un parti d'après la
Révolution Culturelle, un parti qui puisse organiser
et structurer le mouvement de masse contre l'Etat qu'il
dirige. Un tel parti a besoin de la contradiction en travail
entre lui et les masses, ce qui implique que le terme "les
masses" existe, soit structuré, ce qui implique aussi
que " les masses" reconnaissent un tel parti, le
considèrent pour ce qu'il est. Quiconque
s'intéresse à la question peut voir que cette
problématique est à l'oeuvre dans notre
travail d'édification de l'Union: l'U.C.F.M.L., le
pôle maoïste, noyaux et C.P.A.Cs, dans le type de
rapports politiques que nous avons eu, ou tenté
d'avoir, avec le Comité de Coordination, direction du
mouvement des foyers... Moyennant quoi, nous ne demandons
évidemment pas qu'on nous croie sur parole; mais
qu'on ne nous oppose pas à priori la crainte
d'être manipulé comme justification pour ne
tenter en notre compagnie aucune aventure
démocratique: car cela revient à nier
volontairement notre projet, à décréter
que le marxisme s'arrête définitivement
à Lénine et Staline. Ceci n'est finalement que
l'argument commun de la télévision et des
transfuges professionnels du P.C.F. pour expliquer qu'on ne
peut que se rallier à l'une ou à l'autre
bourgeoisie.
Mais
à ce point de la discussion, nous devons garder la
parole et questionner à notre tour. C'est là
que ce débat devient débat de conjoncture.
A nous de
demander: cette idée du Parti-Etat, qu'on
prétend soit suivre en abdiquant toute autonomie,
soit abandonner pour rentrer chez soi, ne correspond-elle
pas à la conception de l'engagement politique qu'a
véhiculé et pratiqué jusqu'à
présent la petite bourgeoisie intellectuelle ? Deux
remarques là-dessus.
D'une
part, que, de la Gauche Prolétarienne aux Brigades
Rouges italiennes, il s'agit d'imposer par la force un camp
ou un autre. Ou vous êtes avec nous, ou vous
êtes avec la bourgeoisie: si vous vous opposez
à nous, c'est que vous changez de camp, etc... Cette
conception est la plus anti-démocratique qui soit.
C'est le parti qui, structurant la discussion au sein du
peuple entre le vrai et le faux, entre l'ancien et le
nouveau, permet et protège l'existence de courants.
D'autre
part, cette conception de l'engagement politique est celle
qui maintient et protège un désengagement
fondamental: et c'est pourquoi tant de gens sont si
cramponnés au parti de Staline. On "suit" un parti,
ensuite on est "déçu", deux faces de la
même chose. Nous avons déjà eu pour
notre part l'occasion d'éprouver la pression des
"démocrates" en ce sens. Les mêmes qui crient
partout leur dégoût de l'aliénation
militante et leur allergie définitive aux "appareils"
sont les premiers, dans certaines circonstances, à
nous demander des ordres, et iraient au galop nous chercher
des casquettes d'officiers.
Comme le
dit l'intervention centrale de l'U.C.F.M.L. au meeting du 28
Février 1981, nous ne promettons rien. Par
conséquent, il n'y a pas lieu de nous suivre, ni
d'être déçu par nous. Contre nos propres
déviations éventuelles, contre notre propre
dégénérescence possible, il n'y a pas
d'autre garantie que le travail fait pour que se
lèvent dans la politique la classe ouvrière,
le peuple, et aussi les démocrates, et la
maturité politique sur la question du parti.
La
question de la méfiance envers les appareils
politiques et de la manipulation, nous devons aujourd'hui la
poser nous-mêmes, comme étant au fond celle du
rapport constitué de longue date de la petite
bourgeoisie intellectuelle à sa propre
responsabilité en politique. II faut détruire
"la politique", "le parti", comme gourous ou fantômes
servant en fait à perpétuer le
désengagement et "l'être-ailleurs"
petit-bourgeois. II y avait autrefois collusion
d'intérêts entre le P.C.F. et ses
démocrates pour maintenir une telle conception des
choses. Critiquer cette conception est aujourd'hui
nécessaire pour pouvoir, de là où on
est, affronter la situation actuelle.
-b)
Prendre l'initiative pour
susciter, renforcer et élargir l'avant-garde des
interlocuteurs.
--
COMMENT PARLER DES CHOSES ?
Le
cloisonnement, l'ignorance radicale de ce qui se passe, sont
on l'a vu un des traits essentiels de la situation
aujourd'hui. C'est particulièrement net dans la
région parisienne. Paris ne sait rien de la banlieue,
des exactions du P.C.F. casquette Amicale des locataires
convoquant les femmes seules et les familles qui
"reçoivent trop", aux flics rentrant au petit matin
dans les foyers expulser les sans-papiers. La bourgeoisie a
l'initiative sur ce qui devient une affaire, comme Vitry ,
qui apparaît. alors comme une opération
politique -ce que c'est pour l'une et l'autre bourgeoisie,
mais ainsi est masqué le fait qu'il s'agit aussi d'un
épisode spectaculaire d'une politique globale et
prolongée.
Le P.C.F.
se sert bien sûr de cette ignorance, de la conscience
de cette ignorance, quand il dit: vous ne savez pas quels
problèmes nous avons dans les banlieues. Cet argument
est destiné à nourrir un vague sentiment de
culpabilité et à paralyser ainsi les
oppositions. Vieille recette.
Ceci dit,
serait-il utile de raconter ce qui se passe ?
Ce serait plutôt de nature
à faire fuir et rentrer encore plus les gens dans
leur trou: c'est du moins ce que laisse prévoir
l'attitude de ceux des petits bourgeois intellectuels qui
habitent la banlieue. Ils sont aux premières loges et
en général les derniers à se mobiliser.
Et c'est
logique. Car raconter ce qui se passe, c'est faire appel au
sentiment de solidarité, ou plutôt même
au soutien, c'est vouloir en revenir à la situation
antérieure. Les gens n'en ont plus le moyen, on l'a
vu.
Il faut
donc dire, écrire des tracts et des brochures pour
dire ce qui est ET ce qu'on en pense, ce qui est ET son
sens. Que veut dire l'idée de la répartition
de telle ou telle partie de la population ? Qui sont les
sans-papiers, que signifie l'irruption des flics à 6
heures du matin pour les sortir de leur chambre et les
expulser, que signifient les différentes attitudes
face à cela, etc... ? Il en va de même pour les
interventions concernant la situation internationale.
--
IMPORTANCE DE L'ÉTHIQUE:
Le titre
de l'intervention de l'UCFML. au meeting du 28
Février " la politique marxiste comme figure actuelle
de la liberté" est un appel à savoir discerner
et soutenir les amorces de renouveau de l'éthique,
tout en combattant d'entrée de jeu l'enlisement
nostalgique (le marxisme partout condamné à
mort au titre d'amoral et d'ancien, se trouvant
précisément au croisement de l'éthique
et de l'exigence d'être "résolument moderne" ).
D'où la grande importance du débat
à propos de l'art, et du travail de Foudre et des
groupes culturels. L 'apparition récente de films
français traitant du rapport à la
société impérialiste (Simone
Barbès, le film de Godard), peut être pris par
exemple comme un indice aussi de temps nouveaux.
Mais
aussi: être attentif aux formes du débat dans
la jeunesse, ainsi qu'à ses lieux; aux
préoccupations quant à la science. Et aussi:
faire de la conjoncture même dans la petite
bourgeoisie intellectuelle, dont nous parlons, un sujet de
débat.
A
l'horizon, ou au fond de ces discussions, il y a la question
nationale ici. Le thème du pétainisme
traîne. Ce sera peut-être ce qui structurera
l'ensemble, et notre chemin y conduit peut-être aussi,
mais assurément, par le détour du retour sur
la guerre d'Algérie.
Et pour
conclure: il faut lancer des appels, sur des affaires
particulières, en en ayant donné les attendus
et les raisons, en ayant fait propagande. C'est ce qui
permet la discussion avec l'avant-garde des interlocuteurs.
C'est ce qui permet à tous de voir où on en
est, qui prend effectivement parti et pour quoi. Cela permet
de cumuler les forces, en établissant un rapport
nouveau entre politique démocratique et parti, qui ne
soit plus l'asservissement du premier terme au second.
Une campagne démocratique
révolutionnaire de notre temps: la manifestation de
Gennevilliers pour la
libération de Bouaziz, emprisonné sous
dénonciation de la C.G.T.
|