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Cette page/rubrique se veut en même temps une reprise de l'esprit du bulletin EP-Infos (informer, débattre, réfléchir, agir) de sa rubrique "Discutons-en !", de sa démarche pour l'unité des marxistes-léninistes. L'histoire du "mouvement communiste marxiste-léniniste" est parsemée de nombreuses POLÉMIQUES (entre ML) qui ont contribué à son affaiblissement, son éclatement et son isolement. Pour nous, aux EP, les polémiques d'hier (même si certaines étaient stériles, sectaires etc...) doivent nous aider à comprendre ce qui nous divise, quels sont les enjeux d'une analyse, d'un mot d'ordre etc... Aux EP, nous ne sommes donc pas opposés par principe à toutes polémiques aujourd'hui, à condition que ce soit dans l'optique, d'une confrontation, d'un débat, d'une lutte de lignes permettant d'éclairer les divergences d'analyses et de pratiques politiques. Dans la mesure du possible cette page pourra reproduire des articles "polémiques" d'hier sur tels ou tels groupes, organisations, partis ML. Ces "polémiques d'hier", doivent nous permettre de comprendre aujourd'hui l'évolution politique de ces groupes, organisations et partis. |
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Présentation: Le journal "POUR LE PARTI" ancêtre de PARTISAN dans son n°42 -novembre 1981- a publié un article intitulé: "Comment peut-on être raciste ? ... à propos du meeting anniversaire du 17 octobre 1961...". Le contenu de cet article est très intéressant pour comprendre comment deux organisations ML (se réclamant du Maoisme) abordaient la question du racisme. Cet article permet de comprendre les démarches politiques ultérieurs de ces organisations. Si l'Ocml-VP (Organisation Communiste Marxiste-Léniniste Voie-Prolétarienne ) en tant qu'organisation existe toujours, ce n'est pas le cas de L'UCFML (groupe pour la fondation de l'Union des Communistes de France Marxistes-Léninistes). L'UCFML est devenue l'Organisation Politique en 1985. L'OP a soutenu le journal "Le Perroquet" qui se présentait comme un "quinzomadaire d'opinion" de 1981 à 1990. L'OP a édité "Le journal de l'Organisation Politique". Cette organisation (ou nous retrouvons des dirigeant historiques de l'UCFML -Alain Badiou, Natacha Michel, Sylvain Lazarus...) édite aujourd'hui "La distance politique" et organise "Le Rassemblement des Collectifs des Ouvriers Sans Papiers des Foyers et de l'Organisation Politique" qui publie le journal "Ici". Ce n'est pas une organisation "maoïste" et ne se revendique pas du marxisme-léninisme. | ||
… à propos du meeting anniversaire du 17 octobre 1961... Oui, nous avons eu raison de répondre positivement à l'initiative de l'UCF de célébrer le 20ème anniversaire de la plus ignoble répression vue à Paris depuis l'Occupation. D'ailleurs, si ce 20ème anniversaire n'est pas passé complètement inaperçu, si la télé en a peu parlé, si certains journaux ont fait allusion aussi à l'événement, ce n'est pas tout à fait indépendant du fait que des affiches rappelant les faits ont été largement collées dans tout Paris. Notons cependant que notre organisation à été la seule (mise à part les différentes organisations regroupées dans le " pôle maoïste " de l'UCF) à s'associer à l'initiative. Tous les autres (trotskystes, " marxistes-léninistes ", démocrates divers, organisations de travailleurs immigrés, etc…) n'ont pas jugé bon de répondre. Refus par le silence. Même pas de polémique par exemple sur le contenu de l'appel, ce qui aurait été une attitude plus juste ! Non, le sectarisme est loin d'être mort. Ceci dit, que dire du meeting lui-même ? Dans notre tract d'appel nous expliquions pourquoi nous pensions juste de célébrer le 20ème anniversaire, de deux points de vue. 1/ d'abord pour rétablir les faits, à l'heure où les bilans tant farfelus que réactionnaires de la guerre d'Algérie fleurissent à la télé ou chez les libraires. 2/ Ensuite parce que l'absence de soutien à la
lutte du peuple algérien et en particulier aux
immigrés algériens touchés par la
répression est une donnée toujours
actuelle. Sur le premier point, le meeting a largement
contribué à rétablir la
vérité : expositions de panneaux, coupures
de presse, témoignages de
l'époque. Sur le second point à notre sens, ce qui ressortait principalement du meeting à travers les diverses interventions de l'UCF et de ses organisations nous paraît singulièrement restrictif et même, sur certains points, erroné. Expliquons-nous : RACISME, QUAND TU NOUS TIENS… Car en fait que dit l'UCF ? Pour l'UCF, la manifestation du 17 octobre est la première manifestation structurée de l'immigration en France. Et les réactions suite à la répression marquent le naissance, l'émergence de ce qu'ils appellent le " camp anti-raciste ". Donc, pour parler avec leur fameux langage, le 17 octobre, les immigrés algériens affirment " leur identité ". Et le " progressisme " prend figure. Or, nous dit l'UCF, cela est tout à fait fondamental. Car la stratégie de l'impérialisme, au moment où son empire colonial s'effrite, c'est de se restructurer en société impérialiste néo-coloniale. Ce nouveau projet (tout est " nouveau " avec l'UCF), est charpenté en France par la nécessité de faire largement appel à l'immigration. Et en même temps, de tout faire pour " mettre le peuple en crise ". C'est à dire en langage simple pour diviser le peuple.
L'axe du travail de l'UCF est donc le suivant :
lutter pour unifier un peuple multinational riche de
diverses identités nationales, le tout dans un grand
camp " de l'anti-racisme ". Faisons d'entrée quelques remarques : 1/ L'appel à l'immigration est fort loin d'être " nouveau " en France. Dans les années 30, il y avait autant d'immigrés en proportion qu'aujourd'hui. Les expulsions massives en 33 en période de crise et le chauvinisme a toujours été une composante du mouvement ouvrier français. Cela ne veut évidemment pas dire que le problème de lutter contre les divisions racistes n'est pas un problème fondamental pour aujourd'hui. Notre organisation est suffisamment intervenue sur le sujet pour que nous puissions affirmer le contraire. Mais ce que nous voulons dire, c'est qu'il est faux de dire que ce phénomène naît le 17 octobre 61… 2/ Que veut dire le fameux terme de " camp anti-raciste " ? A notre avis, il y a là confusion entre deux types de contradictions : les contradictions au sein du peuple, et les contradictions entre le peuple et ses ennemis. Précisons : qui est raciste aujourd'hui ? Le racisme est avant tout une contradiction au sein du peuple (pour reprendre la terminologie de mao). Mais la bourgeoisie UTILISE et RENFORCE cette division pour affaiblir la lutte contre l'exploitation. C'est pourquoi, parler de " camp anti-raciste " sème la confusion : - le peuple lui-même n'est pas globalement, SPONTANÉMENT, anti-raciste, face à une bourgeoisie raciste. Au contraire, de larges fractions du " peuple " traduisent en préjugés et comportements racistes des difficultés qui ont leur source réelle ailleurs - c'est à dire dans le système capitaliste ; exemple l'explication du chômage par une soi-disant trop forte présence d'immigrés… - parler de " peuple " sans jamais faire intervenir la différenciation de CLASSES en son sein - comme l'a fait l'UCF au cours du meeting- c'est saper à la base toute possibilité d'engager de manière efficace la lutte anti-raciste. Car la contradiction du racisme a des bases OBJECTIVES. Elle s'appuie sur des phénomènes matériels bien concrets (voir P.L.P n°36 "A propos du droit à la différence" ). Et qui, au sein du peuple, sinon la classe ouvrière peut comprendre que le racisme est un OBSTACLE à ABBATRE dans la lutte unitaire contre l'exploitation, pour l'émancipation ? En clair, le fameux "camp anti-raciste" n'a pas de sens
s'il n'est pas structuré par une conscience
anti-capitaliste. S'APPUYER SUR LA CLASSE OUVRIÈRE COMME
ÉLÉMENT MOTEUR DE LA LUTTE ANTI-CAPITALISTE,
ET PAR CONSÉQUENT
ANTI-RACISTE: L'UCF le sait bien qui d'abord (dans son premier appel) ne fixait pour cible au meeting que des intellectuels, et qui est resté muette sur le travail des ses "noyaux ouvriers communistes" sur la question... - C'est avant tout en agissant pour un but commun
aux multiples nationalités du prolétariat:
Et il apparaît alors dans les faits que cette contradiction (le racisme) est SECONDAIRE par rapport à la contradiction PRINCIPALE entre exploiteurs et exploités.
Dire que cette contradiction est SECONDAIRE ne veut pas dire qu'elle va se résoudre toute seule, ni qu'il n'y a aucun travail spécifique à entreprendre. Loin de nous l'idée de rejeter un tel travail qui implique aussi de mener la lutte idéologique. Mais ce que nous disons, c'est qu'il doit être cimenté par un projet étrangement absent de la propagande "nouvelle" de l'UCF: un projet anti-capitaliste cohérent, unificateur. B.C.
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voire la polémique sur l'antisyndicalisme et Critique du Manifeste pour le socialisme | ||