Le texte ci-dessous est passé dans le n°10 d'EP-INFOS pages13/14 en janvier 2000. Ce texte date de septembre 1998, il a été réalisé dans le cadre du débat du CCML (voir EP-INFOS n°4 p.2) pour la réalisation d'un projet de plate-forme unificatrice des Communistes Marxistes-Léninistes de France. |
Un parti social démocrate
1) En se séparant de la IIème Internationale et en adhérant à l'internationale communiste, le PCF (SFIC) fonda son programme et engagea son action sur la base du marxisme révolutionnaire confirmé par la Révolution d'Octobre. 2) Il mena le combat nécessaire contre le réformisme et la politique de trahison de la SFIO et agit pour conduire le mouvement ouvrier dans la voie de la révolution. 3) Toutefois, il fallut l'intervention permanente de l'Internationale pour écarter ou limiter les tendances opportunistes -principalement de droite- qui se manifestait dans la pratique. 4) Une application droitière de la tactique d'alliance dans le Front Populaire antifasciste d'abord, puis dans la résistance contre l'occupation fasciste hitlérienne va conduire le PCF à aligner ses objectifs sur ceux de ses alliés et à abandonner dans la pratique l'objectif de la révolution socialiste. 5) Devenu parti de gouvernement, le P " C " F se livra, après la guerre à une série de révisions théoriques (passage pacifique, voie parlementaire du socialisme, rejet de la dictature du prolétariat, abandon des références au Léninisme....reniement de l'histoire du mouvement ouvrier révolutionnaire au cours de XXème siècle et en particulier le reniement de l'URSS socialiste de Lénine et de Staline). Il s'est ainsi transformé aujourd'hui en parti social-démocrate, un PS de gauche, et ne garde le nom de communiste que pour continuer à leurrer les travailleurs qui voient dans ce titre la garantie d'un projet de transformation de la société.
Un parti de l'impérialisme français
6) C'est dans le cours et à l'issue d'une conduite droitière dans la tactique d'alliance avec une fraction de la bourgeoisie impérialiste française dans la résistance à l'occupation fasciste hitlérienne que de parti de la classe ouvrière, le P " C " F va se transformer en parti de la nation française, c'est à dire en parti de l'impérialisme français. 7) Renonçant à toute perspective révolutionnaire à la libération, le P " C " F se mit au service de la reconstruction de l'économie capitaliste -au nom des intérêts de la nation- et entraîna derrière lui- non sans difficultés, en mettant dans la balance un certain nombre de réformes sociales -la majorité de ses militants et une grande partie de la classe ouvrière. En contrepartie, la bourgeoisie cédait à ses chefs des postes au sommet de l'appareil d'Etat et à ses cadres intermédiaires et de la base une intégration aux structures socio-économiques et étatiques aux différents niveaux. 8) Dès lors, le P " C " F assura sans discontinuer sa fonction de parti de l'impérialisme français, s'efforçant d'identifier les intérêts de la classe ouvrière à ceux de son impérialisme national. Ce parti défendra le maintien des colonies dans le cadre de " l'union française ", condamnera les premiers mouvements armés de Libération Nationale sous prétexte qu'ils étaient au service d'autres impérialismes ; il apportera sa participation aux gouvernements qui décidèrent des massacres de Sétif et de Madagascar et apportera son soutien aux politiques de guerre contre le peuple algérien en votant les pouvoirs spéciaux à Guy Mollet en 1956. Depuis la libération, ce parti rivalise avec les autres partis bourgeois pour défendre et développer les intérêts " nationaux " de la France impérialiste, dans l'Europe et dans le monde. (retroussons nos manches, produisons français, achetons français...)
Un parti irréversiblement dégénéré
9) Le passage du P " C " F sur les positions de la bourgeoisie à eu lieu il y a plus d'un demi-siècle. Cette trahison a rencontré des oppositions. Mais, dans le contexte du recul de l'idéologie révolutionnaire lié, durant les 30 glorieuses, aux capacités de l'impérialisme à corrompre l'idéologie de la majorité des ouvriers -et en particuliers les membres de l'appareil du P " C " F - ces oppositions restèrent minoritaires. Elles furent circonscrites, réprimées et se dévoyèrent dans diverses tendances révolutionnaristes petites bourgeoises. 10) Mai 1968 a posé de manière aiguë la nécessité d'un parti révolutionnaire de la classe ouvrière. Mais, l'absence dans le mouvement de contestation de l'ordre social bourgeois d'une avant-garde prolétarienne n'a pas permis que se réalise cette nécessité. 11) Passé avec armes et bagages du côté de la bourgeoisie il y a plus d'un demi-siècle, le P"C "F ne peut pas générer aujourd'hui en son sein un courant marxiste-léniniste organisé capable d'en reconquérir la direction et le ramener sur des positions communistes. L'aile la plus " à gauche " se réfère au mieux à l'époque Marchais-Brejnev, c'est à dire à une époque où le P " C "F était déjà révisionniste à 100% et où l'URSS avait tourné le dos depuis longtemps irrévocablement au socialisme. 12) Il n'y a donc rien à attendre des fractions qui s'opposent à la social-démocratisation ouverte du P" C "F de Robert Hue. L'une de ces fractions " de gauche ", la Coordination Communiste, n'a pour seule fonction que de constituer un recours dans l'éventualité où " l'opportunisme de droite " de Robert Hue ferait faillite. L'alternance droite-gauche à l'intérieur du parti, c'est le mode de fonctionnement normal d'un parti social-démocrate. 13) Les marxistes-léninistes ont la mission de construire en dehors du P" C "F les bases de l'organisation qui donnera naissance à un véritable parti communiste. Les communistes qui se trouvent encore au P" C "F, nous devons les convaincre d'en sortir et d'en faire sortir d'autres pour se joindre à cette tâche historique. 14) S'unifier sur une plate-forme théorique rétablissant les principes référentiels du marxisme-léninisme est la première étape de ce processus conduisant à la reconstruction du parti communiste.
Le Collectif Eugène Pottier Communiste Marxiste-Léniniste Septembre 1998
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