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Appel à la constitution d'un Collectif de Coordination Ouvrier Marxiste-Léniniste (02/01/2006) LA QUESTION DES SYNDICATS ET L'INTERVENTION DES OUVRIERS ML (03/01/2006)
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La renaissance du PC en France et la lutte contre le révisionnisme. Quel bilan ?, Que faire ? |
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Une revendication syndicale de nouveau type porté par des chômeurs et précaires |
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L'indifférence, encore répandue dans le mouvement social, à l'égard d'une analyse objective de la composition de classe de la société française découle de la croyance que la réalité des choses est en faveur de la bourgeoisie et contre le prolétariat. Dans ce sens vont les recensements, statistiques et enquêtes publiques qui récoltent des données quantitatives sur certains faits, et qui correspondent aux catégories de l'économie politique bourgeoise et de l'image de la société élaborée par la bourgeoisie. Pourtant, la division en classes est au cœur de la société française. La division en classe est une division formelle, déterminée par le rapport social vis à vis de la production qu'occupent chaque individus. Ce rapport définit les rôles sociaux et les classes. Chaque classe est l'ensemble des personnes qui jouent le même rôle dans le rapport de production. La division de classes n'est donc pas déterminée par la diversité des contenus du travail et ne coïncide pas avec la division en catégories professionnelles (INSEE), en métiers, ou même en travaux manuels ou non. Par exemple, le prolétariat n'est pas déterminé par le fait d'être préposée ou non à la production de marchandises matérielles. Dans le mode de production capitaliste (MPC), cela ne change rien que sa production satisfasse des besoins auto destructifs, non matériels ou alors " sains " et socialement utiles. La marchandise est " en premier lieu un objet externe, une chose qui satisfait des besoins humains quelconques " (Marx, Le Capital, Livre I). La classe ouvrière. 7,724 millions de personnes sont répertoriés comme ouvriers (selon l'INSEE). Ils représentent 27,6% de la population active. En comptant leurs familles (7,724 x 2,7) cela fait 20,854 millions de personnes. Rappelons qu'entre 1960 et 1990, la part des ouvriers dans la population active à diminué de 30 à 27% tandis que le nombre d'employés a doublé passant de 14 à 28% (1996). Est-ce que cela veut dire l'extinction programmée des ouvriers ? Non. Le caractère capitaliste de l'activité productive n'est pas déterminé par le secteur ou elle se trouve ni par le type d'usage auquel sert la marchandise produite, mais par le fait qu'elle valorise le capital chaque fois plus, avec tous ses effets (taylorisme, division accrue du travail, mais aussi innovation technique, quête de réduction du temps de travail pour produire une même marchandise, quitte à envoyer les travailleurs au chômage ensuite, etc.). Le travail ouvrier en tant qu'activité n'est en fin de compte guère différent qualitativement de ce qu'il était il y a 20 ans. L'analyse détaillée du vécu ouvrier révèle que les temps morts ont disparu, que le " taux d'engagement ", c'est-à-dire la part du temps de présence sur la machine, consacré à des tâches directes de fabrication, de montage ou de production est beaucoup plus pénible que par le passé, qu'il n'existe aucun moyen actuellement de ruser avec les cadences, aucune possibilité, même transitoire, de se dégager individuellement ou collectivement des contraintes de l'organisation. Autrefois, classe ouvrière et prolétariat étaient grosso modo la même chose. Aujourd'hui, la classe ouvrière est seulement une composante du prolétariat. Aux premiers siècles de l'existence du mode de production capitaliste, le prolétariat n'était composé pratiquement que de travailleurs manuels dans l'industrie, parce que seule la production industrielle était absorbée par le mode de production capitaliste (MPC). De là, l'habitude que l'on a par inertie de considérer comme ouvriers seulement les travailleurs manuels de l'industrie. Ainsi, la production industrielle est devenue historiquement, dans le MPC, la production dirigeante parce que le contenu s'adaptait le mieux aux exigences de valorisation du capital (régularité, adaptabilité aux variations, productivité…) mais aujourd'hui le développement tertiaire indique un changement de composition du prolétariat en France. Le prolétariat et l'incorporation des travailleurs non-ouvriers. Graduellement, le MPC s'est étendu aussi aux autres secteurs productifs, a crée de nouveaux secteurs et a approfondi la division du travail à l'intérieur des entreprises, par conséquent, les travailleurs des autres secteurs et les travailleurs non-manuels sont aussi entrés dans le prolétariat. La prolétarisation s'est étendue : d'autres salariés ont été réduits à l'état de prolétaire (c'est-à-dire des travailleurs qui pour vivre doivent vendre leur force de travail) : les employés des administrations publiques et des organismes à but non lucratifs, les employés des entreprises non capitalistes (artisans, entreprises familiales, coopératives, etc) et les employés au service personnel des riches. Les postes précaires et prolétarisés dans le tertiaire ont compensé l'hémorragie des postes industriels : dans la chaussure, le textile, la confection, le travail du bois. La précarisation a accompagné la tertiarisation. Les salariés non qualifiés n'ont jamais été aussi nombreux. Dans le commerce, ce sont les caissières et autres vendeurs en alimentation ou en libre service. Les employés de nettoyage de bureaux ou de locaux industriels sont eux aussi beaucoup plus nombreux, tout comme les agents de sécurité ou d'autres personnes exerçant une surveillance. L'allongement des distances entre le domicile et le lieu de travail a contribué à l'essor de la restauration rapide et avec elle des emplois de serveurs, cuisiniers et plongeurs. Le travail posté, avec des normes de production quantitatives, chez les salariés du tertiaire est passé ainsi de 19% en 1984 à 43% en 1998. Ainsi, les salariés des centres d'appels (de service après-vente, de télé-marketing) travaillent dans des conditions archaïques même s'ils utilisent des outils ultra-modernes. Horaires décalés, flexibilité à outrance, temps partiel, emploi du temps modifiable, La concentration de centaines de salariés sur un même site, alignés dans d'immenses salles, le casque rivé sur les oreilles, et le nez sur leur écran d'ordinateur, font penser aux conditions de travail de l'usine. Les chiffres d'embauches se calculent en centaines de milliers. Même chose dans le secteur public et chez les fonctionnaires. Le traitement des fonctionnaires a perdu un tiers de sa valeur depuis 1982. A la Poste, par exemple, les salariés perdent ce qu'ils avaient obtenu de la part de la Direction : varier les taches, obtenir des formations dans le travail administratif, etc. Aujourd'hui, tout ça est détruit. Cadence infernale, abrutissement et dégradation du travail sont les lots pour un nombre toujours plus grands d'employés du service public. En 1998, dans les petites entreprises, (moins de 10 salariés) plus d'1/4 (26 %) des salariés touchent le SMIC contre 16,1% en 1993. La proportion augmente année après années dans tous les secteurs. Or, les employés représentent approximativement 26,5% des actifs (INSEE). D'autre part, 25% des salariés du public (1,3 millions sur 5,5 millions) sont précaires ou contractuel. Ainsi, 1,503 millions d'employés (26% du total des employés) et 1,3 millions des salariés du secteur public (25% du total) peuvent être considérés comme faisant partie du prolétariat non ouvrier. Le total est de 2,803 millions de personnes La classe ouvrière incluse, le prolétariat représente 10, 527 millions de personnes. Avec leurs ménages, cela fait 28,422 millions de personnes. Pour apprécier la situation matérielle de la classe ouvrière dans les pays capitalistes, il faut tenir compte de l'armée de réserve : les chômeurs, ce que nous ne faisons pas ici. Lorsque les prolétaires ne sont plus assez productifs ou s'il y a une crise économique, ils sont jetés au chômage et rejoignent " l'armée industrielle de réserve ". Ainsi, la majorité des chômeurs sont des prolétaires, de simples marchandises éventuelles pour les capitalistes. Le ministère de l'emploi de l'économie et des finances nous indique (au sens du BIT) un chiffre de 2,3 millions de chômeurs en mars 2001. Alors qu'il était de 2,6 millions de chômeurs en 2000. Il s'agit de l'escroquerie. Ces statistiques se basent uniquement sur une seule catégorie de chômeurs (alors qu'il en existe 6) : les demandeurs d'emplois immédiatement disponibles et à la recherche d'un emploi à durée indéterminée à plein temps. Il y aujourd'hui 1,13 millions de Rmistes (Revenu Minimum d'Insertion pour les plus de 25 ans : à peine plus de 2 000 francs par mois) soit plus de 5% des familles françaises qui vivent de cet expédient et 600 000 jeunes de moins de 25 ans en sont exclus. Les couches populaires non-prolétaires. La moitié des ménages de salariés touche moins de 12 140 francs par mois, ce qui représente le revenu médian. En prenant seulement en compte le revenu (très sommairement), si l'on définit la classe moyenne arbitrairement comme les 40% de ménages situés de part et d'autre du revenu médian, on obtient une population dont les revenus s'étalent entre 8000 et 14000 francs par ménages. On voit bien ainsi que la classe moyenne est une couche populaire intermédiaire, facilement prolétarisable. Au niveau supérieur des couches populaires, il y a aussi les ménages de cadres supérieurs dans le secteur privé, de professions libérales, d'indépendants et de fonctionnaires qualifiés qui touchent par ménage entre 30.000 à 40.000 francs de revenus par mois et par ménages. Peut-on pour autant parler de bourgeoise en ce qui les concerne ? Les couches populaires non-prolétaires ont été répertoriés en soustrayant le nombre du prolétariat du nombre des actifs et de leurs familles (qui sont 19,247 millions (INSEE) par 2,7 = 51,196 millions).On effectue alors le calcul suivant : 28,422 millions - 51.196 millions = 22,774 millions. Les couches populaires non-prolétaires représentent approximativement 22,774 millions de personnes. Ce qu'on peut appeler le peuple (prolétariat (ouvriers+prolétaires non-ouvriers) + couches populaires non-prolétaires) représente ainsi, avec leurs familles, 51, 900 millions de personnes (19,247 millions par 2.7) La bourgeoisie impérialiste. Le capital financier unifie d'une certaine manière tous les riches, même si cela ne va pas jusqu'au point qu'il ne faut pas distinguer entre eux des strates et des catégories : entrepreneurs, dirigeants d'entreprises, financiers, rentiers, hauts-fonctionnaires. On calcul la bourgeoisie impérialiste en soustrayant le peuple (couches populaires non-prolétaires+prolétariat) et la population totale (58,518 millions de personnes). La bourgeoisie représente ainsi approximativement 6,618 millions de personnes.
Conclusion. Cette analyse de classe est approximative, non seulement dans les chiffres mais également pour ce qui concerne les catégories. Il s'agit d'abord de montrer des tendances dans la société et non des faits invariables. L'augmentation ou la résorption de ces tendances numériques se vérifieront en fonction de la crise de surproduction actuelle du capitalisme. Aujourd'hui, dans les pays impérialistes comme la France, la bourgeoisie impérialiste ne peut pas davantage continuer à régner comme par le passé. Elle cherche à valoriser son capital en cherchant par tous les moyens à le valoriser en cassant les conditions sociales historiques qui l'en empêchent. Les masses populaires ne sont pas résignées à perdre les acquis et conquêtes sociaux qu'elles ont arrachées et obtenu dans la période précédente (la fin de la Seconde guerre mondiale à la moitié des années 1975) dans le cadre de la société bourgeoisie (qu'on peut résumer par le " programme du capitalisme à visage humain "). Les évènements de chaque jour montrent l'attaque que la bourgeoisie impérialiste porte depuis 20 ans contre la classe ouvrière des pays impérialistes, afin d'éliminer les conquêtes de bien-être et de civilisation que les ouvriers ont arrachées pendant la première vague du mouvement communiste et de la révolution prolétarienne, à la fin de la deuxième guerre mondiale. On peut constater l'appauvrissement croissant d'une grande partie des producteurs dont parle Marx dans le Capital. Marx a indiqué plusieurs éléments comme les facteurs qui ont permis à chaque capital de contrecarrer mais pas d'annuler la baisse du taux de profit : L'intensification du travail ; la prolongation de la journée de travail ; l'augmentation du nombre de travailleurs ; la réduction du salaire au-dessous de la valeur de la force de travail ; la surpopulation relative ; le commerce extérieur ; l'augmentation du capital par actions. C'est en fonction de ces éléments que se juge quantitativement l'appauvrissement et la prolétarisation de la société. Quelques faits : en France, dans les secteurs du textile, de l'habillement, du cuir ou de la grande distribution le SMIC (salaire minimum) est imposé. La France vient également de rétablir par ordonnance le travail des enfants dès 13 ans et le travail de nuit des femmes dans l'industrie. La part des salaires dans le revenu national ne cesse de diminuer alors que la part des capitalistes ne cesse d'augmenter. Les nécessités de base du peuple ne sont pas assurées et les conditions de vie empirent. En résumé, il existe une situation révolutionnaire en développement. Quelques objections à cette analyse sommaire de l'analyse de classe de la société française. 1. A ceux qui objectent que cette analyse de classe ne prend pas en compte le rôle redistributeur de l'Etat capitaliste qui tend à harmoniser et à faire concorder les différences de classes. Effectivement, dans ses taches distributives, l'Etat se donne volontiers comme un redresseur de torts. Son rôle consisterait à corriger les inégalités produites dans la sphère économique par des transferts compensatoires, faussant la valeur d'une analyse de classe. Des crèches sont construites pour accueillir les enfants des ménages dont les deux conjoints travaillent sans pouvoir se payer une bonne à la maison. Les maisons de cultures sont ouvertes pour mettre les œuvres culturelles à la portée de tous. Il en va de même pour les musées et les théâtres nationaux, les hôpitaux, la sécurité sociale, etc. Mais ce sont toujours les catégories plus favorisées qui profitent le plus de ces transferts. L'Etat repartis inégalitairement l'inégalité de classe déjà existante ! Ainsi, l'école, gratuite et obligatoire favorise les favorisés et défavorise les défavorisés. Les musées les plus modernes sont surtout fréquentés par des membres de la bourgeoisie et de la petite-bourgeoise. L'accroissement des effectifs de l'enseignement supérieur et l'ouverture de l'université à des catégories sociales plus populaires a surtout profité aux catégories dont les enfants étaient déjà scolarisés dans l'enseignement supérieur. Comme en 1975, Les fils et filles d'ouvriers représentent un quart des étudiants. Les enquêtes de Santé révèlent que ce sont les agriculteurs, les salariés agricoles et les ouvriers qui se soignent le moins, tandis que les catégories exemptes de travail manuel, et par-là même soustraites aux maladies professionnelles et aux accidents du travail qui l'accompagnent, se soignent, elles, beaucoup plus. Des masses énormes d'argent sont englouties dans des infrastructures et des avions exclusivement utilisés par des " hommes d'affaires " pour des motifs professionnels ou leurs loisirs. En matière de sport, les subventions accordées par l'Etat aux fédérations sont versées à proportion du nombre de licenciés. Or ce sont les catégories professionnelles intellectuelles de cadres et les professions libérales qui sont les plus nombreux à pratiquer des sports -les plus chers- et le plus longtemps : tennis, ski, golf, etc. Ce ne sont que quelques exemples qui montrent que l'Etat ne remet en cause en rien la pertinence d'une analyse de classe de la société. 2. A ceux qui objectent qu'on utilise les chiffres de l'économie bourgeoise (INSEE, etc.) faussant les résultats. C'est tout à fait vrai. La culture d'information bourgeoise n'est pas un moyen de connaissance mais un instrument de la contre-révolution préventive. Mais à défaut d'une analyse scientifique et collective, il faut utiliser ici les chiffres et certaines catégories socioprofessionnelles de l'INSEE. 3. A ceux qui objectent que cette analyse ne prend pas en compte les rôles de la consommation et la croissance. Les théories économiques nous abreuvent de mots tels que la " croissance " qui permettrait de réduire les inégalités et d'effacer les différences de classes. Mais c'est d'abord en fonction de ses besoins sociaux propres que chaque ménage arbitre les priorités à accorder à ses dépenses. La consommation de chaque catégorie sociale obéit à des lois et remplit des fonctions que la publicité, bien loin de les imposer, ne fait que suivre et enregistrer. Aujourd'hui l'achat d'une voiture pour un ouvrier est imposé par la nécessité et non motivé par un goût pour la consommation. 4. A ceux qui objectent que le poids de l'aristocratie ouvrière n'est par pris en compte dans la composition de la classe ouvrière. Dans le calcul, on n'a pas cherché à comptabiliser le poids numérique de l'aristocratie ouvrière. La thèse selon laquelle les conquêtes des masses populaires arrachées à la bourgeoisie sont en réalité d'astucieuses réformes au fin " d'intégrer " la classe ouvrière et de créer un nouvel espace pour l'expansion du mode de production capitaliste est fausse. Dans la société capitaliste, il n'existe pas de distribution du rendement qui permettrait de " corrompre " une partie des travailleurs les mieux payés. Il existe d'abord une lutte des classes entre prolétariat et bourgeoisie. Ainsi, l'aristocratie ouvrière est constituée des employés d'organismes de gestion politique et culturelle (journalistes, personnel politique, parlementaire et syndical) de l'ordre social bourgeois. Leur nombre correspond à quelques centaines de milliers de personnes mais constitue un pourcentage élevé des membres des partis de gauche (Vert, PC, etc.) et des syndicats paritaires et co-gestionnaires (FO, CFDT, CGT). Ils ont une influence beaucoup plus grande que le poids numérique réel. Ils se servent de leur connaissance des méandres du fonctionnement administratif et public du système pour asseoir leur influence auprès des masses qui, à la différence de la bourgeoisie, a des relations, un langage, des manières qui permettent de faire leur travail de division, persuasion, corruption morale auprès des masses populaires que la bourgeoisie n'est pas capable de faire directement. 5. A ceux qui objectent que cette analyse ne reflète pas l'état d'esprit politique des classes. Le point de vue selon lequel c'est le mouvement conscient et organisé qui crée le mouvement pratique est un point de vue idéaliste. Cela réconforte l'indifférence envers l'enquête et l'expérience. La société capitaliste est entièrement bâtie sur un antagonisme matériel : il y a d'un coté la possession des moyens des moyens matériels d'existence et de production (par les capitalistes), et du coté opposé, les forces productives vivantes (représenté par les prolétaires). Ces derniers ne disposent que de leur force de travail pour vivre. Ainsi, la position matérielle particulière occupée par la classe ouvrière oblige les ouvriers à se confronter au mécanisme même du capital et à y voir les causes de leur propre oppression, qu'ils le veuillent ou non. C'est ce qui détermine le rôle que la classe ouvrière peut jouer dans le mouvement politique. Quand l'affrontement politique recouvre l'affrontement économique, la lutte politique est le reflet de la lutte entre intérêts vraiment opposés que le déroulement de la crise générale rend antagonistes et c'est souvent la fin de " la désaffection des masses pour la politique ". Source. Alternative Economique, Numéros d'octobre 1999 et de mai 2000; Rapport de l'INSEE " revenus et patrimoines des ménages ", 2001 ; Manière de voir n°66, Le défi social, bimestriel du Monde Diplomatique, novembre-décembre 2002 ; Quid 2001, tableau p.803 : actifs occupés selon la catégorie professionnelle.
Juin 2003
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Chômage, précarité, salariat sont des moments différents d'une même domination sociale. Le RSG, en assurant un revenu décent pour vivre, au niveau du SMIC, permet de restreindre la concurrence entre salariés, pour arracher des conditions de travail contractuelles les élevant au moins au-dessus de la condition de simples esclaves. Mesure de lutte contre les empiètements incessants du Capital, il représente une réelle poussée revendicative, une arme sociale supplémentaire pour tirer vers le haut le rapport de force entre salariés et patron. Sa conquête doit être une revendication ouvrière des plus naturelle. Nous vivons une époque de précarisation générale du monde du travail. Les gouvernements successifs, plus ou moins rapidement et ouvertement, en fonction de leur appartenance politique, remettent en cause toutes les " conquêtes " et acquis sociaux né à la fin de la Seconde guerre mondiale. Chômage, précarité, salariat sont des moments différents d'une même domination sociale. Avec la revendication d'un RSG, ce qui est visé, c'est en finir avec un Revenu non-garanti. En assurant un revenu sans chantage, il permet de faire des choix face à l'employeur, de négocier plus favorablement et de refuser plus facilement des boulots payer des miettes. Le RSG représente une réelle poussée revendicative, une arme sociale supplémentaire pour tirer vers le haut le rapport de force entre salariés et patron, sur le terrain du marché de l'emploi. Il constitue une sorte d'assurance sociale-vie dans un monde du travail dirigé par les besoins des patrons. Pourquoi revendiquer le RSG selon une perspective syndicaliste ? Dans la société capitaliste, il y a d'un coté la possession des moyens des moyens matériels d'existence et de production (par les capitalistes), et du coté opposé, les forces productives vivantes (représenté par les prolétaires). Ces derniers ne disposent que de leur force de travail pour vivre. Leur concurrence est inévitable et entretenue. Ainsi, les syndicats sont nés, à l'origine, des tentatives, de la part d'ouvriers, pour supprimer ou, du moins, restreindre cette concurrence, pour arracher des conditions de travail contractuelles les élevant au moins au-dessus de la condition de simples esclaves. C'est ce que réalise à sa manière le RSG qui est ainsi une mesure de lutte contre les empiètements incessants du Capital. Cette revendication a plus de chance de passer auprès des salariés les plus prolétarisés, s'adressant ainsi à la grande masse : 7,724 millions de personnes travaillant en France sont des ouvriers. Selon l'Institut national de la statistique (Insee), ils représentent 27,6% de la population active. Pour une classe ouvrière que l'on disait morte, ce n'est pas…(novembre-décembre 2002). De plus, le précariat, la parcellisation des taches, les cadences de travail qui se rapprochent des conditions de travail à la chaîne, augmentent dans tous les secteurs du monde salarié (citons un seul exemple : la situation à la Poste, etc). Les prolétaires constituent la majorité de la population active. Est-ce que cela revient à se mettre à la remorque des syndicats ? Non, il faut concevoir la lutte syndicale, non en fonction des appareils existant, mais comme une lutte politique, dans le sens le plus noble du terme, qui impose une solidarité de classe, loin des corporatismes, comme moyen d'arracher des bénéfices aux patrons et à l'Etat, pour nous permettre de vivre décemment. Ainsi, il n'y a pas d'illogisme à ce que se soit les chômeurs et précaires qui porte cette revendication dans la société. Au contraire, ils montrent ainsi que leur sort est lié à celui des autres, unis dans un même combat pour d'autres types de rapports sociaux. Chômeurs et salariés ont des intérêts objectivement liés : le travail salarié est une forme de domination régie par l'arbitraire patronal, où les travailleurs jugés improductifs sont relégués au rang de chômeurs, comme réserve de main d'œuvre. Ainsi, sur le terrain concret de la lutte des classes, il s'agit de mieux répartir la répartition du produit social. A ceux qui disent : " Avec un revenu au niveau du SMIC, je ne vais plus me fatiguer à travailler ", en montrant ainsi que cette revendication est irréalisable et creuse un fossé entre ceux qui travailleront et ceux qui seront sans emploi et bénéficiaire du RSG, nous répondons ceci : cet argument relève du discours de comptoir. Dans une société d'incitation à la consommation, où la socialisation numéro se fait par l'accès au travail, le RSG " n'incitera " pas les gens à ne plus travailler. Il réglera simplement mieux la disponibilité à l'emploi, en faveur des travailleurs. Rappelons les phrases suivantes du Manifeste communiste qui répond à un argument du même genre : " On a objecté qu'avec l'abolition de la propriété privée toute activité cesserait, qu'une paresse générale sévirait. Si cela était, il y a beau temps que la société bourgeoise aurait succombé à la fainéantise, puisque dans cette société, ceux qui travaillent ne gagnent pas et ceux qui gagnent ne travaillent pas. " Une analyse marxiste du RSG. Il ne s'agit pas de dire ce que les militants du mouvement social doivent faire ou pas, si ceux-ci sont porteurs d'une rupture révolutionnaire ou sont réformistes, mais de : 1) reconnaître cette revendication (le RSG), portée spontanément par une partie du mouvement de lutte des précaires et chômeurs, encore mal formulé, entachée de conceptions idéalistes ou gauchistes; 2) dire ce qu'elle est vraiment, à quel type de lutte elle correspond en réalité; 3) montrer comment elle est reliée au mouvement économique objectif de la société. Revenu garanti et FAUS. Le revenu garanti correspond à une revendication liée aux Forces Antithétiques de l'Unité Sociale (FAUS). Les FAUS sont une catégorie économique, qu'on trouve dans les écrits de critique d'économie libérale de Karl Marx (cf. Marx : Les Esquisses ( ou Grundisse) de 1857, chapitres sur l'argent.) Les FAUS correspondent à des institutions et des mesures avec lesquelles la bourgeoisie (patrons+Etat) cherche à répondre, plus ou moins spontanément, au caractère toujours plus collectif et socialisé des forces productives, mais en restant cependant sur le terrain d'encadrement de la propriété et de l'initiative individuelle et privée des capitalistes.[ cf. en note la définition de Forces productives et de Rapports de production]. Banque, associations de capitalistes, négociation collective des rapports de travail salarié, argent fiduciaire, politique économique de l'Etat, système de prévoyance, sont des tentatives de médiations entre le caractère collectif des forces productives et les rapports de production et de propriétés capitalistes. Le revenu garanti est ainsi une FAUS qui va dans le sens de la socialisation, du caractère toujours plus collectif des forces productives. Lorsqu'on dit que l'activité économique prend un caractère toujours plus social, indépendant de la volonté de quiconque, ouvriers ou capitalistes, cela veut dire que pour l'individu, désormais, la production et la reproduction des conditions matérielles de son existence ne dépendent plus de lui-même en tant qu'individu, il ne possède plus ce pouvoir. Le pouvoir dépend désormais de plus en plus du mouvement global de la société. Nombreux sont ceux qui présentent les FAUS comme l'origine du mouvement économique mais, pour Marx, les FAUS sont des données transitoires et passagères en contradiction permanente avec la donnée stable et générale du mouvement économique de la société capitaliste : l'appropriation privée des rapports de production, appelé un jour à " éclater " à cause de cette contradiction. Une grande partie de la confusion qui règne sur ces questions vient du fait que ces phénomènes de " surpassement " (FAUS) sont souvent considérés comme détachés de la base (c'est-à-dire de l'appropriation privée capitaliste des rapports de production ) sur laquelle elles naissent et sur laquelle elles retombent périodiquement. Disons rapidement que le caractère toujours plus collectif des forces productives est, chez Marx, le mouvement économique pratique au sein même de la société, qui donne naissance au communisme, et qui peut devenir un mouvement conscient et organisé ou non, assumant la tache politique d'organiser cet "éclatement ". Une mesure de repartage du produit social qui ne nie pas la nécessaire lutte anticapitaliste. Les FAUS sont, en grande partie, apparues au niveau politique comme moyen de répondre aux revendications sociales pour, quelque part, affaiblir la lutte des travailleurs -même si ce n'est pas le but premier des FAUS- en offrant ainsi une satisfaction plus ou moins durable aux revendications sociales. Mais tout ceci, phases après phases, dans les limites qu'autorisent les exigences de valorisation du capital. Chacun des FAUS dure tant qu'il ne devient pas contradictoire avec les exigences essentielles de valorisation du capital. Ainsi, il ne s'agit pas de surestimer la force du revenu garanti -ce que font ces opposants lorsqu'ils croient voir derrière cette revendication le début du démantèlement de la sécurité sociale voulu par les capitalistes. Cette fausse idée n'est possible que si on confond les intentions des politiciens du Capital (gouvernement, partis politiques institutionnels) avec le mouvement économique réel du Capital qu'ils ne maîtrisent pas, et qui est basé sur la contradiction objective et incontrôlable du mouvement économique entre le caractère de plus en plus social et collective de la production et son appropriation privée par les capitalistes. On ne dit pas à des salariés qui mènent une lutte pour augmenter les salaires au sein de leur entreprise (qui passe par un rapport de force et parfois une négociation) qu'ils font le jeu du patron… La revendication du revenu garanti n'est pas une rupture révolutionnaire et ne se substitue pas à la nécessaire accumulation des forces révolutionnaires pour la conquête du pouvoir et l'expropriation des propriétaires capitalistes, c'est-à-dire la prise réelle des moyens de production par les travailleurs. Néanmoins, la revendication d'un revenu garanti est un moment de la lutte des classes, une revendication provenant du mouvement réel, qui exprime de manière indirecte la volonté des travailleurs et du peuple d'assumer la gestion collective des rapports sociaux (s'exprimant à travers des luttes revendicatives, la défense des acquis sociaux et plus rarement des luttes sociales offensives). Revenu garanti et le rôle de l'État. Il a souvent été souligné le rôle primordial de l'État dans la question du revenu garanti. Quel est le point de vue de la théorie marxiste ? Le rôle de l'État et son élargissement dans la vie sociale est là aussi contradictoire : d'un coté l'État renforce le pouvoir politique des propriétaires capitalistes, défend par ses forces de l'ordre (armée, police, justice) les biens privés et a pour fonction de faire la médiation apparemment neutre entre les travailleurs et le patronat. D'un autre coté, par son existence, l'État démontre aussi que la propriété individuelle et privée, l'initiative économique individuelle sont en quelque sorte historiquement dépassée, que les conditions de la production et de la répartition sont développées à un niveau et d'une manière tels qu'elles exigent la gestion collective, le dépassement, donc, du rapport privé de capital. Dans la société capitaliste, l'État(et donc la politique) est devenu qu'on le veuille ou non une composante du mouvement économique. Le dépassement historique de l'État se manifeste objectivement dans le rôle croissant de l'administration des choses (la création des conditions collectives, générales, communes de la production et de la reproduction des conditions matérielles d'existence) et entre en contradiction avec le monopole de la violence organisée pour quoi à été à l'origine fondé l'État (préserver le pouvoir des propriétaires). Cette contradiction révèle ainsi une tendance historique: l'extinction de l'État et de sa base économique sur quoi il repose: la propriété privée. Ainsi, dans la société capitaliste, l'Etat est devenu, qu'on le veuille ou non, une composante du mouvement économique, avec un rôle croissant de médiateur entre les salariés et le patronat. A quel montant fixé le RSG ? Il doit être fixé au niveau du SMIC. Le minimum du salaire, c'est la somme minimum pour maintenir en vie l'ouvrier en tant qu'ouvrier en vue de la reproduction de sa force de travail. Ce montant a l'avantage d'être ancré dans l'état des rapports de force entre salariés et patrons. Ce montant peut être très bien compris par les salariés qui ont, en fait, tout intérêt à ce qu'il voit le jour. Quel financement du RSG ? A ceux qui dénoncent cette idée au nom de la faisabilité (qui va payer ?), il est possible de répondre que la richesse produite socialement ne cesse de croître, la disproportion entre l'apport productif des précaires et leur redistribution s'accroît. Dès maintenant, il y a plusieurs pistes concrètes pour son financement. Ce sont les entreprises qui parasitent et non les chômeurs qui parasitent la société. Les entreprises marchandes sont elles-mêmes largement subventionnéeS. Le RSG, qui assure à tous une protection sociale et un revenu suffisant, est réalisable immédiatement sur la base du RMI, de diverses subventions (à la production agricole ou aux employeurs) et des prestations sociales existantes. D'ores et déjà, l'ensemble des prestations sociales représente 30% du revenu des ménages. Si le RMI était étendu au moins de 25 ans et qu'on augmentait les minima sociaux à 4000F, la part du revenu social ne dépasserait pas 32%. C'est une somme inférieure aux cadeaux faits aux entreprises. La résistance à la mise en place immédiate d'un revenu garanti est de nature idéologique plus que budgétaire : peur de déconnecter droit au revenu et travail effectif, volonté de mise au travail forcé des pauvres, contrôle social sur la jeunesse, dénonciation d'une prétendue " société d'assistance ", risque de " dualisation " de la société, etc. Le RSG effectue une autre répartition des richesses, une autre forme d'investissement. Il n'est pas auto-suffisant et ne remplace pas le travail mais permet un dépassement du salariat en sortant du productivisme capitaliste, passage des droits du salarié aux droits de la personne. " Même si le RSG n'est pas une allocation universelle, l'argumentaire du financement de ce dernier montre la possibilité du RSG. Entre impôt négatif et allocation universelle, la parenté est directe. Sous leur forme pure, les deux dispositifs sont identiques quant au coût net pour le contribuable, tout en procurant le même revenu disponible à leur bénéficiaire. L'introduction d'une allocation universelle couplée à une refonte du système de taxes et de transferts, pourrait être un moyen de redistribuer des ressources vers les plus pauvres, tout en provoquant une détérioration, variable selon les scénarios, de la situation financière des plus riches. Le système de taxation (que ce soit par prélèvements directs ou indirects) imposte alors aux plus favorisés le financement de leur propre allocation et tout ou une partie de celle des plus pauvres. Sous régime d'impôt négatif pur, le montant de l'allocation inconditionnelle versée à un individu ou à un ménage est graduellement réduit en cas d'augmentation du revenu, jusqu'à être égal à zéro au " break-even point ", niveau de revenu brut à partir duquel l'impôt négatif se mue en impôt positif. En régime d'allocation universelle pure, cette " autre façon d'introduire un impôt négatif ", le transfert est versé à tous, mais récupéré ensuite par un impôt. Abstraction faite de la chronologie des paiements, le revenu net d'un individu sera toutefois équivalent au revenu net en cas d'impôt négatif. Bien que le déboursement initial soit plus important dans le cas d'une allocation universelle, le coût budgétaire des deux mesures sera donc, en final, exactement pareil. Si ce dernier point (déboursement initial plus important, donc coût apparent plus élevé) pourrait jouer en défaveur de l'allocation universelle, celle-ci possède néanmoins un avantage décisif sur l'impôt négatif : elle est en effet versée ex ante, par exemple mensuellement, pour n'être éventuellement récupérée qu'au terme de l'année fiscale. L'impôt négatif est par contre versé ex post, en fonction du revenu déclaré. L'allocation universelle semble donc adaptée à la situation précaire des plus défavorisées, susceptibles de changer plus régulièrement de statut, d'emploi, ou de passer du travail à l'inactivité. Ils sont assurés de bénéficier, de façon permanente, de la prestation à laquelle ils ont droit. Notes o Par forces productives, Marx entend : -la capacité de travail humain; les outils et machines que les salariés utilisent dans le processus de travail; les infrastructures sociales utilisées pour la production; l'expérience et les méthodes employés dans le processus de travail (taylorisme, division du travail, etc.). o Par rapports de production capitaliste, Marx entend les rapports sociaux qui encadrent et dirigent les forces productives dont le contrôle, la propriété et la finalité sont aux mains des propriétaires capitalistes. Source. Yannick Vanderborought : La France sur la voie d'un " Revenu Minimum Inconditionnel " ?, Bulletin de débats d'AC! pour les assises des 9 et 10 février 2002; paru dans Mouvements, n°15 juin-juillet-aout 2001; Garantir un revenu pour tous. http://perso.wanadoo.fr/marxiens/politic/revenus/faq.htm
X. Y. JUIN 2003
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