Le Quotidien du Peuple n°968 -mardi 9 octobre 1979- page 6
Organe central du Parti Communiste Révolutionnaire marxiste-léniniste

ç Début de la chronologie (supp au Qdp 967)

Suite de la chronologie QdP 969 è

 

La révolution chinoise
depuis 1949

    L'histoire de ces 30 dernières années en Chine, au cours desquelles le peuple chinois a, par sa lutte, obtenu des succès sans précédent. constitue un processus très complexe. Sur nombre d'événements qui ont jalonné cette période, sur nombre de questions qu'elle a ouverte, le Parti Communiste chinois lui-même n'a pas encore porté un jugement définitif.
    Aussi, en évoquant ici l'histoire de la République populaire de Chine, nous entendons seulement rappeler certains traits marquants de cette période, fournir certains points de repère.

 POINTS DE REPERE CHRONOLOGIQUES (suite)

    1962 : Cette année est marquée notamment par un débat au sein du Parti communiste chinois, sur le bilan à tirer du "grand bond en avant". Les difficultés rencontrées au cours de ce vaste mouvement destiné à accélérer l'édification socialiste sont imputées non seulement aux calamités naturelles, à la cessation de l'aide soviétique mais aussi à certains excès gauchistes, tels que le volontarisme, la précipitation dans le rythme de collectivisation, de formation des communes populaires, la tendance à l'égalitarisme, avec l'illusion d'une possibilité de "communisation" rapide, le tout développé sur le terrain de l'inexpérience.
   
Tandis que certains, tels Liu Shaoqi, mettent en cause le "grand bond" lui-même, une rectification est entreprise qui s'efforce de conserver les acquis positifs du "grand bond", C'est l'objet notamment de la conférence de travail élargie du CC du PCC qui se tient début 1962, avec la participation de 7 000 personnes. Dans une intervention à cette conférence, Mao Zedong fait un bilan d'un point de vue autocritique déclarant notamment: "Je me suis surtout penché sur les problèmes touchant au système social, aux rapports de production. Au sujet des forces productives, je sais très peu de choses. Dans l'ensemble de notre parti, ce qu'on connaît de l'édification socialiste est très insuffisant. Au cours de la période à venir, nous devrons accumuler de l'expérience, étudier assidûment et, dans la pratique, approfondir peu à peu notre connaissance de l'édification socialiste et en pénétrer les lois. Il faut fournir un gros effort et faire sérieusement des enquêtes et recherches dans ce domaine. Il faut se fixer à la base pendant un certain temps dans les brigades ou des équipes de production, des usines ou des magasins. Faire des enquêtes et des recherches, c'est une méthode que nous suivions assez bien dans le temps; mais, depuis que nous sommes entrés dans les villes, nous avons cessé de l'appliquer avec sérieux. En 1961, nous l'avons remise à l'honneur, et la situation a déjà plus ou moins changé .(...) ".
   
Mao insiste sur la nécessité de développer la ligne de masse, de raffermir le centralisme démocratique dans le parti, et maîtriser les lois objectives de l'édification socialiste.
   
Dans son discours du 29 septembre dernier, Ye Jianying, vice-président du CC du PCC, évoque les "succès grandioses" obtenus à partir de 1958, tout en soulignant les erreurs commises "qui se traduisaient par des "directives données à tort et à travers" , la "vantardise" et le déchaînement du vent communiste". Ye Jianying poursuit en indiquant que "le comité central du parti et le camarade Mao Zedong se sont vite aperçus" de ces "erreurs de gauche" et "c'est sous leur direction que nous nous sommes mis à les rectifier".
   
En avril et mai éclatent les premiers incidents de frontière avec l'URSS au Xinyang. Le conflit frontalier va devenir une donnée permanente des relations avec l'URSS. En octobre-novembre, conflit avec l'Inde: l'URSS prend parti pour l'Inde.

    1963 : Le "Mouvement d'éducation socialiste" prend son essor à la campagne: il a pour objectif l'éducation idéologique, par la dénonciation des tendances capitalistes, le renforcement de l'économie collective, la consolidation des associations paysannes. Dans la mise en oeuvre de ce mouvement réapparaissent les divergences surgies les années précédentes sur l'appréciation du Grand bond et le rythme de la collectivisation.
   
De 1963 à 1964, la presse va publier les "neuf articles" parmi lesquels la "lettre en 25 points" qui constituent une dénonciation globale par le PCC de la ligne du parti soviétique, qui a abandonné les principes du marxisme-léninisme, et prôné la collaboration de classes et la soumission à l'impérialisme US, sous prétexte de "coexistence pacifique".

    1964 : Le Mouvement d'éducation socialiste donne lieu à des interprétations différentes. Pendant cette période, Liu Shaoqi envoie à la campagne des équipes de travail centrales qui procèdent à de nombreuses révocations de cadres. Dans l'armée, à l'initiative de Lin Biao, se développe un mouvement dit "d'étude et d'application vivante" de la pensée Mao Zedong.
   
Réunion de la 3e Assemblée nationale populaire. Elle confirme Liu Shaoqi et Zhou Enlaï dans leurs fonctions respectives de Président de la République et de Premier ministre. Dans son rapport sur les activités du gouvernement, Zhou Enlaï déclare: "Nous devons, avant la fin du siècle, transformer la Chine en un puissant Etat socialiste, doté d'une agriculture, d'une industrie, d'une défense nationale, d'une science et d'une technique modernes".
   
Mao ayant adressé des critiques aux milieux artistiques et culturels qu'il estime coupés des masses, peu soucieux de leurs problèmes, le CC du PCC crée un "groupe chargé de la Révolution culturelle".   

   
Dès 1964, Mao Zedong et le parti communiste chinois lançaient le mot d'ordre :
"Prendre exemple sur l'exploitation pétrolière de Daqing"

    Dans le même temps, apparaissent les mots d'ordre lancés par Mao: "Prendre pour modèle la brigade de Dazhaï dans l'agriculture et l'exploitation pétrolière de Daqing dans l'industrie". DaQing par exemple concentre en effet un certain nombre d'acquis de l'édification socialiste en Chine: la création de ce champ pétrolifère du Nord-Est met en valeur le principe de compter sur ses propres forces, sans aide massive de l'Etat il réalise une combinaison de l'industrie et de l'agriculture, de la ville et de la campagne, du travail manuel et du travail Intellectuel; l'étude du marxisme-léninisme, la mise au premier plan de la conscience politique s'y accompagnent de l'étude des phénomènes scientifiques et des techniques, en vue d'une juste articulation entre révolution et production.
   
-- La même année, la Chine fait exploser sa première bombe atomique, brisant le monopole de l'arme nucléaire, détenu par les grandes puissances.

    1965 : Dès janvier, le Bureau politique du PCC publie un texte en 23 points, qui tente de redéfinir les objectifs controversés du Mouvement d'éducation socialiste. Ce texte dénonce déjà "les hauts responsables du Parti engagés dans la voie capitaliste".
   
Le point de départ de la Révolution culturelle va être en novembre une critique de la "destitution de Hai Rui", pièce accusée de constituer une attaque contre Mao Zedong.
   
-- L'intervention américaine s'aggrave au Vietnam. Premiers bombardements contre le Nord. La République populaire de Chine va constituer un arrière sûr pour la lutte du peuple vietnamien, et des autres peuples indochinois; elle leur fournit vivres, vêtements, armes et munitions. La valeur de cette aide est évaluée à 10 milliards de dollars. Nombre d'officiers et de soldats d'origine chinoise combattent directement dans l'armée populaire du Nord-Vietnam, pour repousser l'agression américaine.

La révolution culturelle

    1966 : Le déclenchement de la Révolution culturelle est inséparable des enseignements tirés de la restauration du capitalisme en URSS et dans les autres pays de l'Europe de l'Est. L'affirmation comme quoi "la Chine restera rouge" illustre cette volonté de s'opposer à ce que la Chine connaisse une tragédie semblable dans un contexte international marqué par la scission opérée publiquement au début des années 60 au sein du Mouvement communiste international, par le PCUS qui propage ses thèses révisionnistes modernes. C'est en s'appuyant sur la mobilisation des masses la plus large possible que la Révolution culturelle doit s'opposer à toute tentative de restauration capitaliste en Chine. C'est ce qu'indiquait Mao en déclarant dès 1965 : "Dans le passé, nous avons mené la lutte dans les campagnes, les usines et les milieux culturels, entrepris le Mouvement d'éducation socialiste, sans pour autant résoudre le problème, parce que nous n'avions pas trouvé une forme, une méthode, permettant de mobiliser les larges masses ouvertement dans tous les domaines à partir de la base pour qu'elles dénoncent notre côté sombre".
   
Le 16 mai, une circulaire du Comité central dénonce l'ancien groupe chargé de la Révolution culturelle, (Peng Zheng et Liu Shaoqi) et appelle à "critiquer les représentants de la bourgeoisie infiltrés dans le Parti, le gouvernement, l'armée et les différents secteurs du domaine culturel". Elle met en garde contre "les individus du genre Khrouchtchev qui attendent leur heure", en s'appuyant sur le fait qu'en URSS, c'est la dégénérescence révisionniste du Parti communiste qui a déterminé la restauration du capitalisme. A l'origine, la Révolution culturelle devait durer trois ans.
   
Le 5 août, Mao rédige un dazibao soutenant les premiers dazibaos parus à l'université de Beijin. Le débat par affiches murales et réunions spontanées se développe dans les écoles et les universités, sur les problèmes de l'éducation et de la culture, de la superstructure en général, dont on estime qu'elle est contaminée par l'idéologie bourgeoise. Très vite, la jeunesse va se mobiliser par millions dans les organisations de "gardes rouges". Les étudiants seront bientôt rejoints par de jeunes ouvriers. L'idée comme quoi les masses doivent "s'occuper des affaires de l'Etat", que les travailleurs doivent contrôler l'ensemble des aspects de la vie politique et sociale, la nécessité d'avancer dans la résolution des contradictions travail manuel - travail intellectuel, ville-campagnes, les références fréquentes à la Commune de Paris et à ses principes, notamment l'absence de privilèges, l'éligibilité et la révocabilité de ses dirigeants, sont au coeur de vastes débats où on entend s'opposer aux idées révisionnistes qui ont triomphé en URSS.
   
La décision du 8 août du CC du PCC appelle les membres et les cadres du Parti à s'engager activement dans la Révolution culturelle. Elle soutient la constitution des organisations qui en sont issues. Elle met en garde contre un élargissement de la cible et avance le mot d'ordre "Faire la révolution et promouvoir la production". Le onzième plénum du CC( qui ne s'était pas réuni en session plénière depuis 1962) soutient la ligne du grand bond, le Mouvement d'éducation socialiste et la Révolution culturelle.
   
Pendant les derniers mois de 1966, les équipes de "gardes rouges" se déplacent dans tout le pays pour diffuser la Révolution culturelle et faire des échanges d'expérience.

    1967 : Des incidents violents, des affrontements entre factions rivales de "gardes rouges" se multiplient. Des ministères sont occupés, des ambassades attaquées. L'armée est invitée à intervenir pour empêcher les affrontements, mais sans réprimer et sans dissoudre les groupes de "gardes rouges".

    En juillet-août, les affrontements et les violences s'aggravent. A Beijin, Shanghaï et ailleurs, des affrontements sanglants font des milliers de morts, des factions rivales se développent et se combattent souvent militairement, chacune prétendant avoir la "ligne juste".
   
En septembre, une série de directives du Parti critiquent sévèrement "l'ultra-gauche", affirmant que la quasi totalité des cadres sont bons ou "récupérables". L'utilisation de la violence est dénoncée. Un groupe, le "Groupe 516" est accusé de conspiration. Le CC du PCC appelle à la poursuite du mouvement sans qu'il entrave la rentrée scolaire et universitaire et la production.

 

 A suivre

   

Article commun
au Quotidien du Peuple
et à L'Humanité Rouge  

Chronologie de 1949 à 1962 - de 1962 à 1967 - de 1968 à 1976 - de 1977 à 1979 -

  

ç Début de la chronologie (supp au Qdp 967)

Suite de la chronologie QdP 969 è

(article commun au Quotidien du Peuple supplément au n°967 et à l'Humanité Rouge n°1141, la suite de cette chronologie sera publiée dans les n°968 -9 octobre 1979-, n°969 -10 octobre 1979-, n°970 -11 octobre 1979- du QdP et HR n°1142 -9 octobre 1979- n°1143 -10 octobre 1979- et n°1144 -11 octobre 1979 ) Dans les n°970 du QDP et HR n°1144 en dates du 11 octobre 1979 un article commun sera également publié sous le titre : 30e ANNIVERSAIRE DE LA REPUBLIQUE POPULAIRE DE CHINE : La Chine pays "en voie de développement"

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