LA GRÈVE DES
POSTIERS:
PREMIÈRE
OFFENSIVE DE MASSE
CONTRE LA
POLITIQUE DE CRISE DE LA BOURGEOISIE
C'est dans le contexte de la vaste
campagne sur la crise orchestrée par la bourgeoisie
pour obtenir des travailleurs qu'ils se solidarisent avec
leurs exploiteurs et renoncent à leurs
revendications, que les postiers vont déclencher leur
mouvement.
POURQUOI CE MOUVEMENT DES POSTIERS
?
1) Le chantage au chômage
exercé sur les travailleurs avec insistance par les
capitalistes ne se pose pas dans les mêmes termes dans
l'industrie et dans tes PTT. Si dans l'industrie les
nombreuses fermetures d'entreprises, l'extension du
chômage partiel peuvent momentanément
réussir à dissuader les travailleurs d'engager
la lutte pour des augmentations de salaire, aux PTT, le
problème du gouvernement est plutôt celui de
conserver le personnel ; les licenciements d'auxiliaires
sont pour l'instant plutôt rares, et le chantage au
chômage a donc moins d'efficacité sur les
travailleurs des PTT.
2) Par sa politique de rentabilisation
et d'adaptation continuelle de son appareil d'Etat à
ses besoins, le Capitalisme Monopoliste d'Etat a
accumulé tous les éléments pour
l'embrasement de la grève. L'administration des
postes comprend 345.000 agents dont 90.000 auxiliaires,
réalisant un chiffre d'affaires de 25 milliards
d'anciens francs, acheminant 47 milliards d'objets en 1973,
gérant 7,2 millions de comptes-chèques pour 40
milliards d'avoir, 13,8 millions de comptes de Caisse
d'Epargne pour 60 milliards d'avoir, et pour le
téléphone gérant 5 millions de
communications pour chaque heure de pointe. Pour la
bourgeoisie, cet appareil de transmission était en
retard sur les besoins notamment en matière
téléphonique : que l'on se rappelle toutes les
campagnes de la bourgeoisie sur le scandale du
téléphone en retard sur les besoins... Retard
dû aux limites budgétaires imposées du
fait de choix d'investissements prioritaires
différents dans les gouvernements
précédents... Pour la bourgeoisie, le
problème est donc de rattraper le retard par une
augmentation des investissements tout en restant dans le
cadre de ses impératifs budgétaires... Le
deuxième impératif est celui de la
rentabilisation continue de cet appareil..., c'est à
dire l'abaissement continu des dépenses à
effectuer au niveau du budget, tout en assurant un profit
confortable aux fournisseurs de matériel, ou aux
exécutants de travaux pour le compte des PTT, aux
clients capitalistes... Donnons des exemples :
La cour des comptes, comme la
commission Ducray de 1974, reconnaît comme courant des
dépassements de prix de 5% à 13%, pour la
livraison de matériels par ITT, CGE, Thomson... la
pose d'une ligne téléphonique coûte
12.750 F alors qu'elle ne coûte que 5.400 F en
Allemagne. Les prix des marchés sont d'ailleurs tenus
secrets par l'administration. Le financement des
installations est assuré par des
sociétés de location de matériel
(centraux téléphoniques) à 15% ou 20%,
sociétés comme Codétel, Finextel,
pouvant faire des taux de bénéfices
appréciables (57% par an pour Finextel en 1973} alors
que les dépôts CCP, les postes n'ont pas le
droit d'y toucher et les prêtent à l'Etat au
taux de 1,5%.
Les cédex et
le système des prix dégressifs favorisent
banques, sociétés d'assurance et trusts; par
ce système, l'acheminement du catalogue de "La
Redoute" qui pèse 3 kg revient à 0,60F
à "La Redoute".
Dans ces conditions,
quelle est la voie suivie par l'administration pour
"rentabiliser" les PTT ? Plusieurs moyens sont mis
simultanément en oeuvre :
l Les augmentations de tarif comme la hausse des
timbres à 0,80 F, celle de la taxe de raccordement de
500 F à 1.100F...
l La modernisation et la réorganisation
de l'administration elle-même... Modernisation du tri,
modernisation de la gestion : séparation le 17 Octobre en deux
directions, celle des postes et celle des
télécommunications ; le
démantèlement du CNET qui était
chargé des études et établissait des
contrôles sur les prix et sur la qualité du
matériel livré ; introduction de la DPO
(direction participative par objectifs), renforcement du
système de la responsabilité individuelle pour
la gestion, etc... ; mise en place de centres de tri
automatiques à Orléans et à Arcueil. 60
sont prévus pour 1985.
l Mais la méthode principale a
été l'organisation systématique de
l'intensification du travail :
compensation des
augmentations de trafic par l'augmentation de la charge de
travail de chaque postier et les heures
supplémentaires (les "califs").
- Quand le trafic augmentait de 4%, les effectifs
n'augmentaient que de 2%. Le 6e plan prévoyait 32.500
emplois dans les postes, il n'y en a eu que
16.000.
- En Côte d'Or, 38.750 journées de
repos compensateur n'ont pas été
accordées en 1973...
Maintien de bas
salaires : grâce au système de l'auxiliariat et
du chantage au refus des mutations, (ce qui veut dire refus
du retour en province, ou dans leurs pays pour les jeunes
postiers déportés de leur pays comme les
martiniquais, guadeloupéens et réunionnais, ou
déportés de leur région, postiers de
Bretagne, du Midi, des régions à fort taux de
chômage...) Par ce système, la bourgeoisie a
créé un corps de 90.000 auxiliaires, à
1300 F par mois, effectuant les plus durs travaux, que ce
soit au tri ou ailleurs...
Les centres
modernes comme celui d'Arcueil ne présagent rien de
bon pour les postiers, au contraire, si la fatigue physique
diminue, la fatigue nerveuse augmente
considérablement à cause du bruit (85
décibels), à cause de l'éclairage au
néon, à cause des cadences imposées aux
employés qui codent, car que ce soit pour le
préposé à la machine ou aux trieuses,
il y a des compteurs permettant de relever les cadences
effectuées...
Tous ces faits réunis ont
crées les conditions du déclenchement de la
grève.
LE DÉCLENCHEMENT DE LA
GRÈVE.
Le 6 Octobre, à Paris-Brune, les employés du
centre de tri s'opposent victorieusement aux
conséquences de la modernisation, exigeant que l'on
enlève les nouveaux casiers circulaires que l'on veut
leur imposer, innovation qui a pour conséquence de
les isoler les uns des autres, de les isoler des
manutentionnaires, tout en poussant au rendement : 95
à 100% des postiers déclenchent la
grève sans préavis, la direction cède,
affecte 34 agents et 10 préposés
supplémentaires, retire les casiers... Cette
première riposte est popularisée sur les
autres centres.
Il faut rappeler,
d'autre part, que le 28 juin, 20.000 postiers avaient
débrayé sur Paris pour l'augmentation des
effectifs.
Le 14
Octobre, au PLM, une
délégation d'ambulants se rend chez le
directeur qui refuse de les recevoir, la mobilisation
s'organise par des AG dans chaque service.
Et le 17 Octobre,
d'autres brigades envoient des délégations que
le directeur refuse de recevoir ; à 18 h, il rentre
chez lui, la brigade B reste dans les couloirs, c'est la
grève, la brigade de nuit suit en soutien... et le
lendemain, la grève s'étend sur Paris puis en
province sur la base des 1.700 F mini, 200 F pour tous,
augmentation des effectifs, titularisation des
auxiliaires... Les révisionnistes, en plein XXIe
Congrès ne s'opposent pas aux revendications, pensant
que le mouvement restera dans le cadre de ce qu'ils avaient
prévu et s'intégrera aux journées
d'action prévues par les syndicats CGT-CFDT. Au PLM,
à cette époque, il y a contradiction au sein
du P"C"F sur l'attitude à adopter. Dès le
déclenchement de la grève, la bourgeoisie
réagit en essayant d'isoler Paris, en faisant occuper
les centres de tri de province, ce qui ne fait pas renoncer
les grévistes qui se réunissent en AG
quotidiennes tous ensemble, tous les jours aux bourses du
travail ; d'autre part, le mécontentement est tel que
les syndiqués FO suivent le mouvement, privant la
bourgeoisie d'un corps anti-gréviste sur lequel elle
comptait pour assurer un service minimum. Enfin,
l'utilisation de l'armée, recours envisagé
dès le début, est délicate à
cause des mouvements en cours contre les conditions de vie,
l'absence de liberté d'expression à la
caserne, avec l'appel des 100.
De nombreuses
manifestations ont lieu
réunissant 10.000 puis 20.000 postiers. Le 23
octobre, au ministère, la journée de
"délégation" au CNPF de Séguy et Maire
est débordée par la présence de 10.000
postiers qui refusent la dispersion et en deux
cortèges poursuivent la manifestation dans Paris,
l'une ira jusqu'aux Champs Elysées... Devant ces
manifestations, Lelong annonce des négociations mais
sans remise en cause de l'accord salarial de la fonction
publique de juin 1974. En même temps, le 1er novembre,
Chirac tente de désamorcer le mouvement de
solidarité qui commence à se manifester en
recevant la FEN et en permettant la titularisation de 4.000
instituteurs, en octroyant aux cheminots 2% de mieux que les
2% prévus par l'accord salarial et en
annonçant un plan pour la résorption
progressive de l'auxiliariat dans la fonction publique.
Révisionnistes et réformistes, sous
prétexte de contrôler FO, acceptent le diktat
de Lelong et vont négocier pendant 50 h sur autre
chose que les revendications centrales des
grévistes.
Devant les centres de
tri qui ne sont pas véritablement occupés
(cela rendrait les grévistes responsables des valeurs
qui s'y trouvent), il y a des piquets de grève
aboutissant aux mêmes résultats,
présence tous les jours, discussion pour enlever les
sacs...
Les postiers prennent des
initiatives pour organiser leur lutte.
l
La forme principale en sera les
AG.
Maintenues par
brigades dans plusieurs centres de tri par les
révisionnistes, dans de nombreux autres, ce seront
des AG d'ensemble...
Et il faudra toute une
bataille, notamment au PLM, pour que les travailleurs
puissent s'y exprimer...
Il y a quelques
comités de grève en particulier à
Arcueil et à Tolbiac qui assurent la
démocratie ; à Arcueil, tout au long de la
grève, le nombre de grévistes augmentera, mais
ces comités se constituent là où les
révisionnistes sont faibles et n'auront pas d'impact
véritable sauf localement... Le pouvoir de direction
de la grève est à l'inter-syndicale qui le
défendra jalousement jusqu'au bout.
L'inter-syndicale, constituée de permanents
fédéraux décidera du sort des postiers,
du contenu des négociations avec Lelong, pendant tout
le conflit ; les révisionnistes prenaient la
température du mouvement tous les matins en
réunissant leurs délégués
parisiens à 9 h ; les réformistes dans la CFDT
refuseront ce type de rassemblement pendant tout le conflit
craignant que leur direction soit remise en cause... par des
délégués combatifs.
l
Verrouillée à ce niveau, l'initiative des
postiers va se manifester par la création de
commissions sur des points spécifiques : au PLM, une
commission auxiliaire-sédentaire sera
constituée pour déterminer les revendications,
elle essaiera d'avoir une vie autonome mais bien que
constituée surtout de syndiqués CFDT, elle
aura toutes les peines du monde à se faire
reconnaître par les directions syndicales qui la
traiteront d'anti-syndicale...
Les Martiniquais -
Guadeloupéens se réuniront pour définir
leurs revendications spécifiques... et affirmer leur
condition de travailleurs "immigrés"... cette
commission se multipliera sur tous les centres... et il y
aura une âpre bataille entre les travailleurs et les
révisionnistes et réformistes qui
prétendaient chasser de cette commission toutes les
aspirations à l'indépendance nationale. Les
révisionnistes feront venir le député
du P"C" révisionniste guadeloupéen qui se
verra condamner par les postiers français et
guadeloupéens présents, il repartira
piteusement. Les réformistes de la CFDT sortiront un
tract de surenchère sur les revendications de ces
travailleurs, tout en les qualifiant de "travailleurs des
DOM/TOM" reprenant à leur compte la terminologie de
l'impérialisme français qui qualifie de
"départements" ces pays colonisés,
manière de passer sous silence l'aspiration à
l'indépendance des peuples guadeloupéen et
martiniquais.
l
Enfin, au travers des commissions animation et
popularisation, il y aura
bataille continuelle entre révisionnistes et
aspirations des masses: au PLM une petite pièce de
théâtre sera montée sur la lutte et
présentée dans de nombreux centres...
jouée à Austerlitz ; le révisionniste
de service pour en détourner les travailleurs
proposera des places gratuites pour le "Roi Jean" de
Shakespeare au théâtre de Villejuif, "Histoire
d'A" et des débats sur la condition de la femme
s'opposeront à Claude Vinci venant affirmer
l'identité d'exploitation entre les postiers et les
artistes, etc...
Ces batailles
n'aboutiront pas à des
victoires spectaculaires, mais contribueront à faire
mûrir et à faire avancer la
compréhension politique du révisionnisme dans
le cours du conflit, et ceci d'une manière positive
en présentant une autre alternative...
LA BATAILLE DES 1700 F
Les revendications centrales des
grévistes : "1.700 F mini", "200 F pour tous",
donnent naissance à d'importantes contradictions
entre les postiers et les états majors syndicaux,
donnent lieu à de nombreuses discussions chez les
grévistes. En fonction de la pression et de la
vigilance des masses pour le maintien de ces mots d'ordre,
les révisionnistes vont tour à tour les
escamoter ou les ressortir, s'attachant le plus souvent
à "oublier" les "1.700 F" et "transformer" les "200 F
pour tous" en "acompte mensuel de 200 F à valoir sur
les augmentations de 75" ! Derrière cette bataille de
mots d'ordre, que peut-on discerner ?
D'abord et de toute évidence,
il y a le fait que quand les travailleurs évaluent
eux-mêmes le minimum nécessaire pour subvenir a
leurs besoins en 1974, ils trouvent non seulement bien plus
que le SMIC, mais aussi bien plus que la revendication
pilote des syndicats, les 1.500 F que CGT et CFDT ont
avancé... après la campagne
présidentielle de Mitterrand pour ne pas
l'embarrasser si par hasard il était élu.
Ainsi concrètement, les postiers et tous les
travailleurs mesurent la faiblesse d'une des revendications
centrales mises en avant dans le programme commun de la
"gauche".
Mais il n'y a pas que
cela, il n'y a pas ce seul aspect revendicatif du mouvement.
Parce qu'en se mettant en lutte pour ces revendications, les
postiers du même coup mettaient en cause la vaste
campagne politique de la bourgeoisie sur la crise. Alors
que, particulièrement depuis la rentrée de
septembre 74, la bourgeoisie appelait les travailleurs
à renoncer à leur lutte et à leurs
revendications pour "sauver la France de la crise", alors
que le "modèle de la crise" sur laquelle elle
développait son intervention était la seule
proposition qu'elle offrait aux travailleurs, le mouvement
des postiers brisait avec ce système d'explication,
et, de cette manière là, prenait une dimension
politique. Cela veut dire qu'il était alors possible
de développer dans la grève toute une
série d'explications politiques, de
révélations sur la faiblesse de
l'impérialisme français, les raisons de la
politique de crise... C'est ce qu'a fait notre Parti,
rencontrant un réel écho chez les postiers,
preuve que ces questions-là affleuraient bien dans le
mouvement. En même temps, quand ils
développaient leurs revendications, quand ils
attendaient des directions syndicales qu'elles
élargissent le mouvement, les postiers, par la
conduite même des révisionnistes, pouvaient
mesurer qui s'opposait à un mouvement d'ensemble des
travailleurs, quel était l'obstacle qu'il fallait
franchir pour faire céder les Lelong, Chirac... En
s'opposant aux revendications des postiers, les
révisionnistes sont ainsi apparus, pas seulement
comme des saboteurs de la grève, mais aussi comme des
défenseurs zélés du modèle de
crise de la bourgeoisie. Aussi pouvait être mise
à nue assez clairement durant cette lutte, la
communauté de vue derrière des langages
différents du gouvernement et de la "gauche" sur la
crise, la nature réelle des propositions de la
"gauche", et du P"C"F en particulier. L'intervention
politique de notre Parti, articulée autour de la
bataille des 1.700 Francs, a montré que
c'était dans de telles batailles politiques que
pouvait le plus efficacement se développer chez les
travailleurs le point de vue révolutionnaire : la
naissance de nombreux cercles postiers
marxistes-léninistes, ainsi que le
développement de plusieurs cellules d'entreprises
à la poste en témoignent.
LES FORCES POLITIQUES BOURGEOISES
FACE AU MOUVEMENT
L'extension du conflit commence alors
à se dessiner assez nettement, les cheminots sont en
grève à Montparnasse, au dépôt
d'Ivry, à la RATP, dans les hôpitaux, cela
commence à bouger. Une manifestation à la
Bastille le 5 novembre rassemble 20.000 personnes de la
"fonction publique". Aucun appel n'a été
lancé en direction des travailleurs de l'industrie.
Le 5 novembre, il y a 20.000 personnes à la Bastille
et en même temps que Lelong propose ses miettes,
Chirac et l'Elysée, en liaison avec Bergeron, font
face à cette menace d'extension. Quelle est la
réaction des forces politiques ? Du côté
du gouvernement, Chirac déclenche une attaque contre
les grévistes qualifiant leur mouvement de
"politique", tentant par là de briser le front de
lutte des grévistes, de saper la solidarité
effective que rencontrent les postiers chez les autres
travailleurs comme en témoigne par exemple le bon
accueil qu'ils réservent aux collectes. Ce chantage
contre la "grève politique" a peu d'écho
malgré les efforts décidés de Bergeron
qui dénonce, comme par hasard au même moment,
la volonté de la CGT et de la CFDT de "politiser" le
mouvement, et se désolidarise des manifestations
communes appelées par ces syndicats. Les postiers y
compris ceux qui sont syndiqués à F.O.
repoussent ce chantage ! Du côté de la
"gauche", c'est-à-dire pour l'essentiel du
côté du P"C"F (parce que le PS n'a aucune
prise, aucun moyen d'agir sur le mouvement) la
réaction est mitigée. D'une part, le P"C"F
entend par l'intermédiaire de la direction de la CGT
qu'il contrôle, s'appuyer sur le mouvement pour
refaire une partie du terrain perdu au profit du PS lors des
dernières législatives partielles. Ces
élections ont prouvé clairement à qui,
électoralement, l'union de la gauche profite. En plus
l'avantage pris par le PS a tendance à être
accentué par les initiatives prises par Poniatowski
pour favoriser une rupture de l'union de la "gauche", pour
favoriser une participation des
"socialistes" à un gouvernement impulsé par
Giscard. Aussi le P"C"F, pour mettre un frein à cette
évolution, n'hésite pas à soutenir,
dans certaines limites, le mouvement pour s'affirmer face au
gouvernement comme l'interlocuteur valable, celui qui a
prise sur la grève des postiers, celui avec lequel il
faut compter. Mais d'autre part, le P"C"F et les chefs
révisionnistes de la CGT savent qu'ils ne peuvent
sans risque laisser s'étendre le mouvement, laisser
les travailleurs prendre conscience de leur force, et
vérifier dans l'affrontement avec la bourgeoisie le
rôle et la nature des révisionnistes. La
résultante de ces 2 facteurs, c'est quelques mesures
d'extension contrôlées, mesurées,
canalisées vers des objectifs précis et
limités, prises à l'initiative des
révisionnistes, et c'est aussi la lettre de
Séguy au gouvernement où il appelle à
la conclusion rapide d'un compromis acceptable.
LE "COMPROMIS ACCEPTABLE" VU PAR
LELONG, ET LA BATAILLE POUR L'EXTENSION
Il va être massivement
refusé dans son relevé de conclusions le 6,
par les postiers, malgré les premières
réactions confédérales : "Un pas en
avant" pour Le Beller (CFDT), "un impressionnant tableau"
pour le journaliste Pierre Cames de "L'Huma" du
6.
Les postiers vont
refuser un accord qui oublie
leurs revendications de salaires et ne propose que
d'étendre les primes de rendement et de
résultat d'exploitation aux auxiliaires pour mieux
les rattacher à la rentabilisation ; un
accord qui ne propose que 6.000 titularisations sur
90.000, mais qui organise toute une vague de promotions
internes afin de réanimer l'idéologie de la
promotion individuelle ; un accord qui
voudrait dans son chapitre B faire négocier par les
grévistes les conditions de leur licenciement dans le
cadre de la modernisation ultérieure des postes et
dont les syndicats ne souffleront mot ; un accord enfin,
dont les seules créations d'emploi sont celles de
surveillants-chefs et qui s'attache avec soin à
définir aux mieux promotion et déroulement de
carrière des inspecteurs du cadre A afin de se les
attacher plus étroitement contre les
postiers...
L'accord
refusé unanimement,
c'est à l'extension du conflit, à la liaison
avec les cheminots et les hospitaliers que les postiers vont
aspirer dans les centres de tri...
Mais pour les
cheminots, il est déjà trop tard, le mouvement
a été brisé le 5 par l'appel à
une grève de 48 h sur les 1.500 francs...
désaveu des revendications posées par les
postiers, désaveu des aspirations mêmes des
cheminots. A Lyon, Nantes... malgré des initiatives
pour poursuivre, le mouvement sera brisé et
l'écœurement important.
A ce moment,
révisionnistes et réformistes appellent pour
la journée du 19, font débrayer le labeur le
13 novembre, mais dans les centres de tri, l'intersyndicale
s'oppose par tous les moyens à des initiatives de
rencontres et de soutien directs entre cheminots, postiers,
hospitaliers, etc... On déclare à ceux qui
posent "la question en AG à Austerlitz:
"les cheminots sont assez
grands pour savoir ce qu'ils ont à faire et si vous y
alliez, vous risqueriez de vous faire mal
recevoir".
Dans les
hôpitaux qui sont
déjà largement en grève, le même
langage est tenu. A Cochin, un révisionniste
déclare: "faire venir
les postiers, ça va pas, pourquoi pas faire venir
ceux de Néogravure et les anciens étudiants de
mai 68 pendant que vous y êtes".
Malgré ce
verrouillage de nombreuses
initiatives seront prises pour assurer la liaison: le PLM et
l'hôpital St-Antoine feront des diffusions communes
sur les marchés du 12°, une
délégation de St-Antoine ira 2 fois au PLM et
se fera renvoyer la seconde fois par les
révisionnistes... Des rencontres directes
postiers-cheminots auront lieu dans les gares, malgré
les révisionnistes; alors que postiers et cheminots
travaillent les uns à côté des autres,
les révisionnistes empêcheront
l'unité... à Caen, un comité
interprofessionnel de soutien sera mis en place par
l'UL-CFDT, assurant pendant toute la grève le soutien
de Saviem, Moulinex, SNM, etc... aux postiers qui ne seront
jamais seuls et assurant en retour la popularisation de leur
lutte dans les usines... Tandis que d'importantes
contradictions entre les masses et les directions syndicales
se développement sur cette question, dès le
12, directions CGT et CFDT dénaturent les 1700 F et
la titularisation des auxiliaires. Se rendant aux arguments
de Lelong qui chiffrait à 20 milliards la
satisfaction de ces revendications (2 fois le budget 74 des
PTT), révisionnistes et réformistes
transforment les 1700 F minimum en 200 F à valoir sur
une remise en ordre du contentieux catégoriel, pour
arriver à 1700 F...
Ainsi, le
caractère uniforme des 200 F peut être remis en
cause dans le cadre de cette remise en ordre; d'autre part
200 F pour tous, pour les auxiliaires à 1300 F, cela
fait 1300 + 200 = 1500, la revendication est ramenée
à 1500 F, et le programme commun est sauvé. La
titularisation des auxiliaires est oubliée au profit
de création massive d'emplois... combien, ce n'est
pas dit, et les titularisations, il n'en est plus question
...
Les réformistes
de la CFDT s'alignent sur cette modification et la
défendront avec les révisionnistes jusqu'au
moment où tout étant perdu, on pourra
ressortir les 1700 F afin de préparer la reprise. A
ce moment le Parti prend toutes initiatives pour, là
où il est, organiser l'extension...
ECHEC DE L'INTERVENTION POLICIERE
DU 14
Malgré l'intoxication
gouvernementale qui tente à la fois de faire croire
à une reprise progressive, à la fois de
dresser les autres travailleurs contre les postiers,
malgré la mise en place de la poste parallèle
dans les chambres de commerce, dans les locaux loués
exprès, avec le concours d'inspecteurs centraux des
PTT, des boîtes de travail intérimaire, le
concours de transporteurs comme Calberson qui recevra pour
plus de 20 millions de francs, malgré tout cela le
mouvement reste aussi déterminé. Aussi la
bourgeoisie monte un ensemble de provocations sur Paris en
liaison avec l'occupation de tous les centres de tri...
espérant, par des heurts, monter la population contre
les grévistes; toutes échoueront, et sur
Paris, les forces de police n'occuperont même pas les
centres, se contentant de faire le piquet en
face...
Les
révisionnistes tenteront de mettre ces provocations
(vanne ouverte à la cantine du PLM, etc...) sur le
dos des révolutionnaires mais sans succès;
à Austerlitz comme au PLM, des voix dont celle du
Parti se feront entendre pour dénoncer cette manœuvre
et appeler à discuter plutôt les initiatives,
avec le soutien de la masse des travailleurs... De ce point
de vue, la campagne anti-gauchiste préparée
par les révisionnistes a été
étouffée dans l'œuf par les postiers
eux-mêmes. La riposte sera énergique, une
manifestation de 100.000 personnes le 15 au soir
réaffirmera: "nous voulons, nous aurons satisfaction
!", "1700 F minimum, 200 F pour tous ! ".
LE TOURNANT DU 19 NOVEMBRE ET LA
LIQUIDATION DE LA GRÈVE
Le 19 novembre, il y a 400.000
travailleurs à Paris et d'autres centaines de
milliers sur tout le territoire. Ce sont les plus grandes
manifestations depuis 1968; aux côtés des
postiers, les agents des hôpitaux sont très
nombreux, mais dans l'ensemble, la classe ouvrière
n'est au rendez-vous que dans une proportion minime sauf
dans quelques villes comme Dunkerque ou Besançon.
Pourquoi ?
l
D'une part du fait des
révisionnistes qui
n'ont pas mobilisé dans toute une série
d'entreprise, ou ont "mobilisé" de manière
à décourager les travailleurs de manifester
avec les postiers.
Comment expliquer, par
exemple que ce 19, ils appellent à un meeting
à plus de 10 h à Renault
(Boulogne-Billancourt), alors que la manif est à 11
h... Quelles revendications sont proposées dans les
usines: les 1700 F ?, les 200 F pour tous ? , non, ce sont
bien souvent les 1500 francs et la garantie de l'emploi...
Pour les révisionnistes, s'il importe d'avoir une
large mobilisation, il faut éviter un mouvement
d'ensemble dont on ne sait pas trop à quelles remises
en cause de l'influence révisionniste il
aboutirait.
l
D'autre part le chantage au
chômage de la
bourgeoisie avec les compressions d'effectifs, celles de
Citroën, les réductions d'horaires, les
fermetures annoncées pour les fêtes, celles de
Péchiney en particulier, crée une
atmosphère d'incertitude et une hésitation
dans la classe ouvrière.
Aussi, après
cette manifestation, systématiquement
minimisée par la bourgeoisie, postiers et
travailleurs s'attendent à de nouvelles initiatives
pour contraindre Lelong qui joue les intransigeants à
l'ouverture de nouvelles négociations avec les 1700 F
et les 200 F à la clé. Mais pour les
révisionnistes, parti bourgeois au sein du mouvement
ouvrier, c'est le point final. Maintenant que la
démonstration est faîte qu'il faut compter avec
le P"C"F car il mobilise encore la classe ouvrière,
il reste au P"C"F à faire la démonstration de
sa capacité de brider les aspirations des masses, de
faire reprendre tout en limitant au maximum la prise de
conscience des travailleurs sur son
rôle.
Pour ce faire le P"C"F
par direction CGT interposée laisse sans perspectives
le mouvement du 19 au 26, tandis qu'en province où
l'isolement joue le plus, des postiers sans perspectives
reprennent le travail; Lelong annonce lors de la discussion
du budget la possibilité de création en
juillet après entretien avec Fourcade et au cas
où le trafic aurait de nouveau beaucoup
augmenté (ce qui fait
beaucoup de si) de 1000 postes
supplémentaires. Tandis que Chirac, dans une lettre
aux syndicats annonce qu'il reste fidèle à la
politique contractuelle et que le 13 décembre, les
discussions auront lieu sur les salaires de la fonction
publique. D'autre part, une polémique FO/CGT est
développée par les révisionnistes afin
de présenter FO comme responsable de la reprise ;
cela ne prend pas car les syndicalistes FO dans la plupart
des cas ne suivent pas Bergeron.
C'est dans ce cadre
démobilisateur qu'est annoncée la
journée d'action du 26 novembre. Annoncée
presque une semaine à l'avance, c'est le seul
objectif de mobilisation proposé aux grévistes
au lendemain du 19. Jusqu'à la veille du 26 les
postiers dans les centres de tri ne sauront pas ce qui est
prévu. Des voix s'élèvent pour exiger
une manifestation au ministère... Ce qui sera
organisé ... un rassemblement à la Bourse du
Travail. Dans les centres, comme par hasard, les 1700 F
réapparaissent sur les tracts et la
fidélité à cette revendication est
clamée haut et fort par les directions syndicales au
moment où elles savent qu'il n'est plus possible de
les obtenir...
Le 26, Frischman
(secrétaire de la fédération CGT et
membre du CC du P"C"F) et Le Bélier (signataire de
l'appel de dirigeants CFDT à rejoindre le PS) font le
point de la situation, parlent des 1700 F tout en
"popularisant" la manière "magnifique" dont les
postiers ont repris en province, conservant intacte leur
combativité. Pour la direction CGT, il n'est pas
question d'appeler ouvertement à la reprise, vues les
oppositions qu'elle prévoit; la reprise se fera
"démocratiquement" sur la base du pourrissement et en
fonction de l'argument "mieux vaut reprendre tous ensemble
que de voir le mouvement s'effilocher".
Cette reprise
"démocratique" et en douceur va être
organisée au PLM à partir de la brigade
d'ambulants la moins combative, les autres étant
mises devant ce fait et un tableau très noir de la
situation étant dressé intentionnellement...
pour faciliter la reprise.
On comprend la
ténacité avec laquelle, au PLM,
révisionnistes et réformistes ont
défendu les AG par brigades et par services qui sont
"plus démocratiques parce qu'il y a plus de monde".
On comprend mieux les tentatives à Austerlitz
d'ôter à l'AG d'ensemble tout pouvoir au profit
des AG de brigades... Le PLM reprenant, c'est la fin du
mouvement sur Paris, et sur le reste du pays... Les postiers
arrêtent le mouvement pour le poursuivre sous d'autres
formes: la grève des cadences, car Lelong a
annoncé qu'il ne paierait pas les jours de
grève, qu'ils seraient retenus en 4 mois, ce qui fait
un tiers du salaire en moins par mois. Les
révisionnistes lancent le mot d'ordre "travailler
pour ce qu'on est payé", "coup de frein sur les tris"
mais beaucoup sont chefs et au bout de quelques jours
poussent à la cadence, la direction annonce d'autre
part que toute grève de cadences ou simplement appel
à cette forme de lutte sera puni de mise à
pied. Les révisionnistes répliquent
aussitôt par un tract disant "évitez toute
provocation, la direction veut qu'on se remette en
grève", ce qui revient à ne pas réagir
à cette note de service.
Malgré cette note, la
révolte demeure aux postes et les cadences d'antan ne
sont pas prêtes d'être retrouvées: au
contraire, les retenues de salaire, le maintien des postes
parallèles mises en place pendant la lutte, les
risques de démantèlement et de modernisation
maintiennent les postiers en éveil...
CONCLUSION
Les postiers, après 6 semaines
de grève n'ont pas obtenu satisfaction sur leurs
revendications essentielles. Au contraire la bourgeoisie a
décidé de les frapper encore en retenant
pendant 4 mois un tiers de leur salaire. La poste
parallèle est pour l'instant maintenue, un plan de
démantèlement des gros centres de tri est mis
en place, et les directives contre les grèves des
cadences sont ventilées dans toute la poste.
Mais contrairement
à ce que peut penser la bourgeoisie, les postiers ne
rentrent pas battus, au contraire, ils rentrent
révoltés et décidés à
remettre ça, en témoignent les formes de
résistance en cours aujourd'hui dans les postes:
notamment au niveau des cadences...Aujourd'hui, les postiers
ont les yeux tournés vers la classe ouvrière
et ils attendent... Krasucki, dans son article du 2
décembre dans l'Huma parle "d'un combat qui porte
loin", il ne pensait pas si bien dire car ce combat des
postiers porte plus loin que "l'Union de la Gauche " plus
loin que la défense du "service public", service du
capital qui marchait si bien du temps de la gauche comme
nous le dit M. Krasucki.
Il porte plus
loin, car, au cours de ce
conflit, les postiers, couche proche de la classe
ouvrière, ont approfondi leur remise en cause de la
bourgeoisie au pouvoir, ils ont commencé à
rompre avec l'idéologie du fonctionnaire,
l'idéologie de la promotion individuelle, et cela
s'est bien vu par le refus massif des propositions Lelong
qui jouaient à fond sur cette idéologie qui
est ébranlée.
Et cela s'est bien vu
par la perte d'influence de FO, syndicat jaune, qui
s'était construit en 1947 sur ces bases... Les
postiers ont rompu avec la politique de crise de la
bourgeoisie, ils sont restés sourds à ceux qui
disaient que 1700 F n'était pas réaliste, que
titulariser 90.000 auxiliaires c'était impossible; la
lutte contre l'inflation, les équilibres
budgétaires de la bourgeoisie, le préavis, ils
n'en ont eu cure. Au contraire, par la pratique quotidienne,
les tarifs préférentiels aux trusts, par la
gabegie des marchés passés avec les
fournisseurs, les subventions indirectes par les
sociétés de financement, les scandales
pétroliers et les subventions à
Citroën... les postiers ont eu tout au long du conflit
clairement conscience que la bourgeoisie pouvait et qu'elle
devait payer et c'était le sens de leur mot d'ordre:
"nous voulons, nous aurons
satisfaction... ".
Tout au long du conflit, face au
mépris de Lelong, les traitant "d'idiots", face aux
imprécations de Chirac, à la répression
de Poniatowski, la conscience politique des postiers s'est
approfondie, leur volonté de liaison politique avec
la classe ouvrière s'est affirmée, en est
témoin cette aspiration profonde à une
extension véritable du mouvement avant et
après le 19.
La mise en mouvement des postiers,
après le mouvement dans les banques et avant le
mouvement dans les hôpitaux est un signe important de
l'approfondissement de la crise politique dans laquelle se
trouve la bourgeoisie aujourd'hui. La barrière de
l'idéologie du fonctionnaire, le corporatisme qui
assurait à la bourgeoisie une neutralité
relative de ces couches ont été
ébranlés.
Il porte plus loin parce que l'idéologie du "service
public" autre élément d'obscurcissement
politique de la bourgeoisie, avancée dans le conflit
par les révisionnistes, en a pris un sérieux
coup. En effet, l'expérience quotidienne des
postiers, véhiculant des tonnes de courrier
publicitaire ou commercial à des tarifs
dégressifs, la mise en place des postes
parallèles, les déclarations haineuses des
représentants patronaux en particulier ceux des
industries travaillant par correspondance ont remis à
sa place ce "service public" qui est le service du Capital,
et ce n'est pas par hasard si, à la reprise, les
cédex ont été les derniers à
être triés car ce sont eux qui assurent le gros
du trafic commercial...
Les
révisionnistes Jouant sur le fait que les postes
assurent aussi le trafic de la population, et que les
postiers avaient besoin du soutien du peuple travailleur,
ont tout fait pour maintenir cette illusion d'une poste
au-dessus des classes, mais une brèche est
néanmoins ouverte sur cette poste au service du
Capital.
Malgré toute la "prudence" et
les "manœuvres des révisionnistes", les contradictions entre ceux-ci et les
postiers se sont accrues...
Même si les révisionnistes sont arrivés
en fin de compte à imposer leur vue, aujourd'hui, le
résultat, c'est l'échec de la grève;
aujourd'hui, ils doivent en assumer les conséquences,
car ils ont beau dire que la reprise a été "un
exemple de démocratie", ils ont montré leur
impuissance face au gouvernement; et ceci a
été largement ressenti comme en
témoigne l'accueil positif dans les centres de notre
tract national établissant clairement tes
responsabilités...
Les
réformistes, eux, ont brillé par leur absence,
et la position de Le Bélier, signataire de l'appel
à rejoindre le PS, est une belle illustration des
conséquences négatives que peut avoir le
rattachement de la CFDT au PS; entre la défense des
aspirations des postiers et l'unité syndicale contre
ces aspirations, la voie est choisie. 'Plutôt trahir
les intérêts des postiers et dénaturer
leurs revendications...
Même si elles n'ont pas
débouché, de nombreuses initiatives des
masses en mouvement ont
révélé la profondeur de leurs
aspirations à autre chose que la voie de Giscard ou
celle du Programme Commun:
- la vigilance des
masses par rapport aux revendications;
- la profondeur de
l'aspiration à un mouvement
d'ensemble;
- la
détermination sur les objectifs malgré
l'intoxication et le chantage;
- à l'occasion
de l'animation de la grève, l'aspiration à une
autre société qui était sensible dans
des discussions sur des points spécifiques comme les
femmes, (projection d'Histoire d'A), comme les
immigrés et le problème de
l'indépendance
(Martinique-Guadeloupe).
Au cours de la
grève, le scepticisme s'est accru face au
révisionnisme, le caractère dérisoire
des interventions impuissantes de leurs
députés a été ressenti. Le peu
d'écho reçu aux mobilisations qu'ils ont
tentées à l'occasion du débat P"C"/PS,
débat dans lequel les postiers ne se retrouvaient
pas, renforçaient leurs interrogations sur "l'Union
de la Gauche". Le "compromis acceptable" de Séguy, en
pleine grève, même s'il n'a pas
été largement "popularisé" a
renforcé les interrogations, de même toutes les
attitudes d'opposition aux initiatives de popularisation
directe, leur conception de la démocratie..., cette
multitude de faits ont suscité et renforcé le
doute, ont créé une situation d'attente,
l'aspiration à une autre voie que celles de Giscard
et de l'Union de la Gauche, l'attente d'une force politique
qui permette de s'engager dans cette voie.
Ce sont ces questions
auxquelles le Parti a commencé à
répondre, c'est cette force qui a commencé
à s'affirmer partout dans le pays par la
présence du Parti par ses propositions, lors de la
grève des postes, pour renforcer le mouvement,
l'étendre, par la diffusion du "Postier
marxiste-léniniste" et par l'action des cercles de
postiers du P.C.R. (m-l). A la suite de ce conflit, un
certain nombre de cellules se sont constituées dans
les postes sur tout le pays; aujourd'hui elles doivent se
multiplier.
(décembre
74)
|