2ème PÉRIODE : SEPTEMBRE
76 - JUILLET 78:
UN
COMBAT DE "TRANCHÉES"
|
- I -
Le repli sur les foyers, un repli sur soi.
Les saisies-arrêts sur salaires.
..... Toute cette
période sera caractérisée par une
orientation politique de repli sur les foyers, et de "
guerre juridique de tranchée" , Les thèmes
fondamentaux avancés par le C.C, seront celui du
"retour de nos camarades" et "nous réclamons nos
droits". Toute perspective d'offensive politique pour
obtenir la plate-forme sera repoussée; il ne sera
plus jamais question de négociation jusqu'au 1er
Janvier 79.
..... * Après la
période de l'été 76 où comme le
disent certains camarades du C.C., ils "se sont fait tout
petits comme une souris pour qu'on les oublie", la
rentrée politique du mouvement fut le meeting du 23
Octobre 76 à la Mutualité. Nettement moins de
monde que le 21 février, mais plus de
français. Le meeting sera centré sur le retour
des camarades expulsés et un appel à renforcer
les comités de soutien locaux. Le tract d'appel dira:
"Travailleurs immigrés et français, tous au
rassemblement de la mutualité le 23/10/76 de 10h
à 17h pour la DÉFENSE DES DROITS des
travailleurs de la Sonacotra en grève"...
"Travailleurs français et immigrés
SOLIDARITÉ". Dès ce moment on peut remarquer
un glissement de la lutte politique contre la Sonacotra pour
obtenir de nouveaux droits à une DÉFENSE des
droits, le glissement de l'importance de l'unité
français-immigrés à la seule
solidarité. Le meeting ne formulera aucune directive
précise de soutien ni de bataille, mais par contre
présentera un programme, des activités
culturelles ( chansons, théâtre, film,
diapositives...) et des interventions d'experts. Le
débat, prévu à l'avance, sera
inexistant.
..... C'est à ce moment
là que se mettent en place véritablement les
Comités de Soutien et qu'est rédigée le
complément de plate-forme. Initiative formelle, qui
n'arrivera pas à dépasser le soutien
logistique au C.C. Les Comités de Soutien ne
parviendront pas à se développer en un
véritable mouvement
(voir chapitre sur le
soutien).
..... * Rapidement, en fait,
vont surgir de nouveaux problèmes, ceux que posent
les SAISIES-ARRÊTS SUR SALAIRE. Devant la poursuite de
la grève, les échecs de négociation
foyer par foyer dans le "bastion des 13 foyers", les
échecs des manoeuvres de la CGT et des
gérants, la Sonacotra contre-attaque en faisant appel
à la justice pour procéder à des
saisies-arrêts sur salaires. Tous les foyers vont
passer les uns après les autres devant les tribunaux.
Montreuil. Nanterre, Cormeilles, Sannois, Argenteuil-Parc,
Saint-Denis, Pierrefitte, Garges, Massy, St.Ouen l'Aumone,
Ermont, Champigny, Dijon.
..... A chaque fois ce sera
l'occasion pour les comités de résidents
d'organiser des manifestations du foyer au tribunal,
manifestations massives de résidents avec fort peu de
français en soutien; la plupart du temps les
français sont des membres des organisations qui
participaient au soutien central : U.C.F.M.L... HR.. Drapeau
Rouge (le P.C.R. avait retiré son soutien, les
trotskystes et le P.S.U. soutenant du bout des
lèvres). A vrai dire, le soutien tactique principal,
compte-tenu de la ligne politique choisie par le C.C. sera
celui des avocats qui réussirons à faire
traîner les choses, reportant les procès,
bloquant les attaques de la Sonacotra en mettant en avant la
plainte sur le fond des résidents pour pratique de
prix illicites.
..... Finalement, seuls les 3
foyers de la Seine-St-Denis (Pierrefitte, Montreuil,
St-Denis), puis ceux de Nanterre-ville et Dijon seront
condamnés. En apparence ces condamnations
étaient limitées dans le nombre.
..... Mais: -elles touchaient
des foyers "bastions" de la grève, ce qui contribuera
à limiter la mobilisation quand de nouvelles
saisies-arrêts seront prononcées plus tard dans
d'autres foyers. Et elles étaient porteuses d'une
première grande division dans les foyers entre ceux
"saisis" et les autres.
..... -enfin, et surtout, elles
montraient que le C.C., dans cette période, refusait
d'envisager le travail, difficile mais nécessaire,
d'unité de la classe ouvrière, français
et immigrés, en allant intervenir sur les usines ( ou
en soutenant le travail des organisations comme l'U.C.F.M.L.
qui voulaient développer ce type d'interventions).
Que le C.C. plaçait le mouvement sur le seul terrain
démocratique et juridique, de défense des
"immigrés" et non celui de l'unité de la
classe ouvrière.
..... Cette période sera
fort différente de la période
précédente, celle de la "guerre de classe".
Dans les faits, toute une série de revendications
sont acquises dans les foyers en grève et
progressivement dans l'ensemble des foyers. En effet, la
Sonacotra n'arrivait plus à appliquer son
règlement intérieur, ne pouvait plus augmenter
ses loyers aussi souvent qu'auparavant au risque de voir de
nouveaux foyers rejoindre le mouvement de grève. Les
gérants, de leur côté, sont pour la
plupart isolés et fort peu crédibles aux yeux
des résidents. La grève avait
complètement bouleversé les rapports sociaux
dans les foyers. Les résidents recevaient qui ils
voulaient, organisaient leur propres réunions...
..... Un moment fort de cette
période sera le retour des
délégués expulsés. Un peu
hâtivement, le C.C. appellera à la grève
générale le lundi 14 Mars 77 pour accueillir
à Orly les résidents; même si cet appel
fut un échec (prévisible d'ailleurs), cet
épisode fut un moment d'une très grande
émotion. Les 300 personnes présentes porteront
en triomphe les camarades de retour.
..... Plus tard, de nouvelles
mobilisations seront organisées à Nanterre et
Bobigny les 8 et 13 Avril pour obtenir l'annulation
définitive des mesures d'expulsion. Cette victoire
pourra être accordée au crédit de la
formidable riposte d' Avril 76 et de la constance du C.C.
pour protéger ses propres camarades tout en marquant
les limites de la politique suivie. Ainsi dans la
plate-forme de la grève sera inclus le retour des
délégués, mais sans débat dans
les foyers sur les moyens d'un combat pour l'obtenir.
..... En effet, les
arrêtés d'expulsion contre les deux
délégués de Champigny ne seront jamais
annulés. Les démarches juridiques et les
mobilisations démocratiques des résidents
avaient permis que la loi française soit
appliquée dans les formes (le Conseil d'Etat a
cassé les décisions d'expulsions d'Avril 76
prises par le ministère de l'intérieur dans
une complète illégalité). Mais elles ne
suffirent pas à mettre en pièces les faux
témoignages contre les délégués
de Champigny de leurs " voisins de chambres" membres de la
police nationale, qui accréditaient le "
bien.fondé juridique" d'une décision
d'expulsion d'urgence.
..... De nouveau, la CGT, la
CFDT et FO tentaient le 31 mars une négociation
centrale avec la Sonacotra sur le dos des résidents.
Mais cette tentative de briser le mouvement, fut
dénoncée dans l'ensemble des foyers et resta
sans grande répercussion. Au contraire, de nouveaux
foyers rejoignaient le C.C. et se mettaient en
grève.
..... Un nouveau meeting sera
organisé à la Mutualité le 2 Avril une
fête le 11 Juin à Champigny , des moments de
chaleureuse solidarité de classe, mais sans
portée politique ni directives particulières.
La politique de
l'U.C.F.M.L.
..... Elle sera
caractérisée tout au long de cette
période par trois points:
....--I) Le SOUTIEN AU
C.C.
..... Malgré les
rapports très difficiles avec le C.C., les attaques
mensongères de certains de ses membres, malgré
le fait que certaines orientations politiques du mouvement
nous semblaient erronées, nous avons toujours
maintenu une ferme position de soutien aux résidents.
au C.C., à ses initiatives centrales. Depuis
Août 76, la direction exercée par une tendance
particulière du mouvement (que nous appelions la
tendance " immigrés-immigrés" ) nous semblait
dangereuse à long terme. Interdire la politique dans
les foyers, refuser de débattre de l'articulation du
mouvement des foyers avec le reste de la lutte de classes en
France, en particulier aux débats politiques que
suscitaient en France les élections municipales de
77, puis les législatives de 78, interdire un
véritable débat sur l'Etat et le P.C.F.,
était une voie qui ne préparait pas à
faire face à de futures attaques violentes de
l'Etat.
..... Les attaques
perpétuelles contre les organisations en France, sans
faire de distinction entre le P.C.F. et les organisations
politiques qui soutenaient le mouvement, ne pas travailler
concrètement à l'unité
français-immigrés, isolaient en fait les
résidents et le mouvement.
..... Affirmer parmi les masses
de résidents (bien entendu ni aux journalistes, ni
aux gens "éclairés" ) que les résidents
les immigrés " ne font pas de politique", qu'ils
"réclament leurs droits" les désarmaient face
aux futures problèmes politiques auxquels Ils vont
devoir se confronter.
..... Limiter les mobilisations
à des mobilisations qui ne prenaient pour objectifs
que les jugements des différents tribunaux
contribuait à développer de fortes illusions
sur la justice française.
..... Toutes ces orientations
politiques erronées affaiblissaient le mouvement et
ne préparaient pas les résidents aux futures
attaques violentes qu'allaient développer la
Sonacotra et l'Etat.
..... Nous faisions
déjà l'analyse que si les attaques de la
Sonacotra et de 1'État n'étaient pas plus
violentes, qu'elles se limitaient principalement au terrain
juridique, c'est que la conjoncture était devenue
celle des élections. " Attaques, certes, mais sans
trop faire de bruit" devrait être l'orientation de
l'Etat, qui n'oubliait pas que la manifestation d'Avril 76
eut un grand retentissement dans l'opinion publique (la plus
importante avec celle de novembre 78 après les
élections), et que l'unité syndicale dont il
avait besoin pour briser la grève avait
été rompue; la C.F.D.T. soutenant la
manifestation d'Avril 76. Mais les élections
passées, l'Etat se retournera avec force contre les
résidents.
..... Malgré ces
contradictions, ces points de faiblesse, le mouvement
était un authentique mouvement de classe. Il
était objectivement opposé à la
société impérialiste française,
antagonique aux forces politiques bourgeoises et
parlementaires. Malgré certaines divergences que nous
avions avec les orientations politiques choisies par la
direction du C.C., nous avons largement contribué au
soutien de ses initiatives et participé aux
comités de soutien.
....--2) L'U.C.F.M.L.
POURSUIT SA POLIT[QUE D'ORGANISATION DU CAMP DU PEUPLE
autour du mouvement, en particulier par le soutien au
développement des C.P.A.C. qui systématisaient
les points de vue juste des révoltes populaires dans
un "programme révolutionnaire du peuple". Face au
programme commun, ce programme mettra en évidence
l'importante question de l'"égalité des droits
entre français et immigrés", et celle de
l'unité du prolétariat international de
France.
....--3) UNE TENTATIVE DE
POLITIQUE OUVRIÈRE ET POPULAIRE SUR LA QUESTION DES
SAISIE-ARRETS SUR SALAIRE DANS L'ESPACE DE L'USINE.
..... La Sonacotra
élargit l'espace de la lutte. Par
l'intermédiaire de la justice, elle fait alliance
avec les patrons d'usines. Le front s'étend, il
inclut désormais et les foyers et les usines.
..... Nous tentons alors de
porter le débat dans les usines, de porter les mots
d'ordre "non aux saisie-arrêts" et "victoire pour les
résidents". Plusieurs tracts sont distribués
dans des usines où travaillent de nombreux
résidents: Simca, Citroën. ...Mais cette
politique aura du mal à prendre racine
réellement dans l'usine et à remporter des
victoires.
..... En fait freinée
d'une part par le manque de coopération du C.C. qui
considérait qu'il n'avait rien à faire sur les
usines, que c'était l'affaire des syndicats, et
d'autre part par l'embrigadement des ouvriers
français dans le programme commun, la politique de
l'U.C.F.M.L. manqua d'initiatives et de force. Elle
contribua simplement à populariser plus largement la
lutte, à faire pièce aux manoeuvres de la
C.G.T. qui se répandait en calomnies: "c'est normal
qu'il y ait des saisies, tout le monde doit payer un loyer".
Elle découragea un certain nombre de patrons à
s'engager avec trop de "zèle" dans une collaboration
avec la Sonacotra: certains préfèreront rester
sur une position neutraliste, peu soucieux de voir le
terrain de l'usine devenir un lieu de débat sur ce
grand mouvement politique. Ce fut le cas en particulier
à Géo à la suite du travail du C.P.A.C.
d'Ivry.
..... Mais dans la
réalité, le problème des
saisies-arrêts sur salaire ne fut jamais politiquement
réglé et restera comme une épine dans
le mouvement des foyers.
..... * A la veille de
l'été 77, la situation peut apparaître
assez bonne pour le mouvement et le C.C.: 13 foyers ont tenu
pendant l'été 76 et ont réussi à
rallier de nouveaux foyers à la grève durant
le printemps 77. 16 des délégués
expulsés sont revenus en France et peuvent y
demeurer. Les négociations entre la CGT, la CFDT, FO
et la Sonacotra restent sans suites dans les foyers. Les
saisies-arrêts sur salaire n'ont jamais
été accordées à la Sonacotra que
pour 5 foyers. De plus, pour certains foyers, l'argent est
bloqué par le tribunal. La Sonacotra ne pourra pas le
toucher avant que le jugement sur le fond, celui pour "
pratique de prix illicites " ne soit rendu. Il faut
remarquer aussi que les résidents changeant souvent
de travail, il est très difficile au tribunal
d'appliquer la décision de saisie.
..... Ces réussites sont
à mettre au crédit du C.C. et à la
ténacité de la masse des résidents, de
sa volonté de se battre. Mais certains aspects
négatifs (ceux relevés plus haut) des choix
politiques stratégiques du courant le plus important
du C.C., celui représenté par le comité
de résident de St-Denis (voir dans les
documents la lettre
ouverte au C.R. de R. Rolland) en alliance avec ceux qui se
servaient du mouvement comme tremplin syndical (Champigny)
vont se révéler par la suite de plus en plus
néfastes. Ils contribueront à désarmer
politiquement les résidents face aux attaques
violentes de l'Etat.
- II -
Été 77
à Juillet 78: les mesures Stoléru, une
tentative d'encerclement du mouvement.
..... Cette période
va être caractérisée par les mesures
Stoléru. Le secrétariat d'Etat à
l'immigration prend trois décisions:
...-plus aucune
délivrance de nouvelles cartes de séjour et de
travail.
...-tentative de faire repartir
avec le fameux " million " de centimes les ouvriers
immigrés qui ont travaillé en France depuis
plus de 5 ans.
...-interdiction de
l'immigration familiale. Cette troisième mesure sera
transformée en une interdiction pour la femme et les
enfants rejoignant leur mari et père de travailler en
France.
..... Ces décisions font
partie en fait d'un vaste plan gouvernemental pour relancer
un racisme d'Etat, encercler le mouvement des foyers et
attaquer dès maintenant et directement la fraction
immigrée du prolétariat qui depuis 71 avait
largement contribué à la lutte des classes en
France. Cette politique fut accompagnée d'une intense
propagande à la télévision, à la
radio qui associait les thèmes du chômage
à celui de l'immigration, du "million" à 1'"
aide " pour les immigrés...
..... Immédiatement, le
racisme civil se redéploya dans toute la France; les
résidents des foyers sont les premières
victimes. Le C.C. relève dans son journal No 3 d'Oct
77:
-------------------------------------------
..Mois d'octobre 1977
:
..... * Paris: le Comité
de coordination reçoit une lettre de menaces, suivie
immédiatement par une alerte à la bombe (23
octobre).
..... * Argenteuil: un
résident est agressé à 5 h du matin par
un commando de cinq personnes: fractures du bras (12
octobre).
..... * Saint.Denis : des coups
de feu sont tirés sur les carreaux de la salle de
télévision remplie de résidents.
..Mois de novembre 1977
:
..... * Strasbourg: le foyer
Sonacotra de la Meinau est plastiqué. Alerte à
la bombe dans un autre foyer de travailleurs immigrés
à côté.
..... * Noisiel: le
gérant fracture le coude d'un
délégué avec un manche à
balai.
..... * Gennevilliers: le
gérant raciste Pasquier agresse un résident
qui voulait utiliser le téléphone du foyer
pour une urgence.
..... * Dans le Var: un foyer
Sonacotra est plastiqué.
..Mois de décembre
1977
..... * Bagnolet: Un
résident est trouvé pendu au sous-sol. Deux
jours plus tard, le gérant annonce une alerte
à la bombe, la police refuse pendant trois heures de
faire des vérifications.
..... * Chilly-Mazarin : deux
inconnus mettent le feu a la chaufferie du foyer qui reste
hors d'usage à ce jour .
..... * Bobigny: un
résident est repêché dans le canal.
..... * Ste-Geneviève :
un délégué est agressé à
23 h sur le chemin du foyer après avoir reçu
deux lettres de menaces anonymes.
..Mois de janvier
1978
..... * Nice: soixante coups de
fusil sont tirés contre un foyer Sonacotra:
..... * Montois-la.Montagne :
un engin placé sous une voiture explose devant le
foyer dont les vitres sont brisées.
--------------------------
..... Mais les
conséquences des mesures Stoléru se mesurent
aussi sur le plan des tracasseries administratives pour
faire renouveler les cartes, sur le plan des contrôles
incessants de police dans le métro, sur le plan des
descentes de flics pour vérification
d'identité. Les refoulements et expulsions de France
vont se multiplier...
..... * Le mouvement des foyers
va se trouver ainsi face à de nouvelles attaques;
mais des attaques qui dépassent le seul terrain des
foyers. C'est non seulement l'ensemble de l'immigration qui
est visée, mais la constitution en France d'un
véritable camp raciste en accord politique avec
l'Etat. Les futures lois Bonnet-Barre-Stoléru sont en
préparation.
..... * Face à cette
nouvelle situation, le C.C. va dans un premier temps
chercher à développer son mouvement sur les
bases de la phase précédente. Il va tenter
d'esquiver les nouveaux problèmes. Pendant tout le
mois de Juillet 77, puis le mois d'Août, le C.C. va
rayonner dans toute la France, prenant des contacts avec de
nombreux foyers, déclenchant des grèves (la
Sonacotra avait de nouveau augmenté les loyers de 6%
en Juillet 77). Une trentaine de foyers de la région
parisienne et du reste de la France rejoignent le mouvement.
Il y a bien une tentative de la C.G.T. de mettre en place un
second comité de Coordination, fantoche, à sa
solde, en s'appuyant sur 6 foyers de l'Ouest parisien en
grève uniquement sur l'augmentation de 6%. Mais cette
tentative échoue, cinq de ces foyers rejoignent le
C.C.
..... Mais en fait, la
situation politique est contradictoire. D'un
côté, il y a élargissement de la
grève, de l'autre affaiblissement:
..... -En effet, les
grèves dans les nouveaux foyers sont
précaires. Souvent ces foyers ne sont que
partiellement en grève. Certains l'arrêtent
puis la reprennent... La situation de masse reste assez
confuse dans la mesure où des manifestations de masse
ne viennent pas réaffirmer une véritable
mobilisation, un véritable rapport de force face
à la SONACOTRA. De plus, la cohérence de la
grève autour de la plate-forme n'est pas toujours
claire. Dans certains foyers, les résidents affirment
n'être en lutte que sur une partie de la plate-forme,
se permettent même de supprimer certains points comme
le statut de locataire et le remplacement des gérants
par de concierges. Une telle plate-forme amputée a
même été reproduite à des
milliers d'exemplaires. La masse des résidents n'est
pas véritablement unie sur la plate-forme.
..... -De plus le C.C. laisse
de côté une série de problèmes
qui touchent les résidents des foyers: les
impôts locaux dont le non-paiement se termine par des
saisie-arrêts, les chambres vides que les
gérants refusent d'attribuer à des ouvriers
sans logement; il y a de plus en plus de "dépanneurs"
comme disent les résidents, c'est-à-dire des
non-titulaires qui occupent la chambre d'un ami parti en
vacances ou définitivement... Les commissariats
créent des problèmes pour le renouvellement
des cartes ( circulaires des préfets de l'Essone et
des Hauts de Seine).
..... Le C.C. ne trouvera pas
d'initiatives politiques spécifiques centrales sur la
plate-forme des foyers, contre la Sonacotra. Certes le C.C.
appellera à la manifestation du 19 Nov. 77. Il en
sera même l'agent unificateur sans en être pour
autant le promoteur. Mais ce sera une manifestation globale
sur les mesures Stoléru où les
résidents seront une force importante, mais une force
parmi d'autres. A vrai dire si la manifestation du 19
Novembre peut être considérée comme le
point de départ du combat contre les mesures
Stoléru, elle ne peut être
considérée comme une réplique
adéquate du C.C. sur les questions internes aux
foyers. D'ailleurs cette manifestation restera quasiment
sans suite dans les foyers. Il n'y aura pratiquement aucun
débats internes sur la nouvelle conjoncture, sur les
moyens d'y faire face. Seul le terrain juridique est
investi. Les comités de soutien se développent
en nombre mais vivotent politiquement. Il y aura bien les
meetings contre les attentats racistes à Massy le 1er
Avril 78, à St-Denis de 22 Avril, à Ivry le
30, mais ils n'auront qu'un impact local sans grand
retentissement.
..... Le C.C. appellera
à la manifestation syndicale du 1er Mai mais ne
réussira qu'à être un groupe de
propagande. Il y aura une fête à Chelles les 10
et 11 Juin 78, mais seul l'aspect culturel sera
présent.
..... A vrai dire, le mouvement
connaît là une période d'extension
géographique de la grève et d'affaiblissement
interne de son unité et de son dynamisme.
La politique de
"U.C.F.M.L.:
..... Nous prenons
très au sérieux les mesures Stoléru en
les analysant comme le début d'une contre-attaque
générale contre les immigrés en France,
et pour la constitution d'un camp raciste
pro-impérialiste. Dès Juillet, l'U.C.F. engage
de nombreuses campagnes de propagande pour dénoncer
ces mesures et les pratiques arbitraires de l'administration
qui s'y rattachent. Dès Septembre, elle lance la
directive d'une manifestation centrale à Paris. Pour
nous, le mouvement des foyers doit avoir une place centrale
dans le combat contre les mesures Stoléru, mais ne
peut être la seule force qui s'y affronte. Il faut
unifier tout ce qui peut l' être contre les attentats
racistes, les expulsions et refoulements, contre les
pratiques arbitraires de l'Etat, les contrôles de
police.
..... Il faut unifier tous ceux
qui, français ou immigrés, résidents de
foyers ou non, sont pour l'égalité des droits
et veulent se battre contre l'Etat en toute
indépendance vis à vis du P.C.F. et des
syndicats.
..... C'est pourquoi
l'U.C.F.M.L. appelle à ce que constituent des
PERMANENCES ANTI-EXPULSION, qui acquièrent une
autonomie et deviendront une organisation nationale
où s'organise l'unité
français-immigrés.
..... Pendant toute cette
période, l'U.C.F.M.L. et les C.P. A.C. vont engager
des campagnes et des batailles politiques, la plupart du
temps sur leurs propres forces ou en unité avec les
P.A.E.:
..... -ce fut la manifestation
contre l'intervention française au Sahara Occidental
le 31 Janvier 78, manifestation interdite qui sera
organisée clandestinement.
..... -ce fut la bataille
politique contre l'expulsion d'un ancien
délégué de la grève de 74 au
foyer des Grésillons à Gennevilliers.
Procès qui le 2 Février opposait Pasquier, le
gérant fasciste notoirement connu à l'un des
anciens grévistes. Le C.C. refusa de participer
à cette bataille qui fut d'ailleurs victorieuse.
..... -ce fut la bataille
politique à Martigues contre les cafés
racistes, à Paris 11ème pour chasser le PFN et
ses attaques racistes et fascistes (3 morts et 60
blessés au foyer AFTAM de la rue Sedaine) -bataille
victorieuse.
..... -ce fut la manifestation
à Marseille contre la prison clandestine d'Arenc. Les
mobilisations contre les expulsions d'ouvriers
immigrés, à Paris, en banlieue ou en province
en particulier dans la région de Marseille, à
Dijon, à Carcassonne...
..... -ce fut le manifestation
clandestine contre l'intervention française au
Zaïre et contre la propagande raciste qui lui
était liée.
..... -ce fut la mobilisation
pour organiser la vigilance anti-fasciste et anti-raciste
dans les foyers, dans les quartiers immigrés,
à la sortie des grosses usines comme Renault ou
Citroën, pour se protéger contre
d'éventuelles descentes de fascistes, le soir du
meeting PFN à Paris le 27 Juin...
..... L'U.C.F.M.L et les
C.P.A.C. développent ainsi une très intense
travail de mobilisation et d'organisation des
français et des immigrés contre la politique
raciste et impérialiste de l'Etat. A chaque fois,
l'U.C.F.M.L. a cherché à unifier les plus
importantes forces possibles dans ces batailles. Fort peu
ont répondu. Le C.C. jamais.
..... Ainsi, cette
période se déroule pour l'U.C.F.M.L. comme un
large redéploiement de sa politique dans le champ
ouvert par les mesures Stoléru, ce qu'elle appellera
le front de classe de l'unité
français-immigrés ou de
l'égalité des droits. Mais ce fut une
période où tout en conservant son soutien au
C.C. et en participant aux comités de soutien, il y
eut fort peu de relations politiques avec le mouvement des
foyers.
3ème PARTIE: JUILLET 78
-DECEMBRE 79
..... .....
* Les attaques
violentes de l'Etat: les expulsions de
foyers
..... .....
* De nouvelles
interventions du P.C.F. pour briser le
mouvement
..... .....
* Le C.C. se limite
aux mobilisations démocratiques de
protestation
..... .....
.appuyant des
échéances juridiques.
|
- I -
Juillet 78
-Décembre 78: force et faiblesse d'une
résistance
sur le terrain démocratique
et juridique.
..... Sortie victorieuse des
élections législatives de 78, l'ancienne
bourgeoisie, celle qui détient le pouvoir d'Etat, va
se retourner avec détermination contre les
résidents des foyers. Finie l'époque des
seules tentatives de pourrissement et de harcèlement
par gérants interposés qui n'ont pu venir
à bout du mouvement. Finie l'époque de
l'embourbement dans les seules saisie-arrêt qui par
les coupes sombres qu'elles provoquaient sur le revenu d'un
nombre croissant de résidents affaiblissaient la
force du mouvement, mais ne décourageaient pas les
résidents à continuer la grève.
..... L'Etat, la Sonacotra
voire le P.C.F. doivent passer à une autre politique.
Une nouvelle période d'affrontements directs va alors
s'ouvrir.
..... Fin juin Stoléru
menace: "Avant la fin de l'été, cette
grève sera finie". L'Etat, la Sonacotra et les autres
sociétés gestionnaires vont alors
définir un plan précis. D'un côté
organiser avec les syndicats, au sein de la commission
Delmont, de nouvelles dispositions quant à la gestion
des foyers. Ce sera la mise en place de l'A.T.L. (Aide
Transitoire au Logement), puis de l' A.P.L. (Aide
Personnalisée au Logement), ainsi que des contrats de
résidences. L'ensemble formant le futur projet de loi
d'Ornano de 79. D'un autre côté, tout en
augmentant les loyers de 6,5%, ils vont tenter de nouvelles
négociations foyers par foyers. Enfin, ils vont
intenter des procès aux principaux
délégués pour les expulser des foyers.
Cette politique sera mise en oeuvre dès Juillet 78.
Le 25 Juillet un premier verdict tombe: le tribunal de Metz
a ordonné l'expulsion de 9 résidents du foyer
de Woippy pour le 15 Août.
..... * Le C.C. réagit
immédiatement. Il organise une manifestation à
Barbès le 8 Juillet. Il appelle à la
vigilance. Pendant tout l'été, seront
organisées de très nombreuses mobilisations
contre les expulsions, à la porte des tribunaux. A ce
moment là, le mouvement connaît une extension
géographique encore plus importante que pendant
l'été 77; à peu près 50 foyers
sont en grève. Un très grand nombre dans l'Est
de la France. C'est d'ailleurs dans cette région
qu'auront lieu les plus forts regroupements. Manifestation
de 12 Août à Metz (1200 personnes) -meeting le
23 septembre au théatre municipal de Thionville (2000
personnes) -de nouveau une manifestation à Metz le 28
Octobre (2500 personnes).
..... Mais cette relance du
mouvement, cette réplique aux assignations devant les
tribunaux se déroulent sur la même base
politique que dans la période Août 76-Juillet
77. Procès, appel à la mobilisation,
manifestation avec une présence massive de
résidents; mais pratiquement aucuns débats
politiques internes; les mêmes points de vue sur la
non-participation des immigrés à la politique;
pas des directives précises lorsque les expulsions
ont lieu, pas de directives précises par rapport aux
autres problèmes internes aux foyers. Un exemple
frappant: au cours d'une manifestation locale, une banderole
du foyer de Colombes-4 portes affirmait: "tous les hommes
sont égaux par nature et devant la loi".
..... Il y a eut pourtant un
certain nombre de tentatives du C.C. pour cerner la nouvelle
situation politique, analyser quelles nouvelles alliances
étaient possibles, comment trouver les moyens de
répondre politiquement, français et
immigrés, aux nouvelles attaques. Le C.C. rencontra
14 organisations politiques et syndicales, il lança
l'appel à la manifestation nationale du 18 Novembre
78. 20 000 personnes y ont participé. Mais ce fut
sans suites.
..... La pesanteur du courant
"immigrés-immigrés" était trop forte;
ce courant était en train logiquement de se
transformer en un courant jusqu'au-boutiste. ne
réfléchissant plus les points de force et de
faiblesse du mouvement des foyers (sur la base de sa
plate-forme) pour définir une politique. Il
s'affirmait de plus en plus comme l'organisation des
immigrés, et non plus comme la direction d'un
mouvement spécifique de grève; certains
pensant même négocier une place dans l'appareil
C.F.D.T. (Champigny).
..... Et, lorsqu'en Janvier 79,
la direction du C.C. rencontrera secrètement le
secrétariat à l'immigration, ce sera à
nouveau l'échec et la rupture devant le
jusqu'au-boutisme du courant "
immigrés-immigrés" du C.C. et l'intransigeance
de la Sonacotra.
..... * L'Etat s'embourbait
avec des tribunaux d'instance qui donnaient parfois raison
aux résidents. Il attaqua alors directement devant
les tribunaux de grande instance, en assignant un grand
nombre de résidents, en cherchant à les
expulser en masse de leur logement, à leur faire
payer les arriérés à l'aide de saisies.
Il reprit en main son appareil judiciaire et les
décisions d'expulsion commencèrent à
tomber. Cela commença par l'Est de la France, en
grande effervescence, mais peu solide politiquement.
..... En Mars, la Sonacotra
propose des négociations pour l'Est, la Lorraine et
l'Alsace. Les camarades de Lorraine posent en
préalable à toute discussion le retour des
résidents expulsés de Woippy: la discussion
tourne court... La Sonacotra tente alors de négocier
à Strasbourg: le marché est simple, pas
d'expulsion d'un côté; en contrepartie il est
proposé un nouveau contrat d'hébergement aux
résidents. Les résidents ont jusqu'au 9 Avril
pour répondre... Mardi 10 Avril, à 6 heures,
les flics se chargent de 152 expulsions sur 3 foyers:
Meinau, Koenigshoffen et Bischeim. Les affaires de chaque
chambre sont mises pêle-mêle dans un sac
poubelle. Ces sacs s'accumulent alors dans la cour pour
être chargés sur un semi-remorque, direction le
garde-meuble. Les résidents se rassemblent,
résistent, protestent. Mais ils ne trouveront pas
d'issues politique.
..... Ce fut la première
expulsion massive de foyer. D'autres suivirent avec à
la clef parfois la fermeture totale du foyer. Certains sous
la pression acceptaient de signer des accords locaux avec la
Sonacotra, souvent aidée par le P.C.F. et la C.G.T.
Le mouvement ne trouvera pas de riposte aux expulsions
massives de foyers, qui vont le disloquer. Le C.C. ne saura
pas ou ne voudra pas infléchir sa politique pour y
faire face.
..... .* L'U.C.F.M.L. poursuit
de son côté sa propre politique:
..... -Apporter tout le soutien
politique et matériel possible dans le mesure
où il existe un minimum de collaboration
concrète avec les comités de résidents
et le C.C. Programme difficile dans la mesure où le
C.C. n'organise de réunions ni avec les
résidents ni avec les organisations politiques pour
leur parler de la situation. Le fait d'ailleurs qu'il n'y
ait aucune réunion avec les organisations politiques
n'est pas une chose positive, mais le fait qu'il n'y en ait
pas avec les résidents va se révéler
dans de nombreux endroits comme absolument dramatique. Le
manque de confiance dans les masses du C.C. sera une des
raisons de sa disparition.
..... -Poursuivre les
très nombreuses campagnes politiques contre les
projets de loi Barre-Bonnet-Stoléru, les batailles
contre les attentats racistes, les expulsions... pour
l'unité français-immigrés. Toutes ces
campagnes culmineront par l'appelle 16 Juin 79 à
manifester de Barbès à l'assemblée
nationale. Ce sera la seule grande manifestation de masse
appelée avec les C.P.A.C., les C.P.R.O.P.V.,
l'O.C.F.M.L., les P.A.E., l'U.E.G. et l'U.N.E.E.C.I. qui
aura une véritable dynamique de masse contre l'Etat.
Les mots d'ordre "A bas les lois de rafle, d'expulsion,
d'internement ! -Renouvellement sans condition des cartes de
séjour et de travail ! -Régularisation
immédiate des immigrés sans papiers ! -vive la
lutte des résidents des foyers, avec à sa
tête le C.C. ! -Français-immigrés, une
seule classe ouvrière, égalité des
droits ! " furent repris par environ 2000 personnes.
..... C'était la seule
manifestation à articuler le mouvement des foyers et
la reconnaissance du C.C. à la lutte contre les lois
racistes. Les autres, celles qui la suivirent feront
pâle figure réactionnaire. Celle de la CFDT ne
rassemblera que 1200 personnes sans aucune conviction
politique, sans référence au mouvement des
foyers et au C.C. Celle de la CGT fut franchement
réactionnaire autour du thème de la
défense des libertés et du renforcement de la
CGT . Celle du M.R.A.P. ...silencieuse !
..... L'intense travail
politique réalisé par l'U.C.F.M.L. contre les
lois, l'ensemble des batailles politiques qu'elle aura
mené sur ce front de la lutte des classes sera une
arrière politique pour le "sursaut de Garges".
- II -
Garges et les expulsions
de foyers
..... * Les expulsions
massives et la fermeture du foyer de Garges marquent un
tournant. A partir de cette date, le 22 Juin, les foyers de
la région parisienne vont être touchés
les uns après les autres. Un des bastions de la
grève, un des 12 foyers qui est en grève
depuis 75 est attaqué violemment. Il est
fermé.
..... Avec une remarquable
ténacité, une formidable dignité, les
résidents vont résister aux C.R.S. Les 1000
C.R.S. et gardes mobiles devront rester pendant 12 jours
devant le foyer pour empêcher qu'il soit
réoccupé. Jours et nuits, les résidents
vont camper face à l'Etat et à la Sonacotra,
restant unis autour du comité des résidents et
du C.C., scandant des mots d'ordre, résistant.
..... Immédiatement,
l'U.C.F.M.L. appelle dans tous les lieux de masse sur
lesquels elle intervient régulièrement,
à venir soutenir les résidents dans leur
rassemblement permanent sur le terre-plein derrière
le foyer. Deux manifestations seront immédiatement
organisées à Garges même, le samedi et
le dimanche dans les cités pour expliquer la
situation, organiser le soutien des français et des
immigrés.
..... Un formidable effort de
soutien logistique, matériel et politique sera
développé par l'U.C.F.M.L. comme d'autres
organisations.
..... Le dimanche 1er Juillet,
elle appellera avec les P.A.E. et l'O.C.F.M.L.-Drapeau Rouge
à une longue marche de St- Denis à Garges pour
venir soutenir les résidents et le C.C. Le P.C.R.,
l'H.R. et L.O. rallièrent l'initiative le dimanche.
1000 manifestants arriveront en cortège au camp de
Garges.
..... * De leur
côté, le P.C.F. et la C.G.T. essayaient
d'entraîner encore les résidents dans leur
propre négociation, tentaient une nouvelle fois de
les diviser, de les affaiblir. Mais rien n'y fit. Les
résidents se sont repliés en ordre face au
foyer, où ils campent, unis et
déterminés. Ils exigent au préalable la
réintégration de tous les résidents et
ensuite la possibilité d'ouvrir des
négociations sur la base globale de la plate-forme du
C.C. Mais la force et l'unité des seuls
résidents de Garges ne pouvaient suffire. Il fallait
un sursaut d'ensemble.
..... Le rassemblement de
Garges, ce point de force qui s'appuyait sur une longue
histoire, sur une grande détermination, était
suffisant pour empêcher la débâcle, mais
pas assez pour relancer l'offensive et occuper le foyer.
L'Etat le comprit; il retira ses "troupes d'occupation". Les
syndicats arrivèrent alors; pas tous, simplement les
sections C.F.D.T. "( gauchisantes" ; ils arrivèrent
avec la bénédiction des syndicalistes du C.C.
(le courant " de Champigny ". Ils organisèrent
à Garges un rassemblement le 7 Juillet, sur quoi ? Et
bien sur les lois racistes. Oui ! Alors que les
résidents cherchaient une issue pour résister
aux expulsions de foyers, pour empêcher de nouvelles
saisies dans d'autres foyers, pour réintégrer
ce foyer de Garges, les syndicalistes en alliance avec une
fraction du C.C. changeaient de " terrain " et intervenaient
sur le thème des lois. Aucune directive
précise, aucune issue par rapport aux expulsions,
aucune réponse aux questions que se posaient les
résidents et les gens venus en soutien. Et ce fut la
dérive... Face aux expulsions de foyer, le C.C. se
révélait incapable de diriger une politique de
riposte dont la tâche essentielle était
d'enrayer ces expulsions car il faut bien comprendre qu'une
fois les résidents expulsés, ils
n'étaient plus rien en terme de force sans parler des
questions dramatiques que cela posait pour leur logement et
leur vie quotidienne. Garges l'a bien montré.
..... * Par contre, les
maoistes de l'U.C.F.M.L. porta toute son énergie dans
les batailles politiques réelles contre les
expulsions de foyer, en particulier Aulnay, Gennevilliers,
Reims, contre l'expulsion de France du
délégué d'Ivry Konaté, ..., en
mobilisant toutes ses forces.
..... Dans tous ces foyers, il
y eut des expulsions massives, des résidents
jetés à la rue... Et les syndicalistes
organisaient un nouveau rassemblement à Garges fin
Septembre sur les lois. Animation culturelle et discours
stériles ont fait office de ligne politique et
d'orientations concrètes face à la situation.
Ce fut le premier rassemblement du C.C. que les
maoïstes ne soutirent pas.
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