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LES NOUVELLES STRUCTURES DU P.C.M.L.F. ET LA LUTTE ENTRE DEUX LIGNES ..... Après le 12 juin 1968, les multiples groupes trotskistes constituèrent un courant légaliste, les groupes gauchistes et proclamés " maoïstes " participèrent au courant spontanéiste. ..... Les principales sectes se réclamant de l'adversaire de Lénine, Trotski, concernées par le décret d'interdiction, la " J.C.R. " dirigée par Krivine et le " P.C.I. " réapparurent sous une forme " légale " au printemps 1969, la " Ligue communiste ", et lancèrent leur organe " Rouge ". ..... La vieille fraction trotskiste " Lutte de classes " qui s'était regroupée dans la " Voix ouvrière " avant le 12 juin 1968, réapparut, elle aussi, sous le sigle " Lutte ouvrière ". ..... La secte animée par les " lambertistes " (Fédération des Etudiants révolutionnaires) refit surface avec " l'Alliance des Jeunes pour le Socialisme ", et finit par obtenir du pouvoir bourgeois la levée de l'interdiction qui l'avait frappée par erreur au moment de la répression. On sait les accointances de ce groupe avec les partis " de gauche ", notamment avec le Parti socialiste. ..... Mais ce qui nous intéresse davantage, parce que non sans influence sur le développement du P.C.M.L.F. lui-même, c'est ce que devinrent les résidus de l'ex-U.J.C. (m.-l.). Nous avons montré qu'à l'issue de la crise qui détruisit complètement cette formation nombre de ses anciens militants aspiraient à rejoindre le P C.M.L.F. Cependant, ceux qui avaient poursuivi leurs activités jusqu'à la plus extrême limite, notamment dans les rangs du " Mouvement de soutien aux luttes du peuple ", et parmi eux les principaux dirigeants, se rapprochèrent des militants spontanéistes du " Mouvement du 22 mars " également interdit. De leur fusion naquit le courant activiste qui fit tant parler de lui par la suite sous le sigle de la " Gauche prolétarienne ". Le premier numéro des " Cahiers de la gauche prolétarienne " parut en avril 1969. " La Cause du Peuple ", " journal de front populaire " avant le 12 juin 1968, devint peu après "Journal communiste révolutionnaire prolétarien" (nouvelle série), pour, après l'édition de 39 numéros, se transformer de nouveau en fusionnant avec " J'accuse " et en abandonnant tout sigle explicite, hormis le visage du président MAO, à partir du 24 mai 1971. La référence ainsi manifestée au " maoïsme " disparut définitivement à partir du n° 27 (seconde " nouvelle série ") en date du 14 septembre 1972. D'autres étudiants issus de l'U.J.C. se regroupèrent en février 1969 derrière le journal " Ligne rouge ". ..... Si l'on examine rétroactivement l'histoire des semaines et des premiers mois qui suivirent le 12 juin 1968, on se rend compte que le pouvoir bourgeois prit pour cible principale de sa répression le Parti communiste marxiste-léniniste de France. L'U.J.C. (m.-L) et ses résidus ne l'intéressèrent que de façon tout à fait occasionnelle. Dans la mesure où elle était bien informée de sa dislocation, la police laissait faire, tout en donnant sans doute quelques coups de pouce efficaces. ..... Outre l'importance accordée au jeune Parti par le ministre de l'Intérieur lui-même (se reporter au discours de Marcellin devant l'Assemblée nationale, spécialement édité chez Plon début 1969 sous le titre " L'ordre public et les groupes révolutionnaires " - série " Tribune libre "), il importe de constater l'intense activité dépensée à l'époque par les services de police en vue d'établir la nature " extrêmement dangereuse " de cette " formation subversive ". ..... En plusieurs occasions, Pompidou lui-même, dans des discours publics, fit allusion à ces dirigeants qui s'étaient déjà " réfugiés dans la clandestinité " et l'on sait aujourd'hui qu'il visait là plusieurs dirigeants du P.C.M.L.F. Une tentative de monter une affaire d'importance, avec inculpation de reconstitution de ligue dissoute, devant la Cour de sûreté de l'Etat échoua toutefois lamentablement, mais n'en fut pas moins l'occasion pour le gouvernement de maintenir emprisonné un militant de ce Parti tranféré de Marseille à Paris, Henri Blasquez, ouvrier du bâtiment, élu membre du Comité central au Congrès de Puyricard. ..... Dans de telles conditions, les responsables qui avaient charge de transformer les structures du P.C.M.L.F. mirent en place, en un temps relativement rapide, des triangles cloisonnés suivant un système qui avait fait ses preuves en d'autres circonstances. La pyramide ainsi édifiée se trouva placée sous la direction d'une direction centrale qui présenta une analyse de la situation dans un premier numéro de " L'Humanité nouvelle ". ..... Ce n° 1 de la série clandestine de l'organe central du P.C.M.L.F. sortit dès la fin d'août 1968 en exemplaires ronéotypés, et fut ensuite imprimé, semble-t-il, en offset (vers la fin septembre). Il contenait, outre quelques informations d'intérêt secondaire, une longue " Déclaration " (voir " Document ") portant sur les cinq points suivants : 1. La dissolution du P,C.M.L.F., acte illégal prouvant la faiblesse du pouvoir ; 2. La farce électorale contre la tempête révolutionnaire de mai-juin ; 3. La tactique contre-révolutionnaire des chefs révisionnistes dans les syndicats ; 4. L'agression révisionniste - fasciste contre le peuple tchécoslovaque ; 5. Dans la lutte illégale le P.C.M.L.F, grandira en s'inspirant de la pensé-maotsétoung et de la Grande Révolution culturelle. ..... L'analyse et la ligne politique ainsi présentée ne donnèrent pas lieu à lutte de lignes au sein de la direction centrale clandestine. ..... Par contre, la lutte se manifesta dès l'exposé des dispositions prises pour implanter les nouvelles structures du Parti. Il revient cependant à la vérité historique que l'autorité et le prestige de François Marty jouèrent efficacement, au niveau le plus élevé et au moins au, début, pour triompher des hésitations et incompréhensions de certains dont on pouvait ne pas discerner, alors, qu'elles traduisaient une tendance opportuniste de droite. Cette tendance légaliste était dissimulée, à ce moment-là, dans l'importance excessive accordée au mouvement spontané des masses. Ainsi les premiers exemplaires du " Travailleur ", édités sans référence au Parti, visaient-ils à établir des " liens de masse ". La puissance spontanée des manifestations de mai et juin inclinait certains à négliger, ou tout au moins sous-estimer, le caractère indispensable et décisif du rôle dirigeant d'un parti révolutionnaire prolétarien, marxiste-léniniste. ..... D'autres manifestations droitières vinrent bientôt d'anciens membres du bureau politique et du Comité central élus au Congrès de Puyricard, qui commencèrent par critiquer l'absence de réunions effectives de ces deux organismes, comme si la situation n'avait pas changé. En fait, bien plus que le juste fonctionnement centraliste démocratique du Parti, ce que souhaitaient ces militants était le lancement d'une nouvelle formation permettant d'échapper aux contraintes de l'illégalité. A cet égard il est intéressant de noter que l'un des protestataires les plus ardents n'était autre que le militant, qui s'était opposé à François Marty dans la Commission des Statuts du Congrès constitutif du Parti, sur la question du passage éventuel dans la clandestinité. ..... On peut aujourd'hui examiner la ligne alors suivie en bénéficiant du recul de l'histoire. Naturellement, le Comité central élu à Puyricard constituait l'organisme dirigeant statutaire du Parti jusqu'à la tenue du second congrès. Il eut donc été juste et précieux de pouvoir le réunir. Mais était-il possible de convoquer dans, la précipitation, sans prendre le risque de provoquer une intervention des forces répressives, sans courir l'aventure de voir arrêtés, emprisonnés et condamnés quelques dizaines de militants ? ..... S'il ne s'agissait certes pas de préserver à n'importe quel prix la sécurité des camarades élus à des fonctions dirigeantes à un moment où le Parti bénéficiait encore de possibilités d'action " légales ", il ne pouvait être question non plus d'agir de façon imprudente et sans esprit responsable. ..... Or toutes les informations parvenues aux dirigeants centraux confirmaient que les services de renseignement de l'Etat bourgeois disposaient des noms et adresses, à une ou deux erreurs près, des 31 membres du Comité central. En dehors des locaux habituellement fréquentés par les militants marxistes-léninistes, comme certaines librairies ou les sièges de certaines associations non interdites, quelle pouvait être une meilleure voie d'accès à l'organisation clandestine du Parti que la surveillance et la filature de militants connus comme membres du Comité central? ..... Les arrestations effectuées au mois de décembre 1968 prouvèrent concrètement que la police ne disposait pas jusque-là de moyens sensiblement différents. Ses fonctionnaires montèrent une fable classique, en prétendant qu'un délinquant du nom de Dubesset avait été trouvé porteur d'un carnet où figuraient des listes de prétendus membres du P.C.M.L.F. En réalité, ils avaient surtout pratiqué un "coup de drague", en interpellant un peu à l'aveuglette des gens connus pour leurs activités anciennes et donc susceptibles d'être restés " dans le coup ". Mais en dehors du document récupéré au domicile de la militante dont nous avons déjà parlé, ils n'avaient rien découvert de vraiment décisif. ..... Fallait-il, encore, prendre les risques de réunir le Comité central, sans laisser passer quelques mois de vigilance organisée ? ..... D'ores et déjà, au lendemain de l'interdiction, quelques-uns de ses membres avaient manifesté des tendances au repli, voire à l'abandon. C'est toujours ainsi en pareille circonstance. II y a des militants dont l'idéologie révolutionnaire est telle qu'ils restent à la hauteur de leur responsabilité, il y en a qui deviennent hésitants, il y en a qui craquent et abandonnent, il y en a qui finissent par trahir purement et simplement en passant au service de l'ennemi. ..... On peut assurer, quatre années après ces événements, que le Comité central issu du Congrès de Puyricard n'échappait pas à ce phénomène bien connu dans l'histoire du Mouvement communiste international, bien connu dans l'histoire de toutes les révolutions. ..... Son homogénéité d'origine ne résistait pas aux premiers coups de la répression. Aussi peut-on porter un jugement historique sur le fait que les dirigeants centraux n'acceptèrent pas la pressante sollicitation de certains, pour qui la réunion du Comité central aurait concrétisé le respect des principes statutaires et du centralisme démocratique du Parti rejeté par la bourgeoisie dans la clandestinité. ..... En s'opposant à eux, François Marty et ceux qui se rangeaient à son point de vue évitèrent sans nul doute la destruction immédiate du Parti, préservèrent les conditions de son développement ultérieur et firent ainsi preuve d'un esprit de responsabilité à la hauteur des circonstances. ..... Après la scission de la fraction opportuniste de droite en février 1970, ses instigateurs autoproclamés comme nous le verrons plus loin " Bureau politique majoritaire " prirent l'initiative de convoquer une assemblée générale du Comité central dans une localité de l'Ouest de la France. Or, dès les jours précédents, celui prévu pour la réunion décidée, ce lieu fixé par eux, et communiqué de façon vraiment irresponsable à nombre d'autres à travers toute la France, se trouva sous surveillance des forces de répression. Ils eurent tout juste le temps d'annuler cette initiative pour le moins imprudente, et durent renoncer définitivement à leur dessein. ..... Au demeurant, la majorité absolue des militants convoqués, alertés par la direction légitime du Parti, étaient bien décidés à ne pas répondre à cette convocation fractionniste et frauduleuse et la tenaient pour une véritable provocation policière. ..... Ainsi donc, dès le passage du P.C.M.L.F. dans l'illégalité, la question de réunir son Comité central comme s'il eut continué à bénéficier des conditions de liberté qu'il avait eues antérieurement, fut l'occasion d'un affrontement sévère entre deux lignes opposées, entre deux idéologies reflétant les positions contraires des deux classes fondamentales de notre société, le prolétariat et la bourgeoisie. ..... En définitive, la juste ligne triompha lorsque la majorité absolue du Comité central élu au Congrès de Puyricard fut en mesure de déléguer ses pouvoirs, sans nulle violation des statuts et compte tenu de la situation différente intervenue, à un nouveau Comité central clandestin considéré comme provisoire jusqu'au deuxième Congrès. NOUVELLES LUTTES DE LIGNES A L'OCCASION DE L'APPARITION D'UNE PRESSE MARXISTE-LENINISTE ..... A notre connaissance, il n'existe pas de document émanant de la direction centrale du P.C.M.L.F. permettant d'affirmer que la presse marxiste-léniniste apparue après le 12 juin 1968 en différentes régions de France vit le jour pour permettre l'expression de la ligne idéologique et politique du jeune Parti sous des formes publiques et non clandestines. ..... Mais un fait est certain : l'orientation générale de plusieurs de ces périodiques régionaux correspondit globalement à la ligne défendue par le Parti. ..... Au surplus, certains rapports de police annexés aux dossiers de militants poursuivis devant la Cour de sûreté de l'Etat firent état du cloisonnement existant entre les militants assumant ces publications et les diffusant, et les militants s'occupant exclusivement du travail clandestin du P.C.M.L.F. ..... II est donc possible de supposer que le P.C.M.L.F. s'efforça de profiter des possibilités subsistant dans le domaine de la presse pour continuer la popularisation des idées du marxisme-léninisme et de la pensée-maotsétoung, même si aucun fait concret ne permet de l'affirmer. ..... Le premier périodique apparu fut diffusé à Marseille et dans plusieurs départements du Sud-Est et porta pour titre " La Provence rouge ". Du 19 septembre 1968 au 24 avril 1969, il publia 32 numéros hebdomadaires. ..... Parmi les autres journaux nés en province, il est difficile d'effectuer un recensement complet. Certains n'eurent qu'une périodicité relative et ne parurent qu'irrégulièrement. D'autres n'eurent qu'une existence assez éphémère. Pour mémoire on peut citer : " La Touraine rouge ", " Combat ouvrier " (Nord et Pas-deCalais), " Le Maine rouge ", " La Jeune Garde " (Versailles), " Front uni " (Rhônes-Alpes). ..... " Le Travailleur "., qu'avait publié individuellement l'un des militants déjà concerné ne fut suivi que de 2 ou 3 numéros et disparut jusqu'aux événements de 1970. ..... Toujours est-il que le 20 février 1969 parut le premier numéro de " L'Humanité rouge ", tandis que plusieurs des feuilles régionales que nous venons de citer disparaissaient et appelaient du même coup leurs lecteurs à se reporter au nouvel hebdomadaire édité à Paris.
..... Si nous ignorons totalement les rapports exacts entre l'Humanité rouge et le P.C.M.L.F., et ne pouvons donc analyser les éventuelles luttes de lignes surgies à leur sujet, il semble assez facile de constater que ce journal fit l'objet de luttes acharnées depuis sa parution première et constitua l'enjeu d'un affrontement sévère entre opportunistes et marxistes-léninistes, les premiers réussissant à l'emporter pendant certaines périodes. Pour s'en rendre compte, il suffit d'étudier la collection complète de " L'Humanité rouge ", comme les différentes brochures éditées sous son sigle. ..... II est clair en effet que cette tribune se réclamant du marxisme-léninisme et de la pensée-maotsétoung fut tour à tour convoitée par toutes sortes de groupes, et dans la mesure où les postulants ne parvinrent pas à s'en emparer, du moins définitivement, elle devint l'objet de leurs attaques sous des formes multiples. ..... Dans les premiers numéros apparut une ligne ultra-démocratique qui entendait faire du nouvel hebdomadaire " un outil pour unir le peuple " (éditorial du n° 1) et lui conférer un rôle " unificateur " de l'avant-garde marxiste-léniniste conçue comme devant naître de l'échange des expériences. La notion léniniste d'un parti de type nouveau se trouvait reléguée dans la boutique des vieilles idées, chacun allait pouvoir apporter dans les colonnes de " l'Humanité rouge " ce qu'il tenait individuellement ou par petit groupe pour la Vérité marxiste-léniniste avec un grand V, un peu comme dans ces auberges espagnoles où l'on apporte ce que l'on veut. ..... Dès le numéro 11, un éditorial très vraisemblablement dû à la plume de François Marty rectifia cette ligne archi-opportuniste introduite par des éléments de la petite-bourgeoisie intellectuelle. Cet article s'achevait par un rappel sans aucune ambiguïté de l'objectif stratégique des marxistes-léninistes : la dictature du prolétariat. ..... Reflétant la forte pression " légaliste " qui s'exerçait alors dans les rangs des marxistes-léninistes parut dans le numéro du 14 mai 1969 une lettre adressée par le secrétaire politique du P.C.M.L.F. élu par le Congrès de Puyricard au président de la République intérimaire Alain Poher, en vue d'exiger l'abrogation du décret d'interdiction du P.C.M:L.F. ..... Cette démarche traduisait certaines illusions et correspondait à la persistance d'une attitude constante apparue chez les communistes adhérents du Parti communiste français depuis la Libération. Sous la houlette de Thorez, en effet, le Parti qui avait su s'adapter en son temps aux très dures conditions de la clandestinité sous l'occupation nazie, n'avait cessé d'enseigner à ses militants la nécessité de tout faire pour rejeter en toutes circonstances le retour à une situation d'illégalité. Cette ligne inspirée par l'idéologie révisionniste, impliquait le refus des sacrifices qu'exige la lutte révolutionnaire ; elle s'était manifestée en plusieurs occasions : au moment des grandes grèves de 1948; puis à la suite de la glorieuse journée de lutte du 28 mai 1952 contre le général américain Ridgway-la-peste, bourreau du peuple frère coréen ; enfin, et de façon encore plus accentuée,. pendant toute la durée de la guerre de libération nationale menée par le peuple frère algérien contre le colonialisme français, de 1954 à 1962. ..... Convaincu du caractère erroné de cette démarche grâce aux explications postérieures de plusieurs camarades, l'auteur en présenta une autocritique explicite dans le numéro de " l'Humanité rouge " du 26 février 1970, à l'occasion de l'éditorial qu'il publia sous le titre " A l'action ! pour imposer la libération des marxistes-léninistes emprisonnés ! " quand cinq militants du P.C.M.L.F. furent écroués à la prison de la Santé et inculpés de reconstitution de ligue dissoute par la Cour de sûreté de l'Etat. Voici le passage en question, que feignent d'ignorer, aujourd'hui encore, les Rrrrévolutionnaires super-marxistes-léninistes pour qui seuls ceux, comme Eux, qui ne commettent jamais d'erreurs conservent le droit à la qualité de " marxiste-léniniste " : ..... " ... Les révolutionnaires doivent avoir pour règle permanente et intangible de ne nourrir aucune illusion tant au sujet de la bourgeoisie que des révisionnistes, dont la collaboration active s'est encore révélée avec l'émission de télévision " A Armes égales " offrant à Duclos la même tribune publique que Michel Debré, ministre de la Défense nationale. Je voudrais souligner à ce sujet, à titre autocritique, que ce fut une erreur sérieuse, susceptible de créer le trouble parmi nos camarades, que de solliciter l'intervention du Conseil d'Etat dans une lettre adressée le 6 mai 1969 au président de la République par intérim pour obtenir le retour à la légalité du Parti marxiste-léniniste de France illégalement dissout le 12 juin 1968. Solliciter d'une bourgeoisie qui ne cesse de violer sa propre légalité qu'elle décide d'y revenir en faveur d'un parti révolutionnaire constituait plus qu'une naïveté, mais une concession grave à une ligne opportuniste de droite. L'appel au légalisme en régime capitaliste ne peut conduire qu'à des conceptions de collaboration de classes, donc à une ligne néo-révisionniste. Aussi doit-il être combattu comme tel avec rigueur. Marcellin nous est en la matière un bon professeur et son activité actuelle est une claire réponse aux illusions qu'auraient pu entretenir cette déplorable lettre... " DEUX LIGNES OPPOSEES SUR LA METHODE " UNITE - CRITIQUE - UNITE " ..... A propos des erreurs commises par une formation marxiste-léniniste ou par l'un de ses dirigeants, dont l'activité engage l'ensemble de l'organisation, il y a deux attitudes différentes qui correspondent à deux idéologies opposées, l'attitude idéaliste ou l'attitude matérialiste. ..... Au cours de la dixième grande lutte menée dans les rangs du Parti communiste chinois avec la participation massive du peuple chinois lui-même, la ligne du Président MAO a mis en évidence que n'existe pas de " génie ", qu'il n'y a pas de " personnalité " innée, qu'un individu, si grands soient ses mérites, n'est jamais " infaillible ". Seuls ceux qui se soumettent à une conception du monde et de l'histoire relevant de l'idéalisme, peuvent s'accrocher à des idées fondamentalement contraires à toute réalité scientifique, et se soumettent soit au culte d'une ou de plusieurs divinités, soit au culte d'une personnalité. Depuis toujours MAO Tsé-toung a préconisé l'humilité, la modestie. A propos des erreurs, il n'a jamais nié leur éventualité ; tout au contraire, il a indiqué qu'elles pouvaient se produire. Mais, évidemment, il a enseigné à leur sujet l'intérêt de les déceler le plus vite possible, en vue de les corriger rapidement et de combattre leurs effets et conséquences néfastes. ..... La critique et l'autocritique sont donc des bienfaits, des moyens pour parvenir à davantage de vérité concrète et donc élaborer une ligne juste et efficace. ..... Or, depuis 1963, est apparu dans le mouvement marxiste-léniniste, en France et sans doute partout ailleurs, un courant rigoriste et sectaire, puriste et théoriciste consistant à condamner sans appel toute erreur, et même tout ce qui peut être supposé et proclamé erroné sans l'être pour autant. Ce courant a été le fait à peu près exclusivement d'individus ou groupes d'intellectuels se proclamant marxistes-léninistes, et nous devons souligner à leur propos que la Grande Révolution culturelle prolétarienne en Chine leur a fourni l'occasion de transpositions dogmatiques : ils se sont empressés de " jouer " aux " gardes rouges ", se sont montrés justiciers et intransigeants, ont pratiqué en chambre la " grande critique ", n'ont retenu de l'événement historique en question que certains aspects négatifs activement impulsés par l'escroc LIN Piao et ses comparses, ignorant spontanément, sinon délibérément, les précieux et riches enseignements du Président MAO et de la ligne prolétarienne qui finit par triompher. ..... L'un des groupes les plus caractéristiques de ce phénomène fut, en 1969, celui constitué par d'anciens militants de I'ex-UJC (ml) et quelques anciens militants du Mouvement communiste français (marxiste-léniniste), parmi ceux, issus des jeunesses du PSU, qui avaient rejoint au sein du groupe " Drapeau rouge " le MCF (ml) pour le quitter à l'automne 1967, en combattant le projet de création du Parti. ..... Ce groupe publia dès février 1969 un mensuel intitulé " Ligne rouge ", qui fut la tribune d'une ligne consistant à peu près exclusivement à combattre la ligne du PCMLF, celle des organisations l'ayant préparé, la Fédération des cercles et le MCF (ml), et celle de l'Humanité Rouge. ..... " Ligne rouge ", à cette époque, fut l'instrument privilégié d'une attaque systématique menée de l'extérieur de leurs rangs contre les positions des Communistes marxistes-léninistes de France. Avec le recul, on peut se rendre compte que dans un premier temps l'activité essentielle de ce groupe visa à freiner et détourner le fort courant de ralliement au Parti des étudiants issus de l'ex-UJC (ml). Essayant de se présenter comme une organisation ayant le privilège d'une élaboration théorique pure et dure, (sans pour autant d'ailleurs quelque pratique effective au cœur de la classe ouvrière), " Ligne rouge " soutint une campagne acharnée pour accréditer l'idée que la Fédération, le Mouvement et le Parti n'avaient jamais été débarrassés de l'idéologie et de la politique révisionnistes. Concentrant ses coups sur le secrétaire politique de ces trois formations successives, " Ligne rouge " s'efforça de prouver que lui et les militants issus du vieux Parti révisionniste ne s'étaient jamais dégagés de l'influence pernicieuse du P." C. "F. Au surplus, ce groupe développa longuement l'affirmation que le P." C. "F. était entièrement révisionniste depuis l'époque même de la Résistance, certains allant jusqu'à considérer, à la manière trotskiste, que n'avait jamais existé en France un quelconque Parti authentiquement communiste depuis le Congrès de Tours. ..... En quoi " Ligne rouge ", qui, parmi ses multiples critiques à l'endroit du PCMLF et de l'Humanité Rouge, en avança quelques-unes qui n'étaient pas sans fondement, resta-t-elle un groupe " intellectualiste petit-bourgeois " voué à l'éclatement et à l'inefficacité ? Tout simplement en ce sens qu'elle appliqua la fameuse ligne dénoncée par MAO Tsé-toung contre les partisans de " lutter à outrance et frapper sans merci ". Les militants de " Ligne rouge " avaient au surplus cette particularité de ne pas se situer dans les rangs du Parti, mais de rester à l'extérieur. Affiche centrale éditée par le PCMLF clandestin ..... En fait " Ligne rouge ", considérant le P.C.M.L.F. comme une formation néo-révisionniste et fondamentalement opportuniste de droite, rejeta délibérément les enseignements de MAO Tsé-toung préconisant la résolution des contradictions en partant du " désir d'unité " et en appliquant la méthode " Unité-critique-unité ". C'est, dans un second temps, seulement et exclusivement la destruction du Parti et la disparition du journal " l'Humanité Rouge " que poursuivit ce groupe ; il prit de la sorte le relais de l'organisation dont il était issu, l'UJC (ml), tout en la critiquant avec la même violence. ..... Mais tous les militants de " Ligne rouge " étaient-ils pour autant des " ennemis ", au sens de MAO Tsé-toung ? II est bien évident qu'ils étaient porteurs de l'idéologie de la petite-bourgeoisie, mais ils n'en étaient pas moins sincères, dans leur majorité, quand ils s'imaginaient défendre et représenter authentiquement en France la pureté du marxisme-léninisme et de la pensée-maotsétoung. D'où venait alors leur attitude idéologique erronée ? Essentiellement de leur incapacité à distinguer justement " l'ami " de " l'ennemi ", de leur inaptitude à distinguer le " principal " du " secondaire ". ..... Qui donc était, en cette période comme encore aujourd'hui, l'ennemi PRINCIPAL au sein du mouvement révolutionnaire, (ne parlons pas de la classe ouvrière, " Ligne rouge " en restait totalement coupée). L'ennemi PRINCIPAL n'était autre que le Parti " communiste " français. ..... Or voilà que les " marxistes-léninistes " de " Ligne rouge " ne concentraient pas leurs coups sur la ligne néfaste des dirigeants révisionnistes, mais profitaient de quelques erreurs rectifiables apparues dans les rangs du PCMLF pour en faire la cible PRINCIPALE de leurs attaques, au lieu de contribuer efficacement à l'élaboration d'une juste rectification et d'une ligne toujours améliorée (voir " Documents "). ..... Nous nous attardons un peu sur le cas de " Ligne rouge " parce qu'il est un exemple typique du comportement idéologique de l'intelligentsia petite-bourgeoise, et parce que ce comportement continue à sévir aujourd'hui. ..... II y a toujours des intellectuels, qui aspirent sincèrement à la révolution prolétarienne parce qu'ils en connaissent la théorie et s'enflamment d'enthousiasme devant l'Histoire passée de la Révolution dans le monde. Mais, de par leur fonction dans la société où nous vivons, ils restent coupés de la classe ouvrière, ne bénéficient d'aucune pratique concrète des luttes menées par le prolétariat. De ce fait l'élaboration de la ligne qu'ils souhaitent " marxiste-léniniste " souffre d'emblée de l'absence d'expérience prolétarienne, et leur attitude idéologique ne parvient pas à se dégager d'un idéalisme qui pervertit leurs meilleures intentions. C'est là un phénomène dont le contenu de classe n'est pas nouveau, qui nécessite de mener la lutte de ligne pour arracher le maximum de ces éléments à l'idéologie petite-bourgeoise qui les dévoient. Cela signifie qu'il importe à leur égard d'appliquer justement la méthode qu'ils ne pratiquent pas, " unité-critique-unité ", en partant du " désir d'unité ". C'est là une tâche délicate, qui ne peut remporter des succès que si les marxistes-léninistes l'appliquent eux-mêmes en ayant triomphé de toutes les idées non matérialistes subsistant dans leurs rangs. II faut critiquer chez " l'ami " tout ce qui peut servir " l'ennemi ", mais traiter " l'ami " en " ami " et non en " ennemi ". " Ligne rouge " (de l'époque) ne survécut pas à ses luttes internes, se disloqua, disparut temporairement ; mais depuis lors l'une des fractions apparues en son sein a réussi à se reconstituer en se regroupant avec un groupe de travailleurs. Sauf erreur, c'est depuis 1971 que ces militants publient le journal " Prolétaire-Ligne rouge ", " journal communiste (marxiste-léniniste) " dans les colonnes duquel on peut découvrir le même constant souci de contester la naissance et la légitimité historique du P.C.M.L.F., comme de critiquer dogmatiquement la ligne de l'Humanité rouge. ..... Au cours de l'année 1969, ce groupe avait lancé ses plus vives attaques contre le Parti en choisissant pour cibles deux points précis de sa ligne, le " Front uni antimonopoliste " et la formulation de l'objectif stratégique lancée en juillet 1969 sous la formule " démocratie populaire fondée sur la dictature du prolétariat ". ..... A partir d'août 1970, ces cibles furent utilisées par certains fractionnistes pour tenter de détruire le Parti et imposer la disparition du journal " l'Humanité rouge ". Nous allons donc en reparler un peu plus loin. LE P.C.M.L.F. ENVAHI PAR LES ETUDIANTS ..... Les attaques de " Ligne rouge " et d'autres groupes adoptant une attitude similaire (" Voie populaire " devenant " Voie prolétarienne ", issu du CMLF à Lyon, par exemple) n'eurent pas d'effets immédiats en 1969. ..... En dépit des mesures opposées à une pénétration en masse et sans principe dans les rangs de l'organisation clandestine du Parti, la Direction centrale se trouva débordée par l'afflux des étudiants, issus ou non de l'ex-UJC (ml). Aux second et troisième trimestres de 1969, la mode estudiantine voulait que l'on rallie le PCMLF. ..... Si nos informations sont exactes, ce courant coïncida avec un assouplissement des structures mises en place en 1968 : aux triangles groupant trois militants seulement furent substituées des cellules de base plus nombreuses. Cette mesure répondait sans doute au fait que, malgré plusieurs vagues d'arrestations et de perquisitions, la situation ne justifiait pas une clandestinité aussi stricte que celle indispensable pour faire face à une répression de type fasciste comme sous l'occupation allemande. ..... Au surplus, nombre de candidats à l'admission dans les rangs du Parti confondaient les structures nullement clandestines propres à la défense de l'Humanité Rouge, les C.D.H.R. (Comités de Défense de l'Humanité Rouge) avec les cellules effectivement contrôlées par le Parti et constituant ses structures de base. ..... Une commission étudiante avait été instituée pour tenter d'assumer l'organisation du travail politique des " marxistes-léninistes " dans l'Université, mais il s'était bientôt avéré que ses membres étaient presque tous dominés par une idéologie gauchiste débouchant finalement sur des positions de droite. Un exemple : au moment des élections à la Présidence de la République, la quasi-unanimité des représentants étudiants dans cette Commission exprimèrent des points de vue électoralistes, approuvèrent le principe d'une candidature du style de celle présentée par la secte trotskiste " Ligue communiste ", certains allant jusqu'à envisager de soutenir Krivine dans son entreprise. Seuls un délégué de Lyon et un délégué de Paris conservèrent la juste position de principe. ..... Comme on peut le comprendre, la ligne prolétarienne avait alors fort à faire, et les militants ouvriers avaient tendance à réagir de façon ouvriériste. ..... Cependant vers la fin de l'année, les marxistes-léninistes parvinrent à impulser différentes manifestations sur de justes positions. ..... Sous l'égide de l'Humanité Rouge furent organisés plusieurs meetings très réussis à la Mutualité, à Paris. Le 20 septembre 1969 fut commémorée la mémoire du Président Ho Chi-minh qui venait de décéder. Des représentants vietnamiens du nord et du sud participèrent à cette soirée, devant une salle comble. Le 22 novembre suivant, la même salle se trouva encore plus remplie d'auditeurs à l'occacasion de la commémoration du 25e anniversaire de la victoire de la Révolution albanaise, en présence des diplomates albanais et chinois en fonction à Paris.
..... Au cours de la même période, le 15
novembre 1969, put s'assembler une puissante manifestation
de rue à l'initiative du " Centre Information Vietnam " avec l'actif soutien du PCMLF, regroupant
jusqu'à Barbès-Rochechouart, pendant plus
d'une demi-heure, environ 2500, peut-être même
3.000 manifestants désireux d'exprimer leur
solidarité agissante aux héroïques
combattants vietnamiens engagés dans leur guerre de
résistance à l'agression impérialiste
américaine. Une prise de parole effectuée au
nom du PCMLF précéda la dispersion, juste
quelques minutes avant que n'arrivent sur les lieux
déjà vides de manifestants d'importantes
forces répressives. | |||
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