(suite de la page précédente)

PROLETARIAT n°6
-Revue théorique et politique marxiste, léniniste et de la pensée - Maotsétoung
-3è trimestre 1974 -
-"Comment édifier le Parti ML"
Luttes de lignes dans l'édification en France
d'un parti révolutionnaire prolétarien
APRES LE 12 JUIN 1968

çpage précédente

Suite è

SECONDE GRANDE LUTTE ENTRE 2 LIGNES

(Février-octobre 1970)

..... II importe d'avoir une claire idée de l'extrême confusion régnant dans la situation en France aux approches de l'année 1970. Nombre de militants ayant participé aux luttes de mai-juin 1968 ne s'étaient nullement résignés à prendre conscience du reflux de la grande poussée révolutionnaire alors apparue. Les dirigeants de l'UJC (ml) alliés aux spontanéistes du Mouvement du 22 mars étaient de ceux qui pensaient qu'une nouvelle flambée de luttes était imminente. L'idéologie " gauchiste " continuait à enflammer un grand nombre d'intellectuels, gagnait quelques couches ouvrières dans les usines par l'intermédiaire d'étudiants ou professeurs qui s'étaient " établis ". Le spontanéisme conservait des positions importantes dans la petite-bourgeoisie, et nombre de militants, ayant découvert soudain le sort injuste et ignoble réservé aux travailleurs immigrés, s'efforçaient d'impulser leur révolte.

..... Que tous ces courants, tous les événements s'y rattachant aient leurs conséquences dans les rangs des marxistes-léninistes encore bien peu formés, idéologiquement pour se soumettre à la juste discipline d'un Parti de type léniniste, voilà qui ne doit pas surprendre.

..... En vérité la lutte entre deux lignes, parmi les militants désireux d'accomplir des changements révolutionnaires, passait essentiellement entre spontanéisme et organisation. Mais au sein de ceux qui rejetaient l'anarchie, c'est-à-dire parmi ceux qui défendaient l'idée de la nécessité d'un Parti, existaient aussi la lutte entre deux lignes, puisqu'ils se divisaient entre trotskistes d'une part, marxistes-léninistes d'autre part. Et enfin, comme on va pouvoir le constater la lutte entre deux lignes se développaient encore au sein même du mouvement se réclamant du marxisme-léninisme.

..... C'était l'époque où la bourgeoisie et les révisionnistes avaient lancé le qualificatif de " maoïste ", et l'on entendait abondamment parler des " Mao-spontex ", des " anarcho-maoistes ", et aussi d'autres " maoïstes " tout court comme ceux que nous venons d'évoquer avec le groupe " Ligne rouge ".

..... Cependant l'essor de l'activité et de l'influence des marxistes-léninistes qui refusaient le titre de " maoïstes " et qui étaient rassemblés soit dans le PCMLF clandestin, soit dans les CDHR de l'Humanité rouge, ne cessait de se développer. Dialectiquement, ces résultats, quoique ma! contrôlés par les dirigeants marxistes-léninistes, provoquaient de multiples réactions.

..... A l'époque la bourgeoisie était aux prises avec les manifestations spontanéistes de la " gauche prolétarienne ". Mais elle restait attentive depuis le printemps 1968 à tout ce qui lui paraissait susceptible d'organiser sérieusement, de canaliser le courant révolutionnaire ; aussi s'inquiétat-elle vivement des succès des meetings de l'Humanité Rouge, de l'ampleur des manifestations de rue organisées par le Parti interdit, et enfin du courant important qui conduisait des milliers d'étudiants dans les rangs structurés par les partisans de la pensée-maotsétoung. De leur côté les dirigeants révisionnistes du Parti " communiste " français considéraient avec rage les résultats des marxistes-léninistes, à une époque où ils venaient eux-mêmes d'essuyer des échecs électoraux assez symptomatiques et où ils éprouvaient d'extrêmes difficultés à surmonter les larges désapprobations suscitées tant à l'intérieur qu'à l'extérieur de leurs rangs par l'occupation militaire social-impérialisme de la Tchécoslovaquie. A la fin de l'année, ou tout au début de 1970, la revue théorique des révisionnistes soviétiques " Komunist " critiqua publiquement les Partis " frères " français et italien qui n'avaient pas pu empêcher la naissance de Partis qualifiés de " pro-chinois ". Enfin les trotskistes et autres groupes révolutionnaristes petits-bourgeois se désespéraient de l'engouement des étudiants pour des organisations qu'ils qualifiaient de " staliniennes ".

..... Tous ces gens préparèrent une offensive contre le PCMLF, et contre l'Humanité Rouge, en prenant soin de prendre appui sur le contenu de classe et l'idéologie lui correspondant qu'avait créés dans les rangs marxistes-léninistes leur invasion par quelques milliers d'étudiants.

..... Ainsi les causes internes de la crise furent-elles déterminantes et jouèrent-elles le rôle décisif en coopération avec l'agression menée de l'extérieur, qui n'aurait jamais entamé les rangs des marxistes-léninistes si le terrain n'avait été préparé à l'avance par l'afflux mal contrôlé des étudiants issus pour la plupart de l'UJC (ml) et pour certains d'entre eux de l'Union des Etudiants communistes (révisionnistes). A l'insu des autres membres de la Direction centrale, l'un d'eux constitua une fraction avec d'anciens élus du Bureau politique élu à Puyricard. Seuls quelques-uns d'entre ces militants exerçaient alors une activité concrète, mais plusieurs d'entre eux faisaient d'ores et déjà partie de la catégorie des gens qui n'osant pas le dire, n'ont qu'une idée en tête : abandonner le combat devenu trop difficile, trop dangereux. Déjà au cours de l'année 1968, le chef de file de ces éléments avait essayé d'entraîner un autre membre de la direction, en lui proposant par lettre de le rencontrer en dehors d'une réunion régulière de la direction, en tête à tête. Mais le militant ainsi sollicité s'en était aussitôt ouvert aux autres, avait " mis les pieds dans le plat " plus ou moins consciemment, et le diviseur qui avait déjà échoué lors de sa première tentative de juin-juillet 1968, en avait été, une seconde fois, pour ses frais (3).


Fin 1969, le meeting de célébration du 25è anniversaire de la victoire de la révolution albanaise, organisé par l'Humanité-Rouge, fut un vibrant succès. Ci-dessus l'affiche qui servit à la préparer sur les murs de Paris.

LA PREMIERE OFFENSIVE PUTSCHISTE CONTRE LA LIGNE PROLETARIENNE

..... Plus partisan que jamais de ce qu'il considérait comme une " ligne de masse " et qui n'était qu'une ligne à la fois opportuniste et aventuriste, plus confus que jamais sur les questions d'organisation, plus désinvolte que jamais sur les problèmes de sécurité, ce dirigeant s'opposait fréquemment aux autres et ne tenaient aucun compte de leurs critiques ni des décisions communes arrêtées pour l'ensemble de la France. Les régions qu'il suivait échappaient complètement au contrôle politique et organisationnel de la Direction centrale dans son ensemble. Au surplus s'il pouvait parler longuement des tâches spécifiques du Parti en direction de la classe ouvrière, il n'écoutait pas ce qu'en disaient les autres et ne se soumettait qu'à ses seules impulsions, qu'à son seul jugement. Agitateur-propagandiste formé dans les rangs du PCF et de la CGT, il estimait suffisant de " prendre la tête des masses laborieuses " en s'adressant aux travailleurs à l'occasion d'une situation favorable et considérait qu'il était ainsi possible de les entraîner. Au cours d'une visite auprès d'ouvriers sympathisants marxistes-léninistes d'une importante usine du sud de la France, il avait passé sa journée à leur parler de constituer un " comité de base ", alors que ces militants avaient le contrôle presque total d'une section syndicale groupant plusieurs centaines d'ouvriers qui leur faisaient confiance. Ne comprenant pas sérieusement où il voulait en venir, ces amis n'étaient nullement convaincus par ses explications confuses, quand, excédé, François Marty qui l'accompagnait, mais avait jusque-là gardé le silence en se considérant moins qualifié que lui du fait qu'il ne travaillait pas dans une entreprise, finit par prendre la parole et avança tout simplement la seule solution convenable, à savoir la proposition de constituer une cellule d'entreprise, une cellule du Parti. Alors, mais alors seulement, les travailleurs visités exprimèrent leur compréhension et prirent la décision de s'organiser suivant les indications qui leur étaient fournies.

..... C'était là, entre autres exemples, ce que ne pouvait supporter ou tout au moins comprendre ce militant, inapte au respect d'une juste discipline prolétarienne et soumis à l'idéologie sans principes, qui le maintenait dans l'orbite de la bourgeoisie et non sous l'influence effective des idées propres au prolétariat.
..... Chargé d'organiser une " Conférence nationale ouvrière marxiste-léniniste ", il avait tergiversé pendant plusieurs mois, ayant essentiellement en tête une idée opposée à celle de la majorité de la Direction centrale. Il rêvait de réunir une " Conférence nationale ouvrière " très large, ouverte à tous les courants apparus en dehors du parti, en particulier ceux contrôlés par l'idéologie spontanéiste et anarchiste. Il décida de mettre à exécution la tâche qui lui avait été ainsi confiée à un moment où les autres dirigeants, indisponibles, ne pouvaient intervenir pour lui imposer de rectifier ses erreurs opportunistes. Pour cela, il s'entremit avec une " Commission ouvrière " créée dans la région parisienne, dans laquelle étaient parvenus à s'infiltrer plusieurs éléments provocateurs.
..... Mais le retour des camarades responsables contraignit la fraction à précipiter son entreprise.
..... De très graves affrontements se produisirent d'abord dans le Comité de rédaction de l'Humanité Rouge. Les provocateurs infiltrés en furent expulsés, mais organisèrent bientôt un cambriolage du siège du journal, volant pendant une nuit différents documents et tout l'argent qu'ils purent trouver.
..... Dans le même temps, le dirigeant félon réunit les éléments élus au Bureau politique du PCMLF dont nous avons déjà parlé et proclama qu'une majorité de l'organisme dirigeant légal en question disposait de la direction " légitime " du Parti maintenant à l'écart François Marty et excluant le premier secrétaire politique accusé pour la circonstance d'être un " flic " (4).

 
Page de couverture d'un " Bulletin intérieur " du PCMLF.

..... Utilisant l'indignation soulevée à la suite du cambriolage du local de l'Humanité Rouge, ce " Bureau politique " proclamé " majoritaire " rédigea un texte désormais connu sous le titre " Hors du Parti l'usurpateur ! ". Cette fameuse majorité n'était en fait qu'une imposture résultant d'un putsch, puisqu'elle ne s'était comptée ni dans une réunion régulière, ni à la suite d'une lutte politique ouverte, ni en toute connaissance des positions respectives par les camarades militants de base. Le document contre " l'usurpateur " baptisé pour la circonstance le " Grippa français " fut si mal accueilli qu'il fallut le retirer rapidement de la diffusion (5).
..... Cette imposture putschiste n'était certes qu'une farce monumentale, mais, profitant des conditions imposées par l'illégalité, elle n'en parvint pas moins à abuser de nombreux et excellents militants, notamment dans les régions suivies par le traître qui l'avait montée. Mais nul, sans doute, ne peut mieux expliquer le processus et le contenu idéologique et politique de cette scission que ceux qui en furent les plus sincères victimes. Nous avons pu nous procurer un document datant de février 1973, sur la base duquel ces marxistes-léninistes, comptant sur leurs propres forces, sont parvenus à démasquer l'odieuse manipulation dont ils furent l'objet. Engageant la lutte pour rectifier leur attitude vis-à-vis du PCMLF, sur la base de critiques et d'une autocritique approfondie, ils élaboraient dès lors une première analyse explicite dont voici un large extrait. Son contenu permet une bonne connaissance de ce que fut la première offensive putschiste faisant partie intégrante de la seconde grande lutte entre deux lignes livrée en 1970 au sein du Parti communiste marxiste-léniniste en France.

..... " RAPPORT DE LA DIRECTION PROVISOIRE - Février 1973

..... -- Sur la scission.

..... Elle s'est faite dans la plus grande confusion.

..... En particulier, toutes les erreurs qui avaient pu être commises ont été mises sur le compte d'un seul homme, principal responsable de la Direction centrale clandestine. Tous les mécontents, quelles que soient leurs idées, leurs raisons de mécontentement, ont été appelés à se révolter contre " l'usurpateur ".
..... Le Bureau politique (majoritaire) lui a reproché d'avoir été opportuniste à l'égard du P.S.U. Il est vrai qu'avant la scission, il y a eu un rapprochement opportuniste avec le PSU et une mise en veilleuse des critiques à lui faire. Mais était-ce le fait d'un homme ? Lors des élections de juin 68, c'est un responsable du B.P.(m) qui a appelé à voter PSU dans sa ville. Le B.P.(m) lui a aussi reproché d'accorder une trop large place au mouvement de la petite-bourgeoisie intellectuelle, aux anciens de l'UJC, etc. Mais pour écarter l'usurpateur, le B.P.(m) a fait alliance au départ avec les dirigeants de la région parisienne issus en majorité de l'UJC ; ces dirigeants développaient des mots d'ordre et un style de travail proches de la " Gauche prolétarienne " ;... Le B.P.(m) lui a reproché également d'avoir liquidé le centralisme démocratique, les principes d'organisation, la vie idéologique interne du Parti, etc. Mais nous publions plus loin une lettre de François Marty qui insiste auprès d'un futur responsable du B.P.(m) pour que les principes d'organisation soient respectés. Nous savons d'autre part que certains membres du B.P.(m) étaient favorables à la liquidation du parti clandestin au profit d'un grand Parti légal, que d'autres n'ont jamais fait de distinction entre militants et sympathisants, etc.
..... En somme, non seulement les erreurs ne provenaient pas toutes de la D.C.C. (et à plus forte raison de " l'usurpateur ") mais parfois ceux qui critiquaient ces erreurs en commettaient ou en encourageaient de plus graves. En fin de compte l'appel du B.P.(m) n'a été objectivement qu'un putsch contre la direction, une tentative pour rallier tous les mécontents dans la plus grande confusion, ce qui ne pouvait qu'entraver la lutte idéologique interne, la critique et l'autocritique, et donc la correction des erreurs commises.
..... En outre, des informations erronées ont jeté le trouble dans les esprits à l'époque. Beaucoup d'organisations locales ont cru qu'elles avaient été exclues par la D.C.C., ce qui était faux... On pensait que le B.P.(m) avait l'appui de la grande majorité dans le Parti, ce qui était faux. On était impressionné par les attaques contre " l'usurpateur " accusé de mener une vie luxueuse, d'être au service de la bourgeoisie et de la police, etc.
..... La scission du B.P.(m) ne pouvait conduire qu'à diviser le parti et à semer la confusion même si, à l'époque, beaucoup de camarades ont cru sincèrement que c'était le meilleur moyen de redresser le parti et de corriger les erreurs commises. La scission a été la première forme du liquidationnisme du B.P.(m).

..... -- L'action du B.P.(m) après la scission.

..... Après la scission, le B.P.(m) a tenté de maintenir côte à côte, d'additionner, de juxtaposer des lignes politiques, des principes d'organisation, des méthodes de travail tout à fait opposées, puisque la seule " base d'unité " était l'opposition au " Grippa " et la confiance personnelle dans les dirigeants du B.P.(m). Il n'y a pas eu d'unification politique mais un vague rassemblement, une coalition de forces qui n'avaient pas du tout les mêmes idées et qui étaient simplement plus ou moins bien reliées, coordonnées autour du B.P.(m). Cependant, à partir de la conférence de mai 71, un courant a nettement prédominé avec l'accord et l'appui du B.P.(m). Ce courant s'est manifesté par le libéralisme, et l'ouvriérisme et l'anarcho-syndicalisme.

..... - Le libéralisme et le légalisme : les propositions visant à renforcer l'organisation, le centralisme, les principes de sécurité ont été rejetées. Le B.P.(m) a été noyé dans un vague " centre " où il était mélangé avec la " commission ouvrière " qui comprenait des militants de fraîche date et même des sympathisants. Les directions régionales ont été noyées dans de vagues " comités " représentant pratiquement toutes les villes quelle que soit leur force politique, leur activité réelle, et fonctionnant à la manière d'un " parlement " avec des bavardages sans ordre du jour, etc. Les cellules de base elles-mêmes ont été souvent dissoutes dans des assemblées générales ou des comités d'action légaux. Il y a eu des cas où des militants, en apparence du moins, venaient de quitter le PCF ; ils ont été admis à des postes de responsables après une ou deux discussions, ils ont pu relever la liste des participants à une conférence ouvrière et sont partis après. Un intellectuel établi venant de l'UJC, non membre du Parti, a pu avoir de très grandes responsabilités à la tête du journal légal et de la commission ouvrière alors qu'il publiait en même temps de la littérature ouvertement anarchiste, etc.

..... - L'ouvriérisme et l'anarcho-syndicalisme : le principal critère pour nommer des dirigeants ou des cadres a été leur activité professionnelle et non leur capacité politique, leur travail militant. Les organismes " purement ouvriers " (qui comprenaient en fait de nombreux intellectuels " établis ") ont pris le pas sur les organismes réguliers du parti. La commission ouvrière est devenue un centre dirigeant au même titre que le B.P.(m)... L'organe central légal a été réalisé sur la base d'une simple feuille d'usine et non pas sur la base du bilan politique de notre presse depuis l'HN. Cet organe a développé l'idée que c'était aux travailleurs, aux masses, d'élaborer spontanément la ligne du parti, que nous n'avions pas de ligne, pas de programme, que nous n'avions qu'à donner la parole aux masses. L'idée que les violences contre les jeunes intellectuels révolutionnaires à la porte des usines étaient des preuves de la prise de conscience de la classe ouvrière alors qu'elles ont toujours été conduites par les révisionnistes ou les fascistes...

..... En fin de compte, anarcho-syndicalisme, ouvriérisme, libéralisme et légalisme se sont combinés pour liquider le travail d'édification du parti au profit de vagues cercles " ouvriers " sans programme, sans principes d'organisation, ...au profit d'un mouvement anarcho-syndicaliste. C'est là fa deuxième forme de liquidationnisme du B. P.(m).."

..... Par leurs propres efforts, les militants de base qui furent ainsi entraînés dans une grave aventure scissionniste, sont finalement parvenus à connaître la vérité, ont pu se faire une idée juste au sujet des événements de février 1970, ont utilisé la démocratie prolétarienne pour balayer l'escroc politique qui les avait trompés et la poignée de complices demeurés autour de lui, ont élaboré et approfondi leur autocritique et, en guise de conclusion d'un processus développé sous le signe de l'idéologie et des principes marxistes-léninistes et de la pensée-maotsétoung, ont liquidé la scission.

..... Au cours d'une conférence nationale " de l'organisation issue de la scission B.P.(m) " rassemblée au mois de mai 1973, ils ont prononcé l'auto-dissolution de leur formation scissionniste à une écrasante majorité, et se sont replacés sous la direction légitime du Parti communiste marxiste-léniniste de France et de ses organismes légitimement responsables (voir dans notre rubrique " Document " la résolution finale votée par eux sur cette question).

..... En agissant ainsi, ces militants jusque là regroupés sous le sigle du " Travailleur " ont apporté une éclatante contribution, une efficace réponse à la question capitale de l'unification des marxistes-léninistes, question actuellement principale pour l'édification du PARTI MARXISTE-LENINISTE en France. Le processus de leur prise de conscience et leur ralliement au PARTI sont une très grande victoire de la ligne prolétarienne sur la ligne bourgeoise, de l'idéologie prolétarienne sur l'idéologie bourgeoise, du prolétariat sur la bourgeoisie.

LA DEUXIEME OFFENSIVE PUTSCHISTE CONTRE LA LIGNE PROLETARIENNE

..... Mais l'offensive menée de l'intérieur fut bientôt relayée par une autre attaque menée de l'extérieur. Supposant le PCMLF suffisamment affaibli, le gouvernement entra en action à son tour.

..... Dans " l'Humanité Rouge " n° 49 en date du 26 février 1970, à peine quinze jours après les événements putschistes déclenchés par le " B.P.(m) ", on apprenait en effet que " des perquisitions et interpellations tout à fait arbitraires (venaient d'être) pratiquées dans trente villes contre des dizaines de militants marxistes-léninistes ". Cinq d'entre eux étaient emprisonnés et déférés devant la Cour de Sûreté de l'Etat sous l'inculpation de " reconstitution de ligue dissoute ", en l'occurrence reconstitution du Parti communiste marxiste-léniniste de France.


Page de couverture d'un " Bulletin intérieur " du PCMLF.

..... Une ample campagne fut aussitôt développée pour défendre les militants ainsi poursuivis. Mais n'était-il pas clair qu'il y avait une étroite coordination entre les deux opérations menées de l'intérieur et de l'extérieur du Parti, pour tenter de le détruire ? (6).

..... Notons au passage que cette répression n'eut pas du tout pour conséquence la cessation des attaques lancées par les groupes auto-proclamés " marxistes-léninistes " contre la ligne idéologique et politique du PCMLF et de l'Humanité Rouge. La haine du petit-bourgeois le rend aveugle et le déchaînement des mesures de l'ennemi de classe ne suffisait pas pour lui faire prendre conscience et l'aider à distinguer " l'ami " et " l'ennemi ".

..... Sans donc bénéficier d'aucune solidarité effective de qui que ce soit, les marxistes-léninistes se battirent avec leurs seules forces et firent face. Les militants arrêtés eurent tous des attitudes correctes et résolues, en même temps que politiquement justes, face à leurs juges. Ils passèrent plusieurs mois en prison, à la Santé, tandis que, seule, l'Humanité Rouge agit avec constance et persévérance pour inciter à une solidarité politique de masse autour d'eux (7).

..... Les dirigeants étaient parfaitement conscients des insuffisances, tant sur le plan idéologique que sur le plan organisationnel, face aux exigences de la situation. Le putsch et la scission du B.P.(m) avait porté un coup très rude à la confiance des militants de base; le contenu social largement petit-bourgeois des rangs du Parti contribuait à accentuer les hésitations, le manque de fermeté, le trouble apparus dans nombre de cellules ; les attaques menées de l'extérieur commençaient à porter leurs fruits amers à l'intérieur ; l'ensemble du Parti se trouvait plongé dans une crise, que la pression idéologique des manifestations ultragauchistes de la " gauche prolétarienne ", surtout à Paris, ne manquait pas d'approfondir.

..... Dans ces conditions difficiles, sous le feu conjugué de la scission, de la répression et de la pression exercée par l'idéologie petite-bourgeoise, les membres de la Direction centrale du PCMLF recherchèrent le moyen le plus efficace pour " sauver le Parti " en assurant la rectification de toute son activité. Parmi les mesures décidées, ils créèrent un organisme dont ils souhaitaient faire un efficace instrument de travail : au mois de juin 1970, ils instituèrent un " Comité exécutif central " composé de cinq militants jeunes et remarqués pour leur dévouement antérieur comme pour leur apparente compréhension de la ligne idéologique et politique. Les intégrant sur leur demande, et dans un but essentiel de formation, aux réunions régulières de la Direction centrale, ils leur confièrent différentes responsabilités et tâches visant à préparer concrètement et l'autocritique des insuffisances, et les rectifications conséquentes, et le redémarrage positif de l'ensemble des activités du Parti.

..... Mais ce " Comité exécutif " exclusivement composé d'étudiants allait malheureusement se transformer rapidement en noyau dirigeant d'une nouvelle fraction, sur laquelle allait reposer tout le processus d'une seconde offensive putschiste pour d'une part renverser la direction prolétarienne en place, d'autre part détruire le journal " l'Humanité Rouge ". On ne peut comprendre ce phénomène que si l'on retient essentiellement qu'à l'époque le contenu de classe du Parti était dominé par la petite-bourgeoisie à la suite des ralliements mal contrôlés de l'année 1969. Les jeunes militants choisis pour constituer le Comité exécutif ne furent en définitive que le reflet historique de ce contenu de classe, dans les conditions dialectiques du moment (scission de février, répression, pression gauchiste).

..... Jusqu'au mois de juillet 1970, ces scissionnistes en puissance ne dévoilèrent pas leurs intentions (qui d'ailleurs n'étaient peut-être pas encore très claires et très unifiées).


Affiches de l'Humanité Rouge contre l'impérialisme français, pour le soutien aux travailleurs immigrés et contre le racisme et pour le centenaire de la Commune de Paris et affiche du journal national " Front uni " avec les mots d'ordre centraux.

Ils agirent même pour défendre, au moins en apparence, la ligne attaquée de toutes parts, de l'extérieur, par le courant montant des groupes antiparti, dogmatiques et ultra-gauchistes (en apparence comme on le constatera ultérieurement, mais finalement droitiers). Mais ce fut au mois d'août que commença l'offensive fractionniste des membres du " Comité exécutif central ". Ils se mirent soudain à reprendre à leur compte les critiques alors à la mode, contre le " Front uni anti-monopoliste ", contre " la démocratie populaire ", ils lancèrent contre la direction centrale les accusations d'être " néo-révisionniste " et " opportuniste de droite ", ils proclamèrent que les " vieux dirigeants " avaient fini " leur temps ", " étaient incapables de résoudre la crise ", " refusaient de faire leur autocritique ", " empêchaient toute rectification ", etc. Ils se rendirent auprès des organisations de base, dont ils avaient les adresses, et dont souvent le contenu social correspondait au leur, ils créèrent une " Commission nationale de la Jeunesse ", ainsi qu'une " Commission nationale ouvrière " (dans laquelle ne siégèrent pratiquement pas les ouvriers, en dehors de quelques " établis " nettement gauchistes) ; ils organisèrent un " stage " d'entraînement " sportif " pour former un " S.O. " (Service d'ordre), stage qui fut aussitôt connu des forces de gendarmerie, surveillé de près et même survolé par des hélicoptères à plusieurs reprises.

..... Dès le mois d'août, ils s'étaient appliqué à soustraire le contrôle politique des numéros 7 et 8 de " l'Humanité Nouvelle " clandestine aux dirigeants centraux non membres de leur organisme exécutif. Des critiques leur avaient été adressées, mais " en gros " le contenu des articles avait été avalisé.

..... Mais lorsqu'ils éditèrent le numéro 9, ils allèrent trop loin, et se démasquèrent non sans contradictions entre eux (déjà !) sur la tactique scissionniste. Ce fut le point de départ de la réaction à leur endroit de la part des membres de la Direction centrale, qui comprirent dès lors qu'il y avait " anguille sous roche ".

..... Une lutte acharnée se développa alors entre " vieux " et " jeunes ", selon la caractérisation mise en avant par ces éléments fractionnistes. Ils se mirent à exiger " autocritique " sur " autocritique ", n'hésitèrent pas à en rédiger eux-mêmes pour le compte des autres qui refusèrent de les entériner, lancèrent une campagne destinée à accréditer l'idée que tout militant ayant accumulé de longues années d'activité dans les rangs du Parti " communiste " français était irrémédiablement gangrené par le révisionnisme moderne.

..... Sévèrement critiqués et contre-attaqués sur tous les points, et mis en minorité lors d'une .session spéciale de la Direction centrale clandestine, ils refusèrent de se soumettre aux décisions arrêtées. Aussi la majorité absolue de la " DCC " décida-t-elle la dissolution de leur organisme, suivie de la remise à la base de chacun d'entre eux.

..... Ce fut là ce qui précipita la nouvelle tentative de putsch, au mois d'octobre 1970. En réalité ils s'y étaient préparés depuis fin juillet, peut-être même depuis juin. Ils se proclamèrent " direction légitime " du Parti sous le sigle du " Comité exécutif central ". Agissant avec rapidité, ils décidèrent de lancer un périodique (qu'ils ne réussirent à sortir que deux mois plus tard), " Front Rouge " ; ils intervinrent auprès de tous les CDHR pour les inciter à ne pas régler leurs dettes anciennes à l'Humanité Rouge ; ils se lancèrent dans des campagnes de style gauchiste et commencèrent immédiatement à se disputer entre eux.

..... II faut bien dire qu'ils ne parvinrent pas plus que les putschistes du " B.P.(m) " à détruire le PCMLF, ni à abattre le journal " l'Humanité Rouge ". Mais ils n'hésitèrent pas à recourir à l'imposture en éditant eux-mêmes une feuille présentée comme " organe central du PCMLF " et en usurpant le titre d'" Humanité Nouvelle " (le dernier gérant en date avant l'interdiction n'était autre que François Marty, et sur le plan de la simple idéologie révolutionnaire, lui seul disposait du droit politique de poursuivre clandestinement la publication de ce journal).

..... Mais leur idéologie petite-bourgeoise allait jouer contre eux, et depuis cette époque cette fraction putschiste est allée de scission en scission. Des cinq étudiants composant en juin 1970 le " comité exécutif central ", il n'en resta plus que deux moins de six mois après leur forfait ; il n'y en a plus qu'un seul aujourd'hui, celui qui, peu à peu, est parvenu à éliminer tous les autres !

..... Connu sous le titre de leur journal, leur groupe s'est réclamé longtemps du nom de " Front rouge ", il est resté essentiellement composé de petits-bourgeois (étudiants et lycéens) mais, en abusant de la bonne foi de certains lecteurs, il a réussi à gagner un petit nombre de travailleurs (si l'on excepte les étudiants qu'il a incité à " s'établir "). La ligne politique qu'il a mise en avant s'est avérée fluctuante, souvent confuse, parfois circonstancielle, en général sectaire.


Page de couverture du " Cahier rouge " n° 7 (mars 1974) édité par le PCMLF mais apparemment très insuffisamment diffusé (difficile à se procurer).

..... Dans une revue publiée sous le titre d'" Octobre " (3 numéros), Front rouge s'est appliqué à critiquer, en la déformant, la ligne idéologique du P.C.M.L.F. et de l'Humanité rouge. II a aussi présenté sa version de l'histoire, facile à réfuter de point en point.

..... Le P.C.M.L.F. a riposté à cette entreprise en publiant un numéro de son organe théorique central " Cahier rouge " (n° 7 de mars 1970), trop long pour que nous le reproduisions in extenso, bien que nous ayons pu nous le procurer. Dans notre rubrique " Document ", nous en présentons quelques passages portant sur des questions de ligne politique, que nous avons déjà évoquées et qui ont fait et font toujours l'objet d'attaques de nombreux éléments se proclamant " marxistes-léninistes " mais n'adoptant pas une attitude idéologique conforme aux principes matérialistes et non idéalistes et subjectivistes si souvent rappelés par Mao Tsétoung.

..... Dernièrement, devant les succès remportés dans le processus en cours pour réaliser l'unification des marxistes-léninistes (ralliement de l'immense majorité des militants du groupe " Le Travailleur ", ex-B.P.(m.) ; suivi de la préparation du ralliement d'un autre groupe important issu du P.S.U., la " Gauche révolutionnaire - marxiste-léniniste ", avec la perspective sérieuse de poursuivre par d'autres ralliements de groupes ayant vocation nationale, régionale ou locale, dans le but de poursuivre leur travail de division et de sape contre le Parti communiste marxiste-léniniste de France, les dirigeants du résidu du " CEC " et de " Front rouge " ont précipité la création artificielle d'un prétendu " Parti communiste révolutionnaire (marxiste-léniniste) ", sans parvenir à entraîner dans cette manœuvre quelque autre groupe. Défendant une ligne ouvertement " de droite ", ce " Parti " s'abstient de dénoncer de manière approfondie et d'attaquer de façon efficace le social-impérialisme révisionniste soviétique. II a de plus adopté une ligne opportuniste et électoraliste à l'occasion des dernières élections présidentielles, sans crainte de se ridiculiser en prétendant présenter un " candidat marxiste-léniniste " à la présidence de la République bourgeoise ! 

çpage précédente

Suite è

  

-RETOUR-