HR n°86 -jeudi 31 décembre 1970-


Journal communiste pour l'application en France
du marxisme-léninisme et de la pensée-maotsétoung. 

50 ANS APRÈS LE CONGRÈS DE TOURS (1920 - 1970) - (V)

UNE VIEILLE FARCE OPPORTUNISTE
L'UNITÉ DE " LA GAUCHE "

 


..... La sortie du Congrès de Tours. " Un s'était divisé en deux ". 50 ans plus tard, les révisionnistes font tout pour recoller les morceaux, allant jusqu'à tenter de placer la classe ouvrière sous la direction de la petite et moyenne bourgeoisie. Mais le prolétariat français ne laissera jamais triompher cette trahison.
..... Il y a 3 ans, les 30 et 31 décembre 1967, s'est reconstitué un authentique Parti révolutionnaire prolétarien, que le pouvoir de la bourgeoisie a interdit et contraint à l'illégalité le 12 juin 1968, le " Parti communiste marxiste-léniniste de France " (P.C.M.L.F.).

..... Comment pourrions-nous évoquer cinquante ans sans révolution et ignorer cette base fondamentale du courant opportuniste au sein du P.C.F. qui trouve son origine dans l'influence bourgeoise dans ses rangs d'une part et dans la crainte de l'adversaire de classe dont la force est surestimée. La vieille tactique de l'Union de la Gauche pour les élections procède de ce souci de facilité ; c'est l'antithèse de la voie révolutionnaire. Aujourd'hui encore elle est à l'ordre du jour du parti révisionniste : depuis plus de trois mois, il mobilise ses forces sur ce thème en vue des élections municipales. Nous verrons la semaine prochaine à quel point il s'enfonce encore un peu plus à cette occasion dans la trahison des véritables intérêts de la classe ouvrière et des masses populaires, dans le reniement de la révolution prolétarienne. Pour aujourd'hui, c'est l'examen de l'histoire de l'unité de la gauche qui nous intéresse.

LES COMMUNISTES SONT-ILS
POUR OU CONTRE L'UNITÉ ?

..... Est-ce que la classe ouvrière, est-ce que son détachement organisé, son avant-garde communiste font la révolution, instaurent le pouvoir du peuple assuré par la dictature du prolétariat, tout seuls ? non ! Faut-il chercher à unir tout ce qui peut être uni contre le capital monopoliste ou non ? Sans aucun doute, comme l'ont montré toutes les révolutions dirigées par le prolétariat, ce dernier ne prend pas le pouvoir politique sans allié : c'est un enseignement important de la Grande Révolution Prolétarienne d'Octobre, comme de la guerre populaire de libération chinoise conduite par Mao Tsé toung. Le vice-président Lin Piao le résume en indiquant : " Pour faire triompher une guerre populaire, il est indispensable d'établir le front uni le plus large, d'adopter les mesures politiques propres et à mobiliser au maximum les masses fondamentales et à unir toutes les forces pouvant être unies. " (Vive la victorieuse guerre du peuple !)
..... D'autres part, c'est sans aucun doute un des sentiments populaires les plus forts que l'aspiration à l'Unité :
......... - à l'unité de la classe ouvrière ;
........ - et à l'unité des couches révolutionnaires autour du prolétariat.

 L'UNITÉ POUR QUOI FAIRE ?

..... Mais ce souhait des exploités, cet objectif des authentiques communistes, est-ce une arme en soi ? Suffit-il de signer des accords pour réaliser la véritable unité de la classe ouvrière et des couches populaires ? Non ! Encore faut-il savoir quel est l'objectif de cet unité ; s'il correspond aux intérêts de la classe ouvrière ou à ceux de la bourgeoisie ; s'il s'agit d'un accord électoral pour gagner quelques sinécures ou s'il s'agit d'un accord pour renverser la bourgeoisie par la révolution. Quelle est la forme de cette unité : est-ce une union à la base et dans l'action de tous les exploités ou bien une unité de sommets, fragile, à la merci du premier Blum venu ?
..... A toutes ces questions quelques dates-clés de l'histoire du P.C.F. répondent.

1936-1939 :
DU FRONT POPULAIRE
A LA GUILLOTINE

..... Dés 1934 et la glorieuse mise en échec des menées fascistes par les ouvriers parisiens, la direction du P.C.F. popularise activement l'idée du Front Populaire, l'idée de l'unité des socialistes et des communistes pour le Pain, la Liberté et la Paix ; ces mots d'ordre comme le souligna le VIIe congrès de l'Internationale Communiste étaient justes ; ils permettaient de mobiliser les très larges masses sur leurs revendications immédiates.
..... Cependant de justes mots d'ordre ne suffisent pas et les revendications immédiates ne peuvent être une fin pour les communistes qui savent parfaitement que rien n'est réglé tant que le prolétariat ne s'est pas emparé du pouvoir politique, tant que le peuple sous sa direction n'a pas brisé l'appareil d'Etat de la bourgeoisie. C'est pourquoi dans tout mouvement même sur des revendications partielles le plus grand souci des authentiques révolutionnaires prolétariens c'est la mobilisation et l'organisation des masses. Or justement, les dirigeants socialistes posèrent-ils comme conditions absolue l'interdiction de l'organisation des larges masses dans des comités de Front Populaire constitués à la base : c'est là que gît le lièvre opportuniste accepté par la direction du P.C.F. ; c'est qu'en effet son souci était plus grand d'un changement gouvernemental dans le cadre de la démocratie bourgeoise que de l'organisation révolutionnaires des masses.
..... C'est également là que se trouve l'explication de la dégénérescence de l'unité à la base et de la dislocation du Front Populaire.
..... De même, la trahison totale deux ans après des durs acquis de la lutte et les mesures anti-populaires de Blum auraient pu être mises en échec par les comités d'un Front qui avait été refusé. Ainsi la politique opportuniste d'unité pour les élections, unité au sommet soumettait comme l'exprimait le mot d'ordre du P.C.F. " Tout pour le Front, tout par le Front ", les intérêts de la classe ouvrière au bon vouloir des commis de la bourgeoisie, les dirigeants pourris de la social-démocratie ; ceux-ci n'avaient pas bronché lorsque leur police avait assassiné à Clichy six manifestants anti-fascistes, et la direction du P.C.F. réagit bien mollement devant de tels crimes.
..... Le gouvernement Daladier poursuivit l'œuvre de Blum : en septembre 1939, le P.C.F. était interdit. Et le ministre de l'intérieur, le socialiste Albert Serol, demandera la guillotine pour les communistes.
..... Aux erreurs opportunistes de droite du P.C.F. à cette époque s'applique parfaitement cet enseignement de Mao Tsé toung :
..... " L'union vivra si on cherche à la faire par la lutte ; elle périra si on la recherche par des concessions. "
(Mao Tsé toung).

1945 - 1947 :
DE LA RENAISSANCE " NATIONALE "
A L'EXPULSION

..... Dés les débuts de l'occupation nazie, la majorité de la direction de la S.F.I.O., derrière son secrétaire général Paul Faure, s'était rangée aux côtés de Pétain ; elle continuait à éditer son organe devenu " l'Effort " (!!!)
..... Il n'y a donc pas à s'étonner que l'influence de la S.F.I.O dans la classe ouvrière ait fondue pendant la Résistance.
..... Mais il y a de quoi s'étonner de voir le P.C.F., le grand Parti de la Résistance, le grand Parti des fusillés proposer à ce Parti bourgeois l'union organique dans un même " Parti ouvrier français " (Xe congrès du P.C.F.).
..... N'était-ce pas là, la négation de Tours ? la négation du léninisme ? Mais ce n'était pas tout : d'autres manifestations éclatantes de l'opportunisme continuaient à apparaître.
..... Début 1946, Thorez vice-président du Conseil du gouvernement Gouin (socialiste), -élu par la 1ère chambre à majorité socialiste-communiste- exhorte les mineurs de Montceau-les-Mines puis d'Auby à retrousser leurs manches et à augmenter la production. La C.G.T. en arrive à condamner toute grève.
..... La France était-elle devenue socialiste ? Qui était au pouvoir ? Le prolétariat ? NON !
..... Le contenu d'Etat restait capitaliste ; avec les patrons à leurs postes de parasites, c'était bien l'ordre bourgeois.
..... Cet opportunisme sera " récompensé " :
..... -Début 1947, François Billoux devient ministre de la " défense nationale " ;
..... -En mai 1947, tous les ministres communistes sont révoqués par le socialiste Ramadier.
..... La direction du P.C.F. ne réagit alors même pas. Mais cet opportunisme c'est bien sûr la classe ouvrière et les masses populaires qui en font les frais. Le socialiste Jules Moch, ministre de l'intérieur, accentue la répression ; des ouvriers sont assassinés dans des manifestations à Valence ; lors d'une manifestation à Marseille, des chiens sont lancés sur des métallurgistes de Port-de-Bouc : les grèves sont durement réprimées. De même le gouvernement socialiste va livrer l'économie française à l'impérialisme américain et accentuer la répression du mouvement de libération au Vietnam.

1956 -1958 :
DE GUY MOLLET
A DE GAULLE

..... La leçon avait-elle servie ? Non. Malgré l'intervention du Kominform le courant opportuniste demeure vivace tant il est ancré à la direction du P.C.F., tant il était alimenté par les conceptions électoralistes.
..... Fin janvier 1956, le P.C.F. vote l'investiture à Guy Mollet ce vieux politicard bourgeois ; en mars, le groupe communiste lui votera les pleins pouvoirs.
..... Cette " aimable " caution permettra à la bourgeoisie impérialiste française d'intensifier la répression contre le F.L.N. algérien ; en particulier, en systématisant l'usage de la torture. Un comble : les militants du P.C. algérien, eux-mêmes, seront victimes de la loi votées par leurs homologues français.
..... Enfin pour bien apprendre aux dirigeants du P.C.F. qu'un bienfait à la bourgeoisie est toujours perdu, Guy Mollet en 1958, faisant un nouveau volte-face en 24 heures, va chercher de Gaulle et participe à son premier gouvernement.

UNE ARME
DE LA BOURGEOISIE
OU DU PROLÉTARIAT

..... Certes, au cours de ces quelques 37 années d'unité avec la social-démocratie, des avantages sociaux ont toujours été obtenus mais on sait ce qu'ils sont toujours devenus lorsque la pression des masses ouvrières et populaires disparaissait.
..... N'apparaît-il pas clairement dès lors que le rôle de la social-démocratie a toujours été de servir de bouée de sauvetage à la bourgeoisie ?
..... N'apparaît-il pas clairement que les opportunistes qui systématiquement ont désarmé les masses et armé ces gérants du capital ont trahi ?
..... N'apparaît-il pas clairement que seule l'unité organisée à la base et dans l'action de tous les exploités, sous la direction d'un Parti communiste décidé à la préparation conséquente du renversement violent de l'appareil d'Etat bourgeois est une arme du prolétariat ?
..... Seule, une telle unité est révolutionnaire !

HENRI JOUR.

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La semaine prochaine : notre point de vue sur le bilan présenté par le P." C ".F. et le Parti socialiste et sur le rapport présenté par Georges Marchais devant le Comité central du P." C ".F. à Ivry le 22 décembre 1970. 

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